Rechercher dans ce blog

AIR AMERICA

 

AIR AMERICA

 
 
Année : 1990
Pays: Etats-Unis
Durée: 1 h 52 min
Genre: Comédie
Couleur

Réalisateur: Roger Spottiswoode
Scénario : Christopher Robbins

Principaux acteurs :
Mel Gibson (Gene Ryack), Robert Downey Jr. (Billy Covington), Nancy Travis (Corinne Landreaux), Ken Jenkins (Major Donald Lemond), David Marshall Grant (Robert Diehl), Lane Smith (Senateur Davenport), Art LaFleur (Jack Neely), Michael Dudikoff (Général Lee), Ned Eisenberg (Nick Pirelli), Marshall Bell (Q.V.), David Bowe (Saunders), Burt Kwouk (Géneral Lu Soong), Tim Thomerson (Babo), Harvey Jason (Nino), Sinjai Hongthai (May Ling).

Musique : Charles Gross
Photographie : Roger Deakins
Producteur : Daniel Melnick
Compagnies productrices : Carolco Pictures, Indie Prod. Company Productions

Aéronefs :

  • -Bell UH-1B/H  
  • -Bell 47J Ranger 
  • -Bell JetRanger 206 
  • -Cessna 0-1 Bird dog
  • -Douglas C-47
  • -Fairchild C-123K
  • -Fairchild AU-23A Pacemaker  
  • -Hawker-Siddeley HS.748 

 

Notre avis :

 «Air America» est une compagnie américaine créée au début des années soixante. Elle était issue de la CAT (Civil Air Transport) qui fut vendue par son directeur, Claire Lee Chennault, l’ancien patron des fameux Tigres volants, à la CIA, par l’intermédiaire de sociétés écrans. Sa devise, traduite librement dans le film, en « N’importe quoi, n’importe où, n’importe quand » n’est pas loin de la vérité. Les avions d’Air America transportèrent toute sorte de fret au Vietnam, au Laos, au Cambodge, à partir de bases situées en Thaïlande, à Taiwan ou au Japon. Certaines missions ultra secrètes furent même effectuées en Birmanie et en Chine. La guerre du Vietnam interrompit la fourniture en vivres locales, et la nourriture dut être transportée par avion. En 1970, Air America livra 20.000 tonnes de vivres au Laos. On parachutait non seulement des sacs de riz, mais aussi des animaux vivants, poulets, cochons, bovins... Les pilotes de la compagnie parachutèrent également des milliers de tonnes de munitions à des tribus en lutte contre les nord-vietnamiens et le Pathet Lao, leurs opposants locaux. Air America  transporta également quelques civils, des diplomates, des espions, des réfugiés, des commandos, des équipes de sabotage, des médecins, des blessés et même des VIP comme le président Nixon, dans toute l’Asie du sud-est.

Travailler à Air America n’était pas une sinécure. Le métier était dangereux, mais la paie largement supérieure à celle des autres pilotes, civils ou militaires. Voler au dessus de pays montagneux recouverts de jungle, mal cartographiés, et pourvus de rares balises radio, avec une météo souvent détestable, sur des avions surchargés, n’était pas à la portée de tout le monde. La guerre accrut le risque. Certains pilotes volaient tous les jours sous le feu de l’ennemi, certains se faisant abattre plusieurs fois au cours de la guerre…

 Très tôt, Air America bénéficia aux USA d’une réputation sulfureuse (que semble bizarrement ignorer le jeune Billy dans le film...). Selon une étude publiée en 1972, la compagnie transporta de l’opium et de l’héroïne au profit du leader Hmong Vand Pao. Cette accusation fur confirmée par des collaborateurs de la CIA et d’anciens pilotes. Mais un historien prétendit que ces transports étaient effectués à l’insu des employés de la compagnie, qui n’était pas elle même partie prenante dans le trafic. C’est exactement le discours du major Lemond devant le sénateur Davenport, dans le film…A l’évidence ces rapports ont été lus par le réalisateur et les scénaristes qui s’en inspirèrent largement. « Air America » cessa officiellement ses activités le 30 Juin 1976.

 L’histoire commence à la fin de 1969. Billy Covington est un pilote d’hélicoptère travaillant pour une station locale de radio, à Los Angeles. Il est mis à la porte pour avoir violé plusieurs règlements aéronautiques, alors qu’il essayait d’aider une ambulance à se frayer un chemin au milieu d’un trafic dense. Mais ses qualités de pilote ont été remarquées par un étrange personnage qui lui offre un travail au Laos, un pays en paix, contrairement au Vietnam. Il s’agit d’un job strictement civil dans une compagnie appelée « Air America » ... Sans autre perspective d’emploi, Billy accepte, et part au Laos. A son arrivée, il est présenté à la direction d’Air America et à son partenaire, un pilote chevronné, Gene Ryack. A la fin de la journée, il a appris que chaque pilote mène parallèlement à son travail, un petit commerce lucratif afin d’assurer sa retraite.. Ainsi, Gene est trafiquant d’armes ; il utilise les vols officiels pour acheter des armes au marché noir et les acheminer dans une cache personnelle. Le jour suivant, le sénateur Davenport arrive en tournée d’inspection au Laos. Des rumeurs parvenus jusqu’à Washington prétendent qu’Air America n’est rien moins qu’une couverture pour une vaste opération de trafic d’héroïne (ce qui est vrai !), et Davenport est là pour enquêter. Mais le major Lemond et Rob Diehl, les chefs locaux d’Air America, ont une couverture toute prête pour empêcher le sénateur de découvrir quoique ce soit. Entre temps, Billy et son copilote Jack, sont descendus alors qu’ils parachutaient du bétail vivant à un village. Ils se posent de justesse sur une ancienne piste abandonnée. Au lieu des secours attendus, c’est le général laotien Soong qui débarque pour sauver sa cargaison (de l’opium). Il abandonne les deux Américains en plein territoire hostile. Gene risque sa vie pour les récupérer dans son hélicoptère. Mais il est touché et se crashe. Bill et Gene se retrouve en pleine jungle et sont capturés peu après par des indigènes menaçants. Alors qu’on veut les tuer, l’instinct commercial de Gene reprend le dessus. Constatant qu’ils sont équipés d’antiques pétoires, il leur propose d’épargner leur vie contre la fourniture d’un armement plus performant, caché dans la maison de son beau frère laotien.. Arrivé à la maison de Gene, Billy jure de quitter Air America, mais seulement avant d’avoir joué un mauvais tour au général Soong. Quand il rejoint la base, il se procure des grenades et fait exploser le laboratoire d’héroïne du général installé dans l’ancienne usine Pepsi Cola ! Mais il a été aperçu par un garde. Le jour suivant, Gene  réussit à trouver un acheteur pour ses armes, ce qui lui permettra de quitter Air America et de faire sortir sa famille laotienne du pays. Billy fait un dernier vol avant de démissionner, mais on lui ordonne alors d’atterrir sur un petit terrain pour une « inspection de routine ». Flairant un piège, il découvre de l’héroïne cachée dans des sacs de farine, et toute une troupe au sol, prête à le cueillir. Il refuse d’atterrir, mais s’aperçoit qu’il n’a plus de carburant, sa jauge ayant été trafiquée. Il pose son avion sur le terrain sur lequel il s‘était posé quelques jours auparavant, et se cache. Pendant ce temps, le sénateur a tout compris et menace le major Lemond de faire son rapport à Washington ; mais ce dernier lui dit qu’il s’en moque, ayant assez d’appuis en haut lieu pour être lavé de toute accusation. Une nouvelle fois, Gene arrive au secours de Billy. Alors qu’il récupère ses armes, il reçoit un appel de détresse d’un camp de réfugiés, pris entre deux feux. N’écoutant que son bon cœur, Gene décide de secourir les réfugiés au dépens de sa livraison d’armes. Sans ressources pour sa retraite, Gene a l’idée de vendre son avion à l’étranger ; le gouvernement américain n’étant pas présent au Laos, l’avion ne saurait être propriété de l’Etat !

 En dehors du contexte politique, et de l’évidente opposition des scénaristes au président Nixon et à la guerre du Vietnam, ce film n’est pas un pamphlet contre la guerre ou la CIA, mais plutôt une comédie sur fond de drame. Les principaux personnages (le major, le sénateur, le général laotien..) sont caricaturés à l’extrême pour faire rire. Le contraste entre le jeune Billy, une sorte de candide égaré dans les champs de pavots, et le vieux briscard, Gene, a quelque chose de Laurel et Hardy. Les pilotes d’Air America, n’étaient pas tous des rescapés des guerres passées, des têtes brûlées, mais le plus souvent des employés civils de la CIA. Ils avaient de très bons salaires, une retraite précoce (si toutefois ils survivaient assez longtemps), et n’avaient pas besoin de vendre de la drogue ou des armes pour avoir des revenus confortables. On notera aussi le décalage total entre les Américains qui vivent entre eux (avec quelques mignonnes indigènes, néanmoins..), et les populations locales qui assistent étonnées à leurs ébats et à leurs activités qui leur semblent parfois bien étranges (le village bombardé par des sacs de riz qui crèvent les toits, Billy suspendu sous un hélico...).

 « Air America » nous entraîne dans les (vraies ?) coulisses de la guerre, et rappelle que la guerre ne se fait pas seulement avec des guerriers mais aussi avec des gens obscurs qui s’occupent de l’intendance. Il n’eut pas un très bon accueil de la part de la critique américaine. Etait-il trop proche de la réalité ? Il révéla aussi à quel point la CIA était préparée à travailler avec des bandits, des trafiquants de drogue, et d’autres personnages encore plus inquiétants, afin de mener à bien ses opérations. A la CIA, comme à Moscou, la fin justifie les moyens ! On peut parier que cela n’a pas dû s’arranger depuis les récentes aventures américaines en Afghanistan et en Irak…Quoiqu’il en soit, ce film se distingue par ses très belles scènes aériennes qui satisferont plus d’un aérocinéphiles, le tout agrémenté par une excellente musique (B.B. King, Temptations, Creedence Clearwater Revival, Four Tops, The Rolling Stones.. ).

 

 Les avions du film :

 Le film fut tourné à la fin de 1989 dans le nord de la Thaïlande avec l’aide de la Royal Thaï Air Force. Le tournage eut lieu sur l’aéroport de Chiang Mai (une ancienne base d’Air America), et sur le terrain de Hae Hog, appelé Long Tieng dans le film, une base qui n’existe sur aucune carte...

 « Air America » est à la gloire d’un avion sans gloire, le Fairchild « Provider ». Quatre Fairchild C-123K du 602 Royal Flight Squadron de Bangkok furent utilisés pour le tournage. Le C-123 était un avion robuste et pouvait voler facilement sur un moteur (comme on le voit), ou sur ses deux réacteurs d’appoint (à vide). Autre bête de somme encore en service en 1990, le Douglas C-47 dont deux exemplaires thaïlandais furent utilisés. Les C-47 sont toujours en service, alors que les C-123K on été réformés en 1999. En arrière plan, sur l’aéroport, on peut voir leur successeur, un Lockheed C-130H.

 Bien que Gene parle d’Helio Courier et de DHC C-7 Caribou, des avions qui furent largement utilisés par Air America jusqu’en 1974/75, on en voit aucun dans le film, malgré les allégations de l’auteur de « Les ailes du cinéma » (le seul livre français traitant des films d’aviation), qui parle même d’«hélicoptère  Helio Courier » (!!). Les Helio Courier de la Royal Thaï Air Force furent retirés du service en 1986. Par contre, le 202 Squadron basé à Lop Buri, fournit quatre Fairchild AU-23A Peacemaker (Turbo-Porter), un appareil qui en était l’équivalent, et qui figura aussi parmi la flotte hétéroclite d’Air America (dans sa version PC-6C).

 Les vols furent réalisés par les pilotes cascadeurs de Old Flying Company de Mark Hanna, et par les pilotes de l’armée thaïlandaise, sur leurs avions respectifs. Les équipes thaï qui entretenaient et pilotaient les avions avec un grand soin, étaient très inquiets des cascades projetées et refusèrent de risquer aucun de leur Fairchild Turbo Porter, dans les scènes d’atterrissages sur des pistes très exigües. Il fallut donc reconstruire un appareil accidenté pour les scènes aériennes. Le tournage utilisa aussi une carcasse de C-123, plus une maquette grandeur nature du même avion, pour la scène du crash.

 Le film utilisa deux Cessna 0-1 Bird dog, des avions qui étaient en fin de carrière , en 1990, dans l’armée thaïlandaise, mais qui furent effectivement utilisés par Air America. Le sénateur arrive à Vientiane dans un Hawker-Siddeley HS.748 de la Royal Air Lao.

 On utilisa aussi huit Bell UH-1B/H de l’armée qui servent à transporter le général Soong et sa précieuse cargaison. Sur à l’aéroport de Chiang Mai, on aperçoit quelques Sikorsky S.58T et deux petits Schweizer TH-300C(TH-55), sans doute civils, car l’armée thaïlandaise n’en posséda pas (Air America non plus). Deux autres hélicoptères civils furent employés. Billy pilote au début du film, un Bell 47J Ranger (N134W ?) appartenant à sa station de radio, et au Laos, il se fait héliporter par Gene, dans un Bell JetRanger 206, dont on a enlevé les portes.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes