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13 RUE MADELEINE

 

 13 RUE MADELEINE

 

Année : 1947
Pays : Etats-Unis
Genre : espionnage
Durée : 1 h 35 min.
Noir et blanc
 

Réalisateur : Henry HATHAWAY
Scénario : John MONKS Jr., Sys BARTLETT

Acteurs principaux :
James CAGNEY (Robert Emet 'Bob' Shaker), ANNABELLA (Suzanne de Beaumont), Richard CONTE (William H. 'Bill' O'connell), Frank LATIMORE (Jeff Lissier), Walter ABEL (Charles Gibson), Melville COOPER (Papy Simpson), Sam JAFFE (Gallimard, le maire).

Musique : David BUTTOLPH
Photographie : Norbert BRODINE
Producteur : Louis De ROCHEMONT
Compagnie productrice : 20th Century Fox

Avions :

  • -Douglas C-54D-1-DC Skymaster
  • -Douglas B-23/UC-67

                

Notre avis :

"13 Rue Madeleine" fut le second film sur les services secrets, produit par l'équipe composée de Henry Hathaway, John Monk Jr. et Norbert Borodine. Présenté, dans son préambule, comme un documentaire historique, tourné "sur les lieux même des événements", le tournage eut lieu en fait dans le vieux Boston (pour Londres), au Québec (pour la France) et dans le Massachusetts (la base d 'entraînement en Angleterre)…

 En 1944, Robert Shaker est responsable de la formation d'agents secrets, souvent d'origine étrangère, devant être envoyés en mission en France dans le cadre de l'opération "0-77", en préparation du débarquement en Normandie. Le groupe sélectionné qui comprend William O'connell, Suzanne de Beaumont et Jeff Lissier, doit être parachuté pour capturer un ingénieur français, Duclos, désigné par les Allemands pour construire un dépôt de fusées V2 en Normandie. Mais Shaker sait qu'il y a un espion nazi parmi eux. Il va donc lui confier de faux renseignements, pour détourner l'attention de l'Allemagne sur la Hollande où serait sensé se dérouler la débarquement des forces alliées. L'espion en question, O'connell, qui s'appelle en réalité Kunckel, se sachant découvert, provoque la mort de Lissier lors du parachutage, puis il rejoint le PC de la Gestapo au Havre. Shaker ne voit d'autre alternative que de remplacer lui-même Lissier, n'ayant aucun agent suffisamment formé sous la main, malgré l'opposition de son chef, car il connait la date et le lieu du débarquement. Une fois en France, Shaker, qui se fait passer pour un membre de l'administration vichyssoise, prend contact avec le maire de la ville où le dépôt d'armes doit être construit. Celui-ci fait partie de la résistance et il est étroitement surveillé par les Allemands. Malgré tout, Shaker parvient à capturer Duclos et à le faire évacuer par avion en Angleterre. C'est à ce moment que Kunckel et ses hommes surviennent; Shaker est capturé en tentant de les stopper. Suzanne a le temps d'annoncer la capture de Shaker, avant d'être elle-même arrêtée. En Angleterre, le chef des services secrets américains décide alors de faire bombarder le siège de la Gestapo, 13 rue Madeleine, au Havre, où Shaker est torturé. Quand le bâtiment est bombardé, Shaker n'a pas parlé et il nargue encore Kunckel, quand les murs s'effondrent sur eux...

L'unité envoyée en France, est appelée "0-77", le gouvernement américain ayant interdit toute évocation de l' "OSS" (Office of Stratégic Services). Le film est plein d'invraisemblances, comme celle de la présence d'un espion nazi de haut rang dans une école de contre-espionnage américaine, et il est encore plus invraisemblable de le laisser filer pour faire croire aux Allemands que le débarquement aurait lieu…en Hollande ! Tout aussi osé, le fait qu'un responsable des services secrets américains, au courant de la date et du lieu du Débarquement, soit parachuté sur la France occupée (ce qui était strictement interdit par le règlement) et que l'on soit obligé, après, de bombarder le siège de la Gestapo pour le tuer, afin qu'il ne parle pas (une méthode peu fiable). Tout cela porte la marque évidente d'Hollywood et de ses excès. D'autre part, si James Cagne est crédible en chef espion aux USA, il l'est fort peu en Français de Vichy, avec sa tête d'Irlandais.

Si des centres de stockage et de lancement de V.2 (A4) était bien prévus en France, ces "constructions spéciales" (Sonderbauten) étaient concentrées dans le Pas-de-Calais (Wizernes, Eperlecques) et le Cotentin (Sottevast et Brecourt) et non, comme montré sur une carte par Sharkey, dans le Calvados, au sud de Lisieux (où il n'y avait que des sites de lancement de V.1, à Coupesarte et Castillon sur Auge). Aucun ingénieur français ne participa à leur construction; il faut rappeler que pour les Américains, la France était à 99 % collaboratrice pendant la guerre…Grâce aux renseignements transmis par la résistance française, ces ouvrages furent "traités" par les bombardiers anglais et américains, et leur sites, transformés en paysage lunaire. Ils ne furent jamais mis en service.

Ce film où il n'y a finalement qu'assez peu d'action, a un scenario plutôt confus. On ne retiendra que l'interprétation d'Annabella et la brève apparition de Karl Malden, en officier instructeur. Il était déjà apparu, en 1944, dans "Winged victory".

 

Les avions du film :

Il y a très peu d'avions dans ce film. Les agents de l'OSS embarquent dans un Douglas C-54D-1-DC Skymaster (c/n 10545, s/n 42-72440) avec le nom "Fleetwing" sur le nez, de l'Air Transport Command, l'ancêtre du Military Air Transport Service (MATS). Cet avion sera converti après la guerre par Convair, en SC-54D, avec un équipement radar spécial et des hublots d'observation à l'arrière du fuselage, pour le MATS Air Rescue Service. Le 12 août 1965, il sera stocké au MASDC (Military Aircraft Storage and Disposition Center) de Davis-Monthan (AZ).

En arrière plan, on aperçoit un North American B-25 et deux Beechcraft C-45. Lors d'un exercice, on voit passer un autre B-25 survoler les agents à l'entraînement. Avant la mission de bombardement sur le Havre, on voit un dernier B-25J, au sol, devant un hangar. On doit rappeler que la 8th Air Force, en Angleterre, n'employa pas de B-25 (contrairement à la RAF) mais des Martin B-26. Si dans le Pacifique, le B-25 fut utilisé pour des missions à basse altitude, le bombardement de "précision" était plus à la portée d'appareils plus légers et plus maniables, comme les Mosquitos (Cf. les missions sur les bâtiments de la Gestapo à Oslo, en 1942, et à Copenhague, en 1945, avec des résultats médiocres et de gros dégâts collatéraux..).

Les trois agents sont parachutés par un Consolidated B-24J, aperçu sur un documentaire. Duclois est emmené en Angleterre par un avion anglais qui a atterri dans un champ; c'est la seule vraie scène aérienne du film où on voit l'avion atterrir (de nuit) et redécoller. Il s'agit d'un Douglas B-23/UC-67, un avion mal adapté à ce genre de tâche. Ce type d'appareil ne posa jamais les roues sur le sol anglais ou français, et ne servit qu'avec l'USAAF…L'avion du film pourrait être celui de Paul Mantz qui avait acheté un UC-67 en 1945 (c/n 2722, s/n 39-0036, N52327). Il le revendit en 1947 à une compagnie pétrolière. A la fin de 1970, il fut transformé en avion de recherches météorologiques, pour le compte de l'université de Washington (WA). Ayant été accidenté à l'atterrissage à Kingman (AZ), il fut restauré, en 1985, dans sa configuration militaire originelle et acquis par le McChord Air Museum, sur la base de McChord AFB (WA) où il est exposé, portante les codes "9-17B", puis "10-89R".

Le seul V-2 du film est une vue écorchée de la fusée épinglée au mur…

A un moment, un instructeur demande aux agents de regarder un documentaire montrant un accident d'avion, afin  de déterminer leur sens de l'observation. Il s'agit d'un accident survenu le 23 juillet 1944, lors d'un meeting aérien organisé par l'Air Service Command de Spokane (WA). Trois Curtis RA-25A "Strike" étaient en formation quand les avions volant au centre et à gauche se heurtèrent lors d'un virage. Cet accident qui fit quatre morts, fut filmé en direct par une équipe des actualités de la Paramount. Ce film sera été utilisé dans "Earth versus flying saucers" (1956), et dans "Jet Attack" (1958).

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

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