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ISMAIL YASSINE FIL TAYYARAN

 ISMAIL YASSINE FIL TAYYARAN

Vo.  سماعيل يس في الطيران   

(Ismaïl Yassine dans l'aviation)

     

Année : 1959
Pays  Egypte
Durée : 1h 27 min.
Genre : comédie
Noir et blanc

Réalisateur : Fatin ABDUL WAHHAB     
Scénario : Abu Al-Saud AL-IBBARI

Acteurs principaux :

Ismail YASSINE (Ismail Al-Ghandour / Hussein Al-Ghandour), Nagwa FOUAD (Soheir Mahmoud), Aamal FARID (Nawal), Reyad AL-QASABGY (Al-Shawish Atiya), Jamalat ZAYED (épouse d'Al-Shawish Atiya), Abdel MONEIM IBRAHIM (Abdel Moneim), Aida KAMEL (Ashwaq), Shafiq NOUREDDINE (Mahmoud Al-Tabal)

Photographie : Ali HASSAN, Ali KHAIR-ALLAH
Producteurs : Ramses NAGUIB, Gabriel NAHAS
Compagnies de production : Films Ramses Naguib,  Studios Nahas, The Arab Film Company

Avions :

  • Ilyushin Il-14P
  • Ilyushin Il-28
  • MiG-15UTI
  • MiG-17F
  • Mil Mi-1
  • Mil Mi-4


Notre avis :

Ismail Al-Ghandour vit avec son frère jumeau, Hussein, qui travaille comme mécanicien dans l'armée de l'air égyptienne. Hussein aime une jeune femme, Nawal, et a décidé de l'épouser. Il a demandé une semaine de permission pour se rendre à Alexandrie la rejoindre. Ismail travaille comme doublure dans un studio de cinéma, un travail parfois difficile, surtout quand il consiste à tomber d'un escalier plusieurs fois de suite... Il a rencontré au studio une danseuse, Soheir Mahmoud, que le réalisateur a promis d'embaucher dans son film. Soheir a montré de la sympathie pour Ismail, dont elle apprécie la force et la patience. Après plusieurs échanges, elle lui confie qu'elle désire épouser un pilote d'avion. Séduit par elle, et désireux de la conquérir, Ismail emprunte l'uniforme de son frère Hussein, et se fait passer pour lui auprès de Soheir. Après lui avoir avoué son admiration, il lui a proposé de l'épouser. Elle a accepté et ils se sont fiancés avec l'approbation de son père, Mahmoud Al-Bati. Leurs fiançailles sont été publiées dans la presse. C'est alors qua la police militaire débarque chez Hussein et emmène Ismail sur la base où travaille Hussein, dont la permission a été interrompue. Ne voulant pas révéler sa vraie identité, puisqu'il porte un uniforme qu'un civil n'a pas le droit de porter, il reçoit l'ordre du chef mécanicien, Al-Shawish Atiya, de démonter entièrement un avion de chasse, un travail qui dure un mois. Mais Ismail trompe les officiers en changeant le numéro de l'avion, et "son" avion a été réparé, en un temps record ! A Alexandrie, la lecture du journal où figurent les fiançailles d'Hussein, met en colère sa petite amie Nawal. Hussein, qui l'a découvert en même temps qu'elle, décide de rencontrer Soheir et se rend à la direction du journal. Entretemps, Ashwak, l'ex-petite amie d'Hussein, est allée voir Soheir et lui a signalé qu'elle avait été trompée, et qu'il s'est rendu à Alexandrie pour épouser Nawal. Hussein est allé rencontrer le père, de Soheir, Mahmoud al-Balti, mais l'entrevue se passe mal et il est mis à la porte. Ismail finit par avouer à son frère ce qui s'est passé. Les deux se rendent auprès de Nawal pour dissiper le malentendu, ce qui permet à Hussein de retrouver sa bien aimée. Ismail s'est engagé dans l'armée de l'air comme mécanicien et, lors d'un meeting, il montre de près à Soheir les avions alignés sur la parking; il monte alors à bord d'un jet d'entraînement qu'il met en route par inadvertance. Il décolle, mais parvient à maitriser l'avion et même à le faire atterrir sans mal ! Soheir sait maintenant qu'il sait piloter…Plus tard, Hussein et Ismail se rendent chez le père de Soheir pour clarifier la situation, à son grand étonnement. Ismail peut enfin renouer avec Soheir qui l'aime toujours. Plus tard, sur la base aérienne, Ismail et son frère Hussein sont au garde à vous, côte à côte, quand leur chef, Al-Shawish, apparaît; il n'en croît pas ses yeux, mais quand Ismail lui montre des civils, quatre autres parfaits sosies, il devient fou !.

Derrière cette petite comédie où Ismail Yassine fait le clown en grimaçant du début jusqu'à la fin, se dissimule (à peine) un film de propagande pour l'Al Quwwat al Jawwiya al Gomhouriya al Arabiye  (United Arab Republic Air Force), la force aérienne de la république arabe unie. C'est l'époque où Nasser, après la "crise de Suez" (octobre-novembre 1956) avait entreprit la reconstruction de la force aérienne égyptienne dont le matériel avait été en grande partie détruit par les Français, les Anglais et les Israéliens. Dès 1955, Nasser, déçu par les conditions des Anglais et les Américains, s'était tourné vers l'URSS, pour obtenir des chasseurs (MiG-15) et des bombardiers (Il-28), sans parler de tanks et de canons. Fin 1956, Nasser commença à rééquiper entièrement son armée de l'air, et  c'est ainsi que les chasseurs, les bombardiers, les avions de transport, les avions d'entrainement et même les hélicoptères, étaient tous d'origine soviétique. Pour des raisons politiques, les avions furent livrés par l'intermédiaire de commandes passées auprès de la Tchécoslovaquie où certains avions étaient construits. Les avions aperçus dans le film étaient donc récents,

La production bénéficia de la collaboration de l'UAR (United Arab Republic) qui fournit les avions, filmés au sol et du sol. Ces vues furent complétées par des extraits d'archives. Tous les avions militaires du film portent des cocardes égyptiennes de l'UAR, portées entre 1958 et 1972, après l'union éphémère, en 1958, de l'Egypte et de la Syrie. Deux étoiles figurent dans le blanc des cocardes, comme dans celui des drapeaux peints sur les dérives.

Le tournage eut lieu en grande partie sur la base aérienne d'Almaza, dans la banlieue du Caire, dont la tour de contrôle apparaît dès le début du générique.

On constate qu'en 1959, l'Egypte est très occidentalisée. Les femmes portent des pantalons, des jupes évasées, des décolletés ou des robes moulantes, et exhibent leurs abondantes mises en plis. Dans les cabarets ou à la télévision, le clou du spectacle, est la danse du ventre. Soixante deux ans plus tard, tout a changé; les jeunes femmes n'osent plus assumer leur féminité dans les lieux publics, l'Islam gérant désormais la société...



Les avions du film :

Les premiers avions, vus au sol, sur la base d'Almaza, devant la tour de contrôle aperçue sous l'hélice d'un Ilyushin Il-14, sont des MiG-17F. Ces MiG-17F furent pris en charge par l'armée de l'air égyptienne en 1956 et resteront en service jusqu'en 1994. Les premiers MiG-17F, construits en URSS, furent livrés en octobre 1956 à Almaza et affectés au N° 1 squadron. En mars 1958, d'autres MiGs, construits en Tchécoslovaquie, sous l'appellation "S-104", vinrent augmenter la flotte égyptienne.

Ils portent sur l'avant du fuselage un insigne d'unité, une version sans doute du "léopard" ou du "tigre" du tout nouveau 18 squadron (20 Air Group) basé sur l'aéroport international du Caire, puis sur la base d'El Arish.

C'est le MiG-17F ayant le serial "2224" (????) que démonte entièrement Ismail, ce qui nous permet de voir son réacteur Klimov VK-1 muni d'une post combustion. Puis, Ismail fait croire qu'il l'a remonté très rapidement en modifiant le serial d'un autre MiG-17F, le "2214" (????), qui, lui, ne l'a pas été…

Les MIG-17F apparaissent également à la fin du film, lors du meeting, en train de décoller par groupe de quatre, puis, lorsqu'ils atterrissent séparément.

Des bimoteurs Ilyushin Il-14P apparaissent tout au long du film, surtout au sol. Ces avions furent réceptionnés dès 1955. Lors du générique, on assiste, du cockpit de l'un d'eux, à l'atterrissage à Almaza. On peut distinguer les avions portant les serials "1102", "1117" et  "1116" d’où descendent des militaires. En arrière plan, derrière lui, on aperçoit un avion ancien, un De Havilland DH.104 Dove, un des six en service de 1949 à 1971. On revoit cet appareil dans un hangar à côté d'un autre Il-14P, marqué "United Arab Republic" sur son toit blanc. A côté du Dove, on distingue également un Yak-11, ou plus exactement, un Avia C-11, sa version construite en Tchécoslovaquie et livré en 1956.

Ces Il-14P appartenaient à deux escadrons différents dont on voit les emblèmes peints sous le cockpit : une chauve souris et un aigle surmontant le globe terrestre, des escadrons malheureusement non identifiables.

A Almaza, devant un hangar, est garé un des trois Grumman G-73 Mallard-P, tout blanc,  portant le serial "762". Il appartint au Royal Flight de l'ancienne Royal Egyptian Air Force; le Malard était l'avion favori du roi Farouk. Le "762", pris en charge en 1949, fut réformé en 1959,

Non loin du Grumman, est stationné un hélicoptère russe Mil Mi-1. C'est sur son rotor qu' Ismail se refugie, poursuivi par la police militaire. Cet appareil ne porte aucune marque apparente à part ses cocardes. On remarque que le pilote est seul à l'avant de la cabine. On revoit ce type d'hélico, au sol lors du meeting de fin.

Un autre hélicoptère russe est vu dès le générique, en train d'atterrir, puis, plus tard, au sol, lors du meeting, avec ses portes arrière ouvertes; il s'agit d'un Mil Mi-4 (en service de 1958 à 1994).

Les autres avions apparaissent à la fin du film, lors du meeting aérien, à Almaza.

Il y a des dizaines de bombardiers Ilyushin Il-28 (livrés en 1955 par l'URSS) qui décollent par groupes de trois, escortés en l'air par des MiG-17F; ils atterrissent individuellement. Ils portent sur le nez des codes (lettres en caractère romains) comme : "D1", "S", "V-7", "C1"… En octobre 1956, ils appartenaient aux 8 et 9 squadrons basés à Inchas et n'étaient pas encore opérationnels à cette date.

L'avion sur lequel Ismaïl fait, involontairement, son premier vol, une scène totalement invraisemblable, est un MiG-15UTI (en service de 1955 à 1999) biplace, en réalité un Avia CS-103, un avion construit sous licence en Tchécoslovaquie et livrés à partit de novembre 1956; l'Egypte en reçut 120. L'appareil d'Ismail, dont le poste arrière est occupé par son chef Al-Shawish (en l'air, il disparaît, le pilote étant seul à bord), porte le serial : "1667" qui se transforme en "1998", après son décollage. Les deux portent le même emblème sur le nez, un dragon noir, l'insigne du 5 squadron en 1958. On note que le "1998" ne comporte aucune bande d'identification à l'arrière du fuselage, contrairement au "1667" mais il a les mêmes bandes noires au bout des ailes (peut-être peints en rouge). Son cockpit a été reconstitué en studio pour les vues rapprochées "en vol".

Parqué au milieu des MiG-15UTI, on entrevoit un MiG-17F (s/n "2176").

Enfin, plusieurs avions d'entraînement à hélice sont garés côte à côte : un Aero L-60 Brigadyr, un Yak-19PM à train tricycle (en service de 1957 à 1988), un Zlin 226T tchécoslovaque (en service de 1955 à 1973) ou, plus exactement, un Gomhouriya (République), un Zlin basé sur le Bücker Bestmann 181D allemand, et construit sous licence en Egypte par l'usine 72 d'Héliopolis.



Christian Santoir

* Film disponible sur YouTube


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