Vo. Now it can be told / School for danger
Année ;
1947
Pays :Grande Bretagne
Durée :
1 h 08 min.
Genre :
documentaire
Noir et
blanc
Réalisateur :
Teddy BAIRD
Scénario :
Teddy BAIRD, Jean WOOLASTON
Acteurs
principaux :
Harry REE (Félix),
Jacqueline NEARNE (Cat), Teddy BAIRD (Henri Pickard), H. IBBOTT (Flying Officer
H. Ibbott), L. REEVE (Sergent L. Reeve),
M. ROUSSEAU (Capitaine M. Rousseau), E. SHERRAN (Major E. Sherran)
Musique :
John GREENWOOD
Photographie :
BILL POLLARD
Producteur :Teddy BAIRD
Compagnie productrice : Royal Air Force Film Production Unit
Avions :
- -Armstrong Whitworth A.W.38 Whitley, document
- -Handley Page Halifax Mk III, en arrière-plan et sur document
- -Handley Page Halifax Mk V Series 1A, au sol
- -Lockheed Hudson III
- -Short S.29 Stirling, en arrière-plan
- -Westland Lysander SCW
Notre avis :
Ce documentaire dramatique été produit par le Bureau central de l'unité de films de la RAF. Le tournage a commencé en 1944, bien que le film ne fût projeté au cinéma, la première fois, qu’en 1946 avec le titre de « School for Danger ». « Now It Can Be Told » est une version plus longue, préparée pour une sortie spéciale, en 1947, avec des informations supplémentaires provenant des séquences d'entraînement de type documentaire.
Le film commence en France, en 1943, quand deux soldats allemands découvrent dans un champ un petit colis contenant une bouteille de champagne (Veuve Clicquot) et du parfum (Chanel N°5) ! Puis on passe à Londres où miss Williams entre dan un bâtiment militaire où elle rencontre le capitaine Brown. Tous deux ont été recrutés pour être formés à la clandestinité en France. Ils subissent un long parcours d’entraînement : courses d’obstacles, gymnastique, pratique du tir sur cible, école de parachutisme, saut d’un ballon puis d’un avion. Ils apprennent le Morse, la signalisation à la lampe de poche, comment utiliser les postes TSF, comment faire exploser des transformateurs électriques et endommager des locomotives...La jeune femme reçoit le nom de code de Cat et le capitaine, celui de Félix. Après avoir reçu de nouveaux vêtements aux marques françaises, et des cartes d’identité françaises et même des comprimés mortels, au cas où, ils sont parachutés en France, la nuit.
Ils prennent contact avec leurs correspondants Français, qui, en train, les conduisent dans une ville où ils vont être logés. Cat commence ses liaisons radio avec Londres. Félix sort de la ville en vélo et rencontre de nouveaux contacts. Il leur explique comment il va les aider. Il recherche un champ pouvant servir au largage de ravitaillement et Cat télégraphie l’emplacement à Londres. Des explosifs et des armes sont préparés et mis dans des conteneurs avec de la nourriture. Une fois récupéré, tout cela est caché dans des granges. Mais les Allemands, dans une camionnette disposant d’une station de radiogoniométrie, trouvent l’emplacement de Cat. Deux policiers sont envoyés chez elle, mais ne trouvent pas le poste de radio dissimulé dans un phonographe. Plus tard, les résistants parviennent à saboter des locomotives. Félix doit trouver un terrain d’atterrissage pour évacuer un agent blessé. Félix avec une petite moto, sur une route de campagne, parvient à trouver le bon terrain, où un Westland Lysander atterrit ; le blessé est embarqué avec des messages, et de nouveaux sont agents arrivés.
Une nuit, les résistants font exploser une usine utilisée par les Allemands avec de fortes charges explosives. Le reste de l’usine est bombardé de nuit par un bombardier anglais qui se fait malheureusement abattre par la Flak. Le couvre feu est décrété dans la ville. La Gestapo arrive pour procéder à des arrestations, des agents s’échappant par les fenêtres et par-dessus les toits. Félix et un autre agent attendent dans une ferme, quand Cat arrive avec un pilote abattu qu’il va falloir évacuer. Félix parcourt de nouveau en vélo la campagne, et prend des notes. Ses informations sont télégraphiées à Londres, où des officiers britanniques étudient des photographies aériennes. Cat donne un message à Félix qui doit rentrer à Londres, ainsi qu’une bouteille de champagne et un flacon de parfum pour le pilote qui va arriver. Après la vérification du terrain choisi, l’avion peut atterrir de nuit. Il embarque le pilote et d’autres agents, mais il ne peut décoller, une de ses roues étant embourbée. Malgré tous leurs efforts, les gens présents ne peuvent pousser l’avion. Un homme se rend alors au village proche et, peu après, de nombreuses personnes accourent pour aider, en plus de deux bœufs qui vont tirer l’avion. L’avion peut enfin décoller, mais le cadeau de Cat pour le pilote est tombé au sol, sans que personne s’en aperçoive. Seuls, les Allemands le récupéreront, plus tard…
Le film présente avec détail la formation des agents spéciaux britanniques sur le front européen lors de la seconde guerre mondiale. Les personnages ne sont pas des acteurs mais de vrais agents du SOE (Special Operations Executive) dont Jacqueline Nearne, alias « Cat », qui joue son propre rôle dans le film. Bien que née en Angleterre, elle avait vécu avec sa famille en France jusqu’en 1942, date de son retour en Angleterre, via l’Espagne et le Portugal. Parfaitement francophone, elle s’engagea dans le SOE et fut parachutée en France le 26 janvier 1943. Elle se fit passer pour une représentante de produits pharmaceutiques, ce qui lui permettait de se déplacer plus facilement, malgré les contrôles de la police française et allemande. Elle resta en France jusqu’au 9 avril 1944, un temps extrêmement long pour un agent spécial en pays ennemi. Son vrai nom de code n’était pas « Cat », mais « Jacqueline » ou « Josette ».
Ce film est un bon témoignage du travail des agents secrets britanniques, mais aussi de toute l’organisation des Special Duties ou « Opérations Spéciales » : sont reconstitués, entre autres, la préparation des avions, des containers et des paquets qui seront parachutés en même temps que les agents, les salles de commandement chargées de la coordination des ces opérations et le travail des hommes et des femmes engagés dans cette lutte secrète et dangereuse.
On notera que les armes envoyées aux résistants français, en plus du tabac, des cigarettes et du corned-beef, ne sont que des armes légères : des fusils mitrailleurs Bren (calibre 7.7 mm), des grenades, des pistolets, des explosifs…pas de bazookas, pas de mortier, pas de mitrailleuses lourdes. Les Anglais et le Américains se méfiaient des résistants français parmi lesquels les FTP (Francs Tireurs et Partisans) étaient des communistes. Ils ne voulaient pas voir ces derniers prendre le pouvoir en France, les armes à la mai, après la fin de la guerre.
Côté avions, le film en employa visiblement trois, filmés au sol quand Cat et Félix partent pour le France et quand deux appareils atterrissent en France pour amener de nouveaux agents et en ramener d’autres en Angleterre. Mais dès qu’ils décollent ou volent, leurs images sont extraites de documents d’archives, très sombres. Ils sont difficilement identifiables avec précision, surtout quand ils sont filmés de nuit…Ces avions ne sont pas armés et leur rôle principal est de transporter des agents entre l’Angleterre et la France et d’effectuer des parachutages de matériel et de vivres pour les résistants français.
Les avions du film :
Les agents sont entraînés à sauter en parachute, d’abord, à partir d’un ballon captif Caquot, puis plus tard, d’un bimoteur Armstrong Whitworth A.W.38 Whitley vu de très loin.
Quand ils partent pour la France, leur voiture passent devant plusieurs bombardiers Short S.29 Stirling et Handley Page Halifax III, avant de s’arrêter à côté d’un Handley Page Halifax Mk V Series 1A, caractérisé par son train d’atterrissage Dowty et ses moteurs en ligne Rolls-Royce Merlin XX équipés d’hélices à quatre pales Rotol.
Cat et Félix entrent dans un Halifax qui porte le code « NF » du 138 squadron, basé à Tempsford (Bedfordshire). Il avait pour mission d’acheminer des agents et des équipements pour le compte du SOE à l’intérieur des territoires occupés. Il fut équipé d’Halifax V entre janvier 1943 et août 1944.
Mais quand le Halifax décolle, il a changé de type…C’est un Halifax C.III, dépourvus de tourelle de mitrailleuses dorsale, propulsé par quatre moteurs en étoiles Bristol Hercules 100 et muni d’un train principal Messier. On voit l’intérieur de la cabine (encombrée) munie de sièges inconfortables, repliables le long du fuselage. Les agents dorment sur le sol dans des sacs de couchage.
Plus tard, on assiste au chargement de containers bourrés d’armes légères et d’explosifs destinés aux résistants, dans un Halifax Mk.V, identique au précédent, portant le nom de « Haggis /Big Chief» et ayant de nombreuses missions de guerre inscrites sur le nez, sans compter huit victoires sur des avions ennemis (ce bombardier est introuvable…). Puis ce sont des Halifax C.III (ailes à bouts carrés) qui parachutent des armes.
Un Westland Lysander III SCW, équipé sous le fuselage d’un gros réservoir de 570 litres, lui donnant une autonomie de 8 heures et un rayon d’action de plus de 2 000 km, atterrit de nuit en pleine campagne. Il ne lui fallait guère plus de 300 mètres pour atterrir et décoller. Cet avion fut utilisé entre février 1942 et novembre 1944 par le 161 squadron pour acheminer, à partir du terrain de Tempsford, dans les pays d'Europe occupés, des agents du SOE et du matériel destinés aux résistants. Au sol, le pilote ne coupe pas le moteur pour redécoller le plus tôt possible.
C’est un Avro Lancaster qui est touché mortellement par la Flak, la nuit, alors qu’il bombardait une usine.
Un Lockheed Hudson III dépose des agents dans un grand champ balisé. Cet avion appartient au 161 Squadron dont on peut apercevoir (difficilement) le code « MA-M » (rouge) peint sur le fuselage. Le problème est que ces lettres son trop petites et auraient pu être rajoutées de mauvaise façon… Les Hudson de cette unité furent employés pour déposer des agents secrets en France, de nuit, entre octobre 1943 et juin 1945. Le Hudson avait une grande autonomie, et pouvaient embarquer une dizaine de passagers, mais ils avaient besoin d’un terrain d’atterrissage d’au moins 450 mètres de long pour atterrir ou décoller.
Si le Hudson du film est bien le « MA-M », il s’agit d’un Hudson IIIA livré à l’USAAF avec le serial « 42-47353 », puis transféré à la RAF avec le serial « FK797 ». Affecté au 161 Squadron, il aurait ramené clandestinement le général de Lattre de Tassigny depuis Manziat (Ain) vers l’Angleterre, le 16 octobre 1943. Le 2 mars 1945, il fut touché par un chasseur de nuit allemand, un Junkers Ju-88, patrouillant au sud de l’Angleterre; il put revenir sur son terrain. L'avion était réparable, mais n'a plus volé. Il fut réformé le 18 avril 1945.
Christian Santoir
*Film disponible sur YouTube
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