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THE PILOT: a battle for survival


THE PILOT : a battle for survival

Vo. LYOTCHIK / ЛЁТЧИК

 

Pays : Russie
Année : 2021
Durée : 1 heure 47 minutes
Genre : guerre
Couleur

Réalisateur : Renat DAVLETIAROV
Scénario ; Renat DAVLETIAROV, Alekseï TIMOCHKIN, Sergueï ACHKENAZI

Acteurs principaux :
Piotr FIODOROV (Nikolaï Komlev), Anna PESKOVA ( Olga), Pavel OSADCHY (Mikhaïl), Maksim YEMELYANOV (Ignat), Yevgeny MIKHEEV (Nikodim Grechnev), Gela MESKHI (Major), Roman KNIZKA (Aubert Lemke).

Photographie : Semion YAKOVLEV
Musique : Pavel KOVALENKO, Roman VOLOZNEV
Producteurs : Renat DAVLETYAROV, Dmitry PRISTANSKOV, Vlad RYASHIN, Grigory PODZEMELNYY, Ekaterina RYZHAYA
Compagnies productrices : DA Production, Interfest, Star Media, Cinema Fund

Avions :

  • -Ilyushin Il-2M3 Sturmovik, RA-2783G
  • -Polikarpov I-15 bis, FLARF-02089
  • -Mikoyan-Gurevich MiG-3, RA-1563G
  • -North American SNJ-4 Texan, RA-2232G

 

Notre avis :

 Ce film est une nouvelle production concernant la Grande Guerre Patriotique (seconde guerre mondiale), chère au cinéma russe depuis l’ère soviétique. Cette guerre est vue sous différents angles dans des dizaines de films russes. Ici, le scénario concerne l’histoire d’un pilote qui tente de survivre après avoir été abattu, un thème plusieurs fois traité. Mais ce film est une sorte de réédition de « Povest o Nastoyaschem Cheloveke » sorti en 1948 et qui racontait l’histoire du pilote Alexei Maresyev, qui, blessé, mit plusieurs jours avant de rejoindre les troupes russes ; amputé des deux jambes, il put de nouveau combattre.

 Le film se déroule en décembre 1941, pendant la Grande Guerre Patriotique. Le pilote Nikolaï Komlev détruit avec son avion une colonne de chars allemands qui se déplace vers Moscou. Mais son avion est abattu par des chasseurs allemands. Après avoir atterri sur le ventre, dans une clairière, il est blessé par des Allemands ; son mitrailleur le sauve en le plaçant sur une petite banquise, dérivant sur une rivière. Komlev se retrouve derrière les lignes ennemies et commence à se frayer un chemin vers les siennes, surmontant le gel, la douleur et la faim, menacé par des loups et par des patrouilles allemandes. En chemin, il est hanté par les souvenirs de sa fiancée Olga. C'est son image qui le réchauffe dans le froid et l’aide à aller de l'avant. Le 13ème jour, il est recueilli par des paysans, et le pilote parvient à survivre et à franchir la ligne de front. En finale, à l’hôpital, il surmonte toutes les difficultés de la convalescence après une amputation des deux jambes. Il retrouve Olga et malgré son désaccord, retourne au combat muni de prothèses. En janvier 1943, il est de nouveau abattu, mais il parvient cependant à ramener son avion gravement endommagé sur son terrain. Quand il descend de son avion, il est salué par ses frères d’arme, comme un héros.

 Selon le réalisateur, ce film ne raconte pas l’histoire d’Alexei Maresyev qui était un pilote de chasseur, pas d’un avion d’attaque au sol. Les scénaristes ont utilisé neuf histoires réelles de pilotes soviétiques qui se sont retrouvés dans des circonstances similaires, qui ont perdu une jambe ou les deux, mais ont continué à se battre. Ils sont tous cités dans le générique de fin.

 Notons que pendant la seconde guerre mondiale, il y avait des pilotes amputés des jambes aussi bien en Angleterre, comme Douglas Bader, qu’en Allemagne, comme Hans Ulrich Rudel, voire même au Japon.

 Même si ce film met en exergue des héros russes de la seconde guerre mondiale en Europe qui, selon les médias soviétique, aurait été gagnée par l’URSS et secondairement par les Alliés, la propagande est ici plutôt discrète.

 Le tournage s’est déroulé de janvier 2019 à 2020, dans la région de Novgorod, notamment dans le district de Demyansky, où l'avion de Maresyev avait été abattu en 1942. En outre, le tournage des scènes de vol a eu lieu dans la région de Kalouga. Des journées de tournage ont été entièrement consacrées à la prise des vues de fond, effectuée par un hélicoptère. Ces arrière-plans servirent à reconstituer les images des batailles aériennes, où furent incluses les images de vrais avions.

 Comme indiqué dans son titre anglais/international, ce film est centré sur la survie du pilote, pas sur les combats aériens et pas sur les avions. Après 13 minutes, on ne voit plus aucun avion (à part un rapide aperçu de trois chasseurs attaquant un pont, à la 23ème minute) et ce n’est que 1 h 10 min plus tard que l’on retourne sur un terrain d’aviation (inconnu).

 

Les avions du film :

Lorsque le réalisateur Renat Davletyarov a commencé à s'immerger dans le sujet, il s'est rendu compte que son héros devait voler sur un avion Il-2. Cet avion d’attaque au sol, surnommé la « Mort noire » par les Allemands, vu son efficacité, avait largement contribué à la Victoire et il devenu légendaire en tant que "char volant ».

La vedette du film est donc un rare Ilyushin Il-2M3 Sturmovik. Il a été découvert par des plongeurs en 2011, à une profondeur de 20 m, dans le lac de Krivoye, au NE de Moumansk. Pendant la Grande Guerre patriotique, le pilote militaire Valentin Mikhailovich Skopintsev était à ses commandes. Le 25 novembre 1943, l'avion fut abattu par un Messerschmitt Bf-109 et pour sauver le mitrailleur blessé, Skopintsev se posa sur le lac glacé, après quoi l'avion coula. Avant sa mort, le pilote a laissé à son fils une carte où était marqué l’endroit  où il avait posé son avion ce jour-là. L'avion est resté au fond du lac pendant 68 ans. En 2011, le fils de Skopintsev l'a sorti de l'eau.

Il a été envoyé pour restauration à Novossibirsk, dans les ateliers de l’Aviarestavratsia de Novosibirsk, et de l'Institut de recherche de Siberian Aviation S.A. Chaplygin. Dans le même temps, l’OAK (Объединённая Aвиастроительная Kорпорация-Compagnie aéronautique unifiée) et la firme Ilyushin ont accepté de financer la plupart des travaux de restauration de l'Il-2. Les spécialistes l'ont restauré en conservant 70 % de ses parties d’origine, mais son moteur est un Allison V-1710 qui remplace son Mikouline AM-38F. Ce travail a pris plus de six ans. L’Il-2M3 portait le numéro de construction « 1872452 ». Ses essais de navigabilité ont été réalisés par l'Institut de Recherche Sibérien de l'Aviation, sous la direction de Vladimir Barsuk. En juin 2017, cet avion a décollé à nouveau. Maintenant, l'avion appartient à la Fondation des Ailes de la Victoire. Il est immatriculé « RA-2783G » et vole avec le code « 19 » rouge.

Ce véritable Il-2 piloté par Vladimir Barsuk, fut filmé en vol, par des hélicoptères ; on le voit également de près, au sol, à la fin du film.

Sur l’Il-2M3, le mitrailleur arrière disposait d’une mitrailleuse Berezine UBT de 12.7mm ; dans le film, la maquette est équipée d’une mitrailleuse DShKM de 12.7 mm qui était seulement (et est encore) employée sur les tanks et l’armée de terre.

Quand les deux Il-2 attaquent une colonne blindée allemande, ils sont armés de huit roquettes RS-82 et de 4 distributeurs de 48 bombes anti-blindé de 2,5 kg., situés dans les ailes. Vers la fin du film, l’Il-2 dispose d’un fumigène inconnu qui l’aide à échapper à un Messerschmitt.

Les dégâts subis par le Sturmovik suite à l’attaque des Messerchmitt comme de la Flak, sont pratiquement identiques en décembre 1941, à ceux que l’avion subit en janvier 1943 (gouvernail à moitié démoli, aile gauche trouée, gouverne de profondeur gauche abimée)…

Notons que la version biplace du Sturmovik ne fut déployée qu’à partir de septembre 1942. En décembre 1941, comme au début du film, seul l’Il-2 monoplace était au front et Nikolaï aurait pu se parachuter au lieu de se poser au sol.

L’Il-2 est abattu par des Messerschmitt qui curieusement attaquent à trois, alors que les patrouilles allemandes étaient normalement constituées de la « Rotte » (2 avions) ou d’un « Schwarm » (2 Rotten). Notons également que les Il-2 attaquent à deux et sont bien seuls ; ils auraient dû être 6 ou 8, protégées par des chasseurs.

En 1943, Komlev, pour échapper aux tirs d’un BF-109, fait la manœuvre du Cobra de Pugachev ! Mais l’Il-2 n’était pas un Su-27 ou un Su-35. Vu sa vitesse inferieure, l’Il-2 après une telle manœuvre aurait décrocher et serait parti dans une vrille impossible à contrôler à faible altitude.

Il n'y avait pas de vrais Messerschmitt disponibles pour le film. Ceux du film sont des  modèles de grande taille filmés devant des écrans où ont été projetés en arrière-plan des paysages, et certains ont été reconstitués en images de synthèse. On peut en distinguer un d’assez près, portant le code « 44 » rouge, mais l’emblème de son unité inscrite sur l’avant du fuselage est illisible. Cet avion est un Bf-109G vu la forme de son capot moteur avec ses deux bosses. La forme de la verrière  reconstituée en studio, est correcte, mais cet avion n’avait pas de roulette de queue rétractable comme le BF-109F…En 1941, le Bf-109G6 est anachronique n’ayant fait ses débuts au combat qu’en février 1943. La planche de bord aperçue correspond plutôt à celui d’un Bf-109E.

En 1943, l’Il-2 endommagé est rejoint par trois MiG-3, qui l’accompagnent jusqu’à son terrain. Au moment du tournage, il y aurait eu trois MiG-3 en état de vol, mais les avions vus en vol dans le film sont vraisemblablement des images. La compagnie russe Aviarestavratsia de Novosibirsk, a reconstruit plusieurs MiG-3, motorisées par des Allison V-12 (dont un est parti aux Etats-Unis). On en voit six (en images) également au sol sur le terrain où Komlev atterrit et, peu après, l’un d’eux, est entrain de rouler. Vu son camouflage identique, il pourrait être le vrai MiG-3 « RA-1563G » (c/n 3872), une réplique construite avec 40% de pièces originales. Les pilotes sont filmés de près dans les vrais cockpits.

Notons qu’à partir de mai 1942, les MiG-3 avaient été retirés du front et attribués soit à la Marine, soit à la PVO (Forces de Défense Anti-aérienne).

Au sol, en « janvier 1943 », sur le terrain d’aviation vu à la fin du film, on peut apercevoir d’autres avions :

-Un Poliparkov I-153 blanc, garé à coté d’un autre recouvert entièrement d’une bâche.

-Un Polikarpov I-15 bis portant le code « 19 blanc » vu à plusieurs reprises de plus près. Cet avion se crasha en Carélie en 1943. Au milieu des années 1990, son épave fut repêchée et transmise à Aviarestoration, de Moscou. Remis en état de vol il reçut le matricule « FLARF-02089 » (c/n 4439). En 2004, il fut prêté à Flying Legends de Duxford, en Angleterre. En 2009, il était de retour dans son pays.

Encore une fois, cet avion n’était plus en première ligne à la fin de 1942 et avait été affecté à des tâches de second rôle.

Le dernier avion, garé à côte des Polikarpov I-15, est curieusement un North American SNJ-4 Texan, un appareil qui ne fut jamais utilisé par les forces aériennes soviétiques ! Celui-ci, vu de face, porte le matricule russe « RA-2232G ». Construit en 1943, il fut livré à l’US Navy avec le BuNo. 26939 (c/n 88-11798). En 1946, il fut mis sur le marché civil et immatriculé « NC79918 », puis « NX79918 » et « N79918 », au nom de Volitan Aero Service Inc, de Palmdale (CA). Remis au standard du T-6D, il fut exporté en mars 1952, acquis par la South African Air Force, et affecté à la Central Flying School, de Langebaanweg (Western Cape) avec le code « 7647 ». Réformé en 1995, il fut acquis en septembre 1996 par Longmont Aviation Co, de Longmont (CO) et ré-immatriculé « N647Y », puis, en février 1997, mis au nom de son nouveau propriétaire Gerald Yagen de Training Services Inc/Fighter Factory, à Norfolk (VA) avec le nouveau matricule « N50BZ ». En janvier 2002, il fut mis au nom de sa société Training Services Inc, de Norfolk (VA) et immatriculé « N43NA ». En août 2013, Gerald Yagen le vendit en Russie à Vadim Zadorozny Technical Museum de Moscou et immatriculée «  RA-2232G ». L’avion vole toujours comme un SNJ-4 de l’US Navy avec ses marques d’origine, comme dans le film…

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur https://ok.ru/video/

 

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