AFGANSKIY IZLOM
Vo.Афганский излом
(La fracture afghane)
Année : 1992
Pays : Russie, Italie
Durée : 2 h 20 min.
Genre : guerre
Couleur
Réalisateur : Vladimir BORTKO
Scénario : Alexandre TCHERVINSKI, Mikhaïl LECHINSKI, Leonid
BOGATCHOUK, Ada PETROVA
Acteurs principaux :
Michele PLACIDO (Micha Bandoura), Tatiana DOGUILEVA (Katia),
Mikhaïl JIGALOV (Lieutenant-colonel Leonid), Alexeï SEREBRIAKOV (Sergent
Arsenov), Philippe YANKOVSKI (Lieutenant Nikita Steklov), Nina ROUSLANOVA
(Tatiana), Iouri KOUZNETSOV (Le pilote d'hélicoptère Chtchoup), Ivan KRASKO
(Viktor Nikolaïevitch), Andreï KRASKO (L'officier d'État-major).
Musique : Vladimir DASHKEVICH
Photographie : Valeri FEDOSOV, Pavel ZASYADKO
Producteur : Aleksandr GOLUTVA
Compagnies productrices : Clemi Cinematografica, Lenfilm
Studio, Russkoye video
Aéronefs :
- - Antonov An-12, CCCP-11154
- - Mil Mi-8MTV
- -Mil Mi-24P
Notre avis :
L'intrigue de ce film se concentre sur un camp militaire soviétique en Afghanistan, peu avant le retrait de l'armée soviétique en 1989. Cette guerre fut pour les Russes, ce que le Vietnam avait été pour les Américains.
Le sang apparait dès le début du film. On assiste d’abord à la circoncision d’un jeune garçon, puis à l’égorgement d’un soldat russe blessé par un moudjahidin ! Une nouvelle recrue, le lieutenant Nikita Steklov vient juste d’arriver en Afghanistan, contre la volonté de son père, un général russe. Le major Bandoura, commandant d'une unité de parachutistes, doit accepter de lourdes pertes dans la lutte contre les rebelles afghans dirigés par un certain Adil. Il négocie avec lui via l’intermédiaire d’un Afghan qui a fait ses études en Russie, Gulakhan. Moyennant la remise de munitions, de mitrailleuses et de sacs de farine, Adil doit arrêter toute attaque sur les forces russes en repli. Le commandant du camp accepte que les hommes et les femmes de l’hôpital se rendent dans la ville proche pour effectuer des achats. Cependant, ils n'ont pas le temps d'acheter; le soldat Ivanov, qui monte la garde, par inexpérience, tire sur un excentrique marchand nain. Une foule en colère se rassemble autour des Russes, mais ceux-ci parviennent à s'échapper. Adil n'est pas satisfait et exige plus de cadeaux pendant leur remise. Peu de temps après, un convoi de ravitaillement soviétique est de nouveau attaqué. Nikita est grièvement blessé car il faisait partie de l'escorte du convoi. Son pied devra être amputé et sa carrière est compromise. Le colonel est favorable à une frappe de représailles. Le village d'Adil est sur le point d'être attaqué. Gulakhan est accusé par Adil d’être un allié des Russes. Mais cette fois, les assaillants étaient des moudjahidines pakistanais. Un général russe rend visite aux troupes dans le camp. Il fait état d'un accord de paix entre le gouvernement et les dirigeants militaires soviétiques et les rebelles islamistes. Cependant, en raison de l'attaque au cours de laquelle Nikita a été blessé, l'accord est désormais menacé. La base militaire est évacuée mais une dernière attaque contre les rebelles pakistanais se prépare. Ils se trouvent dans le village d'Adil. L'attaque menée par Bandoura commence. Dans ces combats au milieu des civils, Bandoura tue par inadvertance la famille de Gulakhan, à l’exception de son fils aîné. Finalement, tout le village est bombardé et anéanti. Après l'attaque, Bandoura devient apathique et erre seul dans le village. Il ne trouve personne en vie, à l'exception du fils de Gulakhan accroché à sa Kalachnikov. Bandoura hésite, puis s'éloigne, laissant le garçon lui tirer dans le dos et le tuer ! La scène finale montre des dizaines d'hélicoptères soviétiques s'envolant du village dévasté. Puis, apparaît un vieillard en train de prier avec, à ses côtés, un jeune enfant tout nu, au milieu de ruines fumantes…
Ce film est particulièrement réaliste avec de scènes de combat parfaitement reconstituées entre une armée régulière et des bandes de soldats-terroristes qui n’ont aucune règle, à part celles du Coran. Ce film est la tentative la plus réussie de réaliser un film sur la guerre soviétique en Afghanistan. L’inévitable histoire d’amour, toujours présente dans ce genre de film pour un peu décompresser l’action, entre Bandoura et l’infirmière Katia, qu’il va devoir quitter, alors qu’il a pratiquement oublié son épouse à Moscou, apparaît tout à fait secondaire. Mais il s’agit d’une souffrance sentimentale qui s’ajoute à la guerre et qui sert à expliquer le profond désespoir de Bandoura et son désir d’en finir définitivement.
Le tournage commença lors de l'hiver 1990, au Tadjikistan. Le 11 février, l'équipe du film s'est retrouvée au centre d'émeutes massives à Duschanbé, à la suite desquelles l'administrateur du groupe fut tué. L’équipe du film a été évacuée vers Tachkent par transport militaire russe. Elle savait ce qu’était la guerre…Le tournage fut alors déplacé d'urgence en Crimée et en Syrie, mais aussi au Turkménistan et en Ouzbékistan, à Termez.
Lors du générique, la production remercie le Comité central des forces terrestres de l’URSS, le commandement du district militaire du Turkménistan, les officiers et les soldats des garnisons de Duschanbé (Tadjikistan) et Kushka (Turkménistan).
Les avions du film :
La production bénéficia de l’aide de l’armée de l’air russe qui lui a fourni quelques hélicoptères. Ces hélicoptères sont principalement des Mil Mi-17 et des Mil Mi-24V. En Afghanistan, l’emploi des hélicoptères était indispensable, les combats se déroulant dans un relief montagneux favorable aux embuscades. L’hélicoptère servait non seulement de transport de troupes, mais pouvait également, en prenant de l’altitude, diriger les troupes au sol et les appuyer ponctuellement avec ses armes de bord.
Les hélicoptères d’attaque du film sont des Mil-Mi-24P (P pour Pushka, canon) équipés d’un canon bitube GSh-30K de calibre 30 mm avec 250 obus, fixé sur le côté droit, et deux paniers de roquettes S-8 (20 roquettes de 80 mm chacun). Leurs deux turbines sont équipées de refroidisseurs d’échappement EVU pour diminuer leur signature infrarouge, afin d’éviter les missiles sol-air des systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS) très répandus chez les moudjahidines. Ils possèdent, en outre, des distributeurs de leurres pyrotechniques qu’ils utilisent abondamment, comme on peut le voir. La livraison par les États-Unis de missiles Stinger aux Moudjahiddin, en plus d'autres missiles de même type fournis par d'autres pays comme la Chine, rendit les Mi-24 et les Mi-8 beaucoup plus vulnérables.
On peut voir au sol, en arrière un autre type de Mil-24, un Mi-24V muni d’une tourelle de mitrailleuses sous le nez et sans disperseur infrarouge sur les échappements des turbines. Le rôle des Mi-24 n’était pas uniquement l’attaque au sol, mais aussi la protection des Mil Mi-8.
La majorité des hélicoptères du film sont des Mil Mi-8MTV/171Sh, des hélicos de transport et d’attaque. Ils sont armés d’une mitrailleuse Kalachnikov PKT à l’avant. On voit de plus près ceux ayant les numéros « 44 » et « 47 » bleu qui sont armés également de quatre pods de lance roquettes UB-32A (32 roquettes de 57mm). Leurs turbines sont équipées de disperseurs de chaleur et ils disposent aussi de lance-leurres. Sur le cockpit on a rajouté de chaque côté des plaques de blindage pour protéger les pilotes de tirs provenant du sol.
Dans ce film, on ne voit qu’un seul avion, un avion de transport Antonov An-12BK ayant le matricule civil « CCCP-11154 » visiblement peint sur un autre matricule. Sa dérive porte le drapeau rouge soviétique rajouté sur l’étoile rouge des avions de la force aérienne soviétique. On voit également que des marques ont été effacées derrière le cockpit. Cet avion aurait été aperçu en Afghanistan en 1991. Il s’agissait d’un ancien An-12BK-IS, un avion équipé de contre-mesures électroniques avec une plate-forme électronique Fasol ou Siren. Il apparut la dernière fois sur l’aéroport de Moscou-Vnoukovo en août 1992. Il se pourrait que ce matricule qui appartint à un Antonov An-10 (c/n 9401001) de l’Aeroflot, soit un faux et que l’avion ne l’ait porté que pour le tournage.
L’avion a été filmé à l’intérieur de sa cabine comme de son cockpit. Quand il décolle et prend de l’altitude, il utilise en permanence ses lance-leurres pour se protéger des tirs de missiles sol-air.
Dans le film, il sert à rapatrier les corps de soldats tués (cargaison 200), enfermés dans des cercueils en zinc mis dans des caisses en bois. Cet avion s’appelait la « Tulipe noire » (ce qui s’inspirait de la décoration de la chronique nécrologique de l’armée afghane). La vraie « Tulipe noire » était un An-12BP portant l'immatriculation « CCCP-11987 ». Il était employé par le 930th Komsomolskiy Transylvanskiy Red Banner Military Transport Aviation Regiment de Zavitinsk (URSS). Il fut endommagé le 27 décembre 1986 par un missile sol-air Stinger, au sud de Kaboul alors qu’il prenait de l’altitude. L’avion revint atterrir à Kaboul avec un moteur en moins, mais le mitrailleur de queue se tua en sautant en parachute trop bas. L’avion fut réparé. Le 29 janvier 1989, lors d’un vol nocturne entre Kaboul et Kandahar, il fut touché à l’atterrissage par les moudjahidin et heurta durement la piste, sa queue se séparant du fuselage. Les six membres d’équipage furent légèrement blessés. L’épave resta abandonnée sur l’aéroport de Kandahar où elle était encore en 2002.
Christian Santoir
*Film disponible sur YouTube
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