BUKET FIALOK

 BUKET FIALOK

Vo.Букет фиалок

(Bouquet de violettes)

Année : 1983
Pays : URSS
Genre : drame
Durée : 1 h 26 min.
Noir et blanc

Réalisateurs : Oleg BONDAREV, Vera STROYEVA
Scénario : Tamara KOZHEVNIKOVA, Marina POPOVICH, Grigoriy ROSHAL

Acteurs principaux :
Lyudmila YAROSHENKO (Tatyana Berestova), Yuriy SOKOLOV (Sergei Ardatov / Aleksey Ardatov), Nikolay MERZLIKIN (Yegorov), Valeriy FROLOV           (Ternovoy), Pavel MAKHOTIN (Lugovoy), Vladimir YAKANIN (Selishchev )

Musique : Roman LEDENYOV
Photographie : Igor MELNIKOV, German SHATROV
Compagnie productrice : Mosfilm

Avions :

• -Ilyushin Il-62
• -Lavochkin La-11, au sol
• -Tupolev Tu-104, document.
• -Tupolev Tu-144, document.

 

 Notre avis :

 Le film s’inspire fortement de la vie d’une des co-scénaristes, Tamara Kohevnikova, une ingénieure de l’aéronautique militaire qui, pendant la Grande Guerre Patriotique, fut affectée sur le front à différentes unités combattantes dont elle entretint les avions. En 1943, en Ukraine, sur la base de Pyatihatka, elle rencontra le pilote de chasse A.L. Kozhevnikov, qu'elle épousa. Elle termina la guerre à Berlin avec le 212ème régiment de chasse de la Garde (IAP) du 2ème front ukrainien. Après la guerre, elle continua à servir dans l'armée qu’elle quitta avec le rang de colonelle-ingénieure, récipiendaire de nombreux ordres et médailles militaires.

Une autre scénariste, Marina Popovich, plus jeune, était en 1964 une pilote d'essai militaire de 1re classe, détentrice de plusieurs records aériens mondiaux. Colonelle-ingénieure, docteur en sciences techniques, professeure et  membre de l'Union des écrivains de Russie, elle avait dèjà écrit avec Tamara Kohevnikova le scénario du film « Nebo so mnoy » sorti en 1974 (étudié sur ce site).

 

La délégation du Comité de Paix soviétique se rend à Berlin-Est, pour une fête-anniversaire. Parmi les membres du comité, il y a Tatyana Berestova, un vétéran de la Grande Guerre Patriotique. Pendant le vol, elle se souvient des années terribles de la dernière guerre mondiale. Ingénieure en aéronautique dans un régiment de chasse, elle avait sous son commandement, plusieurs mécaniciens masculins qui la respectaient. Tatyana avait fait la connaissance du pilote Sergei Ardatov, un as comptant 17 victoires, dont elle s’occupait de l’avion. Sa femme était morte et ses trois enfants, auxquels il pensait constamment, avaient été confiés à sa mère. Mais Ardatov était un personnage compliquée plutôt narcissique, se disputant souvent avec ses camarades. Néanmoins, Tatyana et lui avaient fini par s’estimer et tomber amoureux l’un de l’autre. Elle fut blessée lors d’un bombardement et évacuée vers l’arrière. Son ambulance longeait un convoi ferroviaire plein d’enfants quand il fut attaqué par des chasseurs ennemis. Ardatov intervint mais il fut abattu ! Après la guerre, Tatyana partit à la recherche des enfants de son être cher; elle les retrouva dans l'Oural et les adopta. Quand Tatyana revient à Moscou, c’est son fils Aleksey qui est le commandant de bord de son avion. A l’aéroport, elle est accueillie par ses filles qui lui offrent un petit bouquet de violettes, comme l’avait déjà fait Sergei.

« Un bouquet de violettes » (1983) est un drame dont l'action tourne principalement autour d'une femme âgée dont la vie est remplie de solitude et de souvenirs du passé. Bien que le film se passe en grande partie pendant la guerre, dans une escadrille de chasse, les combats aériens sont pratiquement inexistants. Le film se déroule au sol, avec de longues discussions entre les militaires et entre Tatyana et Sergei.

La production n’utilisa qu’un seul avion, fourni par le musée central des Forces aériennes de Monino, près de Moscou.

Le film a été tourné sur l’aéroport international de Moscou-Sheremetyevo et sur la base militaire de Monino.

 

Les avions du film :

Au début du film, Tatyana embarque pour Berlin-Est, sur l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo, à bord d’un Ilyushin Il-62 de l’Aeroflot ; puis, l’avion est filmé au décollage (matricule invisible). A la fin du film, elle reviendra à bord d’un Tupolev Tu-104 filmé en courte finale.

Mais le seul et principal avion du film est un chasseur Lavochkin La-11, aperçu au sol, tout au long du film. Cet avion était équipé de trois canons de 23 mm, situés dans la partie supérieure du fuselage, sous le capot moteur. Il s‘agit très certainement du seul La-11 possédé à l’époque par le musée de Monino. Cet avion est anachronique puisqu’il fut produit après la guerre. Celui du musée fut construit en décembre 1948 et affecté à différentes unités. Réformé en février 1954, il fut retiré du service et transmis à l’Institut de Technologie Aéronautique de Moscou (MATI), où il fut  utilisé comme cellule d’instruction. Le 14 octobre 1958, il fut démonté et livré au musée de Monino qui l’exposa à l’extérieur pendant des années, puis le stocka dans un hangar en 1989 pour le restaurer. En mai 1993, il fut acheminé en Angleterre, vendu à la Fighter Collection de Duxford (GB), où il est toujours, démonté, en attente d’une éventuelle restauration. Il porte le code « 20 » blanc.

Dans le film, on a une vue très rapide de sa vraie planche de bord. Pour le multiplier, le La-11 porte plusieurs codes individuels « 10 », « 01 », « 06 » blancs, avec un nombre de victoires différent marquées près du cockpit. Il est filmé parfois avec ses capots moteurs ouverts, son cône d’hélice démonté et son fuselage plus ou moins « endommagé ». Quand le pilote met en route le moteur, jamais on ne voit l’hélice tourner, ni l’avion rouler au sol. En l’air il est représenté par des maquettes volantes peu exactes qui ne représentent pas des La-11, mais plutôt des La-7, selon une verrière différente et le petit radiateur situé sous le moteur dont est dépourvu le La-11.

Il en est de même des chasseurs allemands, qui ressemblent approximativement à des Messerschmitt Bf.109E, bien que sur le front russe, à partir de juin 1941, les Messerschmitt furent surtout des Bf.109F et G (bouts d’ailes ronds et non carrés).

Le film se termine sur un Tupolev Tu-144 supersonique (de la publicité pour l’Aeroflot…) roulant sur un tarmac devant cinq Ilyushin Il-18 et un Tupolev Tu-114. Mais on ne voit que la moitié avant de l’appareil. Le Tu-144 était toujours en production en 1983.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur https://ok.ru/video/