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VINA LEYTENANTA NEKRASOVA

VINA LEYTENANTA NEKRASOVA

Vo. Вина лейтенанта некрасова

(La faute du lieutenant Nekrasov)

 

Année : 1985
Pays : URSS
Genre : drame
Durée : 1 h 32 min.
Couleur

Réalisateur : Ravil BATYROV
Scénario : Eduard VOLODARSKIY

Acteurs principaux :
Aleksei ZHARKOV (Yuri Nekrasov), Lyudmila VOLOSACH (Pauline), Andrey TOLUBEEV (Mikhail Kubarev), Aleksandr KUZIN (Aleksei Lougovoï), Sergei POPOVSKY (l'ingénieur), Shukhrat IRGASHEV     (le major), Andrey GRADOV (Alex Tabachnikov).

Musique : Nikolay KARETNIKOV
Photographie : Aleksandr PANN, Miron PENSON
Compagnie productrice : Uzbekfilm

Avions :

  • -Ilyushin Il-28
  • -Ilyushin Il-28U (en arrière plan)
  • -Tupolev Tu-2S (au sol)

 

Notre avis:

Quarante ans après la Grande Guerre Patriotique, ce film soviétique revient sur les séquelles des combats endurées par les anciens combattants, séquelles physiques (handicaps divers), mais aussi morales. Le scenario est centré sur le cas d'un pilote de la VVS (Voyenno-Vozdushnye Sily-Armée de l'Air), dans les années qui suivirent la fin du conflit.

 Dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, le lieutenant Nekrasov fait une mission de bombardement nocturne. Mais cette mission n'obtient pas de bons résultats, et il accuse son bombardier d'avoir raté la cible, après que l'avion ait été touché et qu'il ait dû faire un atterrissage d'urgence derrière les lignes ennemies. Après avoir sommairement réparé l'appareil, Nekrasov, furieux, décolle en laissant son équipier sur place ! Il décide de finir le travail tout seul en attaquant une colonne de chars, mais son mitrailleur est tué. Il est dégradé et renvoyé de l'armée de l'air ! Il retourne à son village où il retrouve sa mère et son cousin, un ancien combattant invalide. Nekrasov se reconvertit en mécanicien, chargé de l'entretien des tracteurs du kolkhoze. Il sympathise avec Pauline, la factrice, et ils tombent amoureux l'un de l'autre. Mais, il n'est pas heureux et son passé le hante. Un jour, alors qu'un journal salue son travail, tout en rappelant, sa carrière militaire, il décide de partir pour aller s'engager dans l'armée, au grand dam de Pauline. Il est affecté sur une base aérienne comme mécanicien. Il y retrouve un de ses camarades de combat qui est pilote d'essai. Ce dernier est chargé de la mise au point d'un jet, qui donne lieu à plusieurs atterrissages délicats. Un jour, alors qu'une roue de son train d'atterrissage refuse de sortir, il se crashe à l'atterrissage et se tue. Nekrasov s'est porté volontaire pour les essais d'un nouveau siège éjectable, ce qui est sa façon de renouer avec l'aviation, mais aussi de racheter sa faute.

 Les décors, et surtout les voitures utilisées lors du tournage (Gas-M20 Pobeda modèle 1949; Moskvitch 400 modèle 1949; ZIM 7, modèle 1950) permettent de dater l'action au début des années 50. Mais le camion citerne de Nekrasov est un Zil 157 de 1958, et celui des pompiers de la base est un Zil 130 de 1962…

Le tournage eut lieu en Ouzbékistan avec l'aide de la VVS, très vraisemblablement sur la base de Tchirtchik (Tachkent), qui servait, au moment du tournage, de base arrière à l'aviation soviétique, qui appuyait le régime communiste afghan en lutte contre les talibans.

 

Les avions du film :

Le film, pendant le générique et la première partie, commence par montrer des avions, sur des extraits de documents filmés d'époque, dont certains se retrouvent dans de nombreux films. Côté allemand, ce sont des bombardiers, les habituels Junkers Ju-87, Junkers Ju-88, Heinkel He-111. Côté soviétique, ce sont des Ilyushin Il-2/2M Sturmovik et des Petlyakov Pe-2 dont les images sont censées représenter un Tupolev Tu-2S, en vol. Il y a également un Yak 3, un Polikarpov I-16, très furtifs.

Le seul avion de l'époque de la Grande Guerre Patriotique, employé par le tournage, est un Tupolev Tu-2S, mais filmé uniquement au sol, n'étant pas en état de vol. Quand il roule, il est tracté, et quand on met ses moteurs en marche, on nous montre un moteur d'un pacifique Ilyushin Il-14 (sans cône d'hélice, contrairement au Tu-2S). D'où vient ce Tu-2S ? Il n'y en a qu'un seul de préservé en URSS. C'est celui du musée de l'armée de l'air de Monino, près de Moscou. Cet appareil relativement rare pendant la guerre (800 exemplaires seulement de produits, avant 1945), fut livré au musée en novembre 1958. Il fut restauré chez Tupolev et exposé de nouveau, à l'extérieur, en 1975. Il apparaît dans d'autres films, comme "Im pokoryayetsia nebo" (1963) ou "Piloti" (1988). Des scènes furent tournées à l'intérieur (de nuit…), ce qui permet de voir (un peu) le poste du pilote, avec le navigateur-bombardier-mitrailleur situé juste derrière, et le poste du radio-mitrailleur tout à l'arrière. L'avion porte un camouflage deux tons classique, avec le numéro "4" sur une dérive. Notons que l'équipage porte des lunettes PO-1 (Poletnye Ochki) qui ne seront en dotation que dans les années 50 et après.

L'avion que l'on voit le plus dans la seconde partie du film est le bombardier biréacteur Ilyushin Il-28 (code OTAN "Beagle"), qui fit son premier vol en 1948 et fut produit en série à partir de septembre 1949. Au moment du tournage, cet avion était en train d'être retiré du service. Il semblerait d'ailleurs que l'on ait sacrifié une cellule complète lors de la scène du crash.

Celui piloté par le pilote d'essais est le "02" rouge. On peut observer quelques détails, comme l'avant d'un de ses réacteurs Klimov VK-1A (une extrapolation du Rolls-Royce Nene anglais), partiellement décapoté. On peut voir, en vol, à travers le nez vitré, à partir du poste (vide, sans viseur) du navigateur-bombardier, et on a juste un aperçu très partiel du tableau de bord (indicateurs de température de sortie des gaz, et compte-tours).

On ne sait si les difficultés qu'a le pilote d'essais à faire atterrir son Il-28, s'inspirent du vrai problème qu'avait ce type d'avion, dans cette phase délicate. Il ne disposait pas d'un système automatique de transfert du carburant permettant de contrôler le centrage de l'appareil. En finale, le pilote devait avoir, aussi, un œil sur les jauges de carburant et activer la pompe de transfert au bon moment. Il ne fallait pas, non plus, oublier de l'arrêter, le centrage risquant de devenir trop arrière. Certains pilotes demandaient à leur navigateur (situé à l'avant) de leur rappeler de stopper la pompe, à temps...

Derrière l'Ilyushin Il-28, sur le tarmac, on voit sa version d'entraînement biplace un Il-28U (code OTAN Mascot), avec le numéro "04" bleu, où l'instructeur était placé à l'avant.

On ne sait pas à quelle unité appartenaient ces Il-28, ni ce qu'ils faisaient non loin de la frontière afghane. L'Il-28 ne combattit que sous les couleurs afghanes et tous les Il-28 afghans furent détruits, au sol, en janvier 1985, dix mois avant la sortie du film.

Nekrasov sert de cobaye pour la mise au point d'un siège éjectable propulsé par fusée et sans repose pieds, sur un simulateur. Ce matériel standard, qui servait aussi à l'entraînement des pilotes, apparait dans des films, comme "Anflug Alpha 1" (1971).

 

Christian Santoir

*Film à visionner sur YouTube         

 


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