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SULLY

 
SULLY

   

Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 36 min.
Couleur

Réalisateur : Clint EASTWOOD
Scénario : Todd KOMARNICKI, Chesley SULLENBERGER

Acteurs principaux :
Tom HANKS     (Chesley 'Sully' Sullenberger), Aaron ECKHART (Jeff Skiles), Valerie MAHAFFEY     (Diane Higgins), Delphi HARRINGTON (Lucille Palmer), Mike O'MALLEY (Charles Porter), Jamey SHERIDAN (Ben Edwards), Anna GUNN (Elizabeth Davis).

Musique : Christian JACOB, Tierney SUTTON Band
Photographie : Tom STERN
Producteurs : Clint EASTWOOD, Frank MARSHALL
Compagnies productrices : Flashlight Films, The Kennedy/Marshall Company.

Avions :

  • -Airbus A320 N648AW
  • -Airbus A320 N627AW
  • -McDonnell F-4E Phantom, s/n 74-1638
  • -Stearman 6L Cloudboy  NC787H

 

Notre avis :

Ce film n'est pas une biographie de Maximilien de Béthune, duc de Sully (1559-1641), mais plutôt celle d'un pilote de la compagnie US Airways, Chesley Burnett Sullenberger, dit "Sully"... Ce commandant de bord devint un héros national, quand le 15 janvier 2009, peu après son d&collage de l'aéroport de New-York La Guardia, son avion heurta un vol d'oies, ce qui eut pour conséquence d'éteindre les deux moteurs ! Survolant une zone très peuplée, avec de hauts buildings, il décida de se poser sur le seul endroit dégagé, le fleuve Hudson ! Il s'y posa de façon parfaite, l'avion conservant son intégralité, même si l'arrière du fuselage fut endommagé, permettant à l'eau de s'infiltrer dans la cabine. Les 150 passagers et les 5 membres d'équipage purent être tous évacués, sains et saufs (cinq blessés seulement). Le film reprend ces faits, en mettant l'accent sur les dessous de l'évènement.

Le 15 janvier 2009, donc, le captain, Chailley "Sully' Sullenberger, et son first officer, Jeffrey Skiles, décollent de La Guardia, à  bord du vol 1549 d'US Airways, à  destination du Douglas International Airport de Charlotte (NC). Après trois minutes de vol, alors que l'avion est en montée, à 850 m d'altitude, il heurte un vol d'oiseaux qui provoque l'extinction des deux réacteurs. Malgré la proximité de l'aéroport de Teterboro, Sully décide de poser l'avion sur le fleuve Hudson, ce qu'il fait sans problème. Les passagers sont sauvés par de nombreux bateaux accourus depuis les quais de New-York. La presse et le public traitent aussitôt Sully en héros, mais il est gravement affecté par cet évènement et a des hallucinations où il se voit en train de se crasher au milieu des buildings de Manhattan ! Peu après, l'enquête du NTSB (National Transportation Safety Board) révèle que le moteur gauche fonctionnait encore quand le pilote le coupa ! Il aurait pu permettre à  l'avion de revenir se poser à  La Guardia. En outre, la commission d'enquête indique que plusieurs simulations du vol, utilisant les données fournies par les boites noires, permettent d'arriver à  la conclusion que l'avion, même sans moteur, aurait très bien pu aller se poser à  Teterboro ou revenir à  La Guardia. Sully se rend compte que le NTSB penche en faveur d'une erreur de pilotage. Désireux de sauver sa réputation et sa carrière, il obtient que le film des simulations soit projeté lors d'une audience publique. Après ces projections, Sully fait remarquer que, lors de ces simulations, les pilotes des simulateurs s'attendaient à ce qui allait se passer, en retournant sur La Guardia, immédiatement après le heurt avec les oiseaux. Ces simulations, toutes théoriques, sont irréalistes, selon lui, et ne prennent pas en compte le facteur humain. Il a fallu plusieurs secondes pour essayer de redémarrer, en vain, les moteurs, apprécier la situation et prendre une décision. En conséquence, les enquêteurs, qui admettent par ailleurs, que les pilotes en simulateurs s'étaient longuement préparés au préalable, acceptent de prolonger de 35 secondes le temps entre le choc avec les oiseaux, et la prise de décision pour un nouveau cap. Avec cette nouvelle donnée, le vol plané simulé vers La Guardia se termine par un atterrissage trop court et celui vers Teterboro, heurte un immeuble en finale ! La commission d'enquête admet enfin que le moteur gauche avait été très endommagé par les  oies et ne fonctionnait plus (rappelons que les moteurs CFM56 d'un A320 sont prévus pour ingérer des oiseaux de la taille d'un poulet, mais pas d'une oie, plus grosse et plus lourde). Les enquêteurs concluent donc que Sully et Skiles avaient pris les bonnes décisions. Quand on demande à  Silkes, s'il aurait pu agir différemment, il répond qu'il se serait posé sur l'Hudson, en juillet, pas en janvier...

Ce film bénéficie d'une bonne réalisation technique, le tournage ayant lieu dans de vrais cockpits et une vraie cabine. Sullenberger fut un des conseillers techniques du film, assisté par des agents d'American Airlines, compagnie avec laquelle US Airways fusionna en octobre 2015.

Les faits sont relatés de façon exacte, entrecoupés par des flashbacks rappelant la grande expérience de Sully, qui était aussi un pilote de planeur, ce qui lui a sans doute beaucoup servi... Pilote à  16 ans, capitaine de l'USAF, où il avait été pilote de chasse, instructeur et membre d'un bureau d'enquêtes sur les accidents, Sully, au moment des faits, avait 19 663 heures de vol sur son carnet. Il prit sa retraite en mars 2010.

On constate que les pilotes n'ont pas eu le temps de préparer le "ditching", comme prévu dans le manuel; en fait de ditching, l'amerrissage sur l'Hudson fut considéré par les enquêteurs comme un "atterrissage d'urgence", ce qui est différent, en terme technique. On voit le copilote consulter le QRH (Quick Reference Handbook), un manuel très épais, où il n'est pas très "quick" de trouver ce que l'on cherche. De même, le personnel de cabine n'a pas eu le temps de préparer les passagers à  l'amerrissage (seuls deux passagers enfilèrent leur gilet de sauvetage); on voit les hôtesses vérifier le bouclage des ceintures, puis, répéter en boucle, à  haute voix, attachées sur leurs sièges : "Brace ! Brace ! Brace ! Heads down ! Stay down !". L'avion toucha l'Hudson 3 minutes 22 secondes après l'arrêt des moteurs.

Le rapport du NTSB du 04 mai 2010, conclut (alinéa 15) : "La décision du commandant d'amerrir sur le fleuve Hudson, plutôt que de tenter d'atterrir sur un aéroport, constitua la plus grande probabilité de survie à  l'accident".

La relation d'un événement exceptionnel est un genre bien maîtrisé par Hollywood. Clint Eastwood a juste dramatisé l'enquête bureaucratique de la NTSB, insisté sur le stress vécu par l'épouse de Sully, harcelée par les journalistes, et sur le choc post traumatique subi par Sully, qui est poursuivi par une sorte de rêve où il se voit en train de se crasher dans le centre de Manhattan, non loin de "Ground zero". L'ombre du 11 septembre était encore très présente aux USA, en 2009, surtout parmi les pilotes. Notons cependant que Sullenberger n'a sans doute pas été stressé par l'enquête du NTSB, un organisme qu'il connaissait bien pour avoir participé à plusieurs de ses enquêtes. En 2007, il avait présenté, lors d'un colloque sur la sécurité civile, à  Deauville, un exposé intitulé : "Bridging the Gap Between Theory and Practice" (Combler le fossé entre théorie et pratique)...

Le film n'est pas une biographie de Sullenberger et se polarise sur l'amerrissage et l'enquête consécutive. Le scenario essaie de démontrer méthodiquement comment des dizaines d'années d'expérience peuvent permettre à  un homme d'éviter une catastrophe, en trouvant instinctivement les bonnes solutions. Sully apparaît comme un homme discret qui a fait son job, tout simplement, et qui ne comprend, ni les soupçons des enquêteurs, ni pourquoi il est célébré par les médias comme le "héros de l'Hudson".

Si le vol 1549 avait été celui d'une compagnie low cost, avec un jeune commandant de bord ayant 2 400 heures de vol et un copilote d'Europe de l'est, (par exemple) les choses se seraient sans aucun doute passées autrement...

Le tournage commença à New-York le 28 septembre 2015, puis se poursuivit à  Atlanta (GA), le 15 octobre, à  Charlotte (NC), à  Los Angeles, à Holloman AFB et à  Kearny (NJ), pour se terminer en avril 2016.

 

Les avions du film :

Le véritable avion était un Airbus A320-214 (N106US, c/n 1044) pris en charge en août 1999 par US Airways. Renfloué, il est exposé depuis 2011, au Carolinas Aviation Museum de Charlotte (NC). Le vol 1549 a donc fini par arriver à sa destination, deux ans plus tard...

La production acheta deux Airbus réformés, ayant appartenu à  US Airways, le N648AW et le N627AW. Ce dernier fut acheminé de l'aéroport Logistique de Sud Californie, de Victorville (CA), où il était stocké, vers les studios d'Universal, à  Universal City (CA). C'est Scroggins Aviation Mockup & Effects qui modifia ces cellules pour les prises de vue dans la cabine, et le tournage de la scène du sauvetage dans l'Hudson, filmée devant un écran bleu.

Le N648AW (c/n 770) avait été livré en janvier 1998 à America West Airlines et vendu à US Airways en février 2006. Il fut retiré du service en janvier 2015. Le N627AW (c/n 66) vola également avec America West Airlines, qui l'avait loué en novembre 1990 à  la compagnie Guinness Peat Aviation (GPA). Il fut transféré chez US Airways en septembre 2005 et réformé en janvier 2014.

Mais l'Airbus A320 de l'accident est reconstitué en images de synthèse, lors de son vol vers l'Hudson.

Sur l'aéroport de La Guardia, on observe plusieurs Boeing 737-700 d'United Airlines, portant leur nouvelle livrée, introduite en 2010.

Le soir, Sully, lors de son jogging, se retrouve devant le porte-avions musée, USS "Intrepid", amarré au pier 86, au bout de la 46ème rue (Mid Manhattan west). On distingue sur le pont deux McDonnell F-4 Phantom portant un camouflage deux tons de l'US Air Force. L'un d'eux, porte sur la dérive le faux serial "68-604" et le tail code "NY" du 138th Tactical Fighter Squadron de l'Air National Guard de New-York, qui ne fut jamais équipé de Phantom ! Il s'agit d'une image de synthèse. Sur le pont du vrai USS "Intrepid", sont parqués de nombreux avions, dont un seul McDonnell F-4N Phantom (serial 0628), de l'US Marine Corps, portant la décoration et le tail code (NK) du Squadron VMFA-323, les "Death Rattlers". Cet avion, présent en juin 2016, lors de notre visite, y était déjà  en 2006, selon des photos, avec un tail code différent (WS).

Lors de l'amerrissage du A-320, le porte-avions apparaît en arrière plan, avec une partie de son pont occupée par une vaste tente qui abritait, en 2012 et 2013, la navette spatiale "Enterprise". Ces images ne sont donc pas d'époque.

Ces F-4 rappellent à Sully un de ses vols délicats sur ce type d'appareil, quand il était pilote de l'USAF, au 428th Tactical Fighter Squadron (474th Tactical Fighter Wing) basé à  Nellis AFB. Cette scène montre deux McDonnell F-4E Phantom, qui ne sont pas des images. Un de ces avions porte le code de l'unité de Sully (code NA) et le faux serial "547", le 428th TFS étant équipé de F-4D entre 1977 et 1982. L'avion du film, piloté par le lieutenant colonel Ron "Elvis" King de l'USAF, est en fait le Phantom F-4E-62-MC (serial 74-1638) réformé en 1990 et transformé en drone QF-4E (serial AF-349), affecté au 82nd Aerial Target Squadron, dont l'insigne figure près de l'entrée d'air du réacteur et dont un détachement est basé sur la base d'Holloman (NM). C'est d'ailleurs sur la piste 22 de cette base que Sully atterrit et non sur la piste 21 de Nellis AFB, comme annoncé dans le film. Pour les vues rapprochées du cockpit, on utilisa un cockpit de F-4 préparé par la société Scroggins Aviation Mockup & Effects.

Lors d'une autre scène de flashback, concernant ses débuts dans le pilotage, on voit Sully dans un magnifique Stearman 6L Cloudboy (NC787H, s/n 6002) basé en Géorgie, un des trois en état de vol, aux USA. La scène a été filmée sur le petit Peach State Aerodrome de Williamson (GA). Mais on voit sur un bâtiment le nom de Denison, la ville de naissance de Sully, au Texas. On note aussi l'insigne de la Civil Air Patrol, une organisation civile qui est responsable d'un service de recherche et de secours, sur tout le territoire des Etats-Unis, et qui possède une section à  Denison, mais sur un autre terrain. Dans la réalité, Sully apprit à  piloter, en 1967, sur un avion plus commun dans les aéroclubs, un Aeronca 7DC....

Le tournage employa également quelques hélicoptères, à commencer par un Eurocopter AS-355 Ecureuil 2, un des nombreux hélicoptères qui proposent des promenades autour de Manhattan, et qui aperçoit le premier, l'Airbus volant très bas sur l'Hudson. La police de New-York envoie des plongeurs sur les lieux de l'accident dans un Bell 205 ayant le faux matricule "N1589PD".

 

Christian Santoir       

* Film disponible sur amazon.fr

           

 

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