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PREMIERE VICTOIRE

PREMIERE VICTOIRE

Vo. In harm's way

 

Année : 1965
Pays : Etats-Unis
Genre : guerre
Durée : 2 h 18 min

Noir et blanc

Réalisateur : Otto PREMINGER
Scénario : Wendell MAYES, James BASSETT

Acteurs principaux ;
John WAYNE (Capitaine de vaisseau Rockwell 'Rock' Torrey), Kirk DOUGLAS (Capitaine de frégate Paul Eddington), Patricia NEAL (Lieutenant Maggie Haynes), Tom TRYON (Lieutenant William 'Mac' McConnel), Paula PRENTISS (Bev McConnel), Brandon De WILDE (Enseigne Jeremiah 'Jere' Torrey).

Producteur : Otto PREMINGER
Musique : Jerry GOLDSMITH
Photographie : Loyal GRIGGS
Compagnie productrice : Otto Preminger Films

Avions :

  • -Douglas R4D (images d'archives)
  • -Grumman HU-16A Albatros
  • -North American SNJ (images d'archives)
  • -North American B-25J Mitchell s/n 44-30478, N9754Z

 

Notre avis:

Avec ce film, le réalisateur, Otto Preminger, aurait essayè de créer un grand war epic, pour répondre à  une série de films de guerre, plus défaitistes que pacifistes, sortis les années précédentes. Selon lui, l'US Navy avait besoin d'un tel film, et quel acteur, mieux que "le" guerrier d'Hollywood, John Wayne (qui fit la guerre sur les plateaux de tournage), aurait pu incarner un officier combatif, surnommé "Rock", ayant sacrifié sa vie privée à  son devoir envers la Nation.

Ce film est une adaptation du best seller du même nom de James Bassett et il bénéficia de la collaboration du Département de la Défense et de l'US Navy, qui prêta hommes et bateaux pour recréer l'attaque de Pearl Harbor et toutes les scènes de combat. Mais Preminger eut recours aussi à  des maquettes de navires, pauvrement réalisées, au point que Kirk Douglas proposa de refaire les effets spéciaux, à  ses frais !

"Première victoire" est l'un des derniers grands films en noir et blanc, sur la seconde guerre mondiale. Il raconte l'aventure de plusieurs personnages de l'US Navy, au début de la guerre du Pacifique, en s'inspirant assez librement des premières campagnes du conflit. Le titre anglais "In harm's way" est inspiré d'une fameuse citation du héros de la révolution américaine, John Paul Jones.

L'histoire commence à  Pearl Harbor, alors que l'île est surprise, un matin, par l'attaque des Japonais. Le capitaine Rockwell "Rock" Torrey, chargé de mener l'attaque contre les navires japonais, échoue et, à  son retour, il est affecté à  un bureau ! Il rencontre l'infirmière Maggie Haynes qui lui apprend que son fils, Jere, qu'il n'a pas revu depuis qu'il a divorcé de sa mère, est un enseigne de vaisseau affecté à  Honolulu. Jere est un arriviste et espère être affecté à  l'état-major de l'amiral Broderick, plus fort en communication qu'en tactique navale. Entretemps, l'officier adjoint de Torrey, Eddington, apprend que son épouse infidèle s'est tuée dans un accident de voiture. La vraie valeur de Torrey est enfin reconnue et il est promu vice-amiral. Broderick n'a pas été capable de conquérir plusieurs îles occupées par les Japonais, et c'est Torrey qui est assigné à  cette tâche. Eddington, Maggie et Jere participeront également à l'opération. Torrey lance une attaque qui réussit; sa détermination, son courage, sa proximité avec les troupes, finissent par susciter le respect de Jere qui demande à  être affecté à  une unité de vedettes lance-torpilles. Eddington est tourmenté par la mort de sa femme, mais aussi par le suicide d'une infirmière qu'il a violée, après une surprise partie. Pour se racheter, il entreprend, sans ordre, une mission de reconnaissance aérienne pour repérer la flotte japonaise. Avant de se faire abattre, il parvient à  fournir les coordonnées précises des bateaux japonais. Dans la bataille navale qui s'ensuit, l'US Navy subit de lourdes pertes, mais les Japonais battent en retraite, dans la confusion. Jere compte parmi les tués. Torrey est grièvement blessé, et rapatrié sous la garde de Maggie. Mais son supérieur l'assure, qu'une fois rétablii, il participera aux prochaines campagnes, à  la tête d'une nouvelle task force.

 John Wayne n'a pas l'air du tout en forme dans le film. Il commence à  l'hôpital, où il retourne, à  la fin, encore plus blessé. Après le tournage, on lui diagnostiquera un cancer du poumon qui nécessitera une intervention chirurgicale; ce sera le début d'une longue lutte contre la maladie, qui l'emportera en 1979. Le titre original du film, "In harm's way" (la voie difficile) s'appliquait autant à  l'acteur qu'au personnage !

Les îles identifiées par Torrey comme étant les îles Gavabutu, Levu Vana et Tokaroa, sont en réalité, les îles San Cristobal, Guadalcanal et Malaita, dans les Salomon. Le détroit de Savo entre Guadalcanal, l'île Savo et les îles Florida, fut appelé le "Ironbottom Sound" vu le nombre de navires qui y furent coulés. Le "Cap Titan" du film fait peut être référence à  la base japonaise de Rabaul, sur l'île de Nouvelle-Bretagne. Rappelons que la bataille de Guadalcanal fit rage entre août 1942 et février 1943 et que le cuirassé Yamato ne combattit jamais dans ces parages. Il ne fut vraiment actif qu'à  partir d'avril 1944, lors de la bataille de la mer des Philippines. Il fut coulé en avril 1945.

Ce film est centré sur l'US Navy, ses officiers et ses bateaux, qui ont participé au tournage, bien qu'ils soient plutôt anachroniques, les navires de la guerre n'étant plus en service. On eut recours à des maquettes, dont certaines de grandes dimensions. Pas de porte-avions dans ce film et l'aviation de la Navy est réduite à sa plus simple expression, un amphibie, quelques transports et un bombardier. On en viendrait presque à  lui préférer "Midway" (1976) qui fut aussi une "première victoire", mais aéronavale, celle là. Pour la guerre dans le ciel de Guadalcanal, voir "Les diables de Guadalcanal", toujours avec John Wayne. Who else ?

 

Les avions du film :

Prenons les avions dans l'ordre où ils apparaissent. On aperçoit d'abord, une formation de ce qui ressemble à  des bimoteurs North American SNJ (et non des "AT-6", comme indiqué par Torrey à  une femme occupant un poste de guet; AT-6 est la désignation de l'avion dans l'USAAF), puis une formation encore plus grande, de ce qui ressemble à  des Douglas TBD Devastator, ces avions étant censés figurer les attaquants japonais.

Le premier avion ayant réellement participé au tournage est un amphibie Grumman HU-16A Albatros qui joue les Consolidated PBY Catalina. Cet avion ne fut, en effet, produit qu'après guerre, et il restera en service dans l'US Navy, jusqu'en 1976, dans l'USAF, jusqu'en 1973 et chez les US Coast Guards, jusqu'en 1983.

L'Albatros du film est entièrement recouvert d'une peinture mat, uniforme, de couleur sombre (bleu ?) sans aucune marque autre que ses marques de nationalité; l'étoile qu'il porte sous le cockpit fut utilisée, entre mai 1942 et juin 1943. Il peut s'agir d'un avion des Garde-Côtes ou de l'US Navy, utilisé pour des missions de sauvetage (on distingue un hublot en forme de bulle, permettant l'observation à la verticale). On ne dispose d'aucune information à  son sujet.

Il en est de même de la demi-douzaine de Douglas C-47, ou plus exactement de R4D de l'US Navy, encore en service en 1965. Ces avions sont également entièrement de couleur mat, avec un numéro sur le nez et de faux Bu.Numbers sur la dérive (1475). On les voit décoller de Ford Island. Une fois en l'air, leurs étoiles changent et sont du modèle postérieur à  septembre 1944. On en voit un, portant le numéro "89" inscrit derrière le cockpit, avec une pin up, peinte sur le nez de l'appareil; ce nose art, intitulé généralement "Heavenly body", se retrouva sur des B-17, B-24 et B-25, ce qui ne suffit pas à  l'identifier précisément. Néanmoins, ces C-47 sont extraits d'un stock footage de l'Armée, montrant des parachutistes sautant au-dessus de Luçon, aux Philippines, en 1945 (à  voir sur YouTube).

Eddington  fait, seul, une mission d'observation suicide, sur un North American PBJ Mitchell. L'avion de couleur sombre, comme les précédents, porte le numéro "8" à  l'avant du fuselage et la marque du Marine Bombing Squadron "WMB-611", qui était effectivement équipé de ce type d'appareil, mais qui ne sera opérationnel qu'en novembre 1944, à Emirau, dans l'archipel Bismarck. Il décolle d'Hickam Field. La peinture recouvre tous les postes de tir et la tourelle supérieure a été déposée, l'avion ayant été transformé en TB-25J, une version de transport. Les avions de la WMB-611 portaient les codes "MB-1,2,3..." sur le nez et des étoiles avec "ailes". Eddington aurait dû être en place gauche, occupée, à  l'évidence, par le vrai pilote. Quand il est tué, il semblerait que sa main soit restée crispée sur le contacteur de son micro, le bruit des impacts des balles sur son avion, parvenant toujours au centre de contrôle.

En fait, deux "PBJ", étaient prévus pour cette séquence. Il s'agissait de deux B-25J (N9754Z et N9753Z) appartenant à  L. Frederick Pack Associates d'Honolulu. Mais seul, le N9754Z fut utilisé pour le tournage. Cet ancien avion de l'USAAF (s/n 44-30478) fut livré à  la Royal Canadian Air Force en novembre 1951, comme Mitchell Mk.III (serial 5219). Il servit dans des unités d'entraînement jusqu'en 1960. Il sera vendu aux Etats-Unis, en novembre 1962, à Ocean Marine Corp. de Seattle (WA) et immatriculé "N9754Z", puis à  L.Frederick Pack Asssociates, en 1962. Après le tournage, il sera stocké sur l'aéroport d' Honolulu, où il fut emprunté, en mai 1965, par un pilote totalement ivre ou drogué, qui fit du rase-mottes au-dessus de Waikiki, avant de heurter la tour de contrôle; il réussit toutefois à  atterrir ! Le B-25 restera parqué, sans être réparé, jusqu'en mars 1969, quand il participera au film "Tora, Tora, Tora" (1970), déguisé, peut-être, en Douglas BD; l'US Navy n'en avait qu'un seul, en 1941, pour évaluation, et pas à  Pearl Harbor, mais à  North Island (CA). Dans une scène, il est percuté, dans un hangar, par une réplique de Zéro qui traverse le toit ! Ses restes seront ferraillés peu après. Une triste fin !

Le PBJ est attaqué par des "Zéros" (selon Eddington) qui sont en fait des avions à  train fixe ! Leurs ailes pointues, leur empennage particulier, les désignent comme des Ryan SCW, vus sur un extrait du film "La sentinelle du Pacifique" (1942).

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

 

 

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