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LE VOL DU PHOENIX

LE VOL DU PHOENIX

Vo. FLIGHT of the PHOENIX

 

Année : 2005
Pays : Etats-Unis
Genre : aventures
Durée : 1 h 53 min.
Couleur

Réalisateur :John MOORE
Scénario : Lukas HELLER, Scott FRANK, Edward BURNS

Acteurs principaux :
Dennis QUAID (Frank Towns), Jacob VARGAS, Giovanni RIBISI (Elliott), Tony CURRAN (Rodney), Tyrese GIBSON (A.J.), Miranda OTTO (Kelly), Jacol VARGAS (Sammi)

Musique : Marco BELTRAMI
Photographie : Brendan GALVIN
Producteurs : William ALDRICH, Alex BLUM, John DAVIS, Wyck GODFREY
Compagnie productrice : Twentieth Century Fox

Avions :

  • -Fairchild C-119G-3E Flying Boxcar, c/n 10955, N15501
  • -Fairchild R4Q-2 Packet, c/n 10885, BuNo.131700, N3267U

 

Notre avis :

 « Bis repetita placent » paraît-il. En 1996, le producteur William Aldrich soumit à la Twentieth Century Fox un projet de remake du «Vol du Phénix », réalisé en 1965, par son père, Robert Aldrich. Ce projet fut accepté, et quand le réalisateur John Moore, qui est un passionné d’aviation (il dirigea en 2001 « En territoire ennemi »), en entendit parler, il se porta aussitôt candidat pour sa mise en scène.

 Bien que l’histoire se passe en Mongolie, le film fut tourné en près de trois mois dans le désert de Namibie. Ce pays disposait d’un vaste ensemble dunaire et d’une ville côtière pour héberger la production. John Moore souhaita que le site soit totalement dénué de végétation, ce qui obligea les décorateurs à masquer quelque 2 000 plantes et arbres, dont certains étaient spécifiques à l'Afrique ! Mais ils ne purent trouver un chameau pour remplacer le dromadaire que l’on voit dans une scène du film..

 Si le scénario est resté le même, le film a subi un petit lifting pour le mettre au goût du jour. En 1965, à part l’apparition diaphane d’une danseuse orientale, vue en rêve, le film se passait uniquement entre hommes, et principalement entre Européens. En 2004, la femme étant devenue, entre-temps, l’égale de l’homme (enfin, presque..), les scénaristes se sont crus obligés de donner à Miranda Otto, un rôle de premier plan. On a aussi droit à un échantillon très politiquement correct de la société américaine, avec ses minorités ethniques, représentées ici par deux noirs, un latino, un moyen-oriental. Mais les Asiatiques sont dans le camp des méchants et remplacent dans ce rôle, les Arabes de 1965...

 L’histoire commence en Mongolie, où Frank Towns, pilote d’un avion-cargo, se pose sur la piste d\'une station de forage de la société pétrolière Amacore, située au fin fond du pays. Ce puits d’exploration étant resté stérile, la direction a décidé de le fermer. Towns doit rapatrier le personnel sur Pékin, malgré les protestations de la responsable du site, Kelly, qui n’a pas été prévenue. À mi-chemin, une tempête de sable se lève soudainement. L’avion lourdement chargé n’arrive pas à passer au dessus. L’antenne radio est arrachée, puis une hélice se détache et vient se ficher dans le fuselage, l’autre moteur prend feu. Towns arrive à poser son avion sans moteur, dans le désert de Gobi. Deux passagers sont morts, dont un a été éjecté en vol. L’avion ayant beaucoup dévié de sa route, les chances de le retrouver sont maigres. Les réserves d’eau et de nourriture sont limitées, et la radio est hors d’usage. Dès la première nuit, un passager, Liddle, disparaît. Ingénieur en aéronautique, Elliott, qui se tient à l’écart du groupe, propose de construire un nouvel avion à partir des restes de l’appareil. Un plan aussi grandiose qu\'improbable, mais qui semble bien être leur unique chance de survie. Préférant attendre les secours, Towns rejette cette idée, et part à la recherche de Liddle. Il tombe sur le corps criblé de balles du passager éjecté, ce qui indique qu’ils ne sont pas seuls dans le secteur. Liddle est vivant et revient avec Towns à l’avion. Il réussit à convaincre Towns d’accepter la proposition d’Elliott. Tous s’emploient alors, à la construction d’un nouvel appareil, baptisé symboliquement « Phoenix ». Quand des nomades, trafiquants d’armes, viennent camper à proximité, les rescapés essaient d’entre en contact avec eux, mais l’affaire tourne mal et dégénère en fusillade. Un des rescapés est tué, et un nomade réussit à s’enfuir. Elliott qui est un des rares a avoir conservé toute sa tête, exige d’être considéré comme le patron, et Towns s’incline. L’avion est achevé et c’est alors que Towns découvre qu’Elliott est en réalité, constructeur de modèles réduits ! Mais une tempête de sable se lève. Quand elle s’apaise, le Phoenix est entièrement ensablé, ce qui constitue une nouvelle épreuve pour les naufragés. L’avion est enfin dégagé. Le temps presse, car les nomades sont revenus en nombre. Après quelques hésitations, le moteur consent à démarrer, et les rescapés s’agrippent aux ailes de l’avion alors que Towns met plein gaz, Il parvient à décoller, poursuivi par les nomades.

 Ce remake dans le plus pur style hollywoodien, reprend tous les effets de l’ancien film en les multipliant par dix. Le spectacle et l’action sont privilégiés à tout prix, et tout est excessif. Les personnages caricaturaux passent leur temps à s’invectiver, à se bagarrer, à se menacer, alors qu’on attendrait un peu plus d’abattement de la part de naufragés, souffrant de la chaleur, de la déshydratation et de la faim.

 La scène du crash est certes impressionnante, mais peu crédible. Dès le premier choc avec un pan de rocher, l’avion serait devenu incontrôlable et aurait dû s’éparpiller en petits morceaux. Un peu avant, on voit le C-119 se comporter comme un Stearman, et effectuer de multiples tonneaux. On n’est pas sûr que la cellule de l’avion ait pu résister très longtemps à ce genre de figures…. Au moment du crash, les vents de surface sont censés souffler à cent ou cent cinquante kilomètres heure ; le C-119 se posant face à un tel vent, aurait donc dû toucher le sol à faible vitesse. Au lieu de cela, on le voit atterrir comme une fusée, et glisser sur une distance considérable avant de s’arrêter. Quand les portes de la soute s’envolent, après que le fuselage ait touché un rocher, le contenu de la cabine et un passager sont aspirés à l’extérieur. L’avion n’était pas pressurisé et cela ne peut être dû à une différence de pression entre la cabine et l’extérieur. Le fait que les portes arrière d’un C-119 soit absentes ne crée pas un phénomène de succion. Pour parachuter de lourdes charges sur palettes, les deux portes arrière étaient habituellement enlevées. Lors du redémarrage du moteur du Phoenix, le film fait appel au même suspense qu’en 1965, mais les moteurs du C-119, plus puissants, ne démarraient comme ceux du C-82, grâce à un démarreur Coffman à cartouches. Les Wright R-3350 de 2 650 chevaux du C-119 étaient mis en route au moyen d’un APU (Auxiliary Power Unit) de cinq chevaux. Le coup du moteur qui ne démarre pas dans l’urgence, est pourtant une ficelle éculée du cinéma que l’on n’ose plus utiliser…. Quand l’hélice gauche se détache, on la voit partir bien droit en avant, alors que, vu son sens de rotation elle aurait dû partir aussitôt vers le fuselage, dont elle n’est séparée que par moins d’un mètre.

 Enfin, on comprend pourquoi, les secours tardent à arriver. Alors que l’avion va se poser, en route vers Pékin, dans le désert de Gobi, le navigateur donne par radio sa dernière position : 42°09’ Nord, 86°42’ Est, ce qui le situe à plus de 2 000 km à l’ouest, en Chine, dans la province du Sin-Kiang ! Espérons que le père Noël lui a apporté un GPS, à celui-là….

 Bref, si « bis repetita  placent », parfois « perseverare diabolicum » comme disaient les Anciens. Dépourvue d’émotions et de vrai suspense, la nouvelle mouture du « Vol du Phoenix » se laisse regarder sans déplaisir, d’autant qu’elle est moins longue. Mais on ne voit pas bien ce qu’elle apporte de plus à la première version, malgré sa musique moderne et ses effets à grand spectacle. Reste le C-119, en vrai, et en images de synthèse, un avion assez rare au cinéma, que l’on peut voir néanmoins sous différentes versions, dans « Battle hymn » (1956), « Candy » (1969), et « Always » (1989).

 

Les avions du film :

 Le film emploie un C-119 Flying Boxcar, au lieu du C-82 Packet du premier film. La société Hawkins & Power de Greybull (WY), spécialisée dans les travaux agricoles et la lutte contre les incendies, avait offert aux studios un C-82 en état de vol, mais le réalisateur préféra un modèle plus récent, le C-119. Un Fairchild C-119G-3E (c/n 10955, N15501) fut donc convoyé en Afrique, via les Canaries, par un équipage de cette même société. Il était équipé d’un « Jet Pack », c’est à dire d’un réacteur sur le fuselage, qui fut démonté pour le tournage. En 2006, cet avion appartenait toujours à Hawkins & Powers avec le nom « XX Express » et le logo de la compagnie fictive Amacore, du film. Il avait encore sur les ailes, la fausse immatriculation « mongole » : HO180-H. En janvier 2007, cet avion fut vendu au Lauridsen Aviation Museum, de Glendale (AZ).

 La Fox avait trouvé auparavant, au Kenya, un autre Fairchild C-119F en assez bonne condition, et avait envisagé un moment, de le remettre en état de vol. Cet avion (c/n 10885, BuNo.131700) faisait partie d’une série de cinquante huit Fairchild R4Q-2 Packet en service avec les Marines. Il fut redesigné C-119F in 1962, puis stocké au MASDC de Davis Monthan (Tucson, AZ), avant d’être acquis par la société Comutair de Gering, dans le Nebraska, et immatriculé N3276U. Ayant reçu par la suite, une immatriculation cypriote (5B-CFG) qui ne fut pas utilisée, il finit en 1996 à Nairobi (Kenya). Il y fut racheté par la Fox, démonté, et transporté en Namibie. On l’utilisa pour les prises de vues au sol. Deux autres cellules de Fairchild R5Q-2 Packet (BuNo. 131691 et 131706) en mauvais état, récupérées dans le cimetière d’avions de Davis Monthan, furent employées pour le tournage sur la scène du crash.

 Le "Phoenix", nouvelle version, n’est guère plus beau que son modèle, et paraît même encore plus mal fichu, tant le film a accentué tous les traits du film original. Il est équipé d’un train monotrace avec balancines utilisant le train d’origine. L’aile est fortement haubanée, mais uniquement sur le dessus. En outre, elle n’est pas droite, la partie en dièdre négatif de son emplanture ayant été conservée (elle ressemble ainsi à celle d’un Arado Ar.231 !)..Les vibrations du moteur Wright de 2 650 chevaux lancé à plein régime, auraient dû normalement désassembler tout çà. Heureusement, on ne tenta pas de faire décoller cette trapanelle, qui ne vola qu’en images 3D...

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

 

 

           

 

 

 

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