L'ARME A L'OEIL
Vo. Eye of the needle
Année : 1981
Pays : Grande Bretagne
Genre ; espionnage
Durée : 1 h 52 min.
Couleur
Réalisateur : Richard MARQUAND
Scénario : Ken FOLLETT, Stanley MANN
Acteurs principaux :
Donald SUTHERLAND (Heinrich Faber/L'aiguille), Stephen
MACKENNA (le Lieutenant) Philip Martin BROWN (Billy Parkin), Kate NELLIGAN
(Lucy), Christopher CAZENOVE (David), George BELBIN (le père de Lucy), Faith
BROOK (la mère de Lucy).
Musique : Miklos ROZSA
Photographie : Alan HUME
Producteur : Stephen J. FRIEDMAN
Compagnie productrice :Kings Road Entertainment
Avions :
- -Douglas C-47A, G-BGCE, au sol
- -Douglas C-47A, N54607, en arrière plan
- -Douglas C-47A, G-BGCF, idem
- -Douglas C-47A, G-BGCG, idem
- -Douglas C-47B, G-BFPW, idem
- -North American B-25J Mitchell, N9115Z, idem
- -North American B-25J Mitchell, N9494Z, idem
- -North American P-51D Mustang, N166G, idem
- -Noorduyn AT-16 Harvard IIb, G-AZCS, idem
- -Republic P-47D Thunderbolt, N47DE, idem
- -Westland Lysander IIIA, G-BCWL, idem
- -Westland Widgeon S 51, G-ANLW
Notre avis :
Six ans après avoir joué un espion allemand pendant la guerre, dans "L'aigle s'est envolé" (1975), Donald Sutherland est de retour en Angleterre, toujours dans le rôle d'un espion nazi, mais ayant ici la particularité d'être un tueur opérant avec un stylet, d'où son surnom : Der Nadel (Needle en anglais).
Dans l'Angleterre de 1940, circule un homme du nom d'Henry Faber qui est en réalité, un espion nazi infiltré, plus connu sous le nom de "l'aiguille", en référence à sa méthode favorite d'assassinat, un stylet. Pendant quatre ans, les services secrets anglais vont essayer, en vain, d'arrêter cet homme froid et calculateur, particulièrement déterminé. En 1944, il réussit à s'introduire sur une base aérienne où sont stockés des centaines d'avions destinés au débarquement allié en France. Il s'aperçoit que la plupart de ces avions ne sont que des leurres, destinés à tromper les Allemands sur le véritable lieu du débarquement. Un sous-marin doit venir le chercher pour qu'il puisse informer Hitler, en personne. Mais le petit bateau qu'il utilise pour rallier le sous-marin, coule et il échoue sur la petite île de Storm Island, où vivent Lucy et son mari handicapé, David, avec leur enfant. Ce sont eux qui vont l'héberger. Délaissée par son mari, Lucy tombe bientôt amoureuse de Faber. Mais son mari finit par découvrir la véritable identité de Faber qui sera obligé de le tuer. C'est Lucy qui va découvrir, par hasard, le corps de son mari. Elle poursuit néanmoins sa relation avec l'espion pour ne pas éveiller ses soupçons. Une nuit, elle s 'enfuit avec son fils et se dirige vers le phare de l'île où il y a un poste de radio. Elle découvre alors que le gardien a été tué, Faber ayant eu besoin de la radio pour contacter le sous-marin. Elle aussi, utilise cette radio pour appeler à l'aide. Quand le sous-marin allemand arrive, Lucy, que Faber a épargnée, tire sur lui et le tue. C'est à ce moment que l'armée anglaise débarque...
Ce film de bonne qualité, malgré un scenario peu vraisemblable, montre de nombreux avions, mais peu participèrent activement au tournage. Ces avions étaient basés à l'époque, sur l'aéroport de Blackbushe, près de Camberley (Surrey), où ils furent filmés. L'aéroport, comme les avions, appartenaient au collectionneur Doug Arnold. Ces appareils de la seconde guerre mondiale constituaient la collection dénommée Warbirds of Great Britain, non accessible au public, si ce n'est lors des meetings. Elle a été, depuis, déménagée à Biggin Hill et, en partie, dispersée après la mort de son fondateur.
Les avions du film :
Au début du film, un sergent anglais descend d'un Douglas C-47. Ce Douglas C-47A (s/n 42-108953, c/n 13378, G-BGCE) appartenait à Fairoaks Aviation Services qui était le propriétaire de plusieurs avions de Warbirds of Great Britain. Il porte le nom "Windsor Castle", le serial "FD772" et le code "ZK-Y" d'un Dakota du 24 squadron basé à Hendon. Sa décoration (olive drab et gris clair) est conforme à celle qu'il avait, quand il fut livré à la RAF (comme on peut le voir sur des photos) et que portaient de nombreux Dakota anglais. En réalité, le Dakota III du film avait été livré à la RAF en juin 1944, avec le serial KG619. Restitué à l'USAAF en octobre 1946, il sera transféré en 1954-1955 à l'Ejército del Aire, la Force aérienne espagnole (serial T3-2, code 911-2). Réformé en 1978, il fut acheté en novembre de la même année par Fairoaks Aviation et immatriculé G-BGCE. En 1980, l'avion fut exporté aux USA, acquis par un Texan et immatriculé N37529, en 1984. Il fut revendu à la compagnie régionale mexicaine Lineas Aereas Oaxaquenas, basée à Oaxacana. En 2003, on pouvait le voir, laissé à l'abandon, sur l'aéroport de Xoxocotlan, où il est toujours...
Les autres avions sont vus autour de ce Dakota, en arrière plan, et brièvement. On remarque d'abord un Westland Lysander Mk.IIIA (c/n 1244, G-BCWL) de Warbirds of Great Britain. Cet ancien avion de la RCAF avait été acquis après la guerre par un particulier du Manitoba et stocké dans une ferme. Il fut acheté par un Américain de New-York en 1971 et très rapidement revendu au collectionneur Philip A. Mann, directeur d'une société d'import-export. Il fut immatriculé en Grande-Bretagne, en septembre 1975. L'avion nécessita une restauration complète avec l'utilisation de pièces provenant de plusieurs Lysander. Il revola le 1er mars 1974. En 1979, Doug Arnold le racheta. Accidenté en août 1983, il fut vendu à Wessex Aviation & Transport, d'Henstridge en 1985. De nouveau restauré, il revola en septembre 1987 avec le serial V9281 et le code "RU-M". En juin, 1999, l'avion fut acquis par l'Air Museum de Kermit Week, à Lakeland (FL). Il porte désormais le serial V9545 et le code BA-C.
Non loin du Lysander, est parqué un Noorduyn Harvard 2B (c/n 14A-1363, G-AZSC). Ce North American AT-6, construit sous licence au Canada, rejoignit l'USAAF (s/n 43-13064) en novembre 1943 pour être rapidement envoyé en Angleterre. La RAF lui attribua le code FT323. Il passa beaucoup de temps, stocké chez la 46 Maintenance Unit, à Liverpool. Après la guerre, en novembre 1946, il fut pris en charge par l'armée de l'air néerlandaise (code B-19) et termina sur le marché civil avec le matricule PH-SKK. C'est en août 1972 que Doug Arnold s'en porta acquéreur (G-AZSC). Il changea de propriétaire en novembre 1977, mais fut récupéré par le groupe d'Arnold, en janvier 1981. En février 1984, il fut vendu à la société Machine Music de Gary Numan, pour des exhibitions de voltige. En octobre 2005, la compagnie Godos Rod Racing, basée sur l'aérodrome de Godos, l'acheta. Il fut transformé en "Mitsubishi Zero" entre 1986 et 1993, avant de retrouver les couleurs de l'USAF.
La deuxième séquence où l'on voit de nombreux avions est celle où "L'aiguille" découvre le terrain de l'East Anglia (en réalité, Blackbushe), où sont parqués les avions censés participer au débarquement dans le Pas-de-Calais.
Les premiers avions aperçus sont deux maquettes grandeur nature de Boeing B-17F, en fait des leurres. Les autres appareils, portant tous la même décoration en olive drab, avec des bandes de débarquement, sont des vrais.
Il en est ainsi de deux North American B-25J Mitchell. Ces avions (le N9115Z, s/n 44-29366 et le N9494Z, s/n 44-30925) provenaient de la flotte de B-25 ayant participé au film "Guerre et passion" (1979). Le N9115Z appartenait, au moment du tournage, à Warbirds of Great Britain, mais le N9494Z appartenait toujours à la société américaine Visionair International. Le détail de la carrière de ces avions est disponible dans l'article du site : "Les B-25 de Guerre et Passion".
On aperçoit également, garé au milieu de ces avions, un Republic P-47 Thunderbolt (c/n 399-55744, s/n 45-49205). Après la guerre, ce P-47 avait été transféré à la force aérienne du Pérou (serial FAP 547, puis FAP 122) en mars 1953. Réformé, il avait stocké à l'extérieur entre 1962 et 1969. C'est alors qu'il fut récupéré par Vintage Aircraft International Ltd. de New-York et immatriculé "N47DE". Il fut réassemblé par la Confederate Air Force d'Harlingen, en 1973. David Tallichet le racheta en avril 1975 et le stocka. En mai 1979, il fut acquis par Warbirds of Great Britain (G-BLZW). En 1985, il retrouva son ancien matricule américain, acheté par Planes of Fame East de Minneapolis. En mars 1986, il fut vendu à la société Pond Warbirds Llc. de Saint Cloud (MN) et reimmatriculé "N47RP".
Non loin, on trouve un North American P-51D Mustang. Il porte le code "LH-D" du 350 FS (353 FG) de la 8th Air Force de l'USAAF. Déclaré surplus, il fut acquis après la guerre, par Haber Aircraft Inc., de Burbank (CA), en septembre 1957 et immatriculé "N6171C". Il eut une dizaine de propriétaires et plusieurs immatriculations (N335J, N3350, N166G) avant d'être racheté par Doug Arnold, en février 1979. Il vola alors sous les couleurs de la RAF (G-PSID). En 1987, il rejoignit la Fighter Collection de Duxford, puis fut acheté, en 1988, par Jean Salis (F-AZFI). En 1995, c'est l'association Yankee Delta d'Yves Duval qui l'acquit et le fit voler sous la livrée de l'Armée de l'Air. Il fut malheureusement totalement détruit dans un crash mortel, le 24 juillet 1998, près de la Roche-sur-Yon.
En arrière plan, on voit également quatre autres figurants, des Douglas C-47. Deux ont l'arrière du fuselage couleur métal et on peut distinguer sur leur gouvernail la croix noire de l'armée de l'air espagnole...Il y avait en fait, en plus du G-BGCE, trois autres C-47, ex espagnols, sur le tarmac de Blackbushe.
Le premier est le Douglas C-47A, (c/n 20596, s/n 43-16130, G-BGCF), immatriculé après la guerre, "N86453". Il rejoignit à une date inconnue, l'armée de l'air espagnole avec le numéro de série "T3-33" et le code "461.11". Réformé en 1978, il fut acquis la même année par Fairoaks Aviation Services de Blackbushe. Mais dès 1980, il repartira aux Etats-Unis où il sera immatriculé "N3753C" au nom de West Air International (CO). En 1987, il rejoindra le 8th Air Force Museum, sur la base de Barksdale (LA), où il est exposé depuis, à l'extérieur.
Le second Douglas C-47, (c/n 20002, s/n 43-15536, G-BGCG) fut livré à l'USAAF, en juin 1944 et transféré aussitôt à l'Air Transport Command. Déclaré surplus en 1945, il fut cédé à L.B. Smith Aircraft Corp. (NC50322), puis à Piedmont Aviation, appelé "Piedmont Tennessee Valley" (N49V) en 1953. Puis, il rejoignit Charlotte Aircraft Corp. (N51V). En 1961, l'armée de l'air espagnole le racheta et lui donna le serial "T3-27" et le code "901-7". Il servit au sein de l'Escuadrone 901 de Grando et, en mars 1974, dans l'Escuadrone 745 de Matacan, avec le code "745-27". En janvier 1978, il fut réformé et vendu à Fairoaks Aviation Services (G-BCGC). En janvier 1980, il fut acheté par West air International de Monument (CO) avec le matricule N5595T, mais l'avion ne fut jamais livré et resta en Angleterre avec son ancien matricule. Après avoir été laissé à l'abandon à Thruxton (avec ses marques espagnoles encore visibles et son matricule américain), en 2010, il fut acquis par Rotary Farm de Hatch (Bedfordshire).
Le troisième Douglas C-47B (c/n 33604, s/n 44-77272, G-BFPW) fut immatriculé N73855 aux USA, après-guerre, avant de rejoindre l'armée de l'air espagnole (serial T2-40, code 461-08, puis 792-2). Il fut racheté par Warbirds of Great Britain, en avril 1978. En janvier 1981, il retourna aux USA (N3753N) et appartenait, en 1997, à Central Air Service, de Rantoul (KS). En 2000, il fut inscrit au nom de D and D Aero Inc. une société de travail aérien, de la même ville. Il fut alors restauré avec des pièces provenant de plusieurs autres C-47. En 2016, il était parqué, sans ses ailerons, au Dempsay Park airport de Rantoul, à côté d'autres vieux transports à hélices.
Enfin, le quatrième C-47A (c/n 10073, s/n 42-24211, N54607) avait été livré à l'USAAF en août 1943 et participa au débarquement de Normandie en juin 1944, avec le 48 Squadron, (313 Troop Carrier Group). En juin 1948, il sera acheté par la compagnie Aigle-Azur (F-BEFA), puis transféré en 1953 à la Compagnie Chérifienne de Transport Aérien. En juillet 1957, il sera acquis par Royal Air Maroc (CN-CCL), puis par l'armée de l'air marocaine, en avril 1968 (serials 20669, CNA-LN, CN-ALM). Réformé en 1978, il recevra un matricule américain (N9842A), qui ne sera pas utilisé, puis "N54607", au nom de Visionair International, puis transféré à Liverpool, où il restera chez Keenair. En 1989, il fut enregistré en Angleterre (G-BPMP) au nom de Cherkley Aviation, à Coventry. Le directeur de cette société, lord Beaverbrook, avait envisagé de le restaurer comme il était en 1944, mais son sponsor, Kuwait Oil, vit ses fonds gelés, suite à l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, en août 1990 ! L'avion fut donc vendu en 1992 à Air Atlantique et utilisé comme source de pièces détachées. Il finira chez Parkhouse Aviation de High Wycombe. Démonté, seul son cockpit sera sauvegardé, en novembre 1997, en Hollande, dans le Luchtvaart Hobby Shop d'Aalsmeerderbrug..
Last, but not least, le dernier appareil aperçu sur le tarmac de Blackbushe, puis à la fin du film, en vol, quand l'armée vient au secours de Lucy, est un curieux hélicoptère. Précisons d'abord qu'en 1944, la RAF, comme l'USAAF, n'employait aucune machine de ce genre. Les rares hélicoptères pris en charge par l'USAAF furent des Sikorsky YR-4B Hoverfly, et uniquement sur le front birman, pour des missions de sauvetage. Celui du film est un Westland S51 series2 Widgeon, un modèle sorti en 1955. Pour le faire ressembler à l'hélicoptère militaire Westland WS.51 Dragonfly HR.Mk.3, la version anglaise du Sikorsky S-51, on lui a greffé sur le nez une verrière de Dragonfly ! Il s'agit du Widgeon G-ANLW (c/n WA/H/133) d'Helicopters Hire de Southern Airport, portant le code "NE-X" utilisé par le 63 squadron (équipé d'Hurricane et de Spitfire), et par le 143 squadron (équipé de Mosquito et de Beaufighter). En janvier 1990, il sera vendu à Sloanes Helicopters Ltd. de Southern Airport En 2002, il fut prêté au Norfolk and Suffolk Aviation Museum de Flixton (Suffolk) pout y être exposé.
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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