Rechercher dans ce blog

KAMIKAZE. Le dernier assaut

 

KAMIKAZE. Le dernier assaut
Vo. 永遠の 0 / Eien no Zero 

(Zéro pour l'éternité)

   

Année : 2013
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 2 h 23 min.
Couleur

Réalisateur : Takashi YAMAZAKI
Scénario : Takashi YAMAZAKI, Tamio HAYASHI

Acteurs principaux :
Junichi OKADA (Kyuzo Miyabé), Haruma MIURA (Kentaro Saeki), Mao INOUE (Matsuno Miyabe/Oishi), Isao NATSUYAGI (Kenichiro Oishi), Jun FUBUKI (Kiyoko Saeki), Kazue FUKISHI (Keiko Saeki), Min TANAKA (Kageura).

Musique : Naoki SATO
Photographie :    Kozo SHIBASAKI
Producteurs : Shuji ABE, Chikahiro ANDO, Hitoshi ENDO
Compagnie productrice : Robot Communications

Avions :

  • -Douglas TBD Devastator (images CGI)
  • -Douglas SBD Dauntless (idem) 
  • -Grumman F6F Hellcat (idem) 
  • -Lockheed P-38 Lignthing (idem) 
  • -Mitsubishi A6M2 Zéro, modèle 21 (maquette éch. 1/1)
  • -Mitsubishi  A6M5 Zéro, modèle 52 (maquette éch. 1/1)
  • -North American P-51D Mustang (images CGI)


Notre avis :

Le scenario de ce film est issu du roman «Eien no Zero» (2006) de Naoki Hyakuta, un ultranationaliste, tendance révisionniste. Vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, au Japon, le livre sera adapté en manga, dont les premiers volumes sont parus en France ("Zéro pour l'éternité").

Le titre français du film, paru en France, fin août 2015, en DVD, laisse d'abord penser qu'il s'agit d'un énième film sur les kamikazes, un sujet qui fait toujours recette au Japon, 70 ans après la fin du conflit mondial. Le militarisme y renait lentement de ses cendres et le film sortit quelques jours avant que le premier ministre japonais se rende au temple de Yasukuni... Mais aujourd'hui, de par le monde, le terme de "kamikaze" ne désigne plus un aviateur nippon se jetant sur un navire de guerre américain, en criant "Tenno Banzaï !", mais plutôt un civil barbu, d'origine afghane, arabe, voire européenne, qui se fait exploser au milieu d'autres civils (innocents, ceux-là), en hurlant "Allah Akbar ". Comme dirait Bob Dylan, "The times, they are changin "

En fait, "Kamikaze" est une histoire familiale, une longue, trop longue, enquête d'un frère et d'une sœur, à la recherche de la personnalité de leur grand-père, un pilote de la Marine japonaise, mort lors d'une mission suicide. L'aviation et l'avion ont ici, un rôle secondaire, même si le titre japonais est "L'éternel Zéro" ou "Zéro pour l'éternité", on pourrait ajouter, "l'habituel Zéro", présent dans de nombreux films de guerre japonais. Ce chasseur mythique fut particulièrement à la mode, au Japon, en 2013, avec la sortie, cinq mois plus tôt, du film de Miyazaki "Le vent se lève", sur le père du Zéro, l'ingénieur Jiro Horikoshi. Ce film ressemble d'ailleurs un peu à "Kamikaze", en faisant le portrait d'un homme qui rejette la guerre et sa folie, tout en participant activement à l'action guerrière. Mais, les deux films diffèrent profondément, par leur style et leur approche; le film de Miyazaki est une belle fresque sur l'aviation japonaise, alors que "Kamikaze" est un mélo, larmoyant (au Japon, on aime) et parfois un peu pesant.


Tout commence en 2004. Kentaro Oishi est alors un étudiant en droit qui échoue régulièrement à ses examens et commence à se poser des questions sur son futur. Un jour, après les obsèques de sa grand mère Matsuno, il apprend, avec stupeur, auprès de sa mère et de sa sœur ainée, Keiko, que son grand père maternel Kenichiro, n'est pas son vrai parent ! Keiko et Kentaro recueillent, par la suite, de nombreuses histoires qui circulent sur leur vrai grand père, Kyuzo Miyabé, un ancien pilote de la Marine, pendant la guerre. Ils rencontrent des vétérans qui critiquent sa timidité au combat, voire sa lâcheté. Un autre leur apprend que c'était en fait un excellent pilote, mais qu'il voulait revenir à la maison, mort ou vif, une promesse qu'il avait faite à sa femme Matsuno et à leur fille Kiyoko; pour lui, combattre n'était pas nécessairement mourir, contrairement à la vision que la Marine voulait imposer à ses troupes, vers la fin de la guerre. Le film retrace l'attaque de Pearl Harbor qui contribua à faire croire que le Japon avait les meilleurs avions du monde, manœuvrés par les meilleurs pilotes du monde…Mais après la bataille de Midway, après celle de Guadalcanal, la balle changea de camp et les pilotes japonais réalisèrent que le Japon était sur la défensive. Miyabé a du mal à convaincre ses camarades qui ne rêvent que de périr glorieusement au combat, que le plus important est de survivre, pour l'après guerre. Keiko et Kentaro se demandent donc pourquoi s'était-il porté volontaire pour une mission suicide. Un camarade de Miyabé leur apprend que, devenu instructeur, il ne pouvait plus supporter de voir ses élèves partir à la mort, souvent pour rien, et qu'il préféra en finir. Il était un ami intime de leur grand père putatif, Kenichiro. Le matin de leur dernière mission, peu avant la fin de la guerre, Miyabé avait demandé à Kenichiro d'échanger leurs avions. Comme par hasard, celui de Miyabé, piloté par Kenichiro, avait eu une panne moteur en vol, le forçant à atterrir sur une île, ce qui lui avait sauvé la vie. Dans le cockpit de l'avion, Kenichiro avait trouvé une lettre, dans laquelle Miyabé lui demandait de prendre soin de sa femme et de sa fille. Kenichiro tint promesse, au point qu'il se maria avec sa veuve et fut comme un père pour sa fille. Miyabé avait sauvé sa famille…Le film se termine sur Miyabé, dans son Zero, piquant sur un porte-avions américain, alors qu'il a réussi à esquiver les tirs de DCA.


On constate que ce porte-avions est le CV-14, l' "USS Ticonderonga", qui fut effectivement touché par deux kamikazes, le 21 janvier 1945 (soit près de sept mois avant la fin de la guerre), non loin de Formose. Bien que 145 marins fussent tués et 202, blessés, le porte-avions, après réparations aux Etats-Unis, reviendra dans le Pacifique en juin, et participera aux dernières attaques contre le Japon. Les deux kamikazes étaient donc morts pour rien ou presque; ils avaient seulement réussi à mettre le "Ticonderonga" sur la touche, pendant quatre mois.

Ce film connut un très grand succès dans le public, mais créa la controverse. Pour Miyazaki (Le vent se lève), c'était une histoire construite sur un tissus de mensonges, pour les nationalistes de droite, ce film donnait une mauvaise image de l'état major et des officiers (qui, comme montré dans le film, frappaient parfois leurs subordonnés, une chose incroyable, dans aucune armée au monde), pour les gens plus à gauche, comme pour les Chinois, ce film glorifiait la guerre…D'un point de vue occidental, ce film est plutôt antimilitariste.

Ce qu'il faut dire, c'est que les kamikazes qui allèrent à la mort à reculons, furent nombreux, si l'on se réfère aux témoignages laissés par ceux qui ont survécu, les autres ne s'en étant jamais vanté. Il était difficile, dans un groupe de combat, de ne pas suivre ses camarades qui se portaient volontaires, sous la pression de leurs officiers. La société japonaise, comme beaucoup de sociétés traditionnelles, est basée sur la honte. On ne peut survivre à une exclusion; être déshonoré, c'est mourir, dans tous les sens du terme…La société japonaise est en outre, très disciplinée et la hiérarchie y est rarement remise en cause. Mais l'état major de la Marine savait très bien que ses pires ennemis étaient les mères japonaises, qui étaient opposées à l'embrigadement de leurs jeunes fils et à l'idée du combat sans retour. Des films furent même produits, très tôt, pour essayer de leur faire changer d'avis, en glorifiant la "mère militariste" (Cf. " Tsubasa No Gaika" 1942, " Aiki Minami e Tobu" 1943). Rappelons, en outre, qu'à la fin de la guerre, les étudiants, transformés en aviateurs novices, n'étaient plus que des "volontaires" désignés d'office (comme montré dans le film) ! Des pilotes japonais, parmi les meilleurs, eurent le courage de s'opposer à l'idéologie kamikaze. Un officier de la Marine, comme Minoru Genda, qui participa à la préparation de l'attaque de Pearl Harbor, pensait que conduire à la mort des pilotes expérimentés était un vrai gâchis et servait l'ennemi. Il mit sur pied une escadrille d'experts, équipée d'avions performants (Kawanishi N1K3-J Shiden, et non le Zéro, à bout de souffle), qui affrontèrent avec succès les chasseurs américains (Cf. "Taiheiyo no Tsubasa" - 1963). Il survécut à la guerre et fut plus utile à son pays, vivant, que mort. Il fut général dans la nouvelle force aérienne d'auto-défense et même homme politique.


Le film est composé d'une série de flashbacks qui accompagne les différents témoignages, et il s’enferme dans des bavardages interminables, avec pour principal objectif de nous émouvoir. La réalisation est relativement pauvre, que ce soit dans les scènes mélodramatiques ou les séquences de guerre. Les scènes aériennes ont été réalisées, façon jeu vidéo, avec des images de synthèse plutôt grises (pour les faire ressembler à des extraits d'actualités d'époque ?), les avions se déplaçant comme des météorites, ou, au contraire, restant figés dans des formations rigides évoluant d'un bloc, sans parler de porte-avions, aux pont vides, naviguant presque seul, sur une mer peu agitée. A bord de ces navires, l'ambiance lors d'une attaque est reproduite de façon bizarre, les marins, japonais ou américains, se comportant comme des supporters surexcités, lors d'un match de football, ce qui ne correspond guère aux témoignages d'époque. Comme souvent, on a là une guerre du milieu du XX° siècle, revue et corrigée par un regard du XXI° siècle.


Les avions du film :

Le principal avion est le Mitsubishi A6M2 Zéro, modèle 21, qui apparait tout au long du film, sous diverses livrées.

Au début, on voit Miyabé apponter sur le porte-avions Akagi, repérable avec son îlot situé à gauche et le caractère kana "" (= A) inscrit sur le pont. Son avion porte les marques du groupe aérien de l'Akagi, 2 chutaï, 1 shotaï (une bande rouge à l'arrière du fuselage et le code "AI-162" sur la dérive).

Plus tard, à Rabaul, en 1943, les Zéro n'ont pas changé de livrée (Type O2 : avion gris, avec capot moteur noir), mais ont une bande oblique bleu sur le fuselage et les codes "V-143, 146, 158…" sur la dérive, codes du 2ème sentaï du Groupe aéronaval de Taïnan (Formose), basé à Java, l'unité de Saburo Sakaï. Les bandes bleues désignaient les chefs de section (shotaï).

Les Zéro suivants ont un camouflage constitué de taches vertes sur fond gris, avec un capot noir (Type B2). Ils portent les codes de dérive : "9-112, 128..." du kokutaï de Rabaul, basé à Lakunai. On note également les codes " -131,-156, 105 ", sur les dérives, qui sont celles du Groupe aéronaval de Tsukuba (= tsu), une unité d'instruction basée au Japon. Le dessous des avions est jaune (type de camouflage S2). On remarque également que pour certains avions, on a supprimé le cône de queue. En réalité, cette transformation ne concernait que la version biplace du Zéro, l'A6M2-K, qui servait parfois de biroutier; le cône de queue était alors enlevé pour installer un crochet, destiné à remorquer des cibles, placées dans deux petits containers, fixés sous les ailes.

A la fin du film, apparait l'A6M5, modèle 52 (capot moteur modifié, et pipes d'échappement propulsives, aile raccourcie), apparu en première ligne, en mars 1944. On voit Miyabé, assis devant, en train de regarder une photo de sa famille. Il s'agit d'une maquette grandeur réelle, de bonne qualité (on voit les trappes de train du fuselage vibrer sous le vent, l'ombre des mécaniciens qui passent derrière l'avion, se projeter sous l'aile; les pipes d'échappement ne sont pas exactes de même que beaucoup d'autres micro détails qui ne correspondent pas à l'original…). L'A6M5 a un camouflage de type S1 (vert foncé au-dessus, gris clair en-dessous), portant les marques du 721ème kokutaï (éclair blanc en travers de la dérive), un groupe d'attaque spéciale dénommé "Jinrai Butai" ("Tonnerre de Dieu"), basé sur l'île de Kyushu (base de Kanoya). Les Zéro servirent d'abord à escorter des bombardiers Mitsubishi G4MI-3, Betty, qui transportaient de petits avions fusées Okha. Plus tard, avec une bombe de 250 kg sous le fuselage, les Zéro de cette unité menèrent eux aussi, des missions suicides, comme toutes les unités d'entraînement, d'ailleurs. Les codes portés sur les dérives (721-53, -14, -15, -27, -61…) sont tels qu'ils étaient en novembre 1944. Ils changeront en 1945 (721 K).

Les avions sont plutôt bien reproduits, avec tous leurs détails, en images de synthèse, les camouflages et les marquages étant exacts. Il en de même des cockpits (collimateur, commande de gaz, jauges des réservoirs…). Seul bémol, quand un Zéro doit amerrir (scène très bien reproduite, par ailleurs), on voit le pilote installé sur l'aile, l'avion flottant vraiment très haut. En fait le Zero était équipé d'une bouée gonflable, placée à l'arrière du fuselage. Comme vu sur des images de vrais ditchings de Zero, très rapidement, seul l'empennage sortait de l'eau, au pilote, de s'y accrocher…

On aperçoit furtivement d'autres appareils japonais, vus de très loin: un hydravion Aichi EI3 AI, qui n'est pas parvenu à localiser le pilote qui a amerri; un torpilleur Nakajima B5N1-2, lors de l'attaque de Pearl Harbor; plus tard, des bombardiers Mitsubishi G4MI-3 Betty, derrière des pilotes en rang.

Côté américain, les avions ne sont guère plus visibles, étant très furtifs : Douglas TBD Devastator, Douglas SBD Dauntless, Lockheed P-38, Grumman F6F Hellcat. Le seul que l'on voit de près est un North American P-51D Mustang, portant le numéro "156" et le nom (fictif) "Black Raven", inscrit sur le nez. Il s'agit, selon sa décoration, d'un avion du 47th Fighter Squadron (15th Fighter Group), basé en 1945, à South Field, Iwo Jima. Son serial est illisible, d'autant plus que le Zéro finit par lui déchiqueter la dérive avec son hélice ! On constate que l'Américain tire très mal, alors qu'il suit le Zéro de près, et bien qu'il soit un as, comme le prouvent les marques de nombreuses victoires (près d'une vingtaine), peintes sous le cockpit...

 

 Christian Santoir

*Film à acheter sur amazon.fr




 





 

 

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes