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HORIZONS EN FLAMMES

HORIZONS EN FLAMMES

Vo. Task Force

 

Année : 1949
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 56 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Delmer DAVES
Scénario :Delmer DAVES

Acteurs principaux:
Gary COOPER (Jonathan L. Scott), Jane WYATT (Mary Morgan), Wayne MORRIS (McKinney), Walter BRENNAN (Pete Richard), Julie LONDON (Barbara McKinney), Bruce BENNETT (McCluskey), Jack HOLT (Reeves), Stanley RIDGES (Sénateur Bentley), John RIDGELY (Dixie Rankin), Richard ROBER (Jack Southern), Art BAKER (Senateur Vincent), Moroni OLSEN (Amiral Ames), Ray Montgomery.

Musique : Franz WAXMAN
Photographie : Robert BURKS, Wilfred M. CLINE
Conseillers techniques : capitaines James DYER, S.G. MITCHELL
Producteur : Jerry WALD
Compagnie productrice : Warner Bros.

Avions :

  • -Boeing 100, c/n 1143, N872H
  • -De Havilland DH-4, c/n ET-4, N3258
  • -North American FJ-1 Fury
  • -Orenco model F-4 Tourister, c/n 45, N2145

 

Notre avis :

 « Horizons en flammes » était un film important pour l’aviation navale américaine qui, une fois de plus, la paix étant revenue, devait rivaliser avec l'USAAF, pour obtenir une plus large part du budget consacré à la Défense. Il fut conçu comme une vaste fresque de l’histoire de l’aéronavale. Ce fut aussi la plus importante production de la Warner, depuis la fin de la guerre.

 La production du film connut une longue gestation, commencée en 1945, quand le directeur de la Warner et le producteur Jerry Wald, envisagèrent de porter à l’écran une histoire basée dans une large mesure sur les archives cinématographiques de la Marine. Depuis les premiers essais d’appontage sur un porte-avions, l’US Navy avait utilisé le cinéma comme un outil privilégié pour entraîner ses pilotes. Tous les types d’avions et leurs opérations à bord, depuis 1921, avaient été filmés par les cameramen de la Marine. Des films de guerre, plus récents avaient été tournés en couleur, à Iwo Jima, Okinawa et ailleurs, par la Navy, mais aussi par les Marines ou les Garde-Côtes. Il restait au réalisateur à sélectionner dans tout cette incroyable collection, les séquences qu’il jugeait pertinentes pour son propos. Bien que les studios, avec la fin de la guerre dans le Pacifique, aient perdu tout intérêt pour le projet, Daves examina personnellement plus d’un million de mètres de pellicule ! Mais les films d’avant guerre posèrent des difficultés imprévues. Les films concernant les premiers porte-avions, l’USS « Langley » et l’USS « Saratoga », avaient été tournés en noir et blanc, à seize images par seconde. En faisant appel à un procédé optique spécial, les anciens films furent ajustés à la vitesse de vingt quatre images par seconde. On prit aussi la décision de faire la première partie qui va jusqu’à l’époque de Pearl Harbor, en noir et blanc, le reste étant en couleur. Le tournage devait commencer en août 1945, mais la victoire poussa la Warner à le suspendre jusqu’à ce que le public fusse prêt à voir, de nouveau, des films de guerre.

 En mai 1948, alors que la MGM renouait avec les films de guerre avec « Command décision », la Warner remis « Task force » sur les rails. La scénario tint compte des films que Daves avaient pu trouver dans les archives gouvernementales. Cette vaste saga qui s’étend sur vingt sept ans est présentée en flash-back à travers le personnage du vice amiral fictif, Jonathon L. Scott, incarné par Gary Cooper, qui en était à son sixième film d’aviation depuis « Wings » (1928). Après avoir défendu l’aviation de la Navy dans ce film, il se fera le défenseur de l’aviation de l’Armée, en 1955, en incarnant le général Billy Mitchell, dans « Condamné au silence ».

 A la fin de 1948, pour étoffer les séquences se passant à bord d’un porte-avions, une équipe de cent dix sept personnes dont dix huit acteurs embarquèrent à bord de l’ USS « Antietiam » (CV-36), un porte-avions qui fut construit trop tard pour voir les combats, pour une croisière de vingt neuf jours. Cent tonnes de matériel furent également montés à bord, dont un FM2 Wildcat et un SBD, de même que le Boeing 100 de Paul Mantz très modifié, pour ressembler à un F8C-2 Helldiver, et une maquette de TBD. Durant cette croisière, le groupe aérien 14 (CAIG-14) fournit de nombreux F6F, F8F et TBM pour les scènes de décollage et d‘atterrissage qui furent utilisées plus tard en studio. L’ « Antietiam » se livrait à des exercices au large de la côte californienne, et l’équipe de tournage dut travailler en dehors des opérations prévues. L’ « Antietiam » servit aussi à doubler de nombreux autres porte-avions, dans le film, comme le « Saratoga », le « Yorktown », le « Hornet » et le « Franklin ».

 Après la croisière sur l’ « Antietiam », l’équipe embarqua à bord du porte-avions d’escorte USS « Bairoko » (CVE-115) à North Island, pour la séquence du « Langley » (CV-1), le premier vrai porte-avion américain, coulé par les Japonais peu de temps après le début de la guerre. On y reconstitua le premier décollage du commander Virgin C. Griffin, le 22 octobre 1922. Mantz s’en donna à cour joie avec son Orenco model F qui doublait le Vought VE-7 d’origine. Il exécuta plusieurs approches acrobatiques, comme tout appontage sur ce navire militaire était formellement interdit. Le tournage se termina officiellement le 15 janvier 1949.

 L’histoire commence quand l’amiral Scott est sur le point de prendre sa retraite. Quittant son porte-avions pour la dernière fois, il se rappelle quand, vingt sept ans auparavant, il était un jeune pilote, basé à San Diego. Le premier porte-avions était un navire charbonnier transformé. Comme la Marine n’a pas assez d’argent pour acquérir des avions spécialement conçus pour atterrir sur des porte avions, plusieurs pilotes perdent la vie en tentant d’apponter. Un jour, Scott doit annoncer à Mary Morgan que son mari est mort. En 1923, alors que Scott est à Washington DC, il rencontre le magnat de la presse et sénateur isolationniste, Bentley qui reste fermement opposé aux porte-avions, vu leur coût et leur vulnérabilité. Défendant l’aviation navale avec un peu trop d’exaltation, ce qui provoque un incident avec la représentation japonaise, Scott est muté à Coco Solo (Panama), pour y piloter un bureau ! Il y rencontre son ami Mac McCluskey, le futur héro de la bataille de Midway. En 1929, un de ses amis officier à bord du nouveau porte-avions USS « Saratoga », réussit à le faire muter à la VF-1. Devant maîtriser un nouvel appareil, après des années sans voler, il est accidenté. A l’hôpital, il retrouve Mary, la veuve de son collègue, venue le voir, et la demande en mariage, ce qu’elle accepte. Le couple passe deux ans à Hawaï, où Scott est nommé instructeur. Scott est officier à bord de l’"Enterprise" lors de l’attaque de Pearl Harbor. Ayant participé à la bataille de Midway à bord du « Yorktown », il est finalement nommé capitaine de son propre navire, après que le Congrès ait accepté de construire toute une flotte de porte-avions. C’est lors de la campagne d’Okinawa, que son bateau, nom de code « Clipper », est soumis à des attaques kamikazes. A la fin de la guerre, on voit le porte-avions (en réalité, l’ USS « Franklin » CV-13), fortement endommagé, faire son entée dans le port de New-York. A la fin du film, Scott, à terre, regarde passer en sifflant les symboles de la nouvelle Marine, des chasseurs à réaction Fury. Cooper conclut la période tumultueuse des années 1940 en disant, comme s’adressant au public : « J’étais fier d’avoir servi. J’étais fier d’avoir vu ces jets et je sais que cela ne s’arrêtera pas là. Quelque chose de nouveau viendra, quelque chose de meilleur. Il en a toujours été ainsi. Il en sera toujours ainsi ».

 Les seuls personnages de l’histoire de l’aéronavale américaine cités par leurs vrais noms dans le film, sont celui de l’amiral Joseph Mason Reeves, le « père » de l’aviation navale, mort en 1948, et celui de Mc Cluskey, (joué par Bruce Bennett), qui fait clairement allusion au Lieutenant Commander Clarence Wade McCluskey, le chef du groupe aérien de l’USS « Enterprise » (CV-6) lors de la bataille de Midway. Le conseiller technique du film, le capitaine S.G. Mitchell, commandait l’escadrille de chasse VF-8, à bord du USS « Hornet » (CV-8) lors de la même bataille. Bien que n’ayant pas participé à cette bataille, l’acteur Wayne Morris, qui joue l’enseigne McKinney, était un vétéran de la guerre du Pacifique. Aux commandes de son Hellcat, il avait descendu sept avions japonais, avec la VF-15. Décoré de la Distinguished Flying Cross et de l’Air Medal, il resta actif après la guerre comme réserviste ; il avait le grade de leutnant commander à l’époque du tournage. Ce second rôle eut l’honneur d’être en troisième position dans le générique, après Gary Cooper et Jane Wyatt, ce qu’il devait plus à ses faits d’armes, qu’à ses talents d’acteur. Morris s’était intéressé à l’aviation en jouant dans « I wanted wings » (1942) .

En dépit de l’utilisation fréquente de films d’archives, les deux seuls avions employés pour le tournage apparaissent bien seuls sur le vaste pont de l’ « Antietiam ». Quand retentit l’ordre : « pilotes, à vos avions ! » on a l’impression que la vingtaine de pilotes qui se précipitent sur le pont vont devoir se battre pour savoir qui va les piloter ! On aura le même problème pour le film, la « Bataille de Midway » (1976).

 Sinon, ce film se veut très didactique, et on explique au spectateur tous les rudiments de l’appontage avec les différents signaux employés par le LSO, l’officier d’appontage, en insistant sur l’importance de respecter strictement ses ordres. Rappelons que, comme les Anglais, la marine japonaise avait opté pendant la guerre, pour un système de signaux lumineux,  un système adopté après la guerre par toutes les marines. On voit aussi l’évolution des techniques. Les ponts furent d’abord équipés de brins d’arrêt longitudinaux et transversaux, puis plus tard, au début des années trente, seuls les brins transversaux seront conservés. Le film offre également un bon aperçu des avions utilisés par l’US Navy entre 1921 et 1949, du Vought VE-7 au North American Fury.

 La sortie du film fut avancée à cause de la controverse entre la Marine et l’Air Force au sujet de la rivalité entre le porte-avions et le nouveau bombardier B-36, livré aux unités depuis 1948 , et qui prétendait être la seule arme stratégique pouvant délivrer la bombe nucléaire. Le film sortit vers la fin de septembre 1949, lors d’une première qui eut lieu simultanément sur les deux côtes. Deux grands porte-avions, l’USS « Midway » à Gravesend Bay sur la côte Atlantique, et l’ USS « Valley Forge » à Long Beach, sur la côte Pacifique, embarquèrent pour une croisière d’une journée, une pléiade d’officiels divers, hommes politiques, publicistes, éditeurs, businessmen... La Marine ne reculant devant rien pour assurer sa promotion et celle du film, alla jusqu’à installer des bureaux de poste sur les bateaux pour expédier des affiches, des photos de plateau, et une brochure de huit pages. Cet ouvrage mettait l’accent sur le rôle important de la Navy dans le maintien de la paix dans le monde, en cette période de guerre froide. Le sous-secrétaire à la Marine, Dan Kinbell, était parmi les invités à bord du « Valley Forge » pour saluer la sortie du film, et souligner l’importance de l'aéronavale. Le rappel de la longue lutte de la Marine pour la construction d’une flotte de porte-avions, ne fut sans doute pas inutile pour ceux qui retournèrent au Capitole pour participer à la bataille budgétaire, autour des crédits de la Défense….

 La critique fut enthousiaste et salua ce film comme un grand classique. Le public fut également au rendez-vous, et « Horizons en flammes » fut un des plus grand succès de l’après guerre.

 

Les avions du film :

 Les studios firent appel à Paul Mantz qui fournit plusieurs vieux avions de sa collection. Au début du film, on voit atterrir un De Havilland DH-4 à moteur Liberty, un type d’appareil qui en 1922, équipait le corps des Marines. 

 Ce DH-4 fut construit en Angleterre en 1918 par Airco (s/n A2169). Il fut un des cinquante DH-4 reconditionnés avec une structure métallique par Boeing pour l’Armée américaine en 1923, et dénommés "DH-4M-1". Il servit un temps au transport du courrier. Il fut immatriculé sur le registre civil "NC3258", à une date indéterminée. Il appartint d’abord à G. Lincoln Air Service d’Hollywood (CA), puis à  la Wings & Wheels Collection située en Floride.  En janvier 1936, Paul Mantz l’acquit et le fit apparaître dans plusieurs films, comme  “Flight angels “en 1940, “Task Force” en 1949. Il fut restauré en août 1954 et participa en 1955 au tournage de “Court martial of Billy  Mitchell” et, en 1956, à celui  de "The Spirit of St. Louis". .En 1961, il rejoignit la flotte de Tallmantz Aviation et il y resta jusqu’à sa vente à la compagnie Rosen Novak Auto, en 1966. Il resta  exposé au musée Movieland of the Air, d’Orange (CA) jusqu’à ce qu’il soit vendu aux enchères en mai 1968. En 1974, il était immatriculé au nom de l’Aeroflex Museum de Newton (NJ), En 1978, il fut vendu à Dolph Overton, un homme d’affaires, ancien pilote de chasse de l’USAF et collectionneur d’avions. En 1991, il appartenait à « 747 Inc » de McMinnville (OR). En 1996, il fut prêté au Museum of Flight de Seattle. En 1999, il était au nom d’Evergreen Vintage Aircraft Inc. de McMinnville et fut exposé à l’Evergreen Aviation and Space museum de la même société. .En mars 2017, il fut vendu à la fondation Collings de Stow (MA), consacrée à l’histoire de l’aviation et de l’automobile, et mis au nom, deux mois plus tard, de « Tigers Flyers », une compagnie de Stow,  associée à Collings.

Gary Cooper essaie d’atterrir sur le USS « Langley » avec un rare Orenco model F-4 Tourister, déguisé en Vought VE-7SF, dont on voit de vrais exemplaires de la VF-2 sur des documentaires. On remarque que l’Orenco a été équipé comme certains Vought, d’un petit hydrofoil en avant du train, pour éviter qu’il ne passe sur le dos en cas d’amerrissage. L’appareil de Mantz (N2145) appartenait au cascadeur Earl Daugherty  auquel il le racheta, pour le film. On retrouvera cet avion, et Gary Cooper, ensemble, dans, « Condamné au silence » en 1955. L’avion est actuellement la propriété du collectionneur  Kermit Weeks à Polk (Floride). Mantz fit également modifier son Boeing 100 (N872H) pour ressembler à un Curtiss F8C-4 Helldiver, décoré de l’insigne de la VF-1B (High hatters), la première escadrille de chasse de la Navy. Il porte le faux BuNo. A-145.

 Les studios achetèrent un General Motors FM Wildcat et un Douglas SBD Dauntless pour le tournage en studio et les extérieurs sur le porte avions USS « Antietiam ». Ces avions sont utilisés pour la scène de Midway. S’ils ont les bonnes cocardes, leur camouflage trois tons ne sera utilisé qu’à partir de 1943. On utilisa aussi une maquette grandeur du cockpit d’un Douglas TBM Devastator, avec insigne de la VT-3 (Dragons) de l’USS « Yorktown » (CV-5), lors de la bataille de Midway.

 A la fin du film l’amiral Scott est survolé par plusieurs formations de North American FJ-1 Fury qui équipaient depuis 1948, une seule unité, la VF-5A. Cet avion de transition sera rapidement reversé dans la réserve.

 Ce film se distingue par l’importance de ses documents filmés, sur lesquels ont voit de très nombreux avions. On peut essayer ici de les classer par ordre d’apparition à l’écran.

 Filmé à bord du USS « Langley » (CV-1) on aperçoit des Vought VE-7SF, et aussi un Naval Aircraft Factory TS, faire divers appontages catastrophiques dans les années 1921-23. Sur le « Saratoga » (CV-3), dans les années trente, on observe des Vought O2U Corsair, des Martin T4M, et un Curtiss SBC Helldiver tombé à la mer. Sur les films de guerre, on aperçoit un Douglas B-18, des Curtiss P-36 pendant l’attaque de Pearl Harbor. On utilise à cette occasion, un extrait du film « Air Force » (1943) pour montrer un Boeing B-17C. Pour les séquences sur la guerre du Pacifique, on voit des chasseurs Grumman F4F Wildcat, F6F Hellcat, des bombardiers en piqué Vought SB2U Vindicator (VB-6) et Douglas SBD Dauntless (VB-2), des torpilleurs Douglas TBD Devastator et Grumman TBF Avenger. Ces avions sont filmés sur le « Saratoga » (CV-3), le « Yorktown » (CV-10), l’« Enterprise » (CV-6), et le « Franklin » (CV-13).

 

Christian Santoir

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