Rechercher dans ce blog

FAMILY FLIGHT

FAMILY FLIGHT

 

Année : 1972
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 13 min.
Genre : catastrophe
Couleur

Réalisateur : Marvin J. CHOMSKY
Scénario : Guerdon TRUEBLOOD

Acteurs principaux :
Rod TAYLOR (Jason Carlyle), Dina MERRILL (Florence Carlyle), Kristoffer TABORI (David Carlyle), Janet MARGOLIN (Carol Rutledge), Gene NELSON (commandant du porte-avions)

Musique : Fred STEINER
Photographie : Emil OSTER
Producteur : Harve BENNETT
Compagnie productrice : Silverton Productions, Universal Television

Aéronefs :

  • -McDonnell F-4 Phantom
  • -North American/Ryan Navion A, N4372K
  • -Sikorsky SH-3G BuNo149003

 

Notre avis :

Ce téléfilm appartient au genre "catastrophe", avec un scénario très classique, centré sur un avion qui doit se poser dans un milieu hostile, d'où les occupants devront se sortir par leurs propres moyens (Cf. "Quels seront les cinq" 1939, "Les échappés du néant" 1956, "Les sables du Kalahari" 1965, "Le vol du Phénix" 1966...).

 La famille Carlyle est une famille à  problèmes. Le père, un ancien pilote de l'US Navy, est un homme sûr de lui, peu enclin au dialogue. Sa femme, Florence, boit, depuis le départ de leur fils David, qui a quitté la maison dix huit mois plus tôt, sans donner de nouvelles, déstabilisé par le décès de son meilleur ami, dans un accident dont il se sent responsable. Il réapparait à  la maison, alors que son père a programmé pour le lendemain, un vol vers une station balnéaire au Mexique. Carol, la soeur de son ami, mais aussi sa copine, se joint à  eux. Pendant le vol, la météo se dégrade fortement. L'avion est frappé par la foudre, et une fuite d'huile se déclare; il faut donc atterrir rapidement. Jason réussit à  atterrir en plein désert, mais une pale d'hélice est tordue. Sans eau, et sans radio, grillée par la foudre, les Carlyle n'attendent aucun secours. Jason prend les choses en main et met en pratique les méthodes de survie qu'on lui a enseigné dans l'armée. Il parvient à  redresser l'hélice et à  dégager un terrain pour redécoller. Mais au moment de démarrer le moteur, Jason constate que la batterie est à  plat. David a écouté la radio avec Carol, la nuit, et a oublié de l'éteindre ! Jason est furieux et frappe David, puis il brasse l'hélice. Le moteur redémarre, mais l'hélice le blesse gravement au bras. C'est David qui doit décoller; il n'a pas de brevet, seulement une expérience limitée du pilotage. Il réussit néanmoins son décollage, mais peu après, il se perd et l'avion se retrouve au-dessus de la mer. C'est alors qu'il apparait sur les écrans radar d'un porte-avions de l'US Navy. Deux chasseurs sont envoyés pour l'identifier. Bien que David ne puisse pas émettre, il est guidé vers le porte-avions. Le commandant lui demande d'amerrir à  proximité, mais voyant l'état de son père, David refuse et préfère apponter ! Après deux tentatives malheureuses, David accepte enfin d'amerrir, ce qu'il fait parfaitement, la mer étant calme. Un hélicoptère les ramène sur le bateau où Jason est soigné à l'hôpital du bord. Une fois réveillé, il peut remercier son fils, qui a tenu la vie de trois personnes dans ses mains et pour lequel il éprouve, enfin, de l'estime.

 Ce petit téléfilm comporte étonnamment d'assez longues scènes aériennes, avec un bel avion. La réalisation technique est bien faite, le grand Frank Tallman ayant participé au tournage. Les seules invraisemblances sont dues à  la volonté du scénariste d'épicer le scénario, comme souvent. Le plus étonnant est la participation active de l'US Navy, et plus particulièrement, du porte-avions USS "Ranger" (CV-61), qui était alors en exercice, au large de la Californie, entre deux missions au Vietnam. Ce navire continuera à fréquenter Hollywood, avec "Top gun" (1986), "Star Trek 4" (1986).

 

Les avions du film :

Pour nous, le principal acteur du film est un magnifique Ryan Navion A, jaune et bleu (N4372K, c/n NAV-1372). Il appartenait, au moment du tournage, aux studios Universal qui l'avaient acheté à  un couple de particuliers, en août 1972. Construit par Ryan, il avait commencé sa carrière en juin 1948 et avait eu onze propriétaires différents, des privés comme des sociétés. On constate que l'avion est intact après l'amerrissage, à  part une hélice tordue (de nouveau). La scène de l'amerrissage, qui se déroula au large de l'île de Santa Catalina, par mer calme, n'a pas été tournée, comme les autres, par Frank Tallman, mais par Frank Pine. L'avion fut revendu en novembre 1972 à Nagel Aircraft Sales, une société spécialisée dans la vente de pièces détachées d'avion, ayant son hangar au Torrance Municipal Airport (CA). Alors qu'il devait être rayé des registres en 1974, il y fut finalement maintenu quand il fut revendu à  un particulier d'Oceanside (CA), en juillet 1975, peut-être en vue de son éventuelle restauration. L'avion sera définitivement radié en avril 1985, avec la mention "destroyed" ! On peut donc penser, qu'après son bain forcé, dans de l'eau salée, le N4372K ne revola plus. Son dossier à la FAA, ne mentionne aucune réparation après 1972, alors que l'on dispose du rapport détaillé de ses réparations, après un atterrissage sur le ventre, en 1954.

Cet avion réapparaitra dans un épisode de la série télé "L'homme qui valait trois milliards", dont les scènes aériennes furent également réalisées par Frank Tallman, dans l'épisode " Erreur de pilotage" (saison 2, épisode 3), diffusé le 23 septembre 1974, mais aussi dans l'épisode "Le vent de la mort" (saison 5, épisode 6) qui sortira en 1977. Certes, ces deux épisodes comportent les mêmes extraits de l'atterrissage dans le désert, réalisés en 1972, mais dans les scènes filmées au sol, à  l'aéroport comme dans le désert, il s'agit de Navion différents, peints comme le vrai N4372K, avec le même matricule, pour des raisons de continuité d'images. De légers détails, notamment au niveau du pare brise, la présence de trappes de train et le fait que dans l'épisode "Le vent de la mort", le Navion apparaisse équipé de bidons de bouts d'ailes (comme un TUSCO Navion D/E/F), le prouvent. Construit par trois fabricants différents (North American, Ryan, TUSCO), avec treize variantes, il était difficile pour la production de trouver deux Navion parfaitement identiques ! Dès 1974, le N4372K avait donc disparu des écrans et il était simplement doublé.

On a quelques aperçus de la cabine et du vrai tableau de bord (commandes moteur, trim de profondeur, poste de radio). David reçoit les messages des avions de la Navy, sur la fréquence d'urgence (121.5), avec un poste récepteur VHF (Narco NAV Mk.VI Superhomer, installé en 1961), équipé d'un VOR / ILS, situé à  droite de la planche de bord, qui était surtout utilisé pour les atterrissages IFR. Jason semble beaucoup compter sur son ADF qui vient d'être réparé, mais au milieu d'un orage, cet instrument ne sert pas à grand-chose, si ce n'est à  tromper le pilote.

On remarquera les marchepieds du Navion, situés à  l'aplomb du bord d'attaque de l'aile (contrairement à  tous les autres avions de tourisme) et les poignées situées devant le pare-brise. On montait à  bord, par la gauche, mais cela demandait une certaine technique :  pied gauche sur le marche pied, une main sur la poignée, on tire et on prend appui sur l'aile avec l'autre pied; une fois sur l'aile, il faut descendre dans le vaste cockpit où on peut se tenir droit gr$ace à sa canopée coulissante. Il était déconseillé d'embarquer avec le moteur en marche, l'hélice tournant à proximité de son postérieur ! Les dames n'appréciaient guère cette gymnastique (mais l'actrice Veronica Lake acheta néanmoins un Navion, en 1947). Ce système fut changé sur les modèles ultérieurs, dans lesquels on montait sur l'aile par l'arrière (comme on peut d'ailleurs le voir dans les épisodes de "L'homme qui valait trois milliards", cités plus haut).

Jason a déposé un plan de vol, alors qu'il vole en condition VFR. Cela ne se fait que lorsque qu'on survole des zones peu contrôlées (on constate que le contrôle de région mexicain est peu coopératif...) ou démunies d'aide à  la navigation, comme en Afrique, par exemple, ou, comme Jason, quand on franchit une frontière. Son plan de vol est simple, comme montré : décollage de San Diego, point tournant à  Puerto Penasco, destination, l'aéroport international de Guaymas, au bord du golfe de Californie. Le contrôle de cet aéroport, qui a dû recevoir par télex son plan de vol, devait déclencher l'alerte, une demi-heure après l'heure prévue d'atterrissage, sans aucune communication avec lui. Mais ce sont les contrôleurs de San Diego qui s'inquiètent et pensent que Jason survole le désert de Sonora, au nord d'Hermosillo. Quand Dave sera repéréé par l'US Navy, après avoir redécollé, il sera retrouvé au-dessus du Pacifique, à  80 km de la côte américaine, selon les jets. C'est sans doute un jeune pilote doué, mais il devrait regarder plus souvent son compas et sa montre. En fait, tout le problème est la légèreté de Jason qui semble n'avoir pas consulté la météo, quand il déposa son plan de vol; il ne le fait qu'une fois en route, ce qui change tout. Rappelons que Frank Tallman mourut le 15 avril 1978, quand, volant en VFR, dans de mauvaises conditions météo (plafond très bas avec de la pluie), il heurta le Santiago Peak, vingt minutes seulement après son départ de l'aéroport de Santa Monica. Il fit donc la même erreur que Jason, malgré ses 20.000 heures de vol et ses multiples qualifications...

Le film comporte d'autres invraisemblances, la plus grosse étant de redresser une hélice métallique, avec un rocher, ce qui n'aurait pas permis de réparer correctement l'hélice pour la remettre dans son état antérieur. Le moindre déséquilibre sur une pale, sans parler d'éventuelles fissures, provoque de fortes vibrations qui peuvent faire sortir le moteur de son bâti.

Le Navion, piloté par Frank Tallman ou Frank Pine, aurait pu atterrir sur l'USS "Ranger" et en redécoller, s'il en avait eu l'autorisation. Rappelons que pendant la guerre de Corée, plusieurs Navion de l'Armée, des L-17, décollèrent et atterrirent sur des porte-avions, comme l'USS "Leyte" (CV-32), voire même sur des porte-avions d'escorte, beaucoup moins longs, comme l'USS "Sicily" (CVE-118) ou l'USS "Badoeng Strait" (CVE-116).

Le Navion de Jason décolle de l'aéroport international de San Diego, appelé "Lindbergh Field", en passant devant le hangar de la firme Ryan, qui y était encore installé. On y aperçoit de nombreux avions de tourisme, parmi lesquels plusieurs Cessna. Le Navion passe devant un Douglas DC-9-31 (N976Z, c/n 47248/257) d'Ozark Air Lines, qui l'exploita de 1968 à 1986, année lors de laquelle cette compagnie fut intégrée à TWA, dont l'avion portera désormais les couleurs. Il sera racheté en 1997 par la société fiduciaire Wells Fargo Bank Northwest NA. de Salt Lake City, mais loué à  TWA. Il sera retiré du service en mai 2000 et stocké au Kern county airport, dans le désert Mojave.

Vers la fin du film, l'avion piloté par Dave, est escorté par deux McDonnell F-4 Phantom qui sont obligés de sortir le train et les pleins volets, afin de pouvoir voler de conserve. La vitesse maximum du Navion est de 280 km/h et la vitesse de décrochage du F-4J, se situe autour de 270 km/h. On voit le Navion voler nez baissé, à pleine vitesse, alors que les jets sont au deuxième régime, nez relevé, semblant être suspendus dans les airs. Ces avions appartiennent au Carrier Air Wing 2, basé alors sur l'USS "Ranger". On reconnait le F-4J  modex 200 BuNo (15)8378, tail code "NE", qui vole avec un autre F-4J non identifiable, de la VF-21, les "Free Lancers". Plus tôt, on avait vu décoller un autre appareil de la VF-21, portant le modex 202 et le BuNo (15) 8368.

Sur une ancienne image du CV-61, on voit un des F-4 de la VF-154 (tail code NE), les "Blacknights", aux côtés d'un F-4 (tail code AD) appartenant au Readiness Attack Carrier Air Wing (CVW) 4 qui avait été dissous en juin 1970 et qui n'était pas censé être déployé sur un porte-avions. On aperçoit le catapultage du F-4J portant le BuNo (15)3837, tail code AD, du squadron VF-101, les "Grim Reapers", et celui du F-4J, BuNo (15)7287, modex 125, de la même unité.

Quand on dégage le pont de l'USS "Ranger", pour recevoir le Navion, on voit un Vought A-7A Corsair II BuNo (15) 3191, modex 542, tail code NJ, en train d'être remorqué. C'est un avion du Fleet Replacement Squadron, une unité d'entraînement, la VA-125 "Rough Raiders" (gouvernail vert et blanc).

L'hélicoptère de sauvetage est un Sikorsky SH-3G de la HC-1 Det.1, les "Pacific Fleet Angels", affectée à  l'USS "Ranger" en 1971, et portant le modex "0044" (BuNo149003).

Enfin, dernier avion du film, un Boeing 707 de TWA, filmé en plein vol. Il s'annonce à  la tour de San Diego comme le "TWA175", ce qui doit correspondre à  un numéro de vol, car un tel matricule n'a jamais été porté par un 707 de la compagnie.

   

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube   

 

 

 

 

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes