DYWIZJON 303
(Escadron 303. L'histoire vraie)
Année : 2018
Pays : Pologne
Genre : guerre
Durée : 1 h 57 min.
Couleur
Réalisateur : Denis DELIC
Scénario : Jacek SAMOJLOWICZ, Jerzy SKOLIMOWSKI
Acteurs principaux :
Maciej ZAKOSCIELNY (Jan "Donald" Zumbach), Piotr
ADAMCZYK (Witold Urbanowicz), Krzysztof KWIATKOWSKI (Mirosław "Ox"
Ferić), Antoni KROLIKOWSKI (Witold "Tolo" Łokuciewski), Maciej
CYMOREK (Josef František), Anna PRUS (Kochan Berry), Maciej MARCZEWSKI (Zdzisław
Krasnodębski), Andrew WOODALL (w/o Thomas Jones).
Photographie : Waldemar SZMIDT
Musique : Lukasz PIEPRZYK
Producteur : Jacek SAMOJLOWICZ
²
Compagnie productrice : Film Media S.A.
Avions :
- -AAC-1 Toucan, code 4V+GH, c/n 48, au sol
- -De Havilland DH.82A Tiger Moth II, SP-YAA, s/n T7230
- -Hawker Hurricane Mk.XIIA, G-HURI, c/n 72036
- -Messerschmitt Bf-109G6, WNr. 163306, au sol
- -Noorduyn AT-16 Harvard MkIIB, G-BBHK, c/n 14-787, en arrière plan
- -PZL P.11c, n°2, c/n 562, en arrière plan
- -RWD-13, SP-WDL, réplique, SP-BNU, en arrière plan
- -PWS-26, code B1-122, c/n 81.123, au sol
Notre avis :
Quand en août 1940, Winston Churchill prononça la phrase célèbre «Jamais tant de gens n'ont dû autant, à si peu", sur laquelle se clôt le film, il désignait les aviateurs ayant défendu le territoire britannique lors de la "bataille d'Angleterre" et qui n'étaient pas seulement anglais. Avaient combattu à leurs côtés des aviateurs néo-zélandais, canadiens, tchécoslovaques, belges, australiens, sud-africains, français, irlandais, américains et polonais. Ces derniers furent les plus nombreux (entre 141 et 145 pilotes) et sont, ici, à l'honneur. Les aviateurs polonais, dont le pays avait été envahi par les Allemands et les Soviétiques, sans que les Anglais et les Français réagissent, étaient sans doute, parmi les plus motivés pour combattre les Allemands.
On peut se demander ce que peut apporter ce film, après d'autres films d'aviation sur la bataille d'Angleterre, comme le grand film anglais "La bataille d'Angleterre" sorti en 1969, le film tchèque "Dark blue world", sorti en 2002 et le film anglo-polonais "Hurricane", sorti en 2018, en Pologne, trois semaines avant celui-ci et qui traite de la même escadrille et pratiquement des mêmes personnages.
Le scenario du film est directement inspiré du livre d'Arkady Fiedler, un aventurier et écrivain polonais, qui, en 1940, était en Angleterre et fréquenta les pilotes polonais sur la base de Northolt. Il écrivit alors le livre "Dywizjon 303", paru à Londres en 1942, sur la célèbre escadrille appelée "Ville de Varsovie", mais plus connue sous le nom de "Kościuszko", combattant au sein de la RAF. Elle tirait son nom du général Tadeusz Kościuszko (1746-1817), un héros de la Pologne et de la guerre d'indépendance des États-Unis. Le livre de Fiedler fut vendu à plus de 1.5 millions d'exemplaires et fut réédité de multiples fois jusqu'à nos jours. En Pologne, c'est un classique qui fait partie de l'enseignement au lycée.
Insigne de Dywizjon 303 |
Ce film prétend donc être plus proche de la vérité (comme indiqué en sous-titre) que les autres. Il est le seul ayant reçu l'approbation et la coopération de la famille d'Arkady Fiedler. Il était normal que la Pologne ait à cœur de produire un film sur cette très célèbre escadrille, un des seize squadrons polonais de la RAF, pendant la dernière guerre.
Le film débute alors que des pilotes polonais écoutent le discours de Winston Churchill "This was their finest hours" prononcé à la Chambre des Communes, le 18 juin 1940. Puis on voit le maréchal Goering se vantant devant des officiers de la Luftwaffe de la future victoire de l'Allemagne sur l'Angleterre. Pendant ce temps, les pilotes polonais en Angleterre attendent de reprendre le combat, mais la RAF est plus disposée à confier ses Hurricane à de jeunes pilotes anglais, qu'à des vétérans polonais ! Il faut d'abord que les Polonais gagnent la confiance des Anglais pour monter à bord des Hurricane, afin d'affronter les envahisseurs de leur pays et prendre leur revanche. Puis l'histoire commence à s'égarer, au milieu de trop nombreuses références factuelles. Entre deux scènes de combats aériens, le film se passe sur la base de Northolt ou dans des pubs et restaurants, où les polonais essaient de séduire de jeunes Anglaises, ce qui leur sera plus facile, quand leurs victoires vont les rendre célèbres. Le film se polarise sur le personnage de l'as polonais Jan Zumbach, mais cela finit dans une impasse, comme sa liaison avec son amie polonaise (fictive), Jagoda restée au pays. La visite du roi George VI à l'escadrille 303, le 26 septembre 1940, est la dernière scène du film. Juste après, les Polonais s'envolent vers de nouveaux combats (le 303 Squadron effectua sa dernière mission de la bataille, le 11 octobre 1940). Le film se termine sur des combats aériens extraits du film "La bataille d'Angleterre" (1969) suivis par un bout de documentaire montrant le jour de la victoire, vraisemblablement tourné à New-York.
Le réalisateur Denis Delic est principalement un réalisateur de séries télévisées polonaises et c’est peut-être pour cette raison que la structure du scenario ne fonctionne pas tout à fait. C'est un peu comme si la suite de certaines scènes se trouvait dans le prochain épisode, ce qui, bien sûr, n'arrive jamais ici.
Le film peine à remplir sa promesse de véracité et d'exactitude. Notons qu'Urbanowicz, lui même, remarqua que Fiedler, qui n'était pas un pilote, mais un lieutenant d'infanterie de réserve (mis en congé d'août à septembre 1940, sur ordre du général Sikorski et détaché sur la base de Northolt comme correspondant) exagérait souvent ses récits. Le livre de Fiedler est en réalité, une succession de combats aériens (16 chapitres sur 20), racontés de façon plus ou moins dramatisée; une chute en parachute peut y être décrite sur trois pages, un seul combat, sur dix...Cinq chapitres ont consacrés à "Kar" (Stanislaw Karubin), Josef Frantisek (cité avec son vrai nom), "Witur" (Witold Urbanowicz) et "Donald" (Jan Zumbach). Un chapitre résume la bataille d'Angleterre, un autre parle de la fonction de pilote de chasse, avec ses particularités polonaises, un autre, du lien entre pilotes et mécanos, ces héros oubliés, le dernier chapitre exposant le bilan des unités polonaises, leurs records, et, en outre, évoquant l'image que les Anglais avaient des Polonais. Ce livre est à la gloire des pilotes du 303 squadron et célèbre, à chaque page, leur courage et leur virtuosité, tout en soulignant la barbarie et la cruauté du Boche, appelé parfois "petit Hitler" !
Il était difficile pour les scénaristes de suivre, pas à pas, le livre de Fiedler concernant principalement les combats individuels de pilotes portant des noms imaginaires (dans les éditions du temps de guerre). Adapter au cinéma un ouvrage basé sur des faits réels, sans en faire un documentaire, est toujours délicat. Rester fidèle au livre était donc une gageure et le drame en souffre. Le film est en outre parsemé de flashbacks qui nuisent à la continuité du récit. Dans une tentative de clarifier les choses, les scènes sont annoncées par des légendes indiquant la date et le lieu. La nécessité d'en passer par là laisse supposer que la production était consciente que quelque chose n'allait pas dans la structure du récit.
Vers le début du film, on voit Zumbach se faire réprimander par cinq officiers britanniques qui refusent de croire qu'il a abattu un avion allemand lors d'un vol d'entrainement et qui l'accusent d'insubordination. Une scène peu vraisemblable qui ne figure pas dans le livre. Mais ce n'est pas Zumbach qui obtint la première victoire du 303 Squadron. Elle fut obtenue par le sous-lieutenant Paszkiewicz, qui abattit un Bf-110 (parfois mentionné comme Do-17) lors d'un vol d'entrai
înement. Il fut officiellement réprimandé, mais félicité, non officiellement, par ses supérieurs anglais, et dès le lendemain, le 303 Squadron fut mis en "readiness", c'est à dire, déclaré opérationnel...
On ne sait pas trop quel est le rôle exact de l'officier de l'armée de terre britannique, le warrant officer Thomas Jones, auquel les pilotes polonais ont à faire tout au long du film et dont la secrétaire tombe amoureuse de Zumbach. Son uniforme kaki ne porte aucun insigne...Ce personnage ne se trouve pas dans le livre de Fiedler.
L'opposition entre officiers anglais et pilotes polonais semble être exagérée. Certes, les Anglais eurent des doutes, au début, sur leurs compétences (ils étaient des vaincus, sans doute démoralisés), mais rapidement ces "bloody Poles" se firent respecter. Fiedler, dans son livre, reste très diplomate à ce sujet et il faut attendre le dernier chapitre, "Nous commençons à comprendre les Polonais", pour évoquer les préjugés des Anglais envers les Polonais : des risque-tout, au tempérament bouillant, des indisciplinés, des aristocrates...
Il y eut un vrai problème de langue entre Polonais et Anglais. Les Polonais étaient souvent, comme les Européens de l'est, polyglottes; beaucoup parlaient russe, tchèque, français (on voit d'ailleurs Zumbach communiquer en Français avec Jones, ce qui est tout à fait véridique), mais très peu l'anglais. Les Anglais avaient du mal à prononcer correctement les noms des Polonais et ils leur donnèrent des surnoms, parfois moqueurs, il est vrai. Les problèmes de communications étaient surtout importants dans la fièvre des combats.
L'accoutumance des Polonais aux règlements ou aux avions anglais apparait dans ce film, plus simple que dans "Hurricane". Beaucoup de pilotes polonais avaient suivi un entrainement en France, et avaient piloté divers avions plus modernes que leurs PZL P.11 totalement dépassés, tous ayant un train rentrant, une hélice à pas variable, notamment (Bloch 151/152, Morane Saulnier 406, Curtiss H.75, Dewoitine D.520, Caudron CR.714...). Fiedler ne parle pas de ce problème d'adaptation.
Zumbach qui fut un des top-scorers du 303 Squadron derrière Skalski et Urbanowicz, est un des principaux personnages du film, comme dans "Hurricane". Comme dans "Hurricane", on le voit courtiser une WAAF qui porte ici un nom différent, Victoria Brown. Cette femme est un personnage fictif, que son supérieur essaie d'utiliser pour inciter les pilotes polonais à se faire photographier...Ils étaient déjà sous les flashs des journalistes et c'est le nombre de leurs victoires qui leur fit de la publicité, et pas la beauté d'une WAAF. Rien, dans le livre de Fiedler à ce propos.
L'amitié d'Urbanowicz avec un pilote de chasse allemand fictif, Wilhelm von Rüttenberg, est totalement infondée. Il avait sans doute connu certains pilotes allemands lors d'un séjour à Baden, avant guerre, mais on ignore leurs noms. Là encore il s'agit d'une invention des scénaristes, car Fiedler n'en parle pas.
D'autres pilotes polonais ne font que passer dans le film, comme : Witold Paskiewicz, Witold Lokuciewski, Miroslaw Feric, Stanislaw Karubin, Zdzislaw Henneberg, Kazimierz Wünsche et le Tchèque, Josef Frantisek. Dans le livre de Fiedler sont détaillés des combats d'Urbanowicz (Witur), de Karubin (Kar), de Zumbach (Jan Donald), de Tokuciewski (Tolo), de Feric (Ox), de Frantisek, mais aussi de façon plus courte, des combats de Szaposnikow (Szaposzka), d'Henneberg (Dzidek), Paskiewicz (Paszko), de Daszewski (Joe), de Brzeski (Brzeza)...
Le 303 Squadron fut crédité, en six semaines, de 126 avions allemands abattus, en réalité, entre 55 et 60 victoires vérifiées (les victoires aériennes, pendant la guerre, ont toujours été surestimées, partout et par tous), pour 18 Hurricane perdus, sept pilotes tués et cinq gravement blessés. Dans le film, contrairement au livre, on ne mentionne qu'un seul décès polonais. Le 303 Squadron eut de toutes les unités ayant participé à la bataille, le meilleur rapport victoires/pertes.
Les scènes aériennes reconstituées en image de synthèse sont d'assez bonne qualité, avec des manœuvres réalistes. Le budget du film polonais fut pourtant beaucoup plus mince que celui du film anglo-polonais "Hurricane": 4 millions de dollars contre 10...
En résumé, "Diwizjon 303", qui a beaucoup de points communs avec "Hurricane" (personnages, scènes...), ne fait que donner une certaine idée de la véritable histoire de l’escadron et ne peut s’empêcher de prendre quelques libertés avec la réalité. C’est ce à quoi on doit s’attendre lorsqu’on fait d'une histoire vraie une œuvre cinématographique, le public ayant certaines attentes et les scenarios devant comporter certains faits dramatiques pour les satisfaire.
Le tournage et lieu entre le 10 août 2016 et le 17 octobre 2017. Les scènes se déroulant à Northolt furent tournées en septembre 2016, sur le petit terrain de Konstancin-Jeziorna, au sud de Varsovie, ainsi qu'au musée de l'aviation polonaise de Cracovie.
Les avions du film :
Le "seul" véritable avion employé pour le tournage est un Hawker Hurricane Mk.XIIA, construit au Canada, transformé en juillet 2015, en Mk.II, avec le code "RF-E" et le serial "P3700", pour commémorer le 75ème anniversaire de la bataille d'Angleterre. Le "RF-E" était un avion du n° 303 Squadron polonais. Il fut abandonné par le sergent Kazimierz Wünsche, le 9 septembre 1940, lors de son combat avec un Messerschmitt Bf.109E, au-dessus de Beachy Head.
Ce Hurricane Mk.XIIA (G-HURI, c/n 72036 ou 11306) appartient à l'Historical Aircraft Collection de Duxford (Cambridgeshire). Il rejoignit la Pologne, par la voie des airs, le 13 septembre 2016, piloté par Dave Harvey de l'HAC. On le voit décoller et atterrir sur le terrain de Konstancin.
C'était un ancien avion de la RCAF (serial 5711), construit par Canada Car & Foundry de Fort William. Il fut pris en charge en janvier 1943 par l'Eastern Air Command. Cet avion passa beaucoup de temps stocké dans diverses unités : N° 3 Training Command en novembre 1944, N°1 Air Command en avril 1945, No. 401 Reserve Equipment Maintenance Unit, No. 6 Repair Depot en janvier 1947; il fut réformé peu après. En 1970, il était à l'Air Museum of Canada de Calgary. Vendu à Rem Walker de Regina (Saskatchewan) en 1975, il sera restauré avec des pièces de plusieurs autres Hurricane. En décembre 1982, il fut acquis par B.J.S. Grey de Duxford et remis à la Fighter Collection de Duxford en juin 1983. Restauré, il revola en septembre 1989 avec le serial "Z7381" et le code "XR-T" du 71 Eagle Squadron. Il apparut au sol, dans le film "Pearl Harbor" (2001). Il rejoignit l'Historic Aircraft Collection de Duxford, le 7 août 2002 et reçut, en 2004, le serial "Z5140", et le code "HA-C" du n° 126 Squadron, lors du siège de Malte.
Les deux autres Hurricane du film (code "RF-F" faux serial 4173T, code "RF-L" faux serial 2685G) sont des répliques grandeur réelle (dont une équipée d'un collimateur monté à l'envers !), s'ajoutant à des maquettes à échelle réduite, au sol.
Tous les Hurricane du film portent le code "RF" du 303 Squadron, à l'exception de celui d'Urbanowicz, qui porte le code "SD" du 501 Squadron; au sein duquel plusieurs as polonais servirent lors de la bataille d'Angleterre, comme Skalski et Glowacki (5 victoires en une journée avec le "SD-A").
Le code "RF-E" fut attribué à plusieurs Hurricane ayant les serials, "L1770", piloté par Jan Koniarek, "P3700", piloté par Miroslaw Feric, Zdzislaw Henneberg, Jan Zumbach, Witold Urbanowicz et Kazimierz Wunsche (abattu le 9 septembre 1940), "P3577", piloté par Jan Zumbach et "P3901", piloté par Stanislaw Karubin et Witold Urbanowicz. D'autres Hurricane, visibles notamment lors des combats aériens, portent les codes fictifs "KV" et "MI" et sortent tout droit du film "La bataille d'Angleterre" (1969).
Les autres avions du film sont de vrais appareils, mais filmés au sol, pour "meubler" les arrière-plans.
Zumbach et sa petite amie Jagoda Kochan s'embrassent dans un avion de tourisme, tout bleu, portant le matricule "SP-WDL". C'est une réplique du RWD-13 (c/n 169), réceptionné le 3 avril 1937 par le chocolatier E.Wedel qui s'en servait pour des voyages d'affaires, mais aussi pour des livraisons et des vols publicitaires. Au début de la guerre, réquisitionné, il fut utilisé pour des vols de liaisons. Il fut évacué en Roumanie où on perd sa trace. La réplique volante construite en 2002, à Gdansk, est légèrement plus petite que l'original, avec seulement deux places au lieu de trois, un train d'apparence trop fragile et non caréné et des ailes sans becs de bord d'attaque.
On voit, plus tard, un autre RWD-13, un vrai, le "SP-BNU" (c/n 283), tout rouge avec les ailes argent, du Muzeum Lotnictwa Polskiego, le musée de l'aviation polonaise de Cracovie. Cet avion fut livré en août 1938, à la compagnie aérienne nationale LOT. Envoyé en Roumanie, face à l'invasion germano-soviétique, il retourna en Pologne en 1947 et fut utilisé par des aéroclubs avec le nouveau matricule SP-ARL jusqu'en 1955. Il rejoignit le musée en 1963.
Comme lui, d'autres avions du musée sont aperçus, censés être à Lublin, avant guerre. Il y a un chasseur PZL 11c, sans moteur (n°2 c/n 562) et un biplan d'entraînement PWS-26 B1-122 (c/n 81-123).
En "Angleterre", on peut voir de près, au début du film, un De Havilland DH 82A Tiger Moth, serial "T7230" (G-AFVE, c/n 83720), inscrit au nom de deux Polonais en 2007. On peut le voir voler (un peu). Construit par l'usine de Morris Motors Ltd à Cowley, le 7 août 1940, il fut pris en charge en septembre 1940, par la 20 Maintenance Unit d'Aston Down, puis 3 EFTS (Elementary Flying Training Squadron) de Watchfield. Accidenté en décembre 1940, il est affecté, après réparations, au 24 EFTS, puis stocké. Au début des années 1950, il est affecté au 9 Maintenance Unit de Cosford. Réformé en juin 1953, il fut vendu à un particulier. Il passa les 25 années suivantes dans des entrepôts de différentes sociétés. La seconde vie de l'avion a commencé à la fin des années 1970. L'appareil a d'abord été enregistré en tant que "G-AFVE", en janvier 1978, au nom de trois propriétaires de Guildford (Surrey), puis, le 20 juillet 1981, à celui d'Air Swift Ltd. en juillet 1981. Du 16 octobre 1984 à août 1989, le propriétaire était Philip Edgar Swinstead. Au début, l'avion avait une coque bleu foncé et des ailes d'argent. Anna Walker a acheté le T-7230 en août 1989 et l'a vendu en janvier 1990. Entre-temps, en octobre 1989, l'avion a été démantelé et n'a volé que le 14 août 1990, après un examen approfondi. C'est à ce moment-là que la peinture a été changée, façon "école", en jaune comme à l'origine Du 26 janvier 1990 au 13 juillet 1992, le propriétaire fut Richard Parker. En 1992, G-AFVE a été acheté par le commandant Philip Shaw, alors commandant de l’escadron des avions de patrouille de la Royal Navy, puis pilote chez EasyJet. L'avion fut utilisé, entre autres, par l'Empire Test Pilots School, et a souvent participé à des spectacles, avec l'équipe "Diamond 9". En 2000, le T7230 changea encore de propriétaire, et employé par la société Tiger Fly, représentée par Nigel Gibson. L'avion transportait des passagers pour des vols touristiques de 20 à 30 minutes, à partir de l'aéroport de Booker, près de Londres. En mars 2007, il fut vendu à Jacek Mainka et Zoltana Balo de Varsovie et convoyé en Pologne, en août, après une inspection générale. L'avion participa alors à plusieurs rassemblements et spectacles. Révisé en 2012 en Angleterre, il reçut le nouveau matricule polonais "SP-YAA", en 2015.
Autre avion d'entraînement aperçu rapidement en arrière plan, un Noorduyn AT-16 Harvard IIB (c/n 14-787, code FH153/58). Construit au Canada, en 1943, il ne servit qu'au sein de la RCAF et pas en Angleterre. Réformé en septembre 1946, il fut acquis par la Koninklijke Luchtmacht, l'armée de l'air néerlandaise (serial B-158). Vendu en 1971 à Honcoop Trading Co, de Veen, il fut immatriculé "PH-PPS" en décembre 1972, quand il fut revendu à J. Daams, de Loosdrecht. C'est en septembre 1973 qu'il rejoignit l'Angleterre, acquis par Thomas Rose, de Shoreham (G-BBHK). En juin 1974, Robert Lamplough, de Duxford s'en porta acquéreur, puis Robert Francis Warner, en janvier 1980 et Sheringhma Aviation UK Ltd. en mai 2006. En juin 2011, Marcin Kubrak le racheta et le basa à Varsovie-Bemowo. L'avion porte depuis 1980 sa décoration et son serial de la RCAF.
En face, côté allemand, un des premiers avions aperçus est le Junkers Ju-52 d'où descend le maréchal Goering. Cet avion appartient au Muzeum Lotnictwa Polskiego w Krakowie (Musée de l'aviation polonaise de Cracovie). C'est en fait un avion construit en France, un Amiot AAC-1 Toucan (c/n 48) portant le code "4V+GH" et le numéro "9" comme un avion de transport du 1/KGrzbV 9 KampfGruppe zur besonderan Verwendung (Groupe de combat pour missions spéciales), opérant sur le front est en 1942. Il a été construit en 1946 et employé par l'Armée de l'air française, jusqu'en 1960, date de sa vente à l'Armée de l'air portugaise qui l'employa avec le numéro de série "6316". Réformé en 1970, il fut vendu au British Imperial War Museum de Duxford, qui lui fit subir deux rénovations. Lors de la première, il reçut le code "1Z+NK" du 2/KGzbV 1, comme un avion du débarquement allemand en Crète et lors de la seconde, le code qu'il porte actuellement. Mis en vente en 2012, il fut cédé au musée polonais. En mai 2013, il fut acheminé à Cracovie où il est depuis, exposé à l'extérieur.
Les chasseurs allemands sont représentés par des Messerschmitt Bf-109E dessinés sur ordinateur. On les voit passer comme des éclairs et on n'aperçoit que leur nez jaunes comme des avions des 1/JG 51, 2/JG 26, ou 3/JG 57...Le tournage utilisa pourtant un authentique Messerchmitt Bf-109, mais un Bf-109G-6, un modèle apparu en février 1943...On voit de près son cockpit; quand von Rüttenberg monte à bord; on note les deux bossages devant le pare-brise, abritant les chargeurs des deux mitrailleuses de 12.7 mm de capot. On nous montre son gros nez noir que furtivement, en arrière plan, lors de la remise de médailles par Herman Goering, devant un vieux hangar du musée de Cracovie. Il porte le numéro "3" rouge. Ce Bf.109G-6 (Wk.Nr.163306) appartenait au 2./JGr. West, basé à Gabbert (Poméranie), en 1944. Il se crasha dans le lac Trzebun, à l'ouest de Gdansk, le 28 mai 1944, tuant le sergent Ernst Pleines. Après 55 ans dans l'eau, il fut remonté à la surface et restauré par la fondation Polish Eagle Aviation pour le musée de Cracovie.
Une réplique de Bf-109 grandeur réelle fut également construite et on l'aperçoit (à peine) à côté du précédent. Sa verrière correspond mieux aux Bf-109E de l'époque du film, avec des vitrages latéraux, sous le pare-brise. Un cockpit de Bf-109 fut également reconstruit en vrai grandeur, pour les vues rapprochées.
Un des premiers avions allemands abattus est un Messerschmitt Bf-110, en images de synthèse. Il est orné d'une magnifique gueule de requin, comme un Bf-110C du ZG 76.
Les premiers bombardiers allemands aperçus sont des Dornier Do-17Z sous forme d'images, (Fiedler ne mentionne que des Do-215, qui étaient d'abord des avions de reconnaissance et qui furent peu nombreux : 105 construits, contre 863 Do-17Z), mais les Heinkel 111 sont de vrais avions, des Heinkel espagnols, des CASA 2.111 construits sous licence en 1945 et équipés de moteurs Rolls-Royce Merlin. Ces avions sont vus sur des extraits du film "La bataille d'Angleterre" (1969). Il en est de même des Junkers Ju-87B Stukas qui, eux, sont des maquettes.
Christian Santoir
* Film disponible sur amazon.fr
Bibliographie sommaire :
- -FIEDLER Arkady (1944) : "Groupe 303". Ed. Variétés, Montréal, 220 p. (notre exemplaire)
- -URBANOWICZ Witold (2016) : "As". Ed. Znak, Cracovie, 704 p.
- -ZUMBACH Jean (1973) : "Mister Brown. Aventures dans le ciel". Ed. Robert Laffont, Paris, 367 p.
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