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BORDER

BORDER

Vo. बॉर्डर

(Frontière)

 

Année : 1997
Pays : Inde
Durée : 2 h 58 min.
Genre : Guerre
Couleur

Réalisateur : J.P. DUTTA
Scénario : J.P. DUTTA, O.P. DUTTA

Acteurs principaux :
Sunny DEOL (Major Kuldip Singh Chandpuri), Jackie SHROFF (Wing Commander Andy Bajwa), Sunil SHETTY (Capitaine Bhairon Singh), Akshaye KHANNA (Sous-lieutenant Dharamvir Singh), Puget ISSAR (Ubeda Ratant Singh), Suresh BERRY (Ubeda Mathura DASA).

Musique : Anu MALIK, Kadesh SHRIVASTAVA
Photographie : Ishtar BIDRI , Normal JANI
Producteurs : J.P. DUTTA
Compagnie productrice : J.P. Films

Avions :

  • -Antonov An-32 s/n K2885
  • -Hawker Hunter F.56, s/n A476, A484, BA312A
  • -Hawker Siddeley HS.748M 
  • -MiG-21bis s/n C2230, C2069
  • -MiG-21UM
  • -MiG-21FL

 

Notre avis :

En 1997, Bollywood produisit ce film de guerre, basé sur la bataille de Longewala, qui se déroula dans le Rajasthan, pendant la troisième guerre indo-pakistanaise de 1971, qui aboutit à l'indépendance du Pakistan oriental. Comme indiqué dans le générique, le film est dédié au squadron leader Deepak Dutta, qui fut tué lors du crash de son MiG-21, dans les années 80. Cet aviateur était le frère du réalisateur. La production bénéficia d'une large coopération de la Bharatiya Vayu Sena, l'armée de l'Air indienne.

 Le film ouvre avant la déclaration du conflit. Sur une base aérienne, le lieutenant-colonel Anand "Andy" Bajwa, commandant une escadrille de chasse, est en alerte. Quand la sirène retentit, lui et ses hommes se précipitent vers leurs appareils et décollent. Ils rejoignent un terrain d'aviation au Rajasthan. Là, Bajwa apprend qu'il est affecté sur la base avancée de Jaisalmer et qu'il devra commander une unité d'avions d'attaque au sol, déjà âgés…Bajwa rencontre son frère d'armes, le major d'infanterie Kuldip Singh Chandpuri. Ce dernier devra rejoindre le poste avancée de Longewala, avec le 23ème bataillon du régiment du Pendjab. A la frontière, des missions de reconnaissance sont effectuées, alors que les Indiens sont discrètement observés par les Pakistanais. Des accrochages interviennent, mais pour certains soldats, c'est leur premier combat et ils hésitent à tirer; ils pensent surtout à leur famille, ce qui diminue leur esprit combatif. Kuldip devra fortement les motiver... L'armée indienne renforce la frontière occidentale, dans l'éventualité d'une attaque. L'attente commence à devenir longue. Le soir du 3 décembre 1971, on apprend que des avions ennemis ont bombardé des bases indiennes et que la guerre a été officiellement déclarée par le premier ministre indien, Indira Gandhi. Kuldip fait évacuer les villages frontaliers, alors que l'artillerie pakistanaise est entrée en action. Une colonne de tanks pakistanais a traversé la frontière. Kuldip demande à Bajwa d'intervenir avec ses avions, mais ce dernier lui signale qu'ils ne peuvent attaquer de nuit et qu'il faudra attendre le lendemain ! Kuldip décide de rester sur place et de faire face. Ses hommes s'abritent dans des tranchées protégées par des champs de mine. La bataille s'engage bientôt. Les pertes sont fortes des deux cotés et les Pakistanais finissent par attaquer les positions indiennes, à la baïonnette. Au matin, submergés par les Pakistanais, Kuldip et les quelques hommes qui lui restent s'apprêtent à mener une attaque suicide. C'est alors que les avions de Bajwa interviennent, détruisant un à un les tanks pakistanais qui refluent. La bataille terminée, le bataillon, ou ce qu'il en reste, est relevé par des troupes fraîches. Il ne reste plus qu'à compter les morts et avertir les familles…

 La bataille de Longewala qui vit la résistance héroïque de 120 soldats du régiment du Pendjab, sous le commandement du major Kuldip Singh Chandpuri, et assez bien reproduite sur le plan technique. L'armée de Terre fournit uniformes, véhicules (dont des jeeps Mahindra CJ-3B RCL équipées d'un canon de 106 mm), fusils (SLR L1A1) et mitrailleuses (Bren) d'époque, des tanks T-55, proches des T-59 chinois des Pakistanais. Mais les effets spéciaux laissent à désirer, surtout quand on voit des tanks de 36 tonnes s'envoler en l'air, comme des fétus de paille, lorsqu'ils sont touchés…

Il y a bien d'autres exagérations dans ce film, les pertes apparaissent notamment trop élevées. Revenons aux faits. Les Indiens du poste de Longewala occupaient une bonne position, relativement élevée, qui commandait la zone, ce dont il n'est pas tenu compte. Ils furent ainsi capables de se défendre efficacement contre 2 000 Pakistanais, appuyés par 45 tanks. Il faut dire que les nombreuses maladresses tactiques du commandement adverse les aidèrent beaucoup. Les Indiens n'eurent que 2 tués, contre 200, pour leur adversaire. Les Pakistanais perdirent 35 tanks, dont certains furent détruits par l'intervention, au matin, de quatre chasseurs bombardiers indiens.

Le film insiste beaucoup sur la vie privée des  combattants, officiers ou simples soldats. Il y est question des mères, des épouses, des fiancées, laissées à la maison, et dont certaines vont perdre des êtres chers. Le film tente de faire passer un message pacifique. Certaines chansons qui accompagnent les différentes séquences du film, critiquent la guerre et décrivent ses effets désastreux. Le film se termine par l'annonce : "Beginning of a lasting peace", ce qui n'est pas, hélas, exact, car en mai-juillet 1999, les deux pays se feront encore la guerre, au Cachemire, à Kargil (Cf. "Agni Pankh" 2004).

Ce film, destiné au "grand public", n'est pas très regardant sur la crédibilité de certaines scènes, comme celle, où le commandant de la base, un lieutenant-colonel, met lui-même à l'abri un chasseur, alors que sa base est bombardée; où étaient passés les mécanos ?  La présence des petites amies ou des femmes des officiers sur le tarmac ou les aires de stationnement, est aussi étonnantes que permanentes; ont-elles des passes spéciaux pour pénétrer dans l'enceinte militaire ? On ne voit çà qu'à Bollywood.

Bien que le film soit centré sur les opérations militaires terrestres, il y a plusieurs séquences aériennes mettant en scène des avions de l'IAF, qui ont été filmés à partir du sol seulement. La vedette du film est le "Hunter", un nom qui, pour la majorité du public, devait plutôt évoquer celui d'une bière locale…

 

 Les avions du film :

Le film ouvre sur un MiG-21bis qui sort de son alvéole (n°12). Il a un camouflage très fatigué et porte l'insigne du squadron 32 "The Thunderbirds" (Fast in speed, Firm in determination), ainsi que le serial "C2230" sur le haut de la dérive. Cette scène a été tournée, ainsi que les suivantes, sur la base de Bhuj Rudra Mata, dans le Gujerat. On voit également décoller un MiG-21UM biplace.

Peu après, sur la base avancée de Jaisalmer (ou Bhuj…), on revoit ces MiG-21. On remarque leurs marques différentes : certains ont des dérives partiellement rouges, un MiG, tout alu, est décoré de pois verts de tailles différentes, une décoration très voyante utilisée lors d'exercices. On voit un autre MiG-21bis (le C2069), plus tard dans le film, quand la petite amie de Bajwa manque de le heurter dans un mouvement de colère ! En 1971, l'armée de l'air indienne n'avait pas de MiG-21bis, mais des MiG-21FL et le squadron 32, était équipé de Sukhoi-7 Fitter lors du conflit indo-pakistanais.

Le principal intérêt du film, pour nous, est le Hawker Hunter F.56, dont on voit plusieurs exemplaires atterrir sur la base avancée de Jaisalmer (ou Bhuj). Ils portent tous sur le nez l'insigne du No.20 Squadron "Lightnings", l'unité la plus décorée de l'Indian Air Force. On discerne les serials A476, A484 (des anciens Hunter belges Mk.6, convertis en 1966-1967, en Mk.56A / FGA Mk.9, spécialisés dans l'attaque au sol; le A484 fit partie de la patrouille acrobatique "Thunderbolt") et le BA312A (un Mk.56, plus ancien, construit avant 1960). Bien qu'on ne voie pas ce serial, il y avait aussi le A463, qui portait, encore en 1999, l'insigne du squadron 20, comme dans le film, alors qu'il était à l'abandon, à Kalaikunda. En service depuis 1957, ce type d'appareil fut effectivement réformé peu après le tournage. Les avions cités plus haut appartenaient tous les trois au Target Tug Flight / "The Banners", basé à Kalaikunda, où furent tournées certaines scènes. Le remorquage de cibles fut donc la dernière tâche de ce vieux guerrier.

Vers la fin du film, on a une vue rapide du vraie cockpit du Hunter, filmé à l'arrêt (horizon artificiel sur "off", compte-tours sur "0"…). On remarque sur la droite, un indicateur ILS (zero reader), ce qui laisse supposer que cet avion était au moins équipé pour le vol IFR, sinon pour l'attaque de nuit.

Ces avions sont également reproduits en images de synthèse, lors d'attaques à basse altitude, ou quand le wing commander fait du rase-motte pour effrayer sa copine (qui a un beau roadster MG TC Midget, de 1945)…

En 1971, six Hunter, stationnés à Jaisalmer, furent capables de stopper les blindés pakistanais, en menant des raids incessants. Ils effectuèrent également des missions de bombardement à l'intérieur du Pakistan. A la fin du conflit, onze Hunter avaient été abattus sur le front de l'ouest (source indienne).

Vers le début du film, le wing commander Bajwa rencontre le major Kuldip, dans un Antonov An-32 (serial K2885). Il est passé, avant, devant un Hawker Siddeley HS.748M de l'IAF. Problème : si le HS.748 était là, en 1971 (et ce depuis 1964), l'An-32 ne fut livré à l'IAF, qu'à partir de juillet 1984…

Bajwa porte sur sa combinaison, à deux moments différents, deux badges du TACDE (Tactics and Air Combat Development Establishment), une école d'élite pour les meilleurs pilotes, une sorte de Top Gun à l'indienne, créée en février 1971. Le premier badge est celui de Fighter Combat Leader, marqué "Learn to lead, lead to fight", le second est celui de Fighter Strike Leader, marqué : "Learn to lead, lead to strike, strike to kill". Bajwa change, en effet, de mission, passant de la chasse, à l'appui tactique, un travail "plus terre à terre" et encore plus  dangereux.

 

Christian Santoir

*Film à visionner sur Youtube          

 

 

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