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A L'ASSAUT DU CIEL

 

A L'ASSAUT DU CIEL

Vo. L'armata azzurra

 

Année : 1932
Pays : Italie
Genre : aventure
Durée : 1 h 25 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Gennaro RIGHELLI
Scénario : Aldo VERGANO, Tomaso SMITH

Acteurs principaux :
Alfredo MORETTI (comandante Mario Spada), Germana PAOLIERI (Elena), Ennio CERLESI (Carlo Banti), Leda GLORIA (Olga Rosati), Guido CELANO (tenente Castelli).

Musique : Felice MONTAGNINI
Photographie : Carlo MONTUORI, Domenico SCALA
Producteur : Giulio LOMBARDOZZI
Compagnie productrice : Societa  Italiana Cines

Avions :

  • -Ansaldo A.C.3
  • -Ansaldo A.120
  • -Breda Ba.25
  • -Breda Ba.19
  • -Breda Ba.15 Asso
  • -Breda Ba.15ter, I-ABTC, en arrière plan
  • -CMASA CR.20 Asso
  • -Caproni Ca.101
  • -Caproni Ca.73ter, en arrière plan
  • -Dornier Do X 2
  • -Fiat CR.20
  • -Fiat BR.3
  • -IMAM Ro.1, en arrière plan
  • -Savoia-Marchetti S.55

 

Notre avis :

Il s'agit là, a priori, du premier film d'aviation italien et il est vrai que nous ne connaissons aucun titre avant cette date. Ce film, parut en 1932, sortit en France le 17 février 1933, sous le titre "A l'assaut du ciel". Le terme militaire "assaut" est bien choisi, car ce film est d'abord un film de propagande célébrant l'Armée de l'Air italienne, la Regia Aeronautica, mais aussi le dixième anniversaire de la "révolution fasciste".

"L'armata azzurra", un peu en forme de documentaire, reçut la pleine collaboration du Ministère de l'Air italien qui fournit matériel et personnel à  la production. Le ministre, Italo Balbo, choisit personnellement les principaux acteurs masculins. Les nombreuses scènes aériennes ont été filmées lors des grandes manœuvres ayant eu lieu entre le 17 et le 30 août 1931, à  Ferrare et Bologne. 894 avions et hydravions participèrent aux exercices, dont 288 chasseurs terrestres, 48 chasseurs navals, 120 bombardiers de nuit, 128 bombardiers de jour, 76 bombardiers navals, 13 bombardiers expérimentaux, 20 avions de reconnaissance stratégique et 153 appareils de liaison... Les deux camps opposés étaient commandés par les généraux Oppizzi et Lombardi. La direction des manœuvres fut assumée par Italo Balbo et le général G. Valle, le chef d'État major de la Regia Aeronautica.

Pour élargir l'audience de ce film, et atténuer son aspect par trop documentaire et propagandiste, le réalisateur Righelli y introduisit une petite histoire centrée sur deux amis, deux officiers, les commandants Spada et Banti. Banti flirte avec la sœur de Spada, Elena, qui l'aime de tout son cœur. Cela ne l'empêche pas de céder au charme d'une femme qui collectionne les conquêtes masculines, ce qui met en colère Spada et dégrade ses relations avec Banti. Vers la fin du film, ce dernier tente un record d'altitude, préparé par Spada. Quand son avion se crashe en montagne. Spada, motivé par l'angoisse de sa sœur, vole à  son secours, bien qu'il soit blessé à  une jambe. Il parvient à  le ramener à  la base où il est accueilli par Elena. Tout est bien qui finit bien.

Le tournage eut lieu en grande partie sur la base de Ferrare-San Lucia, et à  Cortina d'Ampezzo, dans les Dolomites.


Les avions du film :

Compte tenu des grandes manœuvres prévues pour août 1931, à  Ferrare, l'état-major général de la Regia Aeronautica détacha du 1° Stormo caccia (escadre de chasse) de Brescia, les escadrilles 73, 90, 96, et 97 pour former deux nouveaux Gruppi, les 9 et 10. Il est dit que le 1° Stormo se sépara volontiers de l'escadrille 90, "90" Étant un nombre maléfique, ou peut-être en raison des nombreux accidents subis par cette unité... Ces escadrilles constituèrent, de façon provisoire, le 4° Stormo, placé sous le contrôle de la 2ème ZAT (Zone Aeree Territoriali). Les avions du 4° Stormo se distinguaient du 1° Stormo par une Étoile bleue à cinq branches inscrite sur le fuselage, à  côté du numéro individuel. Cette étoile bleue était le symbole du camp "Bleu", ou camp "A" national, par opposition au camp "B", celui des envahisseurs.

Il est nécessaire de trier parmi les centaines d'avion aperçus dans ce film. On peut commencer par noter les avions qui ont vraiment servi au tournage, filmés au sol et parfois en vol, avec les acteurs installés dans les cockpits ou filmés à  côté.

Ces premiers avions sont vus, dès le générique, lors de la présentation des acteurs. On voit ainsi plusieurs monoplans Ansaldo A.C.3, un chasseur basé sur le Dewoitine D.9. On revoit ce type, plus tard dans le film, dont les avions portant les numéros "2" et "8".

Les autres avions utilisés par la production ne sont vus que vers la fin du film, lors de la tentative de record d'altitude effectuée par le commandant Banti. L'avion en question est curieusement un petit Breda Ba.15 Asso, dont la cabine a été modifiée avec des hublots circulaires. L'intérieur de la cabine, reconstituée en studio, ressemble à  celle d'un avion pressurisé, le pilote ne portant pas de masque à  oxygène. Le barographe montre qu'il atteint 11 500 mètres, alors que le Breda Ba.15 de série plafonnait à  4 000 mètres...Plus tôt, dans le film, dans le bureau de Spada, on voit la maquette d'un Breda 15S, avec un moteur en étoile et une aile elliptique.

Spada part à  la recherche de l'avion de Banti, dans les Dolomites, avec un Breda Ba.25, un avion d'entrainement équipé de skis. Il est filmé au milieu des montagnes, une scène digne de "L'enfer Blanc du Piz Palu" (1929).

Tous les autres avions sont aperçus au sol, ou en vol, sur des extraits de films tournes lors de meetings ou de grandes manoeuvres. Ils apparaissent généralement au décollage, puis en vol, en formations serrées, même quand ils font de la voltige. L'acrobatie était presque érigée en tactique par la Regia Aeronautica et les formations de combat devaient Également rester serrées, les pilotes devant être capables de tenir ce dispositif, de façon automatique. Les premiers combats de la seconde guerre mondiale prouveront l'inefficacité de ces tactiques.

Au sol, à  Ferrare, on voit sur les parkings, des centaines d'appareils de plusieurs types, alignés au cordeau, ce qui plaisait beaucoup au Duce qui voyait là, une démonstration de force, en oubliant que la quantité n'a jamais égalé la qualité...

Les avions voltigeurs sont des chasseurs FIAT CR.20 et CMASA (FIAT) CR.20 Asso (équipé d'un moteur 450 cv Isotta Fraschini Asso Caccia). Les CR.20 sont les seuls avions (vus au sol et avec leurs cockpits bâchés) dont on peut distinguer les marques d'escadrille, en l'occurrence celles de la 90° et 96° squadriglia et l'Étoile du 4° Stormo. Tous les autres avions ne portent qu'un numéro individuel sur le fuselage, avec l'insigne fasciste et le drapeau national sur le gouvernail, sans aucune autre marque ou insigne.

Les autres avions acrobates ne sont pas des chasseurs, mais des avions spécialement conçus pour la voltige, avec un moteur adapté au vol inversé, des Breda Ba.19, Évoluant, eux aussi en formation, chaque appareil portant son numéro sur l'extrados. Le Breda 19 participa dans les années 30 à de nombreuses manifestations aériennes, les "giornati dell'ala", en Italie, et à  l'étranger, avec la patrouille d'Udine-Campoformido, surnommée la "Squadriglia Folle", qui fut à l'origine de la première patrouille acrobatique officielle de la Regia Aeronautica.

Des trimoteurs Caproni Ca.101 sont vus au sol, et en vol. Cet avion de transport sera largement utilisé lors du conflit éthiopien où il servira également de bombardier. Il sera retiré du service en 1939. Quand un Ca.101 passe accidentellement sur la jambe du commandant Spada, on remarque, en arrière plan, un Breda Ba.15ter (ex s/n MM55386, I-ABTC) appartenant au Ministère de l'Air (Inspection des escadrilles du Tourisme aérien), et un Caproni Ca.100, la version italienne du De Havilland DH.60 Moth, qui servait d'avion d'entraînement primaire.

Sur la base de Ferrare, les Ca.101 sont parqués à  côté de Caproni Ca.73ter, dont ceux ayant les numéros "3", "5", 8". On aperçoit sous leurs plans horizontaux, le chiffre "19", les désignant comme des avions de la 19° squadriglia, créée en 1928, et intégrée en juin 1931, au 8° Stormo, basé à  Ferrara-San Lucia. Mais pour les manœuvres, ils portent l'Étoile bleue du 4° Stormo, le camp national. Le Ca.73, crée en 1925, faisait encore partie de la flotte des bombardiers de la Regia Aeronautica en 1934, malgré sa vétusté

Au début du film, deux IMAM Ro.1, un Fokker CV construit sous licence, sont garés devant un hangar, à  côté d'un Ansaldo A.120, un avion de reconnaissance biplace que l'on voit décoller plus tard, avec le numéro "5".

Enfin, lors des manœuvres, des biplans FIAT BR.3, des avions de reconnaissance, apparus en 1930 et qui resteront en service jusqu'en 1939, répandent des nuages de fumée, notamment au-dessus du centre-ville de Milan...On ne sait si cette fumée était destinée à  fournir des écrans de camouflage ou si elle simulait une attaque à  l'arme chimique, dont l'emploi avait été interdit par la Convention de Genève. Pourtant les unités d'assaut italiennes s'entrainaient régulièrement aux attaques au gaz, qui seront utilisées en Ethiopie. Lors des manœuvres d'août 1931, la simulation d'attaques chimiques étaient réservée à la partie adverse. En 1932, lors du spectacle aérien de Rome-Littorio, des Ansaldo A.C.3 simulèrent une attaque au gaz, mais, ce type d'exercice était présenté au public, comme l'épandage de simples brouillards artificiels...

Plusieurs hydravions Savoia Marchetti SM.55 passent dans le ciel, lors de l'attaque de la base navale.

Le film se termine sur l'habituel défilé aérien, parmi lequel se trouve un hydravion Dornier Do X2 / X3 un des deux Dornier Do X commandés par l'Italie et réceptionnés en août 1931 et mai 1932. La Regia Aeronautica se servit des ces mastodontes pour le transport d'officiers, les manœuvres aériennes et les vols de propagande.


Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube



 



 

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