Vo. Parachute jumper
Année : 1933
Pays : Etats-Unis
Genre : drame
Durée : 1 h 05 min.
Noir et blanc
Réalisateur : Alfred E. GREEN
Scénario : Rian JAMES, John Francis LARKIN
Histoire originale : "Some Call It Love" de Rian JAMES
Principaux acteurs :
Douglas FAIRBANKS Jr. (Bill Keller), Bette DAVIS (Patricia "Alabama"
Brent), Frank McHUGH (Toodles Cooper), Claire DODD (Mme. Newberry), Leo
CARRILLO (Kurt Weber), Harold HUBER (Steve Donovan), Thomas E. JACKSON
(Detective Coffey)
Musique : Cliff HESS
Photographie : James Van TREES
Producteur : Darryl F. ZANUCK
Compagnie productrice : Warner Bros.
Avions :
- -Buhl "Airsedan" CA-6, c/n 52, NC8446
- -Curtiss Fledgling c/n B-15, NR8674
- -Fairchild 71, c/n 675, NC2K
- -Stearman C3-B, c/n 180, NC6440, NC6491
Notre avis :
Malgré son titre, ce film n'a pas grand chose à voir avec le parachutisme, le
héros du film ne faisant qu'un seul saut… Son thème principal est en fait la
grande dépression économique qui frappait les Etats-Unis depuis le crack
boursier de 1929, le tout sur fond de Prohibition. Prohibition et Dépression
favorisaient toutes sortes de trafics, de combines, les chômeurs cherchant à
gagner leur vie par n'importe quel moyen, légal ou illégal, pendant que certains
faisaient d'immenses fortunes. Le transport aérien était (et reste encore
aujourd'hui) un moyen privilégié, utilisé par les trafiquants pour passer
discrètement les frontières.
Bill Kelly et Toodles Cooper, deux pilotes des Marines au Nicaragua, sont
renvoyés après avoir été découverts dans un bar à filles, alors qu'on les
cherche partout, après que leur avion ait été abattu par des trafiquants ! Ils
arrivent à New-York, pour s'apercevoir que la compagnie aérienne qui devait les
employer a fait faillite. Dans un jardin public, Bill rencontre Patricia Kent,
surnommée Alabama. Constatant qu'elle est affamée, il lui paie un petit
déjeuner avec ses derniers cents. Elle accepte de venir habiter dans
l'appartement qu'il partage avec Toodles. Pour gagner un peu d'argent, Bill
fait un saut en parachute lors d'un meeting, mais il dépense l'argent pour
acheter une livrée de chauffeur. Il a en effet entendu qu'une certaine Mme
Newberry cherche un chauffeur présentant bien. Cette dame est entretenue par
Karl Weber, un homme d'affaires très connu, qui n'est autre qu'un grand
trafiquant. Bill est embauché, mais il s'avère vite que Mme Newbury est plus
intéressée par son physique, que par ses aptitudes à la conduite. …Weber voyant
cela, la met à la porte, mais embauche à son tour Bill, comme garde du corps et
pilote personnel. Alabama rentre aussi, par hasard, au service de Weber, comme
secrétaire. Lors d'un vol vers le Canada, Bill et Toodles sont interceptés par
la Police de l'Air. Croyant être attaqués par d'autres trafiquants, Bill
descend à la mitraillette les deux avions de la police. Il découvre qu'en plus
de l'alcool, il a aussi transporté de la drogue. Pressé par Alabama, il décide
de quitter Weber, mais accepte une dernière mission. Alors que la police fait irruption
dans le bureau de Weber, enfin découvert, ce denier fuit avec Bill dans son
avion. Bill parvient à avertir Toodles qu'il transporte lui aussi, de la
drogue. Toodles saute en parachute avant que la police ne l'arrête. Bill
atterrit en catastrophe et s'arrange pour faire croire à la police que c'était
Weber qui pilotait, et qu'il était son prisonnier. De nouveau au chômage,
Toodles se réengage dans les Marines, et Bill en fait de même, après avoir
obtenu la main d'Alabama.
Ce film de série B, tourné en vingt sept jours, avec un budget de 206.000
dollars, se distingue des autres, en dehors d'un scenario tiré par les cheveux,
par son côté réaliste; il ne met pas en scène, comme d'habitude, des gens
riches vivant dans le luxe, mais trois personnages au chômage, victimes de la
grande Dépression. On évoque non seulement le trafic d'alcool de part et
d'autre de la frontière canadienne, mais aussi le trafic de drogue. Il se
distingue également par plusieurs scènes qui seront interdites, une année plus
tard, sur les écrans américains. Ainsi, quand Toodles fait du stop et qu'une
voiture ne s'arrête pas, il lui fait un "doigt d'honneur"; plus tard,
un policier salue bien bas le gangster Werner dont la voiture a été surprise en
excès de vitesse en ville; quand Bill cherche Alabama dans des bureaux, on voit
un fonctionnaire chargé de l'application de la Prohibition, en train de boire
de l'alcool; dans le bureau d'à coté, un patron est en conversation
"privée" avec un secrétaire visiblement homosexuel...
Ce film comporte également treize minutes de scènes aériennes, confiées à Paul
Mantz, dont c'était un des premiers contrats comme pilote cascadeur.
Les avions du film :
Après avoir vu une formation de bombardiers biplans (Keystone ?) tout au début,
on ne voit plus d'avion, avant le milieu du film. A Roosevelt Field, Bill
essaie de passer en plein vol d'un Curtiss Fledgling à un autre (dont le c/n
B-15, NR8674).
Plus tard il pilote un Buhl "Airsedan" CA-6 (c/n 52, NC8446)
appartenant au gangster Weber. Cet avion était en réalité un des premiers
"Honeymoon Express" de Paul Mantz dont il porte la livrée (fuselage
rouge à bande blanche, gouvernail blanc à festons rouges). A côté des ses
activités sur les plateaux de cinéma, Mantz avait une petite compagnie de transport
pour emmener de riches couples à Las Vegas, Yuma ou Reno. Cet avion avait été
livré en 1929 au Metropolitan Development Company Syndicate de Van Nuys (CA)
qui le rendit quelques mois plus tard à la Pacific Finance Corp. de Los
Angeles, n'ayant pu régler ses traites (pour cause de crise économique ?). Il
connut plusieurs propriétaires, dont Paul Mantz, entre 1931 et 1936. Le 17
septembre 1939, l'avion s'écrasa au décollage à Yakima (WA), suite à une panne
moteur et fut entièrement détruit.
Autre avion des trafiquants, un Fairchild 71 (c/n 675, NC2K) qui apparaît aussi
dans "Central airport", sorti la même année, mais
aussi dans la série "Ace Drummond" (1937). Cet appareil qui vole
toujours en Californie, appartenait à Fairchild Aerial Surveys, basé sur
l'aéroport d'Hollywood-Burbank et qui l'utilisa pour des missions de
photographies aériennes aux USA, entre 1932 et 1955.
On remarquera les crashs très réalistes du Buhl et du Fairchild 71, réalisés
avec de vrais cellules d'avion, ou des maquettes grandeur réelle.
Enfin, deux Stearman C3-B (c/n 180, NC6440; c/n 190, NC6491) équipés de deux
mitrailleuses de capot, jouent les avions policiers de l'US Air Patrol. Ces
deux avions qui servaient à l'occasion d'avions caméras, apparurent dans
plusieurs films, dans les années 30.
Christian Santoir
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