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Strategic Air Command

 

Strategic Air Command

 

Année :1955
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 52 min.
Genre : drame
Couleur

Réalisateur : Anthony Mann
Scénario : Valentine Davies, Lt. Beirne Lay, Jr.

Acteurs principaux :
James Stewart (Lieutenant Colonel Robert "Dutch" Holland), June Allyson (Sally Holland), Frank Lovejoy (Général Ennis C. Hawkes), Harry Morgan (Sergent. Bible), Barry Sullivan (Lieutenant Colonel Rocky Samford), Alex Nicol (Ike Knowland), Bruce Bennett (Général Espy), Jay C. Flippen (Tom Doyle), James Millican (Major General 'Rusty' Castle), James Bell (Révérend. Dr. Thorne)

Musique :  Victor Young
Producteur : Samuel J. Briskin
Photo : William H. Daniels

Prise de vues aériennes : Tom Tutwiler
Directeur des scènes aériennes : Paul MANTZ

Conseiller technique : Colonel O.F. Lassiter, USAF
Compagnie distributrice :  Paramount Pictures

Aéronefs :

  • Beechcraft A35 Bonanza,  en arrrière-plan
  • Beechcraft C-45, en arrrière-plan
  • Boeing B-47B 
  • Boeing KC-97G 
  • Boeing C-97A
  • Convair B-36 « Peacemaker »
  • Douglas DC-3A, N18939
  • Douglas C-124A Globemaster II 
  • Douglas C-54, en arrrière-plan 
  • North American CB-25J,  en arrrière-plan
  • North American B-45 Tornado,  en arrrière-plan
  • Sikorsky H-19D

 

Notre avis :

La guerre est finie, vive la guerre ! Hollywood reprend du service dans les années cinquante pour sensibiliser l’opinion aux dangers de la guerre dite froide, qui pouvait devenir brûlante à tout moment. Le Strategic Air Command est créé en 1946 pour conduire des opérations offensives dans n’importe quelle partie du monde. En 1948, le général Curtiss Le May (qui joue un des principaux rôles dans le film, sous le nom de général Hawks) est nommé chef du SAC et entreprend une refonte approfondie de l’organisation et des missions de ce commandement. Quand les Soviétiques firent exploser une bombe atomique en août 1949 et démontrèrent par la suite, leur capacité à lancer une telle bombe sur le territoire américain, les Etats-Unis perdirent d’un coup leur sentiment de sécurité. Comme il est dit au début du film : « l’Amérique considère son espace aérien avec une grande inquiétude ». Les studios de cinéma furent activement sollicités par le gouvernement pour faire des films dénonçant le communisme, et plus encore, pour calmer la peur du public face aux éventuels bombardements nucléaires, en démontrant les capacités de réplique massive du SAC. Ce film fut le premier d’une trilogie consacrée à ce commandement. Son scénario tourne autour de deux thèmes principaux : le dévouement total au service et l’arrivée des B-47, les premiers bombardiers à réaction.

James Stewart avait effectué pendant la seconde guerre mondiale vingt cinq missions de bombardement en B-24, au dessus de l’Allemagne, et avait reçu la Distinguished Flying Cross pour avoir conduit le raid sur les usines d’aviation de Brunswick, en 1944. Il avait fini la guerre avec le grade de colonel de réserve. Après une journée de discussion avec le général Curtiss le May, il fut si convaincu de l’importance du SAC qu’il pressa la Paramount de tourner un film sur ce sujet. Il estimait que le SAC était « un des plus importants facteurs de la paix dans le monde ».

En Floride , Robert « Dutch » Holland, un joueur de base ball professionnel, retrouve son ancien camarade de guerre, le général Rusty Castle. Il l’invite chez lui car le soir, il pend la crémaillère dans sa nouvelle maison. Castle l’informe alors que le général Hawks l’a rappelé sous les drapeaux, comme il est réserviste, pour un période de vingt et un mois dans le SAC. Le SAC a un besoin urgent d’officiers ayant de l’expérience pour mener les nouvelles missions nucléaires. Dutch qui vient de se marier, n’est guère enchanté de devoir apprendre la nouvelle à sa femme, Sally. A sa surprise, elle est déjà au courant et ne s’y oppose pas. Se présentant à la base de Carswell, Dutch assiste à une pseudo invasion organisée par le chef du SAC, le général Hawks lui même, désireux de tester la sécurité de la base ! Après des examens médicaux, Dutch est déclaré apte et peut participer à des missions sur le B-36, ce qu’il préfère au travail de bureau qu’on lui avait réservé. Il est bientôt chargé de commander un bombardier. C’est alors que son épouse tombe enceinte. Peu avant l’accouchement, il est envoyé en mission au Groënland pour tester les performances de l’appareil en milieu froid. Comme l’avion approche de sa destination, les moteurs prennent feu suite à une fuite de carburant. Dutch fait évacuer l’équipage et reste seul aux commandes pour poser l’appareil tant bien que mal. Il est blessé à l’épaule. C’est alors qu’il s‘aperçoit que Ike, le navigateur, a préféré resté à bord. Tous les deux seront secourus après plusieurs jours. Ramené à la base, Holland apprend qu’il est le père d’une petite fille. Plus tard, le général Hawks lui montre le nouveau bombardier à réaction, le B-47. Dutch est aussitôt impatient de voler dans ce nouvel appareil, bien que Sally s’inquiète pour sa santé. Il est affecté à la base de Mac Dill en Floride, où Sally peut retrouver sa maison. Dutch s’entraîne sur le B-47 ; son épaule lui fait de plus en plus mal, mais il refuse de consulter un docteur. Pour tester les capacités du B-47, le général Hawks envoie toute une escadrille au Japon en utilisant le ravitaillement en vol. Entre-temps, Sally apprend qu’un des principaux joueurs de l’équipe de Dutch est blessé et que son entraîneur veut qu’il le remplace, comme sa période militaire est bientôt terminée. Mais au désespoir de Sally, Dutch lui avoue qu’il a signé un engagement dans l’USAF ! Quand il décolle pour le Japon, Sally va voir Hawks et lui reproche d’avoir attiré son mari avec une promotion et l’avertit qu’avec son épaule, il va tout droit à l’accident. Alors que le vol vers le Japon se passe bien, Dutch réalise qu’il ne peut plus bouger son bras, et le copilote est obligé de s’occuper des manettes des gaz. En approchant d’Okinawa le temps se bouche et ils doivent être guidés par le Ground Control Approach. De retour au pays, Holland est réprimandé par Hawks pour ne pas s’être fait soigner et il lui annonce qu’il ne peut plus piloter. N’acceptant pas un emploi de bureau, Dutch démissionne à la grande joie de son épouse, mais il ne pourra plus jouer au base-ball non plus..

Le colonel Stewart joue un peu son propre rôle dans ce film, sauf qu’il n était pas.joueur professionnel de base ball, dans le civil, mais acteur. Comme Dutch, il s’est marié relativement tard, à 41 ans, et comme Dutch, qui en évoque avec sa femme la possibilité, il fut père de jumeaux.

Ce film fait avec la coopération de l’USAF qui fournit les avions, les hommes, les terrains et les infrastructures, affirme la supériorité du bombardement stratégique et illustre le vieil adage « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Comme on le voit dans le film, les missions vers l'Alaska, le Groënland ou le Japon, désignent clairement l’adversaire potentiel : l’URSS. La doctrine officielle était la dissuasion nucléaire, mais certains, comme le général Le May, étaient partisans de la frappe préventive, doctrine qui ressurgira bien plus tard…Le film met ainsi en avant la rigueur dans l’entraînement et l’effort de préparation à tous les niveaux, qu’il s’agisse des équipages comme des équipes au sol. Il met aussi l’accent sur les difficultés rencontrées par les familles des militaires face aux exigences du service, difficultés qui n’étaient pas toujours compensées par un avancement plus rapide. Mais comme dans tous les films d’aviation, la femme est la première victime et elle est condamnée à souffrir en silence. June Allyson rejouera le même rôle quelques mois plus tard, quand elle sera l’épouse dévouée de l’as McConnell dans « The McConnell story» (1955).

Mantz et Tutwiler filmèrent de saisissantes scènes aériennes selon un nouveau procédé appelé VistaVision. Les vues du B-36, sorte de dinosaure des airs, évoluant majestueusement, solitaire, au milieu des cumulo-nimbus laiteux, sont magnifiques.

La première du film eut lieu au Paramount Theatre de New York sous l’égide de l’Air Force Association. Le film fut projeté sur écran géant. Il bénéficia d’une grande publicité et 3500 invités assistèrent à la première ; des interviews furent donnés dans les salons du cinéma et transmis en direct à la télévision. On dit que le film provoqua une augmentation de 25% des engagements dans l’USAF.

 

Les avions du film :

Le tournage eut lieu sur plusieurs bases de l’USAF : Carswell à Fort Worth (Texas), MacDill à Tampa (Floride) et Lowry (Colorado).

Un des principaux acteurs du film est le Convair B-36 « Peacemaker » (un nom qu’il ne porta jamais au sein de l’USAF), un pacificateur aux arguments frappants, puisque sa mission première était le bombardement atomique. Rappelons que cet avion fut conçu au départ, en 1941, pour bombarder l’Allemagne à partir des Etats-Unis. Le colonel Holland pilote le Convair B-36H-40-CF (s/n 51-5734) qui appartenait au 26th Bomb Squadron, 11th Bomb Wing. Deux autres B-36 reçurent le même serial, pour des vues au sol.

En arrière plan, on aperçoit d’autre B-36H (dont les s/n 51-5702, 5721 du 7th Bomb Wing) ainsi que des B-36J-1-CF (dont le s/n 52-2216) qui avaient des réservoirs plus importants. Le film nous montre le B-36 dans le détail, notamment ses aménagement intérieurs qui rappellent le B-29, mais en beaucoup plus grands. On remarquera sa façon particulière de décoller ; lors de la rotation, les roues avant se lèvent, mais le train principal reste au sol encore pendant plusieurs secondes avant que les six moteurs de 3 500 chevaux et ses quatre réacteurs de 2,6 tonnes de poussée, réussissent à décoller les 186 tonnes de l’appareil avec un faible angle de montée. Pour l’évacuation de l’avion en vol, pas de sièges éjectables (les dernières versions du B-36H croisaient quand même à près de 600 km/h), on voit l’équipage (entre 15 et 23 hommes selon les missions) se jeter par les coupoles des mitrailleurs, situées sur les côtés. Malgré la scène du crash qui, a priori, aurait dû laissé peu de chances de survie au colonel Holland, le B-36 était considéré comme un avion sûr par ses équipages.

Le dernier B-36 sortit des chaînes d’assemblage en août 1954. Le SAC retira du service son dernier bombardier à hélice, en février 1959. Deux mois après la sortie du film, le SAC recevait ses premiers B-52. En fait, l’action se situe au moment de l’arrivée des premiers bombardiers à réaction Boeing B-47, soit vers la milieu de 1951.

On peut voir de très nombreux Boeing B-47 dans sa première version B-47B (modèle 450-67-27) dont les appareils portant les serials 51-2065, 2272, 2318, 2321, 2336. Cet avion est également filmé sous toutes les coutures et on a même un aperçu de l’intérieur avec le couloir situé sur le coté gauche de l’avion qui relie le poste du navigateur, à l’avant, avec le cockpit. Les manettes des gaz sont alors placées à droite. Ces avions sont équipées de dix huit fusées JATO placées dans le fuselage pour les décollages rapides, qui fournissent de belles images , comme on peut s’en rendre compte. Le cockpit du B-47 utilisé pour les scènes en studio est exposé au musée d’aviation de March Field, à Riverside (CA)

Ces avions sont ravitaillés en vol par un Boeing KC-97G, le dernier ravitailleur à hélice avant l’arrivée du KC-135. Au sol, le général Hawks descend d’un C-97A, la version de transport du même appareil. Devant, est placé un avion civil, un petit Beechcraft A35 Bonanza, l’avion avec lequel la compagnie Central Airlines commença ses vols charters en 1949. Au début du film, le général Hawks (un homme omniprésent) amène son équipe d’ «envahisseurs » dans un DC-3A (N18939, c/n 2005) de la même compagnie, mais qui porte encore la livrée d’United Airlines, auxquelles il venait d’être acheté.

Quand l’unité se déplace au Japon, l’échelon roulant est embarqué à bord de plusieurs Douglas C-124A Globemaster II (dont les s/n 49-0247, 49-0258) surnommé affectueusement par ses équipages « Old shaky » (vieux trembleur) ! Le Globemaster s/n 49-0258 a été restauré récemment par le musée du Air Mobility Command de la base de Dover (Delaware).

Au Groenland, Dutch et Ike sont sauvés par un hélicoptère Sikorsky H-19D. En arrière plan, on aperçoit rapidement un Douglas C-54, un Beechcraft C-45, un North American CB-25J et un rare North American B-45 Tornado, le premier bombardier à réaction de l’USAF, reconverti en avion de reconnaissance pendant la guerre de Corée, et dans des rôles de servitude, à l’époque du film. Enfin, pour ceux qui ont un œil de lynx, au moment où Dutch fait son premier vol en B-36, quand le pilote soulève le train avant, on aperçoit au milieu de plusieurs B-36 filmés à l’usine Convair (Fort Worth, Texas), un des deux YB-60, de face, un B-36 avec ailes en flèche et huit réacteurs, concurrent malheureux du B-52.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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