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SKY LINER

 

SKY LINER

 

Année : 1949
Pays : Etats-Unis
Durée : 49 min.
Genre : espionnage
Noir et blanc

Réalisateur : William BERKE
Scénario : Maurice TOMBRAGEL

Acteurs principaux :
Richard TRAVIS (l'agent du FBI Steve Blair), Pamela BLAKE (Carol, l'hôtesse), Rochelle HUDSON (Amy Winthrop), Steven GERAY (Bokejian), Greg McCLURE (J.S. Conningsby), Steve PENDLETON (Smith), Michael WHALEN (Ben Howard)

Producteur : William STEPHENS
Musique : Raoul KRAUSHAAR
Photographie : Carl BERGER
Compagnie productrice : Lippert Pictures

Avions :

  • Lockheed L-049A Constellation, N90814, N86504, au sol
  • Lockheed L-749-49 Constellation, VH-EAB, document.

 

Notre avis ;

Malgré son titre, ce film n'a pas pour thème le transport aérien, mais une affaire d'espionnage... Le réalisateur William Berke était un spécialiste des films de série B, aussi courts que rapidement tournés. Le scénario de ce film reflète l'ambiance de l'époque aux USA où sévissait la grande "Peur Rouge" (Red Scare) et où on voyait partout des espions à la solde de l'URSS. En 1949, le secrétaire d'Etat Dean Acheson était accusé de mollesse vis à vis des pays de l'Est. En février 1950, la déclaration du sénateur Joe McCarthy affirmant que le Département d'Etat était infiltré par des membres du parti communiste fit l'effet d'une bombe. Le film exploite donc cette veine.

L'année suivante, Berke tournera un autre film utilisant des avions, "Operation haylift" qui montrait l'USAF venant au secours des troupeaux du Nevada, affamés par les tempêtes de neige de l'hiver 1948-1949. Un autre sujet d'actualité, d'un genre très différent.

Tout commence à New York, où Eakin, un haut fonctionnaire du Département d'Etat, recoit de Washington des ordres dans une enveloppe scellée, alors qu'il s'apprête à assister à une conférence internationale à Los Angeles. Peu après, sa secrétaire, Amy Winthrop, quitte son bureau et informe un inconnu de l'arrivée de la lettre. Quelques temps plus tard, un homme pénètre dans le bureau d'Eakin, le tue et s'empare de la lettre cachetée. Puis, cet individu, un certain Smith,  se rend à l'aéroport où il se fait passer pour Eakin; il achète également un billet pour un ami qui doit embarquer à l'escale de Chicago. Pendant ce temps, l'ami de Smith, Bokejian, un diplomate d'un pays étranger, vient de négocier un contrat pour l'exploitation de mines et de gisements de pétrole dans son pays, moyennant un très forte somme d'argent en liquide. En embarquant, Smith rejoint Amy Winthrop dans l'avion. Mais il y a à bord un agent du FBI, Steve Blair, qui suit discrètement Amy. A Chicago, Bokejian monte à bord et, en vol, il retrouve Smith dans les toilettes. Ce dernier doit lui remettre la lettre adressée à Eakin contre 15.000 dollars. Mais, peu après, Bokejan s'aperçoit que la lettre ne contient que du papier blanc ! Quand Smith est retrouvé mort dans les toilettes, Steve Blair prend l'affaire en main. Il fait atterrir l'avion sur une base militaire où le corps de Smith est autopsié. Le rapport conclut que Smith  a été empoisonné par du curare injecté à l'aide d'un stylo-plume; Steve en prend connaissance alors que l'avion est réparti vers Los Angeles. Il apprend aussi qu'Eakin a été tué dans son bureau. Amy lui avoue alors que Smith était son mari. Steve demande à son bureau de Los Angeles d'envoyer des agents attendre l'avion, à Burbank. Mais un gangster, qui a tué un bijoutier, et qui est parmi les passagers, oblige Steve à dérouter l'avion vers Los Angeles; puis, il l'assomme dans les toilettes. A l'arrivée, Steve qui est revenu à lui, veut arrêter le gangster, mais celui se defend et on doit l'abattre. Quand il veut appréhender Bokejian, celui-ci tente de le frapper avec son stylo, mais il est maîtrisé. Puis, Steve explique à Carol, l'hôtesse, que le département d'Etat était au courant de fuites dans le service d'Eakin et que celui-ci avait recu de faux documents, exprès. Bokejian croyant qu'il avait été trompé par Smith, l'avait tué et récupéré son argent.

Ce film qui se passe dans un "sky liner", autrement dit un avion de ligne, entre la côte est et la côte ouest, rappelle inévitablement "13 heures dans l'air" (1936), avec des malfaiteurs à bord (ici, un gangster, un espion, et un escroc), un agent du FBI et des passagers qui se soupçonnent tous. Le film se termine de la même façon, avec l'homme du FBI invitant l'hôtesse au restaurant.

Mais le véritable intérêt de "Sky liner" est de nous montrer le Lockheed Constellation, dans ses premières versions. Le film semble avoir été sponsorisé par TWA qui se fait ici un peu de publicité. Ainsi, l'hôtesse, Carol, indique aux passagers qu'ils survolent le Boulder dam (un grand barrage construit en 1936), un haut lieu touristique que, seule, la TWA desservait alors par la voie des airs…On notera, au passage, la tenue quasi militaire de Carol, avec calot et veste à boutons métalliques, qui date des années 30 et qui n'était plus portée en 1949. Lors de la mise en service du Constellation, en 1944, les hôtesses reçurent un nouvel uniforme ( the "cut out") dont la veste portait, à droite, le logo TWA (qui pouvait être masqué par un rabat quand l'hôtesse voulait fumer...), avec une nouvelle coiffure, ornée d'une cocarde rouge et bleue et d'ailes d'argent.

Les extérieurs furent filmés, de jour et de nuit, au Los Angeles International Airport (qui remplace aussi les aéroports de New-York, Chicago et Jackson Field...); on reconnaît les pistes, la seconde tour de contrôle de style militaire, le terminal d'United Air Lines, de TWA et le grill-room "Flight Deck".

 

Les avions du film :

 Bien que la production disposât d'un budget très restreint (comme tous les films de Berke), le tournage utilisa deux avions au sol. Ces avions étaient des Lockheed L-049A Constellation de la TWA. Le premier, qui décolle de "New-York", la nuit, était le Constellation "Star of Cairo" (N90814), ce nom, ayant sa traduction en arabe, en dessous, est répété sur le nez de l'appareil et à gauche de la porte d'entrée. Le N90814 (c/n 2076) fut livré à TWA en octobre 1946. Il fut exploité par la compagnie jusqu'en 1962, date de sa vente à Nevada Airmotive. Il fut ferraillé à Long Beach, à la fin de 1964.

L'autre avion n'apparait qu'à la fin du film, sur l'aéroport de Los Angeles. Il s'agit du Constellation "Star of France" (c/n 2025, N86504), (avec sa traduction "L'Etoile de France" sous ce nom). Livré à TWA en janvier 1946, il fut vendu lui aussi, en janvier 1963, à Nevada Airmotive qui le loua à des compagnies charter, à Futura Airlines, puis à Paradise Airlines. C'est sous les couleurs de cette dernière compagnie qu'il s'écrasa à flanc de montagne, le 1° mars 1964, en tentant une approche VFR sur l'aéroport de Lake Tahoe (NE), par mauvais temps.

Le cockpit a été (très mal) reconstitué en studio. On remarquera qu'un Constel ne se pilotait pas (sur les lignes intérieures), à trois, avec un radio (assis à gauche), mais avec un ingénieur de vol (un mécanicien, assis à droite). Vers la fin du film, à Los Angeles, on a des vues prises à l'intérieur d'un vrai cockpit de Constellation, pendant le roulage; on note le tableau de bord surplombé par le gros cadran de l'ADF (automatic direction finder). La cabine a été reconstituée avec un peu plus d'exactitude. On remarquera l'importance des toilettes, dans ce film, un endroit où on "cause" beaucoup…Mais leur disposition n'est pas conforme à la réalité, bien que cette disposition puisse varier selon les compagnies et les lignes parcourues. Ainsi, les toilettes les plus spacieuses étaient situées à l'arrière (et non à l'avant) de la cabine, divisée, à cet endroit, en deux compartiments situés côte à côte (et non séparés par un couloir) se composant, chacun, d'une entrée avec lavabo, fermée par un rideau (et non par une porte) et de WC, fermés par une porte.

Pour les vues aériennes, la TWA fournit plusieurs bouts de documentaires sur lesquels on peut admirer le Constel en vol, de côté et même de face, parfois au ralenti, avec 10° de volets sortis. Mais quelques vues sont celles d'un Constellation L-749-49 de la compagnie australienne Qantas, le VH-EAB (c/n 2565). On remarque, sous son fuselage, le container à bagages amovible "Speedpack". Acquis en octobre 1947 et baptisé "Lawrence Hargrave", il fut revendu à BOAC, en février 1955 (G-ANUR) qui le rebaptisa "Basildon". En juillet 1962, il fut cédé à Skyways, puis repris par septembre 1962 par Euravia, et loué à Ace Freighters. En 1967, il fut vendu à un particulier de Puerto Rico (N1949), puis transféré, en 1968, à Aerolineas Uruguayas (CX-BHC), qui fit faillite en 1969. Stocké à Montevideo, en 1970, il fut ferraillé par la suite.

Sur le tarmac de l'aéroport de Los Angeles, on remarque, en arrière plan, plusieurs Douglas DC-4 et DC-7 d'United Airlines.

Enfin, comme dans d'autres films des années 50 ("Out of the clouds" 1955, "Escale à Tokyo" 1958..), on nous montre aussi une approche en GCA, sur le terrain de Jackson Field (un terrain de l'Armée, situé dans le Mississipi, donc très loin de la route Chicago-Los Angeles..), avec vues des scopes radar (localizer et glide path). L'avion y atterrit, car les terrains civils (sans douté équipés d'ILS de Catégorie I…), sont, soit disant, tous fermés, pour cause de mauvais temps…

 

Christian Santoir

* Film rare

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