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Raigekitai Shutsudo

 

Raigekitai SHutsudo

Vo. 雷撃隊出動  

(Groupe de combat)

 

Année : 1944
Pays : Japon
Durée : 1 h 35 min.
Genre : guerre
Noir et blanc

Réalisateur : Kajiro Yamamoto
Scénario : Kajiro Yamamoto 

Principaux acteurs :
Susumu Fujita, Katsuhiko Haida, Akitake Kôno, Yataro Kurokawa, Masayuki Mori, Denjirô Ôkôchi, Kôkichi Takada, Ichirô Tsukida

Producteur : Haruo Mura
Musique : Seiichi Suzuki
Photographie : Yoshimi Hirano, Asakazu Nakai, Hiroshi Suzuki
Compagnie distributrice : Beni-kei

Avions :

  • -Curtiss P-40E
  • -Kawanishi H6K5 Mavis
  • -Mitsubishi A6M5b Reisen  
  • -Mitsubsishi G4M2 Type 1 Rikko
  • -Mitsubishi Ki-67-1 Hiryu, document. 
  • -Nakajima B5N2
  • -Nakajima B6N2 Tenzan

 

Notre avis :

Ce film patriotique, sorti pour le troisième anniversaire de l’attaque de Pearl Harbor, bénéficia de la pleine collaboration de la Marine impériale, qui fournit équipements, locaux, appareils, personnel... Il célèbre les pilotes des avions torpilleurs qui étaient à la pointe du combat contre les tasks forces américaines dans le Pacifique. Il est intéressant de le comparer avec "Hawai Mare Oki Kaisen" (1942), le film tourné pour le premier anniversaire de Pearl Harbour. Le ton n'est plus du tout le même; moins de musique militaire, pas de défilé aérien, pas de soldats se précipitant avec entrain au combat. C'est qu'au moment de la sortie de ce film, le 7 décembre 1944, la situation militaire du Japon est des plus mauvaises. Les Américains et leurs alliés sont passés depuis 1943, à l'offensive sur le front sud. Après les îles Salomon, la Nouvelle-Guinée, Saïpan, la "porte du sud", c'est au tour, en octobre, des Philippines. Le 1° novembre 1944, pour la première fois depuis le raid de Doolittle, un avion américain, un B-29 solitaire, survola à haute altitude, Tokyo. Un oiseau de mauvais augure... Le porte-avions montré dans le film, le "Zuikaku", a été coulé au large de Luçon, en octobre 1944, et les avions torpilleurs qu'on y voit, ont été littéralement massacrés par les chasseurs américains ! Ce film reproduit la détermination quasi-hystérique qui alors s'empara du gouvernement et de l'Armée. La Marine qui avait refusé la moindre aide à Yamamoto lors du tournage de "Hawai mare oki kosen" (1942), collabora pleinement au tournage et un expert en tactique aéronavale, le commandant Aiko Fumio, fut même détaché auprès du réalisateur.

Le film commence avec l'attaque d'un porte-avions et d'un cuirassé américains par des torpilleurs. Puis, un documentaire nous monte les Japonais de l'arrière, au travail, les hommes dans les usines, les femmes dans des ateliers de couture ou dans des champs. Sur le porte-avions "Zuikaku", des pilotes écoutent des communiqués à la radio, après un engagement avec une task force américaine. Un des officiers est détaché sur une base de la Marine établie dans une île, pour coordonner des exercices de torpillage entre les escadrilles embarquées équipés de monomoteurs, et celles basées à terre, équipées de bimoteurs. L’officier commandant la base prend un hydravion pour le Japon pour demander plus d’avions. Les hommes et les machines récupèrent, après les coups qu’ils ont encaissés dans la bataille. Mais le calme ne dure pas longtemps. Pendant que les équipages jouent au base-ball, les bombardiers américains surgissent, et forcent tout le monde à se précipiter vers les abris. Les chasseurs américains mitraillent tout ce qui bouge sur l’île, sans rencontrer d’opposition. Le commandant revient du Japon, mais sa mission n'a donné aucun résultat. Alors que les aviateurs sont au cinéma, une nouvelle alerte les jettent dans les abris. Un des pilotes est brûlé en voulant éloigner son appareil d'un hangar. L'hôpital, l'église des indigènes, et un des rares restaurants de l'île sont détruits. Un avion américain est touché et le pilote fait prisonnier. Alors qu'il est emmené après l’interrogatoire, il refuse de saluer les officiers japonais qui sont furieux de cet acte d’impolitesse. Des avions des porte-avions sont détachés sur l'île, en renfort, à la grande joie des pilotes. Mais il faut faire face à de nouvelles attaques américaines que les chasseurs essaient à chaque fois, de repousser. Leur seul avantage est de pouvoir se poser sur leur terrain, pour se ravitailler en munitions, entre deux combats. La radio signale l'approche d'une task force américaine; une grande bataille se prépare. Les torpilleurs monomoteurs partent le premiers, mais leur chef semble décidé à se sacrifier. En mer, le porte-avions "Zuikaku", lance ses chasseurs et ses bombardiers. Intercepté par les chasseurs américains, certains arrivent à passer et à placer leurs torpilles. Touché, le chef de groupe se précipite sur un croiseur. Les bimoteurs attaquent de nuit, après avoir lancé des fusées éclairantes. Un avion a ses moteurs en feu, et le commandant du bord décide de se jeter sur un porte-avions. A la base, les officiers attendent le retour des avions, mais le commandant semble plutôt pessimiste…

Au lieu de fanfares et de communiqués de victoire, le film montre des aviateurs de la Marine réduits à se terrer dans des abris, pendant que les Américains ravagent leur base. C'est tout le courage de la propagande japonaise d'avoir osé sortir ce film dans ces conditions. On remarquera que le film se termine sur deux attaques suicides, sans qu'on puisse parler d'attaque kamikaze à proprement parler. Il s'agit là d'actes isolés, non concertés, sur initiative individuelle, si tant est qu'on puisse en parler pour des avions avec plusieurs membres d'équipage à bord (ceux du Betty n'ont pas de parachutes). Mais les deux avions ont été touchés par la DCA, et il arrivait souvent que des pilotes, estimant leur chance de retour nulles, préfèrent finir "en beauté". La première action de ce genre survint en mai 1943, quand le sergent Oda précipita son casseur Ki-43 sur un B-17, qui bombardait un convoi. C'est en novembre 1944, que le grand Quartier Général parlera ouvertement de la constitution de "corps d'attaque spéciale" dans l'aviation. Dans la dernière scène, le commandant a sur sa table, la carte du sud des Philippines, ce qui laisserait penser que ses pilotes se sont sacrifiés lors de la bataille du golfe de Leyte (22-25 octobre 1944). C'est aussi lors de cette bataille, que le "Zuikaku" sera coulé, à l'est du Cap Engano, plus au Nord, en essayant d'attirer la task force américaine. Rappelons que c'est en octobre 1944, pendant cette bataille, qu'apparaîtront les premiers kamikazes, expression de la résolution du soldat japonais, aussi bien que de la pénurie des moyens. Néanmoins, ce film participait de la nouvelle campagne de propagande en faveur de ces actes extrêmes inspirés par l'amour de la patrie.

Les Américains sont décrits comme des adversaires impitoyables qui mitraillent indistinctement au sol, les équipements militaires, comme civils : église, maisons, et même les populations locales. En plus, ces barbares sont malpolis ! Le pilote prisonnier (joué très vraisemblablement par un prisonnier de guerre) ne salue pas les officiers japonais, et quand on le rappelle à l'ordre, il le fait avec une grande désinvolture. Quand on connaît le comportement des troupes japonaises vis à vis des prisonniers, militaires ou civils, ainsi que vis à vis des populations insulaires, on se rend compte que l'on est ici devant de la pure propagande…Cette scène montre que le film n'avait pas seulement pour but de glorifier l'esprit des équipages des avions-torpilleurs, mais aussi d'attiser la haine envers l'ennemi. La gérante du restaurant bombardé se répand en invectives contre "ces salauds d'Americains" et déclare vouloir en tuer deux ou trois, avant de mourir !

Ce film décrit de façon assez précise comment les aviateurs de l’aéronavale japonaise vivaient, sur une base. Celle du film fait penser à Rabaul ou à Buin (Bougainville), avec ses installations précaires, son tunnel-abri, ses plantations de cocotiers et son roi local, dont se moquent les pilotes. A part la maison en bois surélevée, à usage de bureau et de logement pour les officiers, tout le monde loge sous la tente.Les distractions sont rares : un cinéma, un petit restaurant tenue par une japonaise, sinon les pilotes jouent au base-ball, alors que quand ils étaient cadets, ils jouaient au rugby. Le soir sous les étoiles, pique-nique sur l'herbe, mais au milieu des moustiques. On remarque que l'alerte est donnée par une tour de guet où veillent en permanence plusieurs hommes munis de jumelles, ce qui donne peu de temps à la chasse pour décoller, les combats se situant à proximité du terrain. Par contre, les abris bétonnés ont l'air bien réalisés et solides.

Au niveau des tactiques employées par les avions torpilleurs, on retiendra une attaque de nuit contre les bâtiments américains. Des fusées éclairantes sont lancées derrière les bateaux ennemis, dont la silhouette se détache sur le fond de lumière, permettant ainsi aux avions de mieux les viser. Cette tactique fut employée avec succès dans le îles Salomon, et ailleurs.

Plusieurs scènes furent tournées à bord du porte-avions "Zuikaku", mais aussi à bord du "Hosho"(que l'on ne voit pas), le tout premier porte-avions japonais. Affecté depuis Midway, à l'entraînement des pilotes dans les eaux japonaises, il survécut à la guerre. Pour la reconstitution des batailles, on fit appel au maître des effets spéciaux, Eiji Tsubaraya.

 

Les avions du film :

Les avions du film sont de vrais avions filmés sur place dans les unités, lors d'exercices à terre, ou en mer, entre juin et septembre 1944.

Au début du film, on voit deux Nakajima B5N2 (Kate pour les alliés) du "Zuikaku", dont le 312-61 (601 Ku, 312 Hikotai), en train de lancer leur torpille. On remarquera que les torpilles sont munies d'un stabilisateur en bois qui se brisait au moment de l'impact sur l'eau. Ces avions furent remplacés par des B6N1/2, à partir de 1943.

Le Nakajima B6N2 Modèle 12 Tenzan (Jill pour les alliés) est le principal avion du film. Plusieurs décollent du "Zuikaku", et on peut remarquer à cette occasion, que le pont du porte-avions était camouflé. On voit des appareils appartenant au 653 Ku, 263 Hikotai, dont les 653-46, 51, 12, 32, 31. Les numéros individuels sont reportés sur les trappes de train. Certains sont équipés du radar H-6, dont on peut apercevoir l'antenne sur le fuselage. Ce radar servait à repérer les bateaux, et les avions qui en étaient équipés, servaient de guides aux autres. Le 653-33 a un kanji sur son hinomaru (sans doute le premier caractère du nom du chef de l'appareil). On remarque, lors du décollage, le pilote en position surélevée, le haut du pare brise se soulevant pour servir de saute-vent. Le chef de bord occupe la place centrale. A terre, sont alignés les B6N2 du 263 Hikotaï, filmés sur la base d'Oita, au Japon.. Les avions décollent pour rejoindre le "Zuikaku", alors que les rampants et les officiers les saluent en faisant le traditionnel bofure, c'est à dire, en brandissant leurs casquettes, au dessus de leurs têtes.

Quand la base est attaquée par les Américains, on assisse au décollage de plusieurs Mitsubishi A6M5b Reisen (Type Zero) dont le 653-182 du 164 ou 165 hikotai, les 653-28, 14, du 165 hikotai. On a une vue rapprochée du 653-45 qui revient se ravitailler en munitions. Ces exemplaires sont construits par Mitsubishi, vu leur schéma de camouflage appliqué en usine. Sur le "Zuikaku", filmé en août 1944, on voit deux Mitsubishi A6M2 d'un type ancien, servant à l'entraînement, devant trois bombardiers Aichi D3A2 (Val).

Le commandant de l'escadrille se rend au Japon avec un gros hydravion quadrimoteur Kawanishi H6K5 (Type 87) (Mavis) marqué "KEA7".

Les torpilleurs bimoteurs basés à terre sont des Mitsubsishi G4M2 Type 1 Rikko (Betty chez les alliés) équipés d'une tourelle dorsale. Mais on ne voit aucune marque d'unité. Au début du film, on remarque un Betty lançant un engin autopropulsé invisible, mais trahi par le panache de fumée qu'il traîne derrière lui. Ce n'est pas une torpille, l'altitude de lancement étant trop élevée. A l'automne 1944, la Marine fit effectivement des essais du missile guidé anti-navire Funryu 1, suspendu sous un Betty. Par contre, en étant attentif, lors de deux autres passages, on voit bien deux bombardiers Ki-67-1 Hiryu, lancer au dessus de la mer (au Japon surpeuplé, les champs de tir étaient en mer..) un missile, détectable lui aussi par sa traînée de fumée blanche. En 1944, l'Armée procéda également à des essais d'un petit missile air-sol guidé Igo-I-A, à partir d'un Hiryu. Ces deux engins ne furent pas construits en série. Ces images sont donc très rares, mais il n'est pas sûr que dans les salles de cinéma, on ait bien compris qu'il s'agissait de nouvelles armes pour la "bataille finale"…

Côté américain, un seul véritable avion, un Curtiss P-40E, avec des cocardes d'avant mai 1942; peut être un avion capturé en Nouvelle-Guinée, car ce genre d'appareil n'intervint pas aux Philippines, ni dans les îles Salomon. Le reste : Consolidated B-24 Liberator, Lockheed P-38, Grumman Wildcat, n'est constitué que de maquettes.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.com

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