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QUADRILLE

 

QUADRILLE

 

Année : 1938
Pays : France
Genre : comédie
Durée : 1h 35 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Sacha GUITRY
Scénario : Sacha GUITRY

Acteurs principaux :
Sacha GUITRY (Philippe de Morannes), Gaby MORLAY (Paulette Nanteuil), Jacqueline DELUBAC (Claudine André), Georges GREY (Carl Erickson), Pauline CARTON (La femme de chambre).

Producteurs : Emile NATAN, Joseph SPIGLER
Musique : Adolphe BORCHARD
Photographie : Robert LEFEBVRE
Compagnie productrice : Les Films Modernes

Avions :

  • - Caudron C.635 Simoun
  • - Lockheed L-10A Electra, G-AESY en arrière plan
  • - Shorts L.17 Scylla G-ACJJ, en arrière plan

 

Notre avis :

A la fin des années 30, en France, comme ailleurs, il était de bon ton pour les réalisateurs d'insérer dans leur film, au moins une scène d'aéroport, même si le sujet n'avait rien à voir avec l'aviation. Cette scène était située au début du film, comme ici ou dans "La règle du jeu" (1938), ou tout à la fin, comme dans "Samson" (1936), voire au milieu, comme dans "Trois valses" (1938) ou "Le tourbillon de Paris" (1939). La plupart de ces scènes étaient tournées au Bourget, où une aérogare flambant neuve avait été inaugurée le 12 novembre 1937.

L'histoire commence quand Carl Erickson, un célèbre acteur américain, arrive à Paris, où l'attend une foule d'admiratrices. A l'hôtel, il reconnait une actrice française, Paulette Nanteuil, à laquelle il demande un autographe. Il est un de ses admirateurs et espère la revoir, mais elle lui a donné un faux nom, celui de son ami Claudine André, qui est journaliste…Erickson a rendez vous avec Philippe de Morannes, le rédacteur en chef de Paris-Soir, mais aussi l'amant de Paulette, depuis plusieurs années. Pour remercier Erickson de lui avoir accordé un entretien, Philippe donne à l'Américain une invitation pour aller voir la pièce de théâtre dans laquelle joue Paulette. Erickson se rend dans sa loge et, Paulette, tombée sous son charme, passe la nuit avec lui. Ils font des projets ensemble et Paulette en oublie même qu'elle devait se marier le lendemain avec Philippe ! Celui-ci se retrouve seul avec Claudine au charme de laquelle il n'est pas insensible, il finit même par vouloir l'épouser, ce qui ravit Claudine.

Cette petite comédie qui est une adaptation de la pièce de théâtre du même nom, fut écrite, réalisée, interprétée, par Sacha Guitry, pour lui-même. Il occupe le devant de la scène, les autres acteurs (de qualité : Gaby Morlay, Jacqueline Delubac, Pauline Carton…) étant là, seulement pour lui donner la réplique.

Mais la seule chose qui nous intéresse ici, sont les 27 premières secondes de ce film qui ont été tournées, en novembre 1938, sur l'aéroport du Bourget, juste devant le terminal (côté Arrivées/Douanes). 

 

Les avions du film :

Erickson arrive au Bourget dans un Caudron C.635 Simoun, dont il est impossible de voir l'immatriculation, le cameraman ayant pris grand soin d'éviter de la filmer, car l'avion est censé être américain ! Il est naturellement peu crédible qu'il arrive directement d'Hollywood avec son Simoun, ou alors après un long voyage, digne d'un Lindbergh ou d'un Wiley Post (distance Hollywood-Paris : 9095 km; autonomie du C.635 : 1 125 km). Erickson semble pressé de sortir, puisqu'il emprunte l'issue de secours et pas la porte.

Les volets sont restés sortis jusqu'à l'arrêt complet de l'appareil, alors qu'on doit les rentrer au roulage. Il ne comporte aucune marque extérieure, à part un mince filet délimitant le capot moteur. N'ayant trouvé aucune information sur ce Caudron, son identité reste donc un mystère…

On peut penser qu'Erickson serait plutôt arrivé avec un Stinson, un Fairchild, voire un Spartan. En 1938, il n'y avait pas beaucoup de Caudron Simoun aux USA. Le seul que nous connaissons était le N85E (ex F-ARCH), affecté à l'attaché de l'Air de l'ambassade de France à Washington, en novembre 1938. Il sera détruit dans un crash, en 2002, en France, avec le matricule F-AZAM. Notons que le Caudron Simoun est un avion très rare au cinéma.

Sur le tarmac, relativement vide, on voit un Lockheed L-10A Electra de la compagnie British Airways Ltd. Son immatriculation est visible sous l'aile "G-AESY" (s/n 1102). C'était un avion célèbre puisqu'il avait ramené le premier ministre Neville Chamberlain, de Munich, le 9 septembre 1938, peu avant le tournage. C'est en descendant de cet avion, à Croydon, que Chamberlain brandit le papier des catastrophiques "accords de Munich", qu'il lut devant la foule venue l'acclamer; il croyait encore que le chancelier Herr Hitler était un "gentleman" qui respecterait sa signature !

Le 15 août 1939, le Lockheed quitta Londres à destination de Copenhague. Après avoir fait escale à Hambourg, il s'écrasa en mer, près du pont reliant les villes de Vordingborg et Falster, suite à un feu de cabine. L'enquête ne put établir les causes exactes de cet accident auquel, seul, le pilote survécut. Quinze jours plus tard, la seconde guerre mondiale était déclarée…

Le dernier avion est aperçu vers le milieu du film (on ne sait trop d'ailleurs ce qu'il vient faire ici…). C'est un gros quadrimoteur biplan Shorts L.17 Scylla que l'on voit (rapidement) décoller d'un aéroport inconnu. Il porte le matricule "G-ACJJ"; c'est un des deux Short L.17 (s/n S.768) baptisé "Scylla", construits pour Imperial Airways Ltd. Livré au début de 1934, il sera mis sur la ligne Croydon, Paris, Bruxelles, Bâle et Zürich. Le 3 août 1934, il sera accidenté au Bourget, suite au blocage d'une roue. Il sera finalement détruit par une tempête, à Drem, en Ecosse, le 14 avril 1940, alors qu'il venait d'être réquisitionné par la RAF.

  

Christian Santoir

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