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POBEDA

 

POBEDA

 Vo Победа

(Victoire)

 

Année : 1938
Pays : URSS
Genre : aventures
Durée : 1 h 17 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Mikhail DOLLER, Vsevolod PUDOVKIN
Scénario : Vsevolod VISHNEVSKY, Nathan ZARKHI

Acteurs principaux :
Vladimir SOLOVYOV (Klim Samoylov, le pilote), Yekaterina KORCHAGINA-ALEKSANDROVSKAYA (la mère de Samoylov) A. ZUBOV (Sasha, le frère de Klim), S. OSTROUMOV (Lomov), NIKOLOZ SANISHVILI (Gudiashvili), Aleksandr GRECHANYY (Gorelov), Lyubov KALYUZHNAYA (Liza, la femme de Klim), Z. KARPOVA (Anya)

Musique : Yuri SHAPORIN
Photographie : Anatoli GOLOVNYA
Compagnie productrice : Mosfilms

Avions :

  • Beriev MBR-2
  • Tupolev ANT-25 
  • Tupolev ANT-14, document.

 

Notre avis :

"Pobeda" fut tourné pour le 20° anniversaire de la Révolution d'octobre. C'est un film à la gloire de l'aviation soviétique représentée ici par deux frères, tous deux pilotes militaires. Ce film parut aux États-Unis sous un tout autre titre, "Mother and sons" (Mère et fils), faisant passer les exploits aériens au second plan, derrière la solidarité familiale et le travail d'équipe. Le message est clair, les deux héros du film n'auraient jamais pu accomplir leurs missions sans l'aide des ingénieurs, des équipes au sol, du personnel radio, l'appui de leur famille, bref, sans l'aide des obscurs, des sans-grade, etc...

En fait, ce film montre un raid qui n'eut pas lieu mais qui fut programmé à la suite de ceux de Valery Chkalov et de Mikhail Gromov, en 1937. Il était prévu qu'un avion stratosphérique effectue un vol circumterrestre sans escale, au niveau du 60° parallèle, son altitude lui permettant de s'affranchir des contraintes météorologiques qui avaient gêné les raids précédents; mais la guerre mit fin à cette belle aventure. Le film glorifie aussi l'aviation polaire soviétique qui, dans les années 30, établit plusieurs exploits, comme l'établissement de la première station "SP1" à proximité du pôle nord, le sauvetage de l'équipage du navire "Tcheliouskine" pris dans les glaces, le premier vol URSS-USA par le pôle...

Après une rapide évocation des expéditions polaires soviétiques effectuées par des brise-glaces, mais aussi des avions, le film nous montre les préparatifs d'un vol circumterrestre qui doit être effectué par un équipage de trois aviateurs militaires, dont le pilote, Klim Samoylov, sur un avion spécial, le "Pobeda". Klim doit laisser derrière lui sa mère, Yekatarina, son épouse enceinte, Liza et son jeune frère, Sasha, pilote dans l'aviation de la Marine. Après le décollage, le radio du bord fournit régulièrement des informations sur le vol. Celles-ci sont retransmises à la population qui suit avec intérêt le déroulement du raid. Mais le contact est rompu. Un navire japonais signale que l'avion s'est abimé dans le Pacifique et qu'il n'y a aucun survivant... Le désespoir s'installe chez les Samoylov où Liza est sur le point d'accoucher. Cependant, l'avion est toujours en vol, la nouvelle était fausse. A Moscou, l'armée recrute des volontaires pour effectuer des recherches; Sasha se présente aussitôt avec plusieurs camarades. Entre temps, le "Pobeda", pris dans un violent orage, s'est posé sur une île arctique en faussant une roue. Jour après jour, les recherches se poursuivent sans résultat, alors que l'équipage du "Pobeda" est soumis à de rudes conditions climatiques. Le mauvais temps vient ralentir les recherches. Quand la météo s'améliore, elles reprennent aussitôt. Sasha finit par retrouver son frère et ses coéquipiers. La nouvelle est aussitôt transmise à sa famille. Le "Pobeda" réparé, peut redécoller. Il est accueilli à Moscou par une foule immense, ainsi que par les plus hautes autorités de l'État. Klim peut enfin retrouver sa mère, Liza et son nouveau né.

Le retour de Klim à Moscou fait plutôt penser à l'arrivée de Chkalov, Baidoukov et Belyakov, pour laquelle Staline s'était déplacé pour les féliciter. Le vol relaté qui finit sur une île, rappelle le premier record de distance établi par Valery Chkalov qui relia d'un seul coup d'aile Moscou au Kamtchatka (9 374 km), l'atterrissage ayant eu lieu par un temps exécrable sur l'île de Oudd, dans la mer d'Okhotsk. Une roue du train fut également endommagée. On peut s'étonner que les liaisons entre le "Pobeda" et les stations radio au sol se fassent uniquement en phonie; la VHF, à l'époque, avait une portée faible (Cf. « Le dernier vol d'Amelia Earhart »), surtout en zone polaire où la propagation des ondes est soumise à de fortes perturbations électromagnétiques. Le Morse (connu de tous les pilotes militaires) aurait mieux été adapté, sauf, naturellement, pour le cinéma "parlant", que ce soit à Moscou ou à Hollywood...

Bien que le réalisateur mette en scène des prolétaires, des gens ordinaires, comme la mère de Klim et de Sasha, une authentique "babouchka", on constate néanmoins que certains individus, comme le directeur de l'aéroport de Moscou, avec sa grosse limousine, ressemblent beaucoup à des capitalistes et doivent, à l'évidence, faire partie de la "nomenklatura"... On remarquera aussi le coup de patte à l'encontre des Japonais, malveillants, qui répandent de fausses nouvelles. Il est vrai qu'à l'époque du tournage, l'Armée rouge affrontait les Japonais en Mongolie, suite à l'"incident" frontalier de Nomonhan.

Enfin, ce film de propagande, n'oublie pas de montrer Staline aux cotés de Molotov et du camarade Khrouchtchev (premier secrétaire de la région de Moscou, en 1937), puis, après, au milieu des aviateurs, ses "faucons". Cette dernière scène fut sans doute filmée lors de la Journée de l'Aviation instaurée par Staline tous les mois d'août et qui se tenait sur l'aérodrome de Tushino.

 

Les avions du film :

L'avion stratosphérique de record est représenté par deux avions à peu près identiques (vus de loin). Au début du film, on voit un vrai Tupolev ANT-25 muni d'un hélice bipale de grand diamètre. On bénéficie de plusieurs vues de cet appareil, peint de couleur sombre, au décollage et à l'atterrissage. Ce pourrait être la version militaire de l'avion de record  qui fut construit à vingt exemplaires..

L'autre avion est en réalité, une maquette à l'échelle 1 d'un avion sans cockpit apparent (juste une ouverture au dessus), le fuselage muni de trois hublots de chaque coté, derrière le moteur et le moteur équipé d'une hélice tripale. Cette maquette ressemble beaucoup à un Tupolev BOK-15 avec un train d'atterrissage approximatif. Mais dans le BOK-15, les pilotes étaient assis côte à côte, le commandant de bord disposant d'une petite verrière en forme de goutte d'eau. Le "Pobeda" est de couleur argent avec un éclair sur le fuselage, un capot en partie noir, et le nom "Pobeda" marqué au niveau du cockpit. Les travaux sur le BOK-15 commencèrent dès 1938, mais il ne vola qu'en octobre 1939. Deux prototypes furent construits. Cet avion avait un plafond pratique de 11.300 mètres et une autonomie maximale de 24.000 kilomètres...

Les recherches et le sauvetage du "Pobeda "sont effectuées par un hydravion Beriev MBR-2.

Les autres avions apparaissent sur des extraits de documentaires. On voit ainsi au début du film, un Polikarpov R-5, posé sur la banquise, survolé par un autre appareil du même type, deux bombardiers ANT-4 TB-1 en vol, et un chasseur Polikarpov I-5.

A la fin du film, deux Tupolev TB-1 escortent le "Pobeda" à l'atterrissage. Lors du meeting, deux bombardiers lourds TB-3 volent en formation avec un Tupolev ANT-14 à cinq moteurs.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

 

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