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PILOTI


PILOTI

(Les pilotes) 


Année : 1988
Pays : Tchécoslovaquie, URSS
Durée : 1 h 23 min.
Genre : guerre
Couleur

Réalisateurs : Igor BITYUKOV, Otakar FUKA
Scénario : Otakar FUKA, Jirí S. KUPKA

Acteurs principaux :
Petr STEPANEK (Jan Trejbal), Karel GREIF (sous Lieutenant Jandák), Peter RUFUS (Karol Halaj), Michal GUCIK (Martin Gabriel), Ilona SVOBODOVA (Alene), Boris SHCHERBAKOV (Lezhnev).

Musique : Jirí SUST
Photographie : Vladimir BOGANOV, Jan KVACA, Jirí TARANTIK
Producteurs : Petr FELLER, Jaromír LUKAS
Compagnies productrices : Filmové Studio Barrandov, Mosfilm

Avions :

  • -Avia S.199 Mezec 
  • -Fieseler Fi.156 Storch / Mraz K-65 Cap
  • -Ilyushin Il-10M
  • -Lisunov Li-2T
  • -Polikarpov U-2
  • -Supermarine Spitfire Mk. IXE, au sol
  • -Yak-50
  • -Zlin Z-226 Trener

 

 Notre avis :

Si l'engagement des pilotes tchécoslovaques dans la RAF, lors de la dernière guerre mondiale, est bien connu, leur faits d'armes aux cotés de l'Armée rouge l'est beaucoup moins. Lors de l'annexion de la Bohème-Moravie en mars 1939 et de l'indépendance consécutive de la Slovaquie, près de la moitié des pilotes des forces aériennes tchécoslovaques, choisirent de quitter le pays pour rejoindre la France où ils étoffèrent les rangs de l'Armée de l'Air. Peu avant l'armistice, ils passèrent en Angleterre où la RAF accueillit ces pilotes aguerris. En février 1944, vingt de ces pilotes, commandés par le wing commander Frantisek Fajtl partirent pour l'URSS, suivant les accords passés entre le gouvernement tchécoslovaque en exil et l'URSS, pour soutenir le soulèvement national slovaque d'août 1944. Ils furent rejoints par des déserteurs de l'armée de l'air slovaque qui combattaient aux cotés de la Luftwaffe, contre les Soviétiques. Ils formèrent un régiment tchécoslovaque indépendant. En mai 1945, les pilotes tchèques et slovaques retrouvaient Prague, leurs camarades de la RAF les rejoignant en août. La participation des pilotes de chasse tchécoslovaques à la bataille d'Angleterre, fut le sujet du film "Dark blue World" (2001), inspiré par la vie de Frantisek Fajtl qui écrivit plusieurs livres tirés de son expérience. En 1968, un autre film, "Nebeští jezdci", avait déjà traité des pilotes tchécoslovaques dans une unité de bombardement de la RAF. "Piloti", un film totalement oublié, est donc le troisième sur le même sujet, mais avec des pilotes combattants aux cotés des Soviétiques.

Le tournage bénéficia de l'aide du musée des forces aériennes soviétiques de Monino, du Ministère fédéral tchécoslovaque de la Défense, du musée de l'air de Prague-Kbely et de l'association Svazarm, une organisation para militaire gérant plusieurs aéroclubs.

L'histoire commence quand, peu après l'annexion de son pays au III° Reich, le pilote Jan Trejbal fait ses adieux à sa mère et passe, seul, la frontière polonaise. A Gdansk, il s'embarque pour la France. En 1940, il combat avec l'Armée de l'Air et obtient plusieurs victoires. Mais suite à l'invasion allemande, il doit passer en Grande-Bretagne, c'est alors que son amie, une infirmière, est tuée sur une plage, ce qui le marquera durablement. Pendant quatre ans, avec la RAF, il accroît son score. En 1944, devenu commandant, il se porte volontaire pour aller combattre aux cotés des Soviétiques qui avancent en Europe de l'est et viennent d'entrer en Pologne. Une escadrille regroupant Tchèques et Slovaques est créée. Trejbal est également chargé de la formation des nouvelles recrues. Entre les combats, les jeunes pilotes flirtent avec le personnel féminin de l'intendance. Un jour, Jan Trejbal est descendu, alors que son groupe opère à la frontière de la Tchécoslovaquie. Le film se termine, avec de jeunes pilotes ayant combattu sous ses ordres, venant remettre à sa mère ses affaires personnelles.

Le parcours de Trejbal entre la Tchécoslovaquie et l'Angleterre, soit de 1939 à 1944, ne prend que six minutes; tout le reste du film étant consacré à ses combats au sein des forces soviétiques. Un an avant la "révolution de velours" et alors que des fissures apparaissent dans le "bloc de l'Est", cette coproduction soviéto-tchécoslovaque insiste sur l'amitié entre la Tchécoslovaquie et l'URSS, celée par la guerre. Les Soviétiques y sont présentés de façon très positive. Rappelons néanmoins que l'instauration d'un régime communiste à Prague, en 1948, signifia le début des ennuis pour les pilotes qui avaient servi dans la RAF; ceux qui ne purent s'exiler, furent emprisonnés, voire tués, y compris ceux qui avaient combattu avec l'Armée rouge ! Le nouveau gouvernement communiste tchécoslovaque les jugeait trop "contaminés" par le capitalisme et leur préféraient les pilotes slovaques qui ne furent pas inquiétés. On pensait sans doute, qu'après sept ans de nazisme, ces derniers étaient plus susceptibles de supporter un autre régime totalitaire…Il fallut attendre, 1989, et le changement de régime, pour que les services des pilotes tchèques de la guerre soient enfin reconnus. Dans le même temps, le film passa aux oubliettes…

Le scénario, assez déroutant, de ce film de série B repose sur une série de portraits juxtaposés. On commence avec Jan Trejbal, mais dés son arrivée en URSS, il passe au second plan et le film ne s'intéresse plus qu'au sous lieutenant Jandak, une jeune recrue affectée à l'escadrille. On suit ses débuts, de ses premiers tests en vol à sa première victoire, mais aussi ses amours avec Elena, une jeune estafette. Puis vers la fin du film, c'est l'arrivée d'un pilote russe qui focalise l'action. Côté technique, le manque de moyens est visible et les effets spéciaux semblent dater des années cinquante. Tous les combats aériens sont reconstitués avec des maquettes télécommandées. Restent les avions filmés au sol, sortis des musées de Prague et de Monino.

 

Les avions du film :

La frontière polonaise est surveillée par un Fieseler "Storch" qui a l'air d'être authentique. Le Fieseler Fi.156 fut construit pendant la guerre par la firme Benes-Mraz en Bohème-Moravie et la production se poursuivit après la fin du conflit, sous le nom de Mraz K-65 "Cap". Il équipa alors les aéroclubs du Svazarm comme remorqueur de planeurs. Celui-ci porte les couleurs de la Luftwaffe avec le code "CB+GF". Un K-65 est exposé à Prague-Kbely.

Pour l'épisode français, deux Zlin Z-226 "Trener", appartenant sans doute à un aéroclub, sont peints approximativement comme des Morane-Saulnier 406, en 1940, avec "MS.406" sur le gouvernail.

En Angleterre, Jan Trejbal a pour monture un magnifique Supermarine Spitfire Mk. IXE avec le code "N-NN" du squadron 310 de la RAF, une unité tchécoslovaque qui fut équipée du Mk.IX à partir de 1944. Cet avion qui fait partie de la collection du musée de Prague-Kbely (avec le serial TE565) depuis 1970, fut livré à la force aérienne tchécoslovaque juste après la guerre (code A-712). En l'air, il est remplacé par une maquette télécommandée.

Un Lisunov Li-2T, qui lui aussi ne vole pas, mais se contente de rouler, est doublé par une maquette et une vue en vol d'un Ilyushin Il-14M (à train tricycle…). Ce DC-3 soviétique, avec un emplacement pour une tourelle dorsale et une porte située à droite, est celui du musée de Monino (c/n 184 188 09) qui le reçut en 1959.

L'escadrille tchécoslovaque est équipée d'au moins sept Yak-50, modifiés, qui ressemblent ainsi à des Lavoshkin La-11 (un modèle qui n'entra en service qu'en 1946...) : capot moteur agrandi avec deux prises d'air, hélice tripale, dos du fuselage surélevé avec modification de la verrière d'origine, dérive moins arrondie, train d'atterrissage muni de fausses trappes (le train du Yak 50 se relève vers l'arrière, les roues restant à moitié découvertes, et non latéralement, vers l'intérieur..). Ces avions roulent, mais n'essaient pas de voler pas dans cette configuration et sont remplacés en vol par des maquettes le La-5/7. Dans les vues rapprochées filmées en studio, le cockpit est celui d'un La-5/7.

Sur un terrain enneigé, est parqué l'Ilyushin Il-10M du musée de Monino, que l'on retrouve avec un camouflage deux tons (vert/marron) vers la fin du film. On remarquera alors que la verrière du pilote s'ouvre vers la droite, comme celle du mitrailleur, mais qu'elle dispose d'un panneau blindé rabattable vers le bas; le tube de l'arme du mitrailleur est muni d'un étrier destiné à fixer une cinémitrailleuse. L'appareil est doublé en l'air par une maquette volante d'Il-2 Sturmovik. Rappelons que L'Il-10M ne fit son premier vol qu'en juillet 1951 et ne put donc participer à la guerre. Derrière, on aperçoit, un autre avion du même musée, le Tupolev Tu-2.

Monino fournit également le biplan Polikarpov U-2 avec lequel les jeunes recrues s'entraînent à leur arrivée en escadrille, leur commandant n'ayant pas l'air d'apprécier la qualité de leur formation dispensée dans les écoles soviétiques…

Coté allemand, on ne voit qu'un seul véritable avion, au début du film :  un Messerschmitt Me-109G-14 ou plus exactement, un Avia S.199 "Mezec" (prise d'air du carburateur du Jumo 211 à droite, larges pales d'hélice), vu de l'arrière. Une bâche a été jetée sur la verrière (faite d'une simple bulle), pour dissimuler sa différence d'avec son modèle germanique. Cet appareil est exposé au musée de Prague-Kbely (UC-26, c/n .199-256). Pour les combats, on utilisa des maquettes de Bf-109G et de Focke-Wulf Fw.190 D9 "long nez". Bf.109 et Fw.190 portent tous l'insigne "Pik As" du JG.53 qui combattit, entre autres, en Russie, en Roumanie, mais aussi en Hongrie et en Tchécoslovaquie, en  1945. Seul problème, le JG.53 n'a jamais été équipé de Focke Wulf Fw.190, à notre connaissance…

 
 

Christian Santoir

 *Film disponible sur https://ulozto.net/

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