PILOT #5
Année : 1943
Pays : Etats-Unis
Genre:guerre
Durée : 1 h 10 min.
Noir et blanc
Scénario :David Hertz
Acteurs principaux :
Franchot Tone (George Braynor Collins), Marsha Hunt (Freddie Andrews), Gene Kelly (Vito S. Alessandro), Van Johnson (Everett Arnold), Alan Baxter (Winston Davis), Dick Simmons (Henry Willoughby Claven), Steven Geray (Major Eichel), Howard Freeman (gouverneur Hank Durban), Frank
Puglia (Nikola Alessandro)
Musique : Lennie Hayton, Johnny Green
Producteur : B.P. Fineman
Compagnie productrice : MGM
Avions :
- North
American T-6, modifié en Mitsubishi Zéro
- Seversky SEV–S2, maquette éch. 1/1
Notre avis :
Cette curiosité de la MGM, basée sur un scénario de David Hertz, est un film patriotique à petit budget. Très vraisemblablement, « Pilot #5 » n’aurait pas reçu la coopération de l’Armée, si, toutefois, les studios l’avaient demandée. Ce film se passe à un des pires moments de la retraite alliée en Indonésie, et met en scène une poignée de pilotes américains isolés, attendant des ordres qui n’arrivent pas. Le héros du film est un homme qui a subi de nombreux échecs, suite à de multiples erreurs, et qui arrive à remonter la pente et à se racheter. Cette histoire ressemblait un peu à celle de l’Oncle Sam, au début de la guerre…
En mars 1942, sur l’île de Java, le major hollandais Eichel, à la tête d’un groupe de soldats alliés, doit choisir un pilote pour accomplir une mission suicide contre un porte-avions japonais, avec le seul appareil encore disponible. Eichel choisit le lieutenant George Collins. Après qu’il ait décollé avec son avion lesté d’une bombe, Eichel demande aux autres pilotes ce qu’ils savent de Collins. Tout le monde l’a connu sous un jour différent. Son meilleur ami, Henry, se rappelle de lui comme d’une étudiant en droit très brillant. Davis, alors qu’il était sergent recruteur de l’US Army Air Corps, mentionne que sa candidature a été rejetée suite à une note défavorable du directeur de son université. Des années auparavant, George avait été mis au ban de sa ville après avoir travaillé pour un gouverneur corrompu, Durban. Mais impressionné par son esprit combatif, Davis avait finalement enrôlé George. Le radio, Vito, raconte comment, lorsqu’il était juriste, travaillant pour le même gouverneur Durban, il rencontra George. George aida Durban à exproprier de nombreux fermiers de leur terre, dans le cadre d’un vaste projet immobilier, jusqu’au jour où une enfant handicapée fut tuée lorsque les hommes de Durban voulurent expulser ses parents. C’est à ce moment là qu’il s’engagea dans l’Armée, et qu’il put revoir sa petite amie Freddie qui l’avait quitté, pour un dernier au revoir. Eichel comprend maintenant d’où George tire son courage. Lui et les autres pilotes entendent George à la radio alors qu’il descend plusieurs avions japonais, puis plonge sur leur porte avions. Après ce sacrifice, Eichel proclame que « tout fasciste sera abattu » !
Il est intéressant de noter qu’une épidémie d’attaques suicides sévit à Hollywood entre 1942 et 1943. Dans « Captains of the clouds » (1942), James Cagney précipite son Hudson sur un Messerschmitt ; dans « Flying Tigers » (1942), John Caroll plonge sur un train de munitions japonais ; dans « Aerial gunner » (1943), Chester Morris donne sa vie pour sauver son équipage ; dans « Bombardier » (1943), Randolph Scott se sacrifie pour marquer un objectif ; dans « We’ve never been licked » (1943), Richard Quine jette son avion sur un porte-avions japonais, comme Spencer Tracy dans « A guy named Joe » (1943) , mais il s’agit alors d’un porte-avions...allemand !! Se sacrifier pour son pays, ou pour ses camarades, était alors considéré aux USA comme un acte noble et vertueux. Mais dans les derniers années de la guerre, quand les Japonais firent exactement la même chose (à croire que les kamikaze avaient regardé les films américains...), on les décrivit comme de purs robots sans cervelle, des déments, conditionnés pour sacrifier leur vie pour rien. Cinquante ans plus tard, le sujet est toujours d‘une brûlante (et explosive) actualité, ailleurs...
Les avions du film :
Les scènes aériennes reposent entièrement sur les effets spéciaux. Le seul « avion » utilisé par le tournage est la maquette grandeur réelle du Seversky de « Test pilot » (1938), que l’on retrouve dans « Too hot to handle (1938), « Flight command » (1940), et qui servira encore sous les couleurs japonaises dans « Never so few » en 1959 ! Cette maquette représentait au départ un Seversky SEV–S2. Dans le film, on y a rajouté deux mitrailleuse de capot pour le faire ressembler à un P-35, bien que la verrière ne soit plus conforme. Par ailleurs, on peut douter de la présence de P-35 américains à Java, en mars 1942. Leur dernière sortie opérationnelle fut effectuée en mai 1942, à Mindanao (Philippines).
Le film utilise aussi une autre maquette à l’échelle 1 pour simuler un Zéro. Elle semble être construite sur une base de North American T-6 (vu l’aile), avec un verrière modifiée.
Pour remplacer les avions japonais, on eut recours à de petits bouts de films montrant des racers, dont un Folkerts et un Marcoux Bromberg, sortis tout droit de « Test pilot », mais aussi des Supermarine Spitfire, et au moins, un Curtiss P-40.
Christian Santoir
* Film rare
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