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PICHE : ENTRE CIEL ET TERRE

 

PICHE : ENTRE CIEL ET TERRE

 

Année : 2010
Pays : Canada
Genre : Drame
Durée : 1 h 47 min.
Couleur

Réalisation : Sylvain ARCHAMBAULT
Scénariste : Ian LAUZON

Acteurs principaux :
Michel COTE (Robert Piché), Maxime Le FLAGUAIS (Robert Piché jeune), Sophie PREGENT  (Régine), Jules St-JEAN (Paul-André Piché), Sarah-Jeanne LABROSSE (Geneviève Piché), Jeanne POTVIN (Estelle Piché), Normand D'AMOUR (Le thérapeute).

Musique :  Michel CORRIVEAU
Photographie : Ronald PLANTE
Producteur : André DUPUY
Compagnie productrice : TVA Films

Avions :

  • Airbus A330-243, C-GITS, images
  • Boeing 737-202C, C-GQBC
  • British Aerospace BAe 3212 Jetstream 31, C-GQJT
  • Cessna P206A, C-FESC, en arrière-plan
  • Piper PA-23-250 Aztec, C-GSYH


 Notre avis :

Ce film canadien met à l'honneur le commandant de bord Robert Piché, de la compagnie canadienne Air Transat qui, le 24 août 2001, devint un héros, en sauvant la vie de 306 personnes, après avoir poser un jet de 180 tonnes, sans moteur, sur un aéroport militaire des Açores.

Le vol Air Transat TS 236 avait décollé de Toronto/Pearson, à destination de Lisbonne. L'avion était un bimoteur, un Airbus A330. Alors qu'il avait parcouru les deux tiers de son trajet, des indications de pression d'huile et de températures trop basses alertèrent les pilotes. Le centre technique de Mirabel contacté, ne put apporter aucune explication. Ces alertes furent mises sur le compte d'un dysfonctionnement de l'ordinateur de bord. Vingt minutes plus tard, nouvelle alarme concernant le déséquilibre du niveau de carburant dans les réservoirs des deux ailes. Le commandant fait activer le by-pass. Mais le déséquilibre persistant, il suspecte une fuite. Il envoie la chef de cabine inspecter l'aile pour détecter d'éventuelles trainées de kérosène, mais comme il fait nuit, elle ne voit rien. Bientôt le copilote s'aperçoit qu'il ne reste plus de carburant; les moteurs s'arrêtent l'un après l'autre…Le commandant de bord décide d'éviter un amerrissage, trop risqué, et préfère se dérouter sur Lajes, aux Açores, qu'il rejoint après un vol plané de vingt et une minutes. Les pilotes ne disposent que de quelques systèmes électriques et hydrauliques, alimentés par une éolienne. L'avion arrive trop haut et trop vite. Le commandant fait des manœuvres en "S", une série de virages serrés, destinés à perdre de l'altitude et ralentir l'appareil, qui touche néanmoins durement la piste, à environ 370 km/h , ce qui fait éclater les pneus du train principal. Mais l'avion peut s'arrêter avant la fin de la piste et les passagers évacuent l'appareil sans trop de mal.

Précisons que Lajes est une base militaire portugaise, mais aussi une base de l'OTAN, abritant un détachement permanent de l'USAF. C'était un aéroport bien équipé, disposant d'une piste de 3314 m de long. C'était donc un bon choix et le seul, d'ailleurs…(l'aéroport de Las Flores, 20 km plus à l'ouest, n'a qu'une piste de 1400 m seulement, encadrée par des falaises). Ce fut la chance du vol TS236 de se trouver à portée de cet aéroport, un amerrissage, réussi ou non, ayant été une catastrophe, en plein milieu de l'Atlantique.

Ce vol plané passe pour le plus long de l'histoire de l'aviation, ce qui est faux ! Le 15 mars 1959, la Caravelle d'Air France F-BHRA, remplie de passagers, fit une démonstration (volontaire) de sa finesse. Après une montée au-dessus de Paris, à 13200 m, les pilotes redirent à fond les moteurs et commencèrent un vol plané vers Dijon (à 265 km de là), atteint 46 minutes plus tard, à 1600 m d'altitude, dans un silence parfait. Les gaz ne seront remis qu'en finale, pour assurer la sécurité des passagers. Le vol d'Air Transat détient (involontairement) le record du plus long vol plané, dans la catégorie "gros porteur" (masse au décollage du A330-200 : 238 tonnes, celle de la Caravelle III : 48 tonnes).

Il y eut d'autres vols planés, comme le vol 143 d'Air Canada, surnommé le "planeur de Gimli", quand, le 23 juillet 1983, un Boeing 767 s'est retrouvé à court de carburant et dut atterrir sur une ancienne base aérienne militaire, à Gimli (Manitoba). Il y eut aussi l'Airbus A310 du vol 3378 de la compagnie allemande Hapagfly, qui se posa, le 12 juillet 2000, 500 m avant le seuil d'une piste de l'aéroport de Vienne, vers lequel il s'était dérouté.

Comme très souvent, la panne de l'A330 était due à un problème de maintenance. Le moteur droit avait été changé, mais ne disposant pas des raccords de la pompe hydraulique, on avait utilisé les anciens, qui avaient frotté contre la conduite de carburant, en provoquant la fuite. Les dirigeants de la compagnie avaient estimé que l'avion devait revoler rapidement, sans attendre les pièces adéquates…Il s'agissait donc surtout d'un problème d'argent et on sait qu'argent et sécurité font mauvais ménage, surtout en aviation !

On ne peut incriminer les pilotes qui n'étaient pas les seuls à ne pas savoir d'où venait la panne, mais quand ils ont suspecté une fuite, ils auraient dû aussitôt arrêter le by-pass, qui vidait les deux réservoirs d'ailes. Dans le film, Piché demande à la chef de cabine de se munir d'une lampe torche, pour détecter une éventuelle fuite, ce qu'elle ne fait pas, et se contente de regarder par le hublot, pour ne rien voir (on ne sait si ce détail est réel). De toutes façons, le copilote aurait été plus indiqué pour cette vérification…

En 2014, Robert Piché est toujours pilote pour Air Transat, tandis que Dirk de Jager, son copilote, est maintenant chez Emirates.

Cet événement qui a eu une grande répercussion médiatique au Canada, fut présenté dans le 6e épisode de la première saison de la série télévisée "Danger dans le ciel". Ce film a sans doute inspiré aussi, le scénariste du film "Flight" (2012), avec Denzel Washington dans le rôle d'un pilote de ligne qui boit et se drogue, mais qui est un expert.

Le film raconte dans les détails, avec véracité, le vol TS 236, raconté au fil de nombreux flashbacks. Mais il raconte également les antécédents de Piché quand, en 1983, après avoir été licencié par Quebecair, en difficulté financière, il accepta de transporter de la drogue entre les Etats-Unis et la Jamaïque, pour gagner sa vie. Arrêté, il fut condamné à dix ans de prison, mais ne fit que seize mois et sera libéré pour bonne conduite. Puis, il fera plusieurs petits boulots et sera finalement engagé, en 1990, par la petite compagnie française "Air-Provence-International" basée à Marignane. En 1996, il passera chez Air Transat qui exploitait une ligne Nice-Montréal. C'est d'ailleurs cette année, et dans cette compagnie, qu'il rencontra sa femme actuelle, Régine. Le film s'étend longuement sur son séjour en prison, puis sur son addiction à l'alcool, révélée par les médias, après son exploit, et qu'il devra soigner.

En 2010, le film fut le plus grand succès du cinéma québécois au box-office, avec des recettes totalisant environ 3 578 400 dollars canadiens. Le commandant Piché fait des conférences dans les prisons, les centres de désintoxication, et il a créé une fondation pour soulager les addicts à l’alcool, aux drogues.

L'aérocinéphile regrettera que Piché soit, dans le film, trop sur terre et pas assez dans l'air… Le film ne comporte que des scènes aériennes reconstituées en images de synthèse. Les seuls vrais avions ont été filmés au sol, sur les aéroports de Toronto/Pearson, Montréal/Saint Hubert et le petit terrain de Saint-Robert, qui passe pour celui de Reidsville, en Géorgie.

 

Les avions du film :

Au début de sa carrière, Piché vole sur un British Aerospace BAe 3212 Jetstream 31  (C-GQJT, c/n 886), du moins dans le film. Il appartient à la compagnie Pascan Aviation. Construit en 1990, cet appareil fut exploité par plusieurs autres compagnies, aux USA :  Pan Am Express en 1990 (N3136), Trans World Express en 1991, avant de retourner chez British Aerospace, en 1994. En septembre 2000, il fut loué à Corporate Flight Management (N886CP) jusqu'en 2002, puis stocké à Kingman (AZ). En 2006, il fut vendu au Canada à Alta Flights (C-GQJT) et, en juillet 2008, enregistré au nom de Pascan qui l'exploite toujours en 2014.

Plus tard, Piché et sa petite amie se prennent en photo au milieu d'appareils de tourisme, parmi lesquels on peut distinguer un Cessna P206A "C-FESC" (c/n P206-0189). Construit en 1965, il fut d'abord enregistré aux USA (N2689X), puis  exporté au Canada, en 2009. Il y a aussi, non loin, un Aermacchi AL-60-F5 Trojan "C-GKDC" (c/n 53-6233), qui lui aussi venait des USA (N96038), et fut importé en 2004. Piché est également vu aux commandes d'un Cessna 150, non identifiable.

Puis, on voit rouler un Boeing 737-202C "C-GQBC" (c/n 19426/72) de Quebecair. Construit en 1968, il commença sa carrière avec Wien Air Alaska, avant d'être revendu à Quebecair, en 1984. Il repassa aux USA, en mars 1986 (N801AL) et fut enregistré au nom d'Aloha Airlines en juillet 1989. En avril 1996, il  sera revendu à Aero Zambia (9J-AFW). Loué, entre 1997 et 1999, à la compagnie sud-africaine Interair, l'avion fut réformé en 2001 à Pietersburg/Polokwane (Afrique du sud). Il y était encore en 2014, sur l'aéroport international de Polokwane, apparemment en triste état…

Piché essaie de gagner sa vie en transportant de la drogue, avec un Piper PA-23-250 Aztec "C-GSYH" (c/n 27-4214). Cet avion, construit en 1969, est un vétéran, il fut d'abord immatriculé "N28EA" et il était enregistré au nom de Blue Horizon Enterprises Inc. en Floride, jusqu'en en 2006. Il a conservé la décoration rouge et blanche qu'il avait à cette époque, alors que, depuis 2006, il est exploité par la compagnie québécoise Cargair, basée sur l'aéroport de Montréal/St Hubert. La planche de bord montrée est bien celle d'un Aztec

On remarque, au passage, le petit avion suspendu au-dessus du tableau de bord du Piper. C'est Un Republic P-47D Thunderbolt, (s/n 44-20473), portant les bandes du Débarquement et le code FT-L, du 353Fighter Squadron (354FG) de la 9th Air Force.

A "la Jamaïque" (en fait, à Cuba), on remarque sur le bord de la petite piste de brousse, l'épave d'un Yak-18T, sans sa jambe de train avant.

En "Géorgie", sur le terrain municipal de "Reidsville", un policier est en train de charger un Cessna 172 portant le faux matricule "N-55CG". Le vrai serait plutôt du genre C-xxCG, mais là, il y a au moins six C.172 qui pourraient correspondre...

L'Airbus A330-243 (C-GITS) du vol TS 236 a été reconstitué en CGI. Si le vues extérieures de l'appareil sont correctes, celles de l'intérieur le sont moins. Le glass cockpit reconstitué en CGI, ne correspond pas à celui d'un A330. Le panneau du pilote automatique montré est celui d'un Airbus A320.  La cabine, avec huit sièges de front (2-4-2) en classe economy, ne correspond pas à celle du C-GITS, qui en avait neuf (3-3-3). Cet avion fut réceptionné par Air Transat en avril 1999 et il est toujours en service. Depuis 2009, il est loué, chaque année (avec deux autres A330 d"Air Transat) à la compagnie indonésienne Garuda, pour transporter les pèlerins se rendant à la Mecque.

 

Christian Santoir

* Film  disponible sur amazon.fr

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