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OTOME NO IRU KICHI

 

OTOME NO IRU KICHI

Vo. 乙女のいる基地

(La base des jeunes filles) 

 

Année : 1945
Pays : Japon
Durée : 1 h 12 min.
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur :Yasushi SASAKI
Scénario : YoshiroÌ TSUJI

Acteurs principaux :
MITO Mitsuko, SANO Shūji, HARA Yasumi, TŌNO Eijirō.

Compagnie productrice : Shochiku

Avions : 

  • Kokusai Ki-76 Type 3, en arrrière-plan
  • Mitsubishi Ki-51a Type 99
  • Mitsubishi Ki-46II Type 100


Notre avis :

Ce film sortit à Tokyo, le 26 avril 1945, quinze jours après un bombardement massif par les B-29 américains et un mois avant un autre, tout aussi dévastateur. En 1945, au Japon c'était la guerre totale et la population se trouvait maintenant en première ligne, les villes étant régulièrement bombardées. Toute la population était mobilisée. En août 1944, fut promulguée une ordonnance, le Joshi Teishintai Kinrou Rei, instaurant la création d'un corps de travailleuses "volontaires", mobilisant toutes les femmes entre 12 et 39 ans, pour effectuer des travaux d'intérêt général. Les jeunes hommes étant tous au front, les femmes étaient employées dans les usines d'armement, mais aussi, sur les bases aériennes où elles remplaçaient les "rampants", chargées de la manutention des avions et de leurs entretien, sous la direction de quelques anciens, inaptes aux combats. Ces femmes étaient souvent très jeunes, sortant directement du lycée, et prenaient très à cœur leur travail, plutôt pénible. Ce film reçut l'approbation de la censure et fut réalisé avec l'aide de l'aviation de l'Armée impériale. Il fut également parrainé par le Dainihon Fujin Kai (Association féminine du Grand Japon). Après la guerre, "Otome no iru kishi" fut interdit par les Américains et subit quelques coupures, d'où sa faible longueur.

Le film fut tourné en décembre 1944, sur le petit terrain de Choshi-Kasugadai (préfecture de Chiba), où était installée une branche de l'école de pilotage de l'Armée de Shimoshizu (Shimoshizu Rikugun Hikogakuko). A Choshi, étaient basées deux unités d'attaque spéciales (Shinbu-taï), plus connus sous le nom de "kamikazes", les Dai 23 et Daï 62 Shinbu-tai, issues de l'école de Shimoshizu. Ces unités menèrent dix sept attaques sur des bateaux américains, à l'ouest d'Okinawa, en avril 1945.

L'histoire se passe sur une base de l'Armée (Choshi) où opère un corps de volontaires, chargées de la maintenance des avions, recrutées dans la ville toute proche. Ces jeunes filles ont obtenu des résultats bien au-delà des attentes de leur patron, un vieux mécano. Elles essaient aussi d'entretenir le moral des pilotes en leur montrant des petits signes d'attention, notamment en leur offrant des petites poupées porte-bonheur qu'ils emmènent avec eux lors de leurs missions. Quand un avion, dont elles s'étaient occupées, revient avec un moteur qui a des ratés, elles se mettent aussitôt au travail pour trouver la panne. La réparation se prolonge toute la nuit, bien que leur chef leur ait conseillé de prendre quelque repos. Au matin, le moteur tourne rond, et les filles, oubliant leur fatigue, sautent de joie ! Elles forment un groupe très soudé. Une des jeunes filles, Aoki, est fiancée, mais hésite à quitter son groupe. Quand la jeune sœur de son fiancé, Junko, revient à la maison après que son mari soit parti à la guerre, elle lui offre de la remplacer. Un jour, elles apprennent qu'un avion qui a eu des ennuis mécaniques s'est écrasé en tuant son pilote. Elles organisent alors des funérailles et enterre une mascotte qu'une fille avait fabriquée pour lui. Pendant la cérémonie, un pilote s'approche et se fait expliquer ce qui se passe, il déclare alors "Nous, pilotes, sommes  vraiment heureux que vous toutes preniez tant soin de nous". Il partira peu après pour sa dernière mission…Car, sur la base, s'est installée une unité de kamikazes, qui va utiliser les avions entretenus et choyés par les mécaniciennes, ce qui les déconcerte quelque peu. Le film se termine sur la cérémonie du départ des kamikazes qui, après avoir bu une tasse de saké et être passé devant les jeunes filles et les employés de la base, en les saluant, s'envolent vers leur dernière mission.

Ce n'est que graduellement que l'on s'aperçoit que la base est le siège d'un unité d'attaque spéciale. Les avions que les jeunes filles traitent comme leurs bébés, sont destinés à une fin tragique ! Cela devait être plutôt frustrant de savoir que tout le travail fourni, les  liens amicaux tressés avec les pilotes, allaient être réduits à néant, en très peu de temps. Les pilotes saluent les filles, les remercient pour tous leurs efforts, puis sautent dans leurs avions. Malgré une musique joyeuse et une ambiance de match de football, le visage des jeunes filles est figé; l'une d'entre elles penche la tête, les mains jointes comme dans une prière. Cette séquence trahit l'incapacité du réalisateur à trouver une réponse adéquate à une situation cauchemardesque.

On remarquera les petites poupées mascottes (masukotto) que les filles fabriquent pour les pilotes. On sait que dans tous les pays, les pilotes sont des gens superstitieux; pendant le guerre, certains emportaient dans leur cockpit toutes sortes de porte-bonheurs. Les tokkotai (kamikaze) portaient ces amulettes autour du cou ou de leur taille, sous leur uniformes généralement. Ces mascottes étaient données par des mères, des sœurs, des petites amies, qui désiraient être ainsi "avec" les pilotes, jusqu'au dernier moment et ces poupées permettaient cette intimité particulière. Certains tokkotai accrochaient leur mascotte au tableau de bord; ils lui parlaient en vol et en la regardant, ils voyaient, à travers elle, le visage de leur mère, de leurs sœurs, de leurs épouses, ou de leur fiancées.

Ce film a été tourné avec deux types d'avions, rares au cinéma, même au Japon, ce qui fait qu'il mérite le "détour". Les avions sont filmés au sol ou à partir du sol, car il n'y pas de scène aérienne proprement dite.

 

Les avions du film :

Les avions entretenus par les jeunes filles sont des Mitsubishi Ki-51a Type 99 (code allié Sonia), des bombardiers légers qui combattirent pendant toute la guerre. Ils servaient également d'avion d'observation et d'entraînement. Cet appareil était très apprécié par ses équipages de par sa robustesse.

Ce avions sont de couleur uniforme, peints tout en gris clair (schéma de type "O"). Leurs hinomaru sont sans bordure, mais sur un ou deux avions, les hinomaru sur les ailes sont sur une bande blanche, comme pour les avions assignés à la Défense du territoire. Seuls les chasseurs portaient ces marques, à l'exception des avions kamikazes, comme cela semble être ici le cas. Les avions portent des bandes de fuselage obliques (de une à trois) ou droites, de couleur, indiquant la place de l'avion dans les formations. Pas d'insigne particulier, pas de marque d'unité, si ce n'est des caractères kana sur le gouvernail, différents pour chaque avion : (27), (18), (3), (45)…Ces caractères représentaient les premières lettres du nom du pilote auquel était assigné l'appareil.

Plus tard, on voit de nombreux autres Ki-51 avec un autre schéma de peinture deux tons (type "S", vert dessus, gris dessous), avec des hinomaru cerclés de blanc et une bande blanche à l'arrière du fuselage.

Le film fournit des vues détaillés de l'appareil à l'extérieur, comme à l'intérieur, quand les filles procèdent au nettoyage (on notera à cette occasion, les petites fenêtres dans le fuselage,  destinées à faciliter les observations.

On constate que le moteur de l'avion démarre à la manivelle ou avec camion de démarrage (Toyota ou Ford). Le plein des réservoirs se fait avec un camion citerne, mais la pompe est du genre Japy et s'actionne à la main...Les avions ne sont équipés que de lances bombes sous les ailes et le fuselage, et de mitrailleuses d'ailes (2 x 12.mm). Ils étaient donc destinés à l'appui tactique ou à l'entraînement. Le viseur télescopique est du modèle courant. Dans les derniers mois de la guerre, malgré sa lenteur, il fut effectivement utilisé pour des missions suicides, pour lesquelles il transportait une bombe de 250 kg sous le fuselage.

Les autres avions du film son trois Mitsubishi Ki-46II Type 100 (nom de code Dinah). Cet appareil comptait parmi les meilleurs avions d'observation de l'Armée. Ils sont filmés d'un peu loin et on ne peut malheureusement observer aucun détail particulier à part leur couleur sombre (vert foncé ?). On a juste un gros plan de l'avant, avec le moteur droit (Mitsubishi Ha-102 de 1050 chevaux) décapoté, et un autre de l'arrière de l'habitacle. On remarquera la façon dont la verrière s'ouvre, vers la droite, pour l'observateur comme pour le pilote. Le Ki-46II fut employé par l'école de Shimoshizu de 1941 à juin 1944.

Très peu participèrent à des attaques spéciales sur la flotte américaine. Vers la fin de la guerre, ils étaient surtout employés pour effectuer des vols de reconnaissance au-dessus des bases de B-29, en décollant de Shimoshizu. Les trois Ki-46 kamikaze qui ont décollé de Choshi, passent au-dessus du phare du cap Inubo, avant de prendre le large (pour où ?).

Le seul autre avion que l'on aperçoit, en nombre et en arrière plan, est le Kokusai Ki-76 Type 3 (code Stella), une sorte de Fieseler Storch japonais, destiné à l'observation et aux liaisons. On en voit six alignés lors d'une revue. Leur fuselage est de couleur claire avec un avant noir, et une queue moins sombre (rouge ?), avec des caractères kana peints sur le gouvernail : (14), (11), (10), (15)... On connait assez peu de choses sur la carrière de cet appareil.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.com

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