Rechercher dans ce blog

OPERATION CROSSBOW

 

OPERATION CROSSBOW

 

Année : 1964
Pays :Grande-Bretagne
Genre : espionnage
Durée : 1h 58 min.
Couleur

Réalisateur : Michael ANDERSON
Scénario : Richard IMRIE, Derry QUINN, Ray RIGBY

Acteurs principaux :
Tom COURTENAY (Robert Henshaw), Paul HENREID (général Ziemann), Trevor HOWARD (Lindemann), Richard JOHNSON (Duncan Sandys), Jeremy KEMP (Phil Bradley), Sophia LOREN (Nora), John MILLS (Boyd), Lilli PALMER (Frieda), George PEPPARD (John Curtis), Anthony QUAYLE (Bamford)

Musique : Erwin HILIER
Production : Carlo Ponti
Compagnie productrice : Metro Goldwin Mayer

Avions :

  • Avro Lancaster B Mk.1
  • Fieseler Fi.103 R3 Reichenberg, document.
  • Supermarine Spitfire Mk.IX, G-ASJV

 

Notre avis :

« Crossbow » (arbalète) était le nom de code du bombardement des sites de V1 (sites en forme de ski), découverts dans le Nord de la France, entre Rouen et St-Omer. Le bombardement du site de Peenemünde portait le nom de code « Hydre ». Le V1 (V pour «Vergeltungwaffe» : arme de représailles) fut le premier missile de croisière opérationnel au monde. Il fut lancé à partir de 96 sites en France, mais 1200 environ furent lancés par des avions, quand le Nord de la France fut libéré en 1945.

Le film raconte l'action des services secrets britanniques destinés à détruire les missiles V1, mais aussi V2, mis au point par les nazis. Les Wunderwaffe allemandes ont inspiré plusieurs films, comme "Operation secret" (1952), qui souligne le rôle de la résistance française, "La  bataille des V.1" (1958), à la gloire de l'armée secrète polonaise et "Opération V2", sur une mission de la RAF contre un site de missiles, en France, un sujet plus proche de la vraie opération "Crossbow" que le scénario de ce film.

Tout commence en décembre 1942, à Londres, quand les services secrets alliés apprennent que les Allemands sont en train de préparer des fusées d'artillerie à longue portée. Bien que des spécialistes comme le professeur Lindemann soient sceptiques, le premier Ministre Winston Churchill, charge le ministre Duncan Sandys de mener une étude précise des photographies aériennes pour prouver l'existence des ces armes et d'en situer les sites de tirs. Quand les V.1 commencent à tomber sur Londres, le doute n'est plus permis, et trois agents secrets, John Curtiss, Phil Bradley et Robert Henshaw, sont parachutés en Hollande. Ils doivent rejoindre l'Allemagne et s'infiltrer dans une usine souterraine, à Peenemunde, où sont assemblées ces nouvelles armes, en se faisant passer pour des agents allemands supposés morts. Mais Henshaw est reconnu par la Gestapo; il meurt sans avoir parlé. Quant à Curtiss, il rencontre Nora, la femme dont il est censé être le mari ! Il lui fait jurer de garder le secret, mais elle est tuée par Frieda, qui dirige un réseau de résistance, pour éviter toute fuite éventuelle. Bradley et Curtiss réussissent à se faire employer à Pennemunde et peuvent transmettre des informations à Londres. Quand Londres décide de bombarder l'usine, de nuit, alors qu'une nouvelle fusée à longue portée est sur le  point d'être lancée, les agents sont chargés de signaler la position de l'usine afin de guider les bombardiers. Ils accomplissent leur mission au prix de leur vie.

"Operation Crossbow" fait partie de ces film à gros budget, tournés dans les années 60, avec une pléthore de grandes vedettes dont certaines ne faisaient que des apparitions météoritiques à l'écran. Beaucoup de ces films avaient pour sujet la seconde guerre mondiale; on pourrait citer ainsi, "Le jour le plus long" (1962), "La grande évasion" (1963), "La bataille d'Angleterre" (1969)… Sophia Loren joue ici un personnage secondaire qui est rapidement éliminé de l'histoire. Mais, à cette époque, c'était une grand vedette dont le nom sur l'affiche suffisait à attirer les foules. Le producteur était, en outre, son mari…

Le film fut entièrement tourné en Angleterre, le sous-sol de la gare St Pancras, de Londres, tenant lieu d'usine souterraine allemande. Celle-ci rappelle l’usine Mittelwerke de Nordhausen et le sinistre tunnel de Dora, où travaillaient des prisonniers et des hommes du STO, provenant du plusieurs nations. Ces complexes industriels étaient gérés et encadrés par les SS.

 Enfin, un bon point pour ce film, les Allemands parlent…allemand (avec sous titrage). «Danke schön ».

 

Les avions du film :

Les premières photographies de la fusée V.2 sont ramenées par un Supermarine Spitfire reco qui est en fait un Spitfire Mk.IX (c/n CBAF IX552, G-ASJV, MH434) piloté par son propriétaire Tim Davies. La scène fut filmée à Abingdon le 14 août 1964. Ce Spit était un ancien chasseur des forces aériennes néerlandaises (H-105/H-68), qui servit à Java entre 1947 et 1950. Après un accident, il revola en 1953 et fut cédé à l'armée de l'Air belge (SM-41), pour son école de chasse. Réformé suite à un nouvel accident, il fut acquis par la société COGEA Nouvelle de Keerbergen (OO-ARA) en 1956. Tim Davies l'acheta en 1967 et après 1968, il connut plusieurs propriétaires et figura dans le film "La bataille d'Angleterre" (1968), "Un pont trop loin "(1977). Depuis 1983, il est exploité par The Old Flying Machine Company fondée par le regretté Ray Hanna.et appartient à Merlin Aviation Ltd.

De retour de mission sur Peenemünde, on assiste à l'atterrissage de l'Avro Lancaster B Mk.1 (PA474). Construit par Vickers en 1945, il resté au sein de la RAF jusqu'en 1954, date de son transfert au Royal Aircraft Establishment/College of Aeronautics, de Cranfield. Puis, il fut donné au musée de la RAF de Henlow en 1964. Il fut restauré en état de vol en novembre 1967. En mars 1968, il rejoignit la base RAF de Coningsby. Il vola alors avec le code (KM-B) et fait partie depuis 1973, du RAF Battle Of Britain Memorial Flight. Le PA474 porte maintennat les marques de deux Lancaster différents, "HR-W" du 100 Squadron sur le côté droit, et "BQ-B" du 550 Quadron, sur le côté gauche.

Au début du film, on voit un V1 piloté, autrement dit un Fieseler Fi.103 R3 Reichenberg. C’est la célèbre pilote Hanna Reitsch, une nazie convaincue, et Otto Skorzeny, sorte de baroudeur SS, spécialiste des opérations spéciales (c’est lui qui fît échapper Mussolini, entre autres) qui eurent l’idée de faire piloter un V1. Ce missile devait être lancé contre des navires par un corps de volontaires prêts à un «engagement total», bref, par des kamikazes teutons. Mais en 1943, en Allemagne, on n’avait jamais entendu parler des kamikazes japonais dont la première attaque eut lieu le 6 avril 1945, seulement. Ni Hitler, ni Goering, ni Goebbels n’étaient favorables à ce genre de corps, et Hanna Reitsch leur en voulut beaucoup pour cela…

Le V1 étant piloté, il devenait un avion et fut donc essayé au centre de Rechlin, alors que le missile était du ressort de l’E-Stelle de Peenemünde. Les essais du Reichenberg commencèrent lors de l’été 1944. Il devait être largué d’un He.111 et non d’une catapulte qui imprimait au V1 une accélération de 17 G, mortelle pour le pilote. C’est la grosse erreur du film (qui ne disposait pas d'Heinkel He.111) !

Les premiers vols furent effectués par plusieurs pilotes, dont Hanna Reitsch. Certains furent blessés à l’atterrissage ou se tuèrent. Hanna Reitsch dans son livre « Fliegen, mein Leben » (1951), déclare avoir fait une dizaine de vols et avoir atteint en léger piqué une vitesse maximale de 850 km/h (550 km/h pour le V1 sans pilote). Elle pilota des Reichenberg monoplaces (Fi 103 R3) et biplaces (Fi 103 R2), propulsés ou non, et faillit plus d’une fois y rester. Blessée dans un bombardement, elle fut finalement remplacée par le lieutenant Starbati qui se tua en mars 1945 avec le R3. Peu après, les essais furent arrêtés suite aux accidents répétés, mais aussi à l’invasion de l’Allemagne par les Alliés. De nos jours, on peut voir un magnifique exemplaire de Fi.103 R4 (un R3 muni de sa charge explosive) au Musée technique de Delft aux Pays Bas et au Centre d'Histoire de la Guerre et des Fusées de Wizernes.

Dans le film, un grand soin a été apporté à la reconstitution des V1, dont le bruit caractéristique du pulsoréacteur, assimilable à celui d’une motocyclette, a été bien rendu. Il en est de même pour les V2 ou fusée A4. Au début du film, on remarque une remorque Meiller sans sa fusée. En effet, la A4 pouvait être lancée à partir de rampes mobiles (sur route ou sur rail), tactique qui fut adoptée après la guerre par l’URSS pour ses missiles intercontinentaux. Mais il y avait en construction des sites souterrains situés en France, comme à Wizernes, dans le Pas de Calais, sites qu’il fallut traiter à coup de bombes « Grand Slam » (11 tonnes) et « Tallboys » (6 tonnes). La A4 n’avait qu’une porté de 320 Km (250 Km pour le V1) malgré une vitesse de 5 800 km/h.

La fusée avec 4 tuyères construite dans le film n’est pas une A4. C’est une fusée à étages qui ressemble vaguement au projet A10 de 140 tonnes, une fusée d’une portée de 4 300 km, susceptible d’atteindre les Etats-Unis, que l’équipe de Von Braun avait conçue juste avant la fin de la guerre.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

 

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes