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LES AILES DE LA FLOTTE

 
LES AILES DE LA FLOTTE

Vo. Wings of the Navy

 

Année : 1939
Pays : USA
Durée : 1 h 39 min.
Genre : Drame
Noir et blanc

Réalisateur : Lloyd Bacon
Scénario : Michael Fessier

Acteurs principaux :

George Brent (Cass Harrington), Olivia de Havilland (Irene Dale), John Payne.(Jerry Harrington), Frank McHugh (Scat Allen), John Litel (Commodore Clark), Victor Jory (Lieutenant Parsons), Henry O'Neill (speaker), John Ridgely (Dan Morrison), John Gallaudet (Lieutenant Harry White), Donald Briggs (Instructeur)

Musique : Heinz Roemheld
Photo : Arthur Edeson

Prises de vue aériennes : Elmer Dyer, Paul Mantz

Compagnie productrice : Warner Bros Pictures

Avions :

  • -Boeing F4B-4, document
  • -Consolidated PBY-1
  • -Grumman F3F-1
  • -Grumman J2F-1 Duck, en arrière plan
  • -Hall PH-2
  • -NAF. N3N-1
  • -North American NJ-1
  • -Stearman N2S
  • -Vought SBU-1, en arrière plan
 

Notre avis :

A la fin des années trente, comme la guerre en Asie et en Europe devient une réalité inéluctable, la Warner change de ton. Les comédies, les opérettes, font de la place à des films plus sérieux destinés à informer le public américain sur les efforts de l’armée, en l’occurrence ici l’aviation navale, pour défendre le territoire, au cas où…Ce film nous montre l’entraînement intensif auquel sont soumis les élèves pilotes de l’US Navy.

La Marine mit une condition pour sa participation; le passé cinématographique des acteurs devait être sans tache. Ils ne pouvaient endosser l’uniforme que s’ils n’avaient pas joué auparavant des rôles d’alcoolique, d’assassin ou de violeur ! C’est ainsi que furent choisis le jeune acteur John Payne et George Brent, qui convoitent dans le film, la belle Olivia de Havilland (que l’on retrouvera trente huit ans plus tard dans « Les naufragés du 747 »). Brent pilotait dans le privé un Stinson Reliant, et Payne sera instructeur de l’USAAF pendant la guerre.

L’US Navy comptait sur ce film pour accélérer les recrutements, et c’est pourquoi elle autorisa l’utilisation de son matériel et le tournage sur ses bases. Les premières prises de vues commencèrent le 28 juin 1938 à North Island de façon à filmer le départ en groupe de quarante sept PBY pour leur vol direct vers l’Alaska. C’était la réponse de la Marine au vol des Forteresses YB-17 de l’USAAC effectué vers l’Amérique du sud, quatre mois plus tôt. Le tournage proprement dit commença le cinq juillet 1938 à deux endroits différents. Le premier fut la base de Pensacola, appelée l‘« Annapolis de l’Air » (Annapolis est a plus prestigieuse des écoles navales américaines) où des scènes furent filmées sur les terrains d’entraînement de Corry et de Chevalier. Lloyd Bacon, vétéran et officier de réserve de la Navy, fit tourner les instructeurs et les élèves, et cinq escadrilles d’entraînement fournirent trois cent avions environ. Le second site de tournage fut la base de North Island, à San Diego, où la Navy mit à disposition de Lloyd Bacon tous ses équipements

Le scénario se focalise sur les deux fils de l’amiral John Harrington, un personnage fictif. La carrière de ce pionnier de l’aviation navale comme elle est racontée dans le film, fait inévitablement penser à celle du vice amiral W.A. Moffett qui avait trouvé la mort dans l’accident du dirigeable « USS Akron » en avril 1933. Les deux frères Jerry et Cass se sont toujours opposés. Alors que l’aîné, Cass, est un pilote chevronné comme son père, Jerry quitte l’arme sous marine où il sert, pour devenir un élève pilote à Pensacola, malgré l’avis contraire de son frère. Le scénario suit le cadet Jerry Harrington à travers les diverses phases de l’entraînement sur la base de Pensacola (Floride). Après des débuts difficiles, Jerry obtient ses ailes. Il tombe également amoureux de la fiancée de son frère, Irène. Mais Cass est gravement blessé lors d’un vol d’entraînement avec un élève, et doit quitter le service. Jerry est affecté à San Diego pour s’entraîner sur le tout nouveau hydravion patrouilleur, le Consolidated PBY. Pendant ce temps, Cass a dessiné un nouveau chasseur qu’il soumet à la Marine ; mais l’avion est détruit lors des essais entraînant la mort de son pilote. Jerry démissionne alors pour piloter ce prototype, mais aussi pour montrer à son frère qu’il est aussi bon pilote que lui. La démonstration de l’appareil est si satisfaisante que les autorités navales décident de le réengager. Il rejoint son escadrille à temps pour participer à un vol de groupe vers Pearl Harbor. Cass ayant remarqué l’attirance d’Irène pour son jeune frère, lui rend sa liberté ; elle ira rejoindre Jerry à Pearl Harbor  par le prochain Clipper!

Le chef pilote de la Warner, Paul Mantz, et le photographe aérien Elmer Dyer filmèrent toutes les scènes aériennes à partir de leur Lockheed Sirius. Ce Lockheed Sirius model 8A (NC117W) était un des avions d’United Air Services de Mantz ; il fut modifié pour emporter une caméra sur tourelle dans le poste arrière, plus deux autres fixées sous les ailes. Les pilotes de la Navy participèrent au tournage sous la direction du Lieutenant E. B. Noble, à l’exception de quelques cascades spéciales exécutées par Paul Mantz et son collègue Frank Clarke. Sur les cinq mille quatre cent mètres de pellicule filmés par Elmer Dyer et Arthur Edeson, seuls cent vingt mètres furent conservés au montage !

La première eut lieu le 6 janvier 1939, à Pensacola, pour remercier la Navy de son rôle actif dans le film. Il reçut une bonne critique. Plus que son scénario assez banal, « Les ailes de la flotte» est surtout intéressant pour ce qu’il montre : d’immenses bases aériennes, des centaines d’avions de tous types, des milliers de cadets, qui n’étaient pas uniquement du « cinéma », mais la réalité. C’est un film que les dirigeants politiques à Berlin et à Tokyo auraient dû regarder avec attention…

 

Les avions du film :

Dans la foule d’avions que l’on voit sur l’écran, il convient de faire un tri. Les avions qui participèrent activement au tournage comptent plusieurs genres différents.

Jerry fait son école sur deux types d’appareils, un hydravion NAF. N3N-1 et un biplan Stearman N2S qui sont des avions récents, et resteront en service dans les écoles pendant la guerre, voire même après. La vedette revient à l’hydravion bimoteur Consolidated PBY, un patrouilleur bombardier mis en service en 1936 et qui n’était pas encore appelé « Catalina »; ce nom n’étant proposé par Consolidated qu’en 1941. Ce « P-boat » était à l’époque la fierté de l’US Navy et équipait quatorze escadrilles. Ceux du film sont des PBY-1, 2 et 3 fournis par les VP-7, VP-9, VP-11 et VP-12. On construisit en studio une demi maquette grandeur nature montrant pour la première fois l’intérieur de cet hydravion. En 1938, le firme Consolidated de San Diego reçut un contrat de vingt et un millions de dollars pour développer le PBY, une somme supérieure au montant total des dépenses de l’aviation navale lors des dix dernières années ! La VP-9 (plus tard, VP-24) sera basée à Pearl Harbor le 7 décembre 1941.

Le chasseur « mystère » mis au point par Cass n’est absolument pas mystérieux puisqu’il s’agit d’un Grumman F3F-1, "flying barrel", le dernier chasseur biplan de la Marine mais aussi des forces aériennes de l’Armée. Il avait été mis en service en 1936 et le restera jusqu’en 1940. A l’époque du tournage, la Navy recevait la version F3F-2 dotée d’un moteur Wright plus puissant. Au cinéma, les avions ont la vie longue. Le Grumman F3F-2/3 apparaîtra dans trois autres films qui sortiront les années suivantes; il sera notamment la vedette de « Flight Command » en 1941, l’année où il fut retiré du service actif. Enfin, au début du film, Cass part à Pensacola sur un Vought SU-4 de la VJ-5, un ancien avion d’observation devenu avion de liaison dans les bases.

Les autres appareils sont des figurants vus en arrière plan : des amphibies Grumman J2F-1 Duck, dans un hangar ; sur les tarmacs, des rangées de bombardiers patrouilleurs Vought SBU-1, des avions d’entraînement North American NJ-1, des avions d’observation Vought O3U-6. Lors de manoeuvres, les PBY sont attaqués par un hydravion bimoteur Hall PH-2 qui traverse furtivement le ciel. Si on a l’œil, on verra également les prédécesseurs du PBY, des Consolidated P2Y à l’ancre, devant la base de Pensacola.

Le film débute par un document filmé montrant un vol de Boeing F4B-4 au dessus de Washington. Ce chasseur embarqué, mis en service en 1931, était au moment du tournage, un vieil avion retiré du service et remplacé par les Grumman. Mais ils restèrent dans les bases comme avions de servitude.

On voit à San Diego, à coté d’un Ryan ST (N16039), quelques avions de Paul Mantz repérables à leur livrée (rouge uniforme avec gouvernail blanc à chevrons) : un Curtiss Fledgling (N465K), un Stearman C2B (N4099) ; tous ces avions étaient familiers des tournages et apparaissent dans de nombreux films.

Beaucoup de spectateurs sont étonnés aujourd’hui de voir l’US Navy équipée de trapanelles à « ficelles » à la veille de la guerre, alors même qu’il s’agit d’un film de propagande. A part les North American SNJ (à train fixe) et le PBY, on ne voit en effet que des avions biplans mis en service entre 1931 et 1936. Il est vrai que le film met l’accent sur l’entraînement des cadets et que les appareils utilisés dans ce but ne sont jamais des appareils de pointe. Cependant, à l‘époque du tournage, en 1938, l’US Navy mettait en ligne des monoplans : torpilleurs Douglas TBD Devastator, depuis 1935, bombardiers Northrop BT (une cinquantaine seulement) et Vought SB2U Vindicator qui étaient en cours de livraison aux unités (on en voit un caché dans un hangar, et un autre, de face, roulant au sol). Devastator et Vindicator, malgré leur apparence moderne, ne survécurent pas à la première année de guerre... Le Brewster Buffalo premier chasseur moderne de la Navy, ne sera livré qu’en 1940, et le Grumman Wildcat XF4F-3 sorti en même temps que le film, n’arrivera dans les unités qu’en 1941. Le film est donc un témoignage de l’aviation navale américaine de temps de paix et aussi de la fin d’une époque ; les avions nouveaux étaient dans les cartons et allaient faire leur premier vol juste après ce film. La Marine, aux Etats-Unis comme ailleurs, est une arme très traditionnelle, et elle avait pris un peu de retard sur l’Armée en matière de matériel aéronautique. Grâce aux Japonais, elle le rattrapera vite !

 

Christian Santoir

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