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LE DEFENSEUR DE LA CITE

 

LE DEFENSEUR DE LA CITE

Vo. Pod Twoja obrone

(Sous votre protection)

 

Année : 1933
Pays : Pologne
Genre : drame
Durée : 1 h 19 min.
Noir et blanc

Réalisateurs : Edward PUCHALSKI, Joseph LEJTES
Scénario : Karol BOROWSKI, Ferdinand GOETEL

Acteurs principaux :
Maria BOGDA (Maryla), Tekla TRAPSZO (Mme Polaski), Adam BRODZISZ (Jan Polaski), Wladyslaw WALTER (sergent mécanicien), Zofia LINDORF (soeur Gabriela).

Musique : Jan MAKLAKIEWICZ     
Photographie : Albert WYWERKA
Compagnie productrice : Pol-Ton-Film

Avions :

  • -Fokker F.VIIb-3m (dans un hangar)
  • -PWS-A
  • -PWS.14


Notre avis :

Le titre français de ce film d'aviation, comme le titre polonais, laisse penser qu'il est à la gloire de l'aviation militaire polonaise, la Lotnictwo Wojskowe, comme on l'appelait en 1933. En fait, au fur et à mesure du déroulement de l'histoire, on commence à en douter...Les scènes aériennes sont mélangées à des scènes se passant dans des églises ou lors de processions religieuses. Le film commence par une sonnerie guerrière et finit par des cantiques ! A la fin, on a compris que le "protecteur de la cité" n'était pas tellement l'aviateur de la Lotnictwo Wojskowe, mais plutôt la Vierge Marie, la patronne de la Pologne...On sait que les Polonais, d'avant ou d'après la guerre, sont très croyants et que la religion catholique a une forte influence dans ce pays, à un point tel que les autres religions doivent se faire très discrètes. Dans le générique du film ne figure pas le nom du coréalisateur, Joseph Lejtes, qui fut retiré, à la demande des autorités ecclésiastiques, en raison de ses origines juives...

L'histoire commence quand Jan Polaski a terminé sa formation de pilote de l'armée de l'air polonaise et reçoit son brevet d'officier. Il retourne alors dans sa ville natale où l'attendent sa mère et une cousine, Maryla, une orpheline que Mme Polaski a recueillie et élevée. Jan est un pilote talentueux mais aussi un ingénieur aéronautique, travaillant dans un institut d recherches. Jan et Maryla s'estiment mutuellement et sont prêts à se fiancer. Lors d'un meeting aérien, Jan va essayer de battre un record de voltige. Tout se passe bien jusqu'au moment où une des commandes de son avion cède. Il essaie de se parachuter, mais en vain. Devant sa mère et Maryla, il s'abat au sol. On l'extrait de l'épave, en piteux état. A l'hôpital, le chirurgien confie à Maryla, que Jan restera paralysé des deux jambes et qu'il devra dire adieu à l'aviation. Maryla conseille alors à Jan de ne pas perdre espoir et de se rendre en pèlerinage, avec elle, au monastère de Jasna Gora, à Czestochowa. Quand l'icône de la Vierge Noire, portée en procession, passe devant lui, Jan, transfiguré, peut se lever de son fauteuil roulant ! "Je vous salue Marie, pleine de grâce, etc...".

Jan a de la chance et profitera bien de ce miracle. Malheureusement, en 1939, la Vierge Marie ne protégera guère la Pologne. L'armée allemande, aidée par l'armée rouge, s'acharnera sur ce pauvre pays, pendant que l'armée française restera bien au chaud, sur la ligne Maginot (pourquoi avoir déclaré la guerre à l'Allemagne, dans ces conditions ?)...

Le film reçut la coopération de la Lotnictwo Wojskowe sur les bases de laquelle (Varsovie-Okecie, Cracovie-Rakowice) ont été tournées certaines séquences. Des avions ont été filmés en vol. On a eu recours aussi à des extraits de documentaires tournés lors de meetings aériens. Les quelques avions vus sur l'écran ne fournissent pas un aperçu très complet de la flotte de la force aérienne polonaise, au début des années 30, puisque finalement, un seul type d'avion fut réellement utilisé par le tournage, un chasseur en fin de parcours.

La seule copie du film ayant survécu est en Français..."Pod Twoja obrone" sortit en salles, à Paris, sous le titre "Le défenseur de la cité", le 15 février 1935.


Les avions du film :

La remise des brevets à une nouvelle promotion d'officiers se fait dans un hangar (sans doute de Varsovie-Okecie) où sont garés deux Fokker F.VIIb-3m. Ce type d'appareil était construit sous licence, à Lublin, par les usines Plage & Laskiewicz. Une vingtaine furent modifiés en bombardiers et mis en service en 1930, au sein du 1er Régiment aérien (Pulk Lotniczy) basé à Varsovie et comprenant trois escadres de bombardement (n° 211, 212 et 213). A la veille de la guerre, ils servaient essentiellement d'avions de transport, notamment pour les parachutistes.

En fouillant du regard le fond (très sombre) du hangar, on entrevoit ce qui ressemble fort à un PWS.10, dont le gros radiateur situé sous le nez de l'avion reste très visible. Ce type d'appareil commença à équiper certains groupes de chasse en 1932, bien qu'il soit un avion fort peu apprécié par ses pilotes. Entre deux officiers, on aperçoit également, furtivement, un mât d'ailes unique, caractéristique d'un biplan SPAD S.51C.1, dont une cinquantaine furent en service dans l'armée de l'air polonaise, entre 1926 et 1932.

Au début du film, trois PWS-A (portant les numéros 1, 2 et 10) décollent du terrain de Cracovie, où était basée la 122ème Escadre de Chasse, du 2ème Régiment aérien, à laquelle ils appartenaient. Ils portent sur le côté droit du fuselage l'insigne de l'escadre (une cocotte en papier, comme l'escadrille française BR 11) et sur le coté gauche, une marque tactique (deux barres horizontales dans un carré). Ils constituaient une équipe de voltige, le "Trio Bajan", commandée par le capitaine George Bajan qui pilote le n° 1. Bajan était, dans les années 30, un célèbre pilote de voltige et de rallies aériens.

Le PWS-A ("A" pour Avia) était la version polonaise de l'Avia BH-33 tchécoslovaque, construit sous licence, par Podlaska Wytwornia Samolotov. Il sera en service dans l'Armée, entre 1930 et 1935, mais dès 1933, tous les PWS A seront reversés au Centre de Formation Aéronautique de Deblin, le CWL (Centrum Wyszkolenai Lotniczego), comme avions d'entraînement à la chasse. On revoit cet appareil plusieurs fois dans le film, notamment quand on sort les numéros 2 et 10 d'un hangar. C'est avec un PWS-A que Jean se crashe; il porte le numéro individuel "8", le code "55-K" et le numéro de série "4-3", inscrit prés du plan fixe (l'avion est un instant, vu à l'envers, sur un plan rapproché). Cet avion se serait effectivement écrasé, mais le 9 mai 1935...Le film ne lui a pas porté chance.

Un autre appareil, filmé en vol, au dessus de Varsovie, est un avion d'entraînement, un PWS.14 (12) portant le code "92-Z". Ce genre d'avion fut mis en service en 1933 et le restera jusqu'en 1939. Mais, certaines vues de la ville ont été manifestement prises à partir d'un autre avion, comme le prouve la présence de mâts d'aile en V, appartenant à un monoplan parasol genre PZL L.2, alors en service.

 

Christian Santoir

*Film à visionner sur YouTube

 

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