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BOZAMBO

 

 
BOZAMBO

Vo. Sanders of the river

 

 

Année : 1935
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1 h 38 min.
Genre : aventures
Noir et blanc

Réalisateur : Zoltan Korda
Scénario : Lajos Biró , Jeffrey Dell

Acteurs principaux :
Leslie Banks (l'administrateur R.G. Sanders), Paul Robeson (Bozambo), Nina Mae McKinney (Lilongo), Martin Walker (J. Ferguson), Robert Cochran (Lieutenant Tibbets), Richard Grey (Capitaine Hamilton), Tony Wane (King Mofolaba), Marqués De Portago (Farini), Eric Maturin (Smith), Allan Jeayes (le père O'Leary), Charles Carson (Sir John).

Musique : Mischa Spoliansky
Photographie : Osmond Borradaile, Louis Page, Georges Périnal
Producteur : Alexander Korda
Compagnie productrice : London Film Productions

Avion :

  • De Havilland Genet Moth, D-1651

 

Notre avis :

Ce film produit par Alexandre Korda, le frère du réalisateur, devait au départ s'appeler "Wings of the jungle" et être dirigé par Alfred Hitchcock, qui supervisa les premières scènes. C'était le second film de Zoltan Korda qui se spécialisera dans les films exotiques. Avec son frère, il réalisera en 1940, un long documentaire sur l'aviation : "La conquête de l'air".

"Sanders of the river" combine des plans tournés à grands frais en Afrique (au Nigeria, mais aussi en Ouganda, au Kenya, au Congo belge..), avec les plans tournés en studios, en Angleterre. La production est donc assez sophistiquée pour l'époque, avec l'utilisation constante de retro-projections, pour intégrer aux extérieurs les acteurs filmés sur le plateau.

Le film met en scène le grand acteur, chanteur, militant des droits civiques et de la cause des Noirs, Paul Robeson, qui était alors une immense vedette en Angleterre où il résidait. Plusieurs membres de tribus provenant de diverses parties de l'Afrique anglophone (Kru, Mendi, Yoruba, Acholi, Sesi, Tefik..) participèrent au tournage du film. Parmi les figurants non crédités, on trouvait un certain Jomo Kenyatta, le futur président du Kenya. Robeson, avait hésité à participer à ce film, mais avait finalement accepté, après avoir consulté les membres de la communauté africaine, présents en Angleterre, qui pensaient que ce film servirait leur cause. Mais le scénario proposé à Robeson ne comportait pas une telle propagande pour la colonisation anglaise. Les censeurs firent pression sur la production pour réorienter le film dans ce sens. A sa sortie, Robeson n'apprécia guère le message raciste véhiculé par le film qui fait des Africains, d'éternels enfants, que leur maître anglais doit corriger et protéger ! Ce film est un pur témoin de la mentalité de l'époque, et du discours officiel, qui montre l'administrateur colonial pacifiant le pays, combattant l'esclavage, encourageant la monogamie et l'instruction…Robeson jura de mieux contrôler, désormais, les films où il se produirait. Bien que traité en subalterne, fidèle collaborateur de la Couronne, Robeson-Bozambo réussit néanmoins à être un personnage de premier plan dans le film, et non un simple faire-valoir pour les acteurs blancs.

Tout commence à Ngombi, au Nigeria, où l'administrateur R.G. Sanders est chargé de contrôler les diverses tribus qui habitent à proximité du fleuve. Un jour il reçoit la visite d'un homme qui se prétend être le chef des Ochuri. En fait, il est originaire du Liberia, et a déjà été emprisonné pour de menus larcins…Mais Sanders le laisse à ce poste où il s'est montré compétent. Bozambo leur apprend que le roi Mofolaba a pénétré sur le territoire des gens du fleuve, pour y prendre des esclaves. Avec l'accord de Sanders, Bozambo arrête les hommes de Mofolaba, en tuant leur chef, et libère les esclaves, des femmes en majorité. Mofolaba est furieux et jure d'avoir la peau de Bozambo (au sens propre !). Bozambo tombe amoureux d'une des captives, Lilongo, avec laquelle il se marie. Cinq années passent dans la paix, et Bozambo est devenu un chef prospère en  écoutant les conseils de Sanders. Bozambo a une fille et un fils qu'il prépare à la chefferie. Entre-temps, Sanders est parti en congé pour se marier. C'est Ferguson qui le remplace. Des trafiquants d'armes et d'alcool, Farini et son comparse Smith, en profitent pour propager la nouvelle de la mort de Sanders, et de la fin de la domination anglaise. Les tribus reprennent leurs luttes ancestrales. Ferguson décide d'aller voir le roi Mofolaba pour rétablir l'ordre, mais ce dernier le fait exécuter ! Sanders qui est sur la côte, est averti des événements. Il emprunte un avion pour se rendre rapidement à Ngombi. Mofolaba apprenant le retour de Sanders, met à mort les deux trafiquants qui lui ont menti. Il fait kidnapper Lilongo. Bozambo se rend seul chez le vieux roi, qui décide de le tuer après qu'il ait assisté à la mort de son épouse. C'est alors que Sanders survient dans un bateau pour empêcher l'exécution. Bozambo sauve la vie de Sanders quand Mofolaba veut le transpercer de sa lance. Bozambo est nommé chef de la tribu rebelle, et Sanders le charge de maintenir la paix ,le temps de son congé en Angleterre.

"The river" est vraisemblablement le fleuve Niger, et la circonscription de Sanders semble se situer près de la frontière de l'ancienne colonie française du Dahomey. L'Afrique recrée dans les studios est peu véridique. Les chansons de Robeson, censées être adaptées de chants traditionnels africains, sont plus proches des negro-spirituals. Quant à la belle américaine Nina Mae McKinney, alias Lilongo, avec sa coiffure à la Joséphine Baker, elle fait figure de métisse à coté des vraies africaines. Par contre, les passages tournés en Afrique, en zone forestière, sont plus intéressants. Ils montrent, entre autres, divers tam-tams à deux tons, destinés à communiquer entre les villages, et plusieurs exemplaires de grandes pirogues de guerre, en train de franchir des rapides, propulsées par une trentaine de pagayeurs; ces pirogues monoxyles ont aujourd'hui pratiquement disparu.

Malgré un budget conséquent, et les bonnes intentions du réalisateur, ce film ne témoigne guère de la situation réelle régnant dans les territoires colonisés, si ce n'est d'un équilibre politique fragile maintenu par la force, les populations du Nigeria n'ayant pas attendu 1960 pour revendiquer leur droit à l'Indépendance. Pour l'aérocinéphile, le principal intérêt de ce film réside dans les images rares extraites d'un film tourné par Ernst Udet dans le Serengeti, en 1931.

 

Les avions du film :

Les rares scènes aériennes du film ont été empruntées au film allemand (introuvable) "Fremde Vögel über Afrika" tourné au début de 1931, dans le parc du Serengeti (à la limite des actuels Kenya et Tanzanie). Ernst Udet y tenait le rôle principal, aux cotés de l'actrice Yvette Rodin. Ce film ne sortit jamais sur les écrans mais fit l'objet d'un livre. Sur ces extraits, on le voit piloter son De Havilland Genet Moth (c/n 271, D-1651, ex G-EBOU) qu'il avait acheté d'occasion, en Angleterre, en 1929. Il survole des troupeaux d'éléphants, de girafes, de gnous, d'autruches, parfois de très près, au point, qu'un jour, une lionne, en sautant, endommagea le bord d'attaque de l'aile de son avion ! Mais le Genet Moth sera détruit lors d'un autre tournage, en août 1932, au Groënland, pendant le tournage de "SOS Iceberg".

 

Christian Santoir

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