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Après nous, le déluge

 

APRES NOUS, LE DELUGE

Vo. Today, we live

 

 

Année : 1933
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h 53 min
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur : Howard Hawks
Scénaristes : Edith Fitzgerald, Dwight Taylor
Histoire originale : « Turn about » de William Faulkner 

Acteurs principaux :
Gary Cooper (Richard Bogard), Joan Crawford (Diana Boyce-Smith), Robert Young (Claude), Franchot Tone (Ronnie Boyce Smith), Roscoe KARNS (Mc Ginnis), Louise Closer Hale (Applegate), Rollo Loyd (Major), Hilda Vaughn (Eleanor)

Musique :William Axt, David Snell, Herbert Stothart
Photos : Oliver T. Marsh
Prises de vue aérienne : Elmer Dyer
Producteur :Howard Hawks
Compagnie productrice : MGM

Avions :

  • Curtiss B-2 Condor
  • Fokker D.VII,  extr. de film
  • RAF SE.5, extr. de film
  • Sikorsky S-29, extr. de film
  • Thomas Morse SS4C, extr. de film

 

Notre avis :

Dirigé par Howard Hawks, ce film fut pour William Faulkner la première occasion de porter à l’écran une de ses nouvelles, ainsi que le premier où il collabora avec Howard Hawks. « Après nous le déluge » n’est pas le meilleur film de Hawks. C’était surtout pour la MGM un moyen de faire tourner Joan Crawford, qui fut imposée par les studios, afin qu’elle puisse remplir son contrat, le scénario de Faulkner ne prévoyant pas de présence féminine au départ…Joan Crawford n’était pas le genre de femme un peu masculine que l’on rencontre habituellement dans les films de Hawks. On retrouve donc ici le classique trio, avec une femme déchirée entre deux hommes qui rivalisent entre eux, sur fond de guerre et d’héroïsme. L’un des deux devra céder la place.

En 1916, en pleine guerre mondiale, le riche américain Richard Bogard achète la maison de Diana Boyce-Smith, une jeune fille de l’aristocratie anglaise. Il se présente chez elle le jour où elle apprend la mort de son père à la guerre (10/08/16). Elle déménage dans la petite maison des invités. Son frère, Ronnie, son ami d’enfance et amoureux, Claude Hope, sont deux officiers de marine et ils doivent partir à la guerre à leur tour. Après leur départ les relations entre Ann et son propriétaire deviennent plus étroites et ils tombent amoureux l’un de l’autre. Bogard lui fait part de son désir de s’engager dans l’aviation, mais à son étonnement, Ann part subitement en France, pour s’engager dans un groupe d’ambulancières. Plus tard, Ronnie, auquel sa sœur a avoué son amour pour Bogard, lui montre un message indiquant qu’il a été tué lors d’un entraînement. Elle renoue alors avec Claude qui a une forte tendance à boire. Mais Bogard refait surface et retrouve Ann dans un hôpital. Il découvre qu’elle vit avec Claude et il le provoque, en l’emmenant dans une mission de bombardement, où il s‘avère un mitrailleur hors pair. Ronnie rend la politesse à Bogard en le conviant à une sortie en mer dans leur petite vedette lance torpille. Mais lors de cette sortie, Claude est blessé aux yeux, et devient aveugle. Ann dit alors adieu à Bogard pour mieux s’occuper de Claude. Bogard de son coté, se porte volontaire pour une mission suicide. Claude qui a compris qu’Ann aimait Bogard, et ne voulant pas être un fardeau pour elle, insiste auprès de Ronnie pour qu’ils fassent tous les deux cette mission suicide qui consiste à détruire un croiseur allemand, à Ostende. Alors que Claude s’occupe de la torpille, Ronnie tient la barre et dirige le bateau droit sur le navire ennemi. Ils meurent tous deux, alors qu’il explose. Leur sacrifice permet à Bogard et à Ann de se réunir et de retourner dans leur maison du Kent, en parlant de leurs chers héros, Ronnie et Claude..

En tant que drame de guerre, le film n’est pas très convaincant et les coïncidences jouent une part importante dans le scénario. Il est aussi anachronique, surtout quand on considère les coiffures et les robes de Crawford dessinées par Adrian, dont le style est tout à fait caractéristiques des années trente. L’histoire commence à Londres, mais la majeure partie de l’action se passe à, ou aux alentours de, Boulogne (France). On a l’impression que les bateaux allemands encerclaient le port français ou étaient basés à proximité immédiate. Rappelons que la Marine impériale était basée dans le port belge de Zeebrugge (à près de 150 Km de Boulogne).

La mission suicide de Ronnie et Claude semble inspirée par le fait d’armes du Lt. W.N.T. Beckett. En décembre 1916, il était basé à Dunkerque en tant que commandant d’un groupe de vedettes lance-torpilles. En avril 1917, il attaqua des destroyers allemands ancrés à Zeebrugge (dont on voit le plan du port, avec son fameux mole, dans le film). L’un fut coulé, l’autre sévèrement endommagé, ce qui lui valut de gagner la Distinguished Service Cross. Mais Bogard fait partie d’un groupe de bombardement américain, ce qui placerait plutôt l’action, en 1918. On remarquera la vedette lance torpille « CMB-21 », contemporaine de la guerre, qui est un CMB (Coastal Motor Boat) type 4, fabriqué par Thornicroft, avec un curieux dispositif de lancement de l’unique torpille, par l’arrière. Le bateau allemand coulé dans le film est en fait l’USS « Alabama », coulé par Mitchell en 1921, lors d’un exercice de bombardement.

Si les aviateurs font partie des acteurs principaux, aucun pilote d’Hollywood ne participa au tournage.

 

Les avions du film :

Comme beaucoup d’autres films des années trente, ce film emploie des scènes de « Hell’s Angels » qui étaient sur le marché. On aperçoit donc les Fokker, vrais et faux, les Thomas Morse, et le Sikorsky S-29, utilisés dans ce film pour la scène du bombardement, les combats aériens et la collision frontale de deux  avions. On a aussi une belle vue d’un SE.5, mais avec un armement peu conforme; le SE.5 avait une Lewis sur l’aile supérieur et une Vickers sur le capot.

Par contre, ce film est le seul à mettre en scène le Curtiss B-2 Condor, sur lequel vole Bogard, et qui appartient au fictif 4° Squadron, du 36° Bomber group, de l’US Air Service. Les B-2 sur l’écran portent l’insigne (Mr Jiggs tenant une bombe sous le bras) du 11th Bombardment squadron (7th Bombardment Group), basé à March Field, au moment du tournage. Le commandant de March Field, le major « Hap » Arnold, qui entretenait d’excellentes relations avec Hollywood, mit à la disposition des studios cinq bombardiers lourds que l’on voit décoller en groupe, et évoluer au dessus des nuages. Les décorateurs construisirent une maquette à échelle réduite, ainsi qu’une maquette grandeur réelle du fuselage, pour les prises de vues rapprochées en studio. L’armement de la maquette diffère du vrai B-2 pour ressembler à celle du Sikorsky S-29 présent sur les vues de "Hell’s angels". Le Curtiss B-2 n’avait pas de tourelle à l’arrière du fuselage, mais deux postes de mitrailleuses à l’arrière des nacelles moteurs, comme sur le Blériot 117. Ces postes de tir n’apparaissent pas dans le film. La tourelle avant était équipée d’un jumelage de Lewis, et non d’une unique Vickers.

On remarquera que le B-2 du film ne pouvait être piloté que par un seul homme à la fois, le volant unique pouvant basculer d’un côté sur l’autre. Ce dispositif sera rapidement remplacé par un système plus classique à deux volants. Les B-2 ne bombardaient pas en piqué, comme montré dans le film, mais en palier, et ils volaient en groupe, et non isolés, pour mieux se protéger. Un bombardier contre six chasseurs n’avait aucune chance, même avec un bon mitrailleur comme Claude. Le Curtiss B-2 est un avion rare car construit à douze exemplaires ; il fut retiré du service en 1936.

Rappelons que les Américains, pendant la première guerre mondiale, n’étaient pas équipés sur le front français, de bombardiers bimoteurs, mais surtout de Breguet 14 monomoteurs.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur Amazon.com

 

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