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MUZHESTVO

 

MUZHESTVO

Vo. Мужество

(Le Courage)

 

Année: 1939
Pays : URSS
Durée: 1 h 14 min.
Genre : espionnage
Noir et blanc

Réalisateur : Mikhail KALATOZOV, Semyon DEREVIANSKY
Scénario : George KUBAN

Acteurs principaux :
Oleg ZHAKOV (Alexei Tomilin), Dimitry DUDNIKOV (Mustapha Hadji), Konstantin SOROKIN (Vlasov), Alexei BONDI (le commandant), Alexander BENIAMINOV (le barman Yusuf), Fedor FEDOROV (le capitaine Bystrov), Peter NIKASHIN (le mécanicien), Zula NAHASHKIEV (Dugar),Tamara NAGAEVA (Faizi).

Musique : Venidikt PUSHKOV
Photographie : Benjamin LEVITIN
Compagnie productrice : Lenfilm

Avions :

  • Douglas DC-3-260, CCCP-L3403
  • Laville PS-89, CCCP-L2141
  • Polikarpov U-2, en arrière-plan
  • Tupolev SB-2M, en arrière-plan
  • Tupolev ANT-9, en arrière-plan 
  • Yak-UT-1
  • Yak-UT-2, CCCP-L1275 

 

Notre avis :

Le réalisateur, Mikhail Kalatozov, est plus connu pour son œuvre "Quand passent les cigognes" (1957), que par ce film anodin se passant à la frontière afghane, une zone toujours aussi dangereuse, fréquentée par des barbus inquiétants…Kalatozov tournera deux ans plus tard un film de propagande sur le grand aviateur russe "Valery Chkalov". Son dernier film, "La tente rouge" (1969), évoquera la recherche de l'équipage du dirigeable "Italia" de l'explorateur italien Umberto Nobile, en 1928.

Le personnage principal du film est Alex Tomilin, un pilote doué, mais se livrant fréquemment à des acrobaties peu appréciées par ses supérieurs. Il décide enfin de se calmer et d'appliquer le règlement. Il est basé sur un aéroport, situé à la frontière de l'Afghanistan (vraisemblablement le Tadjikistan, selon la carte vue dans le bureau du directeur de la compagnie). Un jour, on confie à Tomilin la mission d'aller porter un message à un poste frontière où l'on signale l'infiltration d'éléments rebelles, dont un chef important qu'il convient de capturer. Sur le chemin du retour, suite à une panne moteur, Tomilin est forcé d'atterrir dans une vallée, non loin d'une petite maison. Il y est accueilli par un vieillard. Bientôt, trois hommes entrent et le font prisonnier. Il se rend compte qu'il est en présence du chef recherché. Il accepte finalement de l'emmener de l'autre coté de la frontière. Mais en vol, le rebelle s'aperçoit que Tomilin n'a pas pris le bon cap. Quand il essaie de se parachuter, Tomilin effectue alors toutes sortes d'acrobaties qui l'en empêchent et qui finissent même par le faire s'évanouir. A l'approche du terrain, il se réveille et essaie d'étrangler Tomilin. A moitié asphyxié, Tomilin doit lâcher les commandes, son avion partant dans une série de manoeuvres brutales, observées du sol, où on croit que Tomilin recommence ses facéties ! Par miracle, l'avion se pose sans trop de casse. Tomilin peut alors expliquer ce qui s'est passé et que son passager n'est autre que son agresseur. Plus tard, un officier de l'armée lui confie que celui-ci était un espion à la solde des Japonais. Peu après, une section de parachutistes embarque dans un transport pour aller sécuriser la frontière. Finalement, ses cabrioles aériennes ont fait de lui un héros !

On ne voit pas très bien ce que vient faire un espion japonais au Tadjikistan, un pays sur lequel le Japon n'a jamais eu de visées particulières. On comprend mieux quand on se rappelle qu'au moment où sortit le film (août 1939), l'URSS était en conflit armé avec le Japon, sur les frontières de la Mongolie. Ce qu'on appela l'"incident" de Nomohan ou la bataille de la Khalkhin Gol, fit, entre mai et septembre 1939, environ 18 000 morts des deux côtés…Les Russes, appuyant massivement les Mongols attaqués, firent preuve d'une résistance que les Japonais, trop sûrs d'eux, n'attendaient pas. Ils préférèrent, par la suite, s"occuper" de l'Asie du sud-est et du Pacifique.

On ne sait pas où a été tourné le film. Nous n'avons pas pu identifier le petit terminal vu dans le film, qui est peut-être celui de Stalinabad (Douchanbé, depuis 1961), la capitale du Tadjikistan. Cet aéroport fut reconstruit plusieurs fois et il est difficile de savoir quelle était son apparence en 1939. Par contre, des séquences aériennes ont été tournées par quatre cameramen, au-dessus de la vallée de la Vakhch, au bord de laquelle est située Douchanbé, mais aussi au-dessus de la chaîne montagneuse du Pamir, avec des images qui rappellent celles des films de montagne allemands du début des années 30 ("L'enfer blanc de Piz Palu", "Tempête sur le mont Blanc"…).

 

Les avions du film :

Le film ouvre sur un Douglas DC-3-260 (CCCP-L3403, c/n 2096) immatriculé en Mongolie (MT-16). L'insigne que l'on voit sous le cockpit est le logo du constructeur. Il avait été acheté aux USA, en janvier 1939, pour le gouvernement mongol, par l'intermédiaire d'une compagnie spécialisée dans le commerce des fourrures, la Far East Fur Trading Co., qui en avait acheté six (de MT-16 à MT-21). Précisons que cette société "commerciale" était une couverture pour les services secrets de l'armée soviétique et qu'elle avait des bureaux à Berlin, Londres, New-York, Shanghaï…En juin 1939, ce DC-3 fut récupéré par l'Aeroflot (CCCP-L3403). Pendant la guerre contre la Finlande (hiver 1939-1940). il sera affecté à l'armée de l'air soviétique (VVS), et fera huit missions de largage de tracts. En 1940, il participera au tournage de "Budni", et en juillet 1941, il fera partie de la 1ère escadrille AGON (AviaGruppa Osobogo Naznacheniya : Groupe aérien pour missions spéciales) de Moscou.

Autre avion, aperçu au sol, puis au décollage à la fin du film, piloté par Faizi, la copine de Tomilin, un Laville PS-89 (CCCP-L2141 c/n 894 ). Pris en charge par l'Aeroflot en février 1938, cet avion était affecté aux lignes vers Sverdlovsk, Kharkov, Kiev, Simferopol, Orel et Astrakhan (mais aucun terminal de ces aéroports ne correspondent à celui du film). Un autre exemplaire de cet avion construit à sept exemplaires, figurera dans le film "Budni", l'année suivante.

Mais le principal avion du film est celui que pilote Tomilin, qui a été filmé en studio devant  un écran de rétroprojection, mais aussi en extérieur, au dessus des montagnes. C'est un Yak-UT-2 (CCCP-L1275), un avion de la GVF (Grazhdanskii Vozdushnyi Flot, Flotte de l'Aviation civile). Le matricule de l'avion pose un petit problème; "CCCP-L1275" fut attribué à un Putilov Stal-3, mais cet avion fut rayé des registres en 1937. Son matricule a peut être été attribué, par la suite, à l'UT-2, qui en tant qu'avion d'école, aurait dû être immatriculé "CCCP-Ш 1275". A la fin de 1939, l'Aeroflot avait 37 UT-2, pour l'entraînement de ses pilotes. L'UT-2 est filmé en vol notamment lors de ses séances de voltige, qui permettent de juger de sa maniabilité. On a également filmé le vrai tableau de bord, équipé d'une bille-aiguille au centre. On voit également, au début du film, la version monoplace de cet appareil, un Yak-UT-1 de l'Aeroflot. Dans une scène, l'ombre de l'UT-2, portée au sol, est celle d'un Polikarpov P-5, dont on voit plusieurs exemplaires sur l'aéroport.

On y voit également en arrière plan, un Tupolev SB-2M (PS-40), utilisé pour le transport du courrier et occasionnellement de passagers, garé non loin d'un bimoteur Tupolev ANT-9 bimoteur (PS-9). On voit aussi des biplans Polikarpov U-2.

Enfin dans le bureau du commandant, on voit des maquettes d'avions, dont un quadrimoteur Tupolev TB-3 et un Yak AIR-9.

 

 Christian Santoir

 * Film à visionner sur. https://ok.ru/video/

  

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