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MEURTRE EN PLEIN VOL

 

MEURTRE EN PLEIN VOL

Vo. Death flies east

 

Année : 1935
Pays : Etats-Unis
Durée : 1 h 05 min.
Genre :policier
Noir et blanc

Réalisateur : Phil Rosen
Scénario : Albert DeMond, Fred Niblo Jr.

Acteurs principaux :

Conrad Nagel (John Robinson Gordon), Florence Rice (Evelyn Vail), Raymond Walburn (Evans), Geneva Mitchell (Helen Gilbert), Robert Allen (Baker), Oscar Apfel (Wallace P. Burroughs), Miki Morita (Sato), Purnell Pratt (Dr. Landers), Irene Franklin (Mrs. Laura Madison), George Irving (Dr. Jim Moffat), Adrian Rosley (Pastoli).


Photographie : Allen G. Siegler
Producteur : Sid Rogell
Compagnie productrice : Columbia pictures

Avions :

  • Douglas DC-2-120, NC14283
  • Vultee V-1A

 

Notre avis :

Ce petit film de série B, passé inaperçu, est sans doute le premier thriller se passant à bord d'un avion de ligne, un genre que l'on connaît bien aujourd'hui. Bien que manquant de véritable suspense, le scénario met en scène une collection stéréotypée de passagers qui vont réagir de façons diverses aux événements, ce qui est une des caractéristiques de ce qu'on allait appeler plus tard, le "film catastrophe". On trouve ainsi dans cet avion, une infirmière en fuite, un lieutenant de police, un dame sourde, un directeur de société, un médecin, un agent d'assurance, un assassin en puissance, un musicien italien, un japonais mystérieux et un ingénieur transportant une formule d'explosif ultra secrète…Notons que l'acheminement d'une formule d'explosif à Washington, était déjà au centre du film "Murder in the clouds" de la Warner, l'année précédente, mais l'action ne se passait pas dans l'avion, puisqu'il explosait en plein vol !

L'histoire commence avec l'infirmière Evelyn Vail qui est libérée sur parole, après avoir été accusée d'avoir empoisonné un patient. Elle retourne à Los Angeles, où elle est assignée à résidence et retrouve son amie, Helen Gilbert. Cette dernière l'informe que Carl Peters qui est aussi impliqué dans ce crime, va bientôt être exécuté à la prison de Sing-Sing à New York. Evelyn décide donc de partir aussitôt à New York pour obtenir une confession de Peters qui l'innocenterait, ainsi que le Dr. Moffat, son ancien patron, également incarcéré.. A bord de l'avion, elle rencontre un certain John Gordon qui va à Washington DC, pour y déposer la formule d'une explosif révolutionnaire. Quand l'avion fait escale à Dallas, un passager, Baker, s'évanouit, apparemment empoisonné; il est hospitalisé. En l'air, le garde du corps de Gordon, le lieutenant O'Brien, s'effondre, mort; il a également été empoisonné ! Entre-temps, le juge des libertés d'Evelyn a appris qu'elle était à bord de l'avion, qui est rappelé à Dallas. Evelyn est aussitôt accusée d'avoir empoisonné le policier O'Brien, mais Gordon déclare qu'il ne l'a pas quitté un instant. Il convainc le commissaire Daniel Barrie d'obtenir des échantillons d'écriture des passagers, ainsi que de Baker, qui, rétabli, arrive de l'hôpital. Mais celui ci, au lieu d'obtempérer, s'empare du pistolet du commissaire et fait feu sur Gordon ! Heureusement tout était arrangé, les balles sont à blanc. Gordon le soupçonnait d'avoir simulé un empoisonnement, et falsifié l'écriture d'O'Brien qui écrivait les heures d'arrivée et de départ aux escales, sur son billet d'avion. O'Brien avait été empoisonné peu avant le départ de Dallas et n'avait pu écrire lui même l'heure exacte de départ. Baker voulait se venger d' O'Brien qui avait envoyé son père en prison, où il était mort. Evelyn doit cependant retourner en prison à Los Angeles. Gordon part alors à New York pour rencontrer Peters, mais il arrive après l'exécution. Cependant, un prêtre a reçu par écrit sa confession. Evelyn et le Dr Moffat sont innocentés. Plus tard, Gordon tombe dans les bras d'Evelyn…

Le film fait une large publicité à la compagnie American Airlines à laquelle appartient l'avion où se déroule l'action. On présente au spectateur la ligne transcontinentale Los Angeles-New York, mais il y a un problème. Cette ligne coast to coast n'était desservie par des DC-2 que par son concurrent TWA et ce, dès le 1° août 1934 ! La ligne transcontinentale d'American Airlines était plus méridionale et plus longue. Elle passait, comme expliqué dans le film, par Tucson, Douglas, El Paso, Abilene, Dallas, Nashville, Washingnton DC. Mais il y avait d'autres escales : Phoenix, Big Springs, Fort Worth, Little Rock, Memphis, Philadelphie, Baltimore...C'est pourquoi AA utilisait un avion plus confortable, équipé de couchettes, le grand biplan Curtiss T-32 Condor. Le vol d'une côte à l'autre durait dix huit heures environ. L'avion du film décolle de Los Angeles-Burbank à 19h15, et arrive à Dallas à 8h12, le lendemain, l'arrivée à New York étant prévu à 20h35 (heure locale). Les DC-2 d'AA ne faisait en fait, que la ligne New York-Chicago (depuis décembre 1934). American Airlines fut à l'origine du projet d'un DC-2 au fuselage agrandi, le DC-3 DST (Douglas Sleeper Transport) qui fut mis en service sur sa ligne coast to coast, le 18 septembre 1936. Ce film représente donc, au début de 1935, une fiction, le d'AA, de faire voyager ses passagers avec le confort du Condor, mais avec la rapidité du Douglas.

Le billet aller Los Angeles–New York coûtait en 1935, 161,80 dollars (3 367 dollars en 2022), ce qui est bien la somme payée par chèque, par l'héroïne. Il n'y avait qu'une seule hôtesse pour quatorze passagers. On remarque que le service à bord ressemblait (à une échelle beaucoup plus petite) à ce qu'il est aujourd'hui en classe touriste. La nuit, les passagers disposent de sièges inclinables, et l'hôtesse leur distribue des couvertures; le matin, elle sert le petit déjeuner. Cependant les repas sont pris lors des nombreuses escales, dans les restaurants et cafeteria des aéroports, où on peut aussi acheter des sandwiches et des fruits, servis dans une boite que l'on est autorisé à emmener à bord, comme le fait le lieutenant de police O'Brien. On ne voit pas de ceintures de sécurité (excepté pour les pilotes), bien que les sièges en soient normalement équipés, et dans les turbulences, on s'accroche aux accoudoirs !

Le film fut tourné en partie, dans la salle d'enregistrement et le restaurant de l'United Airport de Burbank, appelé Union Air Terminal, qui sert aussi pour figurer les autres escales.

"Meurtre en plein vol" reçut un accueil plutôt froid de la part des critiques qui le considéraient comme un banal film policier ayant lieu dans une cabine d'avion commercial, sans se douter qu'il serait à l'origine d'un genre qui allait faire recette.

 

Les avions du film :

Une grande partie du film se passe dans un Douglas DC-2-120 d'American Airlines (c/n1316, NC14283) acquis en septembre 1934. En novembre 1940, cet avion fut cédé à Indian Airlines (VT-AOR) où il fit un court passage. En avril 1941, il fut réquisitionné par la RAF sous le matricule DG470 et employé par le squadron 31, une unité de transport opérant en Inde. Il fut rayé des effectifs en novembre 1943, date à laquelle on perd sa trace.

On remarque que les passagers entrent par la droite, comme dans la plupart des avions américains de l'époque. Si la cabine est bien celle d'un DC-2 avec les bonnes dimensions, le cockpit est reconstitué en studio, et n'a rien à voir avec le vrai, à commencer par les montants du pare brise qui ressemblent plus à celui d'un Vultee V-1A. C'est d'ailleurs ce type d'avion que Gordon loue pour arriver plus vite à Sing-Sing, un avion rapide utilisé un moment par American Airlines. Mais le Vultee V-1A du film n'appartient pas à la compagnie, et son immatriculation ne peut être identifiée. Il décolle du Grand Central Airport de Glendale où était située la Airplane Development Corp. qui le fabriquait. Ce pourrait être un avion d'usine. Il réapparaîtra la même année, dans "Air Hawks" (1935) de la Columbia.

 

Christian Santoir

*Film rare

 

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