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L’ESCADRILLE DES JEUNES

 
L’ESCADRILLE DES JEUNES

Vo. I wanted wings

 

 

Année : 1941
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Durée : 1 h 53 min.
Noir et blanc

Réalisateur : Mitchell LEISEN
Scénario : Richard MAILBAUM, Beirne LAY Jr., Sig HERZIG
Histoire originale : livre « I wanted wings » (1937) de Beirne LAY Jr.

Acteurs principaux :
Ray MILLAND (Jeff Young), William HOLDEN ( Al Ludlow), Wayne MORRIS (Tom Cassidy), Brian DONLEVY (Capitaine Mercer), Constance MOORE (Carolyn Bartlett), Veronica LAKE (Sally Vaughn), Harry DAVENPORT (« Sandbags » Riley), Phil BROWN (Jimmy Masters), Edward FIELDING (Président de la Cour), William ROBERSTON (le juge), Richard LANE (le commandant)

Musique : Victor YOUNG
Photo : Leo TOVER
Prises de vues aériennes : Elmer DYER
Directeur des scènes aériennes : Paul MANTZ
Producteur : Arthur HORNBLOW Jr.
Compagnie productrice : Paramount

Avions :

  • Boeing Y1B-17B
  • Boeing B-17B
  • Douglas B-18 Bolo, en arrière-plan
  • North American BT-9A
  • North American AT-6A
  • Northrop A-17 

 

Notre avis :

A la fin de 1940, l’implication des Etats-Unis dans la guerre était juste une question de temps. Le président Roosevelt lança la première opération de conscription en temps paix de l’histoire du pays. Le « Selective Service Act » de 1940 prévoyait l’enrôlement de 800.000 hommes dans l’Armée. Pour stimuler l’effort de recrutement, les studios de la Paramount furent incités à produire un grand « air epic ». Fait avec la collaboration généreuse du War Department, cet hommage cinématographique à l’ US Air Corps expose la formation prodiguée à des milliers de jeunes aspirants pilotes.

L’histoire est tirée d’un roman à succès de Beirne Lay Jr. qui retrace sa propre expérience d’ancien cadet de l’USAAC à Randolph Field, le «West point de l’air ». Breveté pilote en 1933, Lay passait son temps libre à écrire des articles et des histoires sur l’aviation. En 1939, la Paramount lui acheta les droits de son livre et lui demanda de participer à l’écriture du scénario. La mort d’un cadet dans le film alors qu’il fait du rase mottes avec ses camarades peu de jours avant l’obtention de leur brevet, est inspirée directement de l’expérience de Beirne Lay. Celui-ci craignait que les co-scénaristes (Eleanor GRIFFIN, Frank WEAD) qui lui furent imposés, juste pour polir le script, ne gâtent l’histoire, ce qui ne manqua pas d’arriver. Une intrigue amoureuse inopportune fut introduite dans la seconde partie du film. Ce fut l’occasion pour Veronica LAKE, dont le nom apparaît en tout petit sur l’affiche, de tourner son premier film à succès et d’accéder au rang de star, tout en affirmant son rôle de femme fatale. C’est aussi lors de ce film que le producteur lui trouva le nom de Veronica LAKE, sous lequel elle sera connue. Tout aérocinéphile, naturellement sensible aux formes aérodynamiques, lui pardonnera cette intrusion au milieu des B-17, en appréciant ses courbes harmonieuses, moulée dans un fourreau à paillettes, ou portant un chemisier largement ouvert…

Le film ouvre sur un exercice de bombardement de nuit sur la ville de Los Angeles. Sans doute impressionnée par le Blitz, la grande ville californienne joue à se faire peur. Projecteurs, batteries de DCA, chasseurs, sont en alerte. Les sirènes retentissent, les lumières s’éteignent une à une alors que se profilent dans le ciel les ombres inquiétantes des bombardiers quadrimoteurs. Le tout est commenté en direct à la radio et tout le monde est dans la rue pour assister au spectacle ! On annonce qu’un bombardier a dû se poser en urgence et qu’il y aurait une femme parmi les victimes. Puis, on passe à une cour martiale où sont jugés les rescapés de cet accident. C’est l’occasion de revenir deux ans en arrière, à la base école de Randolph Field où arrivent trois nouvelles recrues. On suit ces trois cadets, le riche bourgeois Jeff Young, le garagiste Al Ludlow et le sportif universitaire Tom Cassidy, à travers les rigueurs de l’entraînement : visite médicale, équipement, exercices, cours de météo, de radio, de mécanique, séances de Link Trainer ; rien ne leur est épargné. Ils sont toujours sous la menace d’être renvoyé par leur chef, le commandant Mercer, un homme dur mais compréhensif. Jeff fait son premier vol solo sans problème et rencontre à cette occasion une belle photographe, Carolyn, chargée par l’Armée de faire une campagne promotionnelle pour l’aviation. Ludlow qui est toujours sous le choc de sa séparation d’avec son amie Sally, est beaucoup moins sûr de lui. Lors de son premier solo, son moteur tombe en panne, mais il réussit à se poser sans mal dans un champ. Peu avant la remise de leur brevet, les trois compères se paient une séance de rase mottes qui finit mal ; Cassidy se tue. Ludlow qui était le chef de patrouille est renvoyé de l’Armée. Il finit par épouser Sally qui a tenté de séduire le riche Jeff Young. Ce dernier reçoit son brevet de pilote et est muté à March Field, le « foyer de la Superfortress ». Pendant ce temps, le couple Ludlow végète sans travail dans le Kansas et se sépare une nouvelle fois. Ludlow reprend du service dans l’USAAC comme chef mécanicien et retrouve son ami Jeff. Ils doivent participer, avec leur ancien chef Mercer à un exercice de nuit, quand Sally survient et demande à son mari de l’aider car elle vient de tuer un patron de bar en Floride ! La police la recherche et elle a juste le temps de se cacher dans le bombardier de Young qui décolle juste après. En vol, Ludlow découvre Sally qui s’accroche à lui et fait partir une bombe éclairante. Ludlow réussit à la jeter par la soute à bombe, mais il tombe dans le vide avec Mercer agrippé à lui !. Jeff décide d’atterrir pour récupérer les deux hommes. Mercer est grièvement blessé. Le décollage est délicat et un moteur touche un rocher ; il faut se poser de nouveau, mais il y a de la casse cette fois-ci. Dans l’accident, Ludlow retrouve Sally mourante. Puis on retourne à la cour martiale, vue au début du film, et où Ludlow a tout expliqué au juge ; le jury décide finalement d’acquitter tout le monde. Jeff Young retrouve Carolyn qui est venue lui apporter son soutien moral; Ludlow, libéré de Sally, peut recommencer une nouvelle carrière de pilote.

Le tournage commença en septembre 1940. L’authenticité du film tient au fait que le producteur Arthur Hornblow décida de filmer le plus possible en extérieur. Le réalisateur Mitchell Leisen fut appelé au dernier moment pour donner un peu plus de spectaculaire à la mise en scène. Il était, certes, plutôt spécialisé dans les comédies légères mais avait sa licence de pilote et connaissait bien les choses de l’air. Ce film est d’ailleurs un film d’aviateurs. Beirne Lay Jr commandera une escadrille de B-24 pendant la seconde guerre mondiale, Ray Milland deviendra instructeur, Wayne Morris sera un as de la Navy comptant sept victoires obtenues avec la VF-15, Brian Donlevy qui était un ancien pilote du Lafayette Flying Corps en 1918, sera instructeur dans l’USAAF, même Veronica Lake sera un pilote confirmé, et en 1948, elle  ralliera aux commandes de son avion Los Angeles à New-York.

La production se transporta avec 130 acteurs et techniciens au Texas où elle séjourna trois mois. A Randolph Field, l’école de formation initiale, près de San Antonio, le tournage commença avec les élèves pilotes de la classe 40D. Plus de 200 cadets apparaissent dans le film, au sol ou en l’air, aux commandes de leurs North American BT-9.

Paul Mantz fut chargé de la coordination de toutes les scènes aériennes filmées à partir de trois avions : un Lockheed Vega, un Boeing 100 et un Lockheed Orion. Mais la plupart des vues aériennes furent filmées à partir de l’Orion que Mantz considérait comme son meilleur avion caméra. Ayant appartenu à Jimmy Doolittle, l’avion était équipé du chauffage et avait six points de fixation pour les caméras. En l’air, Mantz et le cameraman Elmer Dyer recevaient leurs instructions par radio, une communication à trois voies étant établie entre l’Orion, l’avion qui dirigeait la formation filmée, et le directeur au sol.

De Randolph, l’équipe de tournage se déplaça à Kelly Field, l‘école de perfectionnement, et le site où fut tourné le premier grand film d’aviation, « Wings ». 450 cadets sur le point de recevoir leurs brevets firent ainsi leur début à Hollywood. Parmi les nombreuses scènes filmées à la base, il y eut un survol effectué par plus de 500 AT-6 lors d’une promotion. A Kelly Field, les trois vedettes masculines du film firent quelques heures en double commandes afin d’avoir un minimum de crédibilité dans les vues rapprochées qui seraient filmées plus tard en studio. En tout, 1160 avions, 1050 cadets, 2543 engagés et 450 officiers furent mis à la disposition de Leisen et de son équipe pendant leur séjour au Texas. Les autres scènes furent filmées dans les studios de la Paramount à Hollywood et à March Field près de Riverside (Ca.) où une escadrille de B-17B du 19th Bomb Group fut utilisée pour la dernière partie du film. Le tournage se termina en décembre 1940, et la première eut lieu le 22 mars 1941 à San Antonio. Les critiques apprécièrent le film pour ses magnifiques scènes aériennes, et ses effets spéciaux de qualité pour lesquels il reçut un Oscar en 1942.

« L’escadrille des jeunes » est sans aucun doute un des meilleurs films d’aviation de l’avant guerre (aux USA), si l’on excepte la prestation de Veronica LAKE, chanteuse à temps partiel, mais empoisonneuse à temps plein...Les séquences montrant les vols d’entraînement sont très réalistes et firent sans doute beaucoup pour susciter de nombreuses vocations parmi les jeunes hommes.

 

Les avions du film :

Pendant les trente sept minutes de scènes aériennes, l’USAAC déploie un important matériel aérien. Les cadets font leur école de début sur des North American BT-9A (dont le s/n 36-113 portant le numéro 221..) à train fixe, puis se perfectionnent sur North American AT-6A.

Young est accidenté sur une des premières versions de la Forteresse volante, le Boeing YB-17B, avec le bombardier situé sous le mitrailleur de nez. Mais à March Field, il passe devant une rangée de B-17B, la version suivante avec une dérive agrandie et un nez simplifié avec le mitrailleur remplacé par le bombardier. Ces avions (dont les n° 1, 32, 34) comme les deux utilisés dans la scène du hangar appartenaient au 32nd Bomb Squadron du 19th Bomb Group basé à March Field. En octobre 1941, le 19th Bomb Group sera déployé aux Philippines où la plupart de ses appareils seront détruits au début de la guerre du Pacifique.

Dans la scène filmée à l’intérieur du bombardier, en fait dans une maquette grandeur du fuselage ayant coûté 40.000 $, on remarquera que, comme dans la plupart des bombardiers européens de l’époque, le commandant de bord n’est pas le pilote. Il a son poste derrière les pilotes dans un siège qui lui permet d’accéder à une coupole d’où il peut observer tout ce qui se passe au dessus de l’avion. On remarquera également, la complexité des tourelles de sabords qui seront remplacées par deux simples ouvertures avec déflecteurs dans les modèles suivants (les mitrailleurs n’avaient qu’à se couvrir..). Les YB-17B du 2nd Bomb Group (dont les n° 10, 50, 51, 62) semblent être issus du film de la MGM, « Test pilot » (1938)

En arrière plan, au début du film, au sol, on aperçoit un Douglas B-18 Bolo qui était le bombardier bimoteur standard de l’époque. Tout à la fin du film, Ludlow grimpe allégrement dans un Northrop A-17 qui était alors un avion de servitude dont l’USAAF essayait de se débarrasser en les vendant à l’Angleterre et à la France, un marché qui ne put être conclu pour cause d’armistice…

Le film utilisa peu de maquettes, même lors des crashs ; on voit ainsi quelques modèles de B-17B et de Curtiss P-40C, lors de l’attaque de Los Angeles. Un document d’actualité montre également des Curtiss P-40C du 20th Pursuit Group (dont le n° 30) décoller de nuit lors de cette scène.

 

 Christian Santoir

 *Film disponible sur YouTube

 

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