LES BRISEURS DE BARRAGES
Vo : The dam busters
Année : 1955
Pays : Grande Bretagne
Genre : guerre
Durée : 2 h 04
Noir et Blanc
Réalisateur : Michael Anderson
Scénario : R.C. Sheriff d’après les livres de Paul Brickhill: «Dam Busters » et du Wing Cdr. Gibs «Enemy coast ahaid».
Acteurs principaux :
Richard Todd (colonel Gibson),
Michael Redgrave (Dr Barnes N. Wallis), Ursula Jeans (Mme. Wallis), Charles
Carson (le docteur), Stanley van Beers (Sir David Pye) Colin Tapley (Dr. W.H.
Glanville), Hugh Manning (un officiel), Patrick Barr (Capitaine Joseph
Summers), Basil Sidney (Air Chief Marshal Sir Arthur Harris), Derek Farr (Group
Captain J.N.H. Whitworth).
Production : Gordon Scott, Associated British Pictures
Directeur de la photographie et de la photographie aérienne : Erwin Hillier
Musique : Eric Coates compositeur de « Dam busters march », Leighton Lucas, Louis Levy
Conseiller technique : Group Captain J.N.H. Whitworth
Distribution : Associated British-Pathé
Avions :
- -Airspeed Oxford
- -Avro Lancaster Mk.7
- -De Havilland Mosquito Mk.35
- -Vickers Wellington
Notre avis :
Sorti le 16 mai 1955 à Londres, en présence de la princesse Margaret, le film « Briseur de barrages » relate le raid des bombardiers de la RAF sur les barrages allemands de la Ruhr qui eut lieu exactement douze ans auparavant. Ce film se compose de deux parties bien distinctes.
La première traite de la conception et des essais d’une bombe spéciale inventée par le Dr Barnes Wallis. Cette bombe appelée « Upkeep » ricochait sur l’eau et coulait juste à l’aplomb du mur intérieur du barrage. Elle était encore couverte par le secret-défense en 1954 (il ne fut levé qu’en 1963) et la maquette utilisée pour le film est très différente de la vraie bombe qui était un simple cylindre d’acier chargé de plus de trois tonnes de Torpex. La bombe du film est pratiquement sphérique, plus grosse et dépasse largement de la soute à bombe des avions. Les bombes réelles que l’on voit lancées au début du film par un Wellington, puis par un Mosquito, sont des prototypes de bombes « ricochantes » sphériques anti-navires appelées « Highball ». Dans cette partie, on assiste également à l’entraînement des bombardiers au vol rasant, ce qui nous permet de voir des scènes aériennes impressionnantes avec des quadrimoteurs manoeuvrés comme des chasseurs, uniquement à la force des bras (pas de servocommandes sur le « Lanc »), et parfois à seulement une dizaine de mètres au dessus de l’eau.
Le raid lui–même constitue la seconde partie du film, la plus courte. En 1943, trois vagues de dix neuf avions appartenant au 617 Squadron (code AJ en 1943) décollèrent de la base de Scampton pour aller attaquer six barrages allemands. Le film ne montre que l’attaque sur les barrages de la Mohne et de l’Eder, mais pas sur les autres qui restèrent intacts ! Contrairement au barrage de la Mohne, celui de l’Eder n’alimentait pas le réseau de la Ruhr et sa destruction n’eut aucun impact sur la production industrielle. Le raid provoqua également la mort d’environ 1300 Allemands. Tout cela au prix de huit avions et 56 hommes qui ne revinrent pas. Mais dans ce film, réalisé alors que la guerre froide devenait de plus en plus chaude (guerre de Corée, guérilla communiste en Malaisie, explosion d’une bombe à hydrogène à Bikini), il n’était pas question de parler d’échec britannique.
Ce film se distingue, entre autres, par une extrême minutie dans les détails : uniformes, équipements, attitudes...Ainsi, Richard Todd porte la même montre bracelet et la même « Schwimmwest » de la Luftwaffe, que Gibson. Seule fantaisie : le procédé destiné à évaluer de manière précise l’altitude de largage à l’aide de deux projecteurs aux faisceaux convergents ne fut pas inspiré, comme dit dans le film, par les spots d’une scène de music-hall. Par contre, le viseur fait en contreplaqué et tenu en main par le bombardier (cf. le viseur bricolé dans « Trente secondes sur Tokyo ») est tout à fait exact.
Le réalisateur mit l’accent non sur la prouesse guerrière, mais sur les sans noms, les héros obscurs qui ont contribué par leurs efforts opiniâtres à gagner la guerre tout autant que les militaires en première ligne. La décision fut prise de tourner le film en noir et blanc, d’une part, pour pouvoir mieux intégrer des documents filmés d’époque (comme la crue de la Ruhr en 1954) mais aussi pour conserver au film son aspect documentaire. Pendant deux ans, M. Anderson s’est livré à une recherche historique approfondie. Comme résultat, un film captivant, très réaliste, devenu un grand classique du film de guerre et d’aviation. Les dernières paroles du film sont celles du Wing Cdr. Gibson, elles sont pour les équipages disparus : « I have some letters to write.. ». Pas de trompette, pas de musique, élégance et sobriété. « Very british, isn’t it ? »
On annonce pour 2007, un remake de « Dam Busters » par le producteur néo-zélandais Peter Jackson et le réalisateur Christian Rivers (Cf. « King Kong »). Leur tâche ne sera pas aisée vu la qualité de l’ancien film. En outre, où vont-ils trouver des Lancaster en état de vol et des équipages pour les faire voler ? Il est fort probable que l’on ait droit à des Lancaster en image de synthèse, autrement dit à des ersatz d’avions.
Les avions du film :
-Quatre Avro Lancaster Mk7 construits en 1945 (NX673, NX 679, NX782, RT686) qui furent fournis par le 20th Maintenance Unit. Cette dernière version du Lancaster se caractérisait par des tourelles arrière Frazer Nash munies de deux mitrailleuses seulement au lieu de quatre sur les avions de 1943 ; elle n’avait pas de petites fenêtres le long du fuselage et pas de cache-flammes sur les pipes d’échappement des moteurs. Ces appareils ont tous été ferraillés en 1956 ! Ils furent pilotés par des équipages de Lincoln (le successeur du Lancaster) des 83 et 97 Bomber Squadron, qui venaient de finir leur tour de mission en Malaisie.
-Un Vickers Wellington (MF628) construit en 1944 comme Mk.X,
converti en T10 en 1948. En octovre1952, il avait été affecté au 19 MU sur la base de St Athan, Glamorgan. Basé à Hemswell pour le tournage, entre juin et septembre, il servit
à la fois comme avion d’essai de la bombe, mais aussi, comme avion caméra. Le 24 janvier 1955, l'avion fut vendu à Vickers Ltd, de Weybridge et décolla de St Athan en direction du terrain de la compagnie à Wisley (Surrey). En novembre 1957, l'avion fut envoyé au musée de la RAF d'Hendon. En juin 2010, il subit une grande restauration au Centre de Conservation (MBCC) de Cosford.
Il y avait un autre avion caméra, un Vickers Varsity. Il est actuellement au RAF museum d’Hendon.
-Un De Havilland Mosquito Mk.35 (VR803) construit par Airspeed à Portsmouth en 1948. Il fut modifié en PR.35. Il fut réformé en janvier 1957. Son sort est inconnu.
Enfin, on aperçoit, au sol, un Airspeed Oxford .
Christian Santoir
*Film disponible sur amazon.fr
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