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LA BONNE FORTUNE

 

LA BONNE FORTUNE

Vo. The fortune

 

Année : 1974
Pays : Etats-Unis
Genre ; comédie
Durée : 1 h 28 min.
Couleur

Réalisateur : Mike NICHOLS
Scénario :Carole EASTMA

Acteurs principaux :
Stockard CHANNING (Freddie), Jack NICHOLSON (Oscar), Warren BEATTY (Nicky), Ian WOLFE (Juge de paix),  Brian AVERY (le steward), Florence STANLEY (Mrs. Gould), Dub TAYLOR (Rattlesnake Tom).  

Musique : José PADILLA, David SHIRE
Photographie : John A. ALONZO
Producteurs : Don DEVLIN, Mike NICHOLS
Compagnie productrice : Columbia Pictures

Avions : 

  • Curtiss JN-4 Jenny
  • Ford trimotor, 5-AT-B, N9651

 

Notre avis :

L'histoire de ce film se passe à la fin des  années 20, les roaring twenties, une période d'évolutions et de prospérité aux USA, partagée entre valeurs puritaines et libération des mœurs, qui allait se terminer tragiquement par la grande crise économique, provoquée par le krach boursier de Wall Street, en 1929. En dehors de ce contexte historique, la production a fait appel, en plus de grandes vedettes comme Jack Nicholson et Warren Beatty, aux services de Frank Tallman et de Frank Pine (non cités dans le générique), les spécialistes des scènes aériennes à Hollywood, d'où la présence de ce film, sur ce site…

A New York, Nicky Wilson et Oscar Sullivan sont de petits escrocs qui voient une occasion de gagner beaucoup d'argent dans la personne de Fredericka Quintessa Bigard, une riche héritière célibataire. "Freddie" est en effet la maîtresse de Nicky, mais il est marié, et la loi Mann (une loi de 1910, contre la traite des blanches, qui servit le plus souvent à lutter contre l'adultère…) lui interdit de partir avec elle, dans un autre état, pout y vivre une relation illégale. Il propose donc à son ami Oscar de se marier avec Freddie. Oscar accepte, car il est heureux de quitter New-York, étant recherché pour détournement de fonds, mais il a bien l'intention de revendiquer ses privilèges conjugaux après avoir été marié... Une fois à Los Angeles, les deux comparses essaient par tous les moyens, d'accaparer l'héritage de Freddie, sans succès, mais cela éveille ses soupçons. Quand elle annonce son intention de léguer sa fortune à une œuvre charitable, Nicky et Oscar en concluent que, seul, son assassinat leur permettra de devenir riches rapidement. Une nuit, ils la jettent à la mer, enfermée dans une malle ! Ils sont arrêtés par la police, mais Freddie réapparait, ayant survécu. Elle se refuse à croire qu'ils ont essayé d'attenter à sa vie et ils sont relâchés. Freddie, Nicky et Oscar sont obligés de revoir leur arrangement et d'envisager un mode de vie commun…

L'intérêt de cette comédie loufoque, totalement oubliée, réside, pour nous, plus que dans le scenario, dans le fait que son réalisateur s'est efforcé de reconstituer de la façon la plus fidèle possible l'ambiance de la fin des années 20, aux USA. On est même étonné d'y trouver une scène aérienne, particulièrement bien réalisée. Le tournage eut lieu en août 1974, à Albuquerque (NM), mais on ne sait pas si les avions, vus à l'écran, ont été filmés sur l'aéroport de cette ville. L'aérocinéphile se rappellera qu'en 1933, c'est sur cet aéroport que fut tourné "Air hostess", avec les avions de la compagnie TWA.

 

Les avions du film :

L'avion du film est un Ford trimotor, 5-AT-B (c/n 34, N9651) appartenant en 1974, à Irvin Perlitch; il était le joyau de son Country Transportation Museum de Morgan Hill (CA), avec le nom de "Flying lady". Il avait fait peindre l'avion en blanc avec des bandes rouges sur le fuselage, décoration qui ne correspond pas à la compagnie sous le nom de laquelle il vole, TAT (Transcontiental Air Transport). Il fut effectivement mis en service par TAT, en mai 1929, et fut baptisé "City of Philadelphia" par Gloria Swanson, alors qu'il revenait à Los Angeles, piloté par Lindbergh. Ce nom figure sous les fenêtres du cockpit, au-dessus de "US Mail A.M. 34" (l'Air Mail route n° 34 était la ligne New York-Los Angeles).

Cet avion apparait sur un documentaire “Coast to Coast in 48 hours”, tourné en 1929, à l'occasion du premier vol transcontinental. On le voit atterrir au Grand Central Air Terminal de Glendale, en provenance de Clovis (NM). Il y est accueilli par Amelia Earhart qui était alors l'assistante du General Traffic Manager de TAT. Vendu en janvier 1936, à RCA Manufacturing Co. le trimoteur, doté d'une immatriculation expérimentale (NX9651), servit à divers essais : émetteur de télévison, téléguidage de drones, mise au point d'un altimètre radio et d'une radiobalise omnidirectionnelle…Début 1941, l'avion fut cédé à Aircraft Exporting Corp. qui le revendit en avril, à la compagnie Star Air Lines, opérant en Alaska. En août 1943, l'avion fut accidenté au décollage de Fairbanks. Il fut démonté et stocké. Vendu en avril 1952, puis encore en juillet 1953, l'avion fut remonté et réparé; il put revoler en 1956, mais lors d'un essai en vol, près de Middleton (NY), le moteur gauche quitta son bâti et tomba ! Le pilote réussit néanmoins à atterrir sans casse. Il connut plusieurs propriétaires jusqu'à ce qu'Irvin et Olga Perlicht l'achètent, en 1969. C'est alors qu'il participa à ce film, puis en 1984, au tournage d' "Indiana Jones et le temple maudit". Mis en vente en 1978, l'avion ne fut vendu qu'en 1992, à Kermit Weeks, quand le musée de Perlicht ferma ses portes. (Cf. revue "Tarpa Topics" mars 2004). Cet honorable avion, plein d'histoire, est depuis au Fantasy of flight museum de Polk City, maintenu en état de vol.

Pour se rendre de New-York à Los Angeles, Freddie, Nick et Oscar prennent le train, puis l'avion, ce qui situerait l'action après le 7 juillet 1929, date à laquelle TAT inaugura cette liaison qui reliait les deux villes en 48 heures, en train la nuit (ce qui contredit le film), en avion le jour. On prenait le train de New-York (Pennsylvania Sation) à Port Colombus (Ohio), puis l'avion jusqu'à Waynoka (Oklahoma), ensuite le train jusqu'à Clovis (Nouveau Mexique), enfin l'avion jusqu'à Los Angeles (Californie). C'est cette dernière branche (avec escales à Albuquerque, Winslow, Kingman) que montre le film. Dans le terminal de TAT où téléphone Freddie, on voit, au mur, l'image de Lindbergh, telle qu'elle figurait sur les horaires de la compagnie, avec le texte ci-après, signé par lui :"Transcontinental Air Transport a apporté le plus grand soin dans le choix des pilotes. La nation entière a été impliquée dans la formation du personnel". Cela n'empêche pas Nicky, dont c'est le premier vol, de monter à bord de ce qu'il qualifie de "death trap" (piège mortel)…

On est étonné de constater que dans ce film, où l'aviation est totalement marginale, on s'est attaché à reproduire l'ambiance exacte régnant à bord d'un vrai Ford Trimotor. Dans de nombreux films d'aviation, des années 30, on voit des passagers de cet avion discuter calmement, comme dans la cabine d'un Airbus, or, le voyage à bord d'un Ford n'était pas très confortable (du moins, selon nos standards actuels). Il n'y avait pas de climatisation et la cabine était chaude en été, froide en hiver (le chauffage était peu efficace). Il y avait en plus, les odeurs d'huile, de métal surchauffé, du cuir des sièges, sans parler de celle du désinfectant, utilisé après que des passagers aient eu le mal de l'air…Ouvrir la fenêtre était le seul moyen d'éliminer tout ce remugle. Dans le film, on voit les personnages parler fort pour converser, ce qui est bien vu, la cabine étant très bruyante, surtout au droit des moteurs. Il y avait aussi le claquement des câbles des commandes de profondeur et de direction contre la paroi de la cabine, le long de laquelle ils couraient, à l'extérieur. On a filmé à l'intérieur d'une vraie cabine et non dans une cabine reconstituée en studio, avec des dimensions exagérées, comme d'habitude. On voit ainsi le steward se frayer difficilement son chemin, avec un plateau rempli, dans l'espace étroit entre les sièges, souvent occupé par des pieds, des coudes. Un petit repas (café chaud, sorti d'une thermos, et sandwiches) était effectivement servi à bord, entre Winslow et Kingman. On a également reproduit, les trous d'air, les mouvements de l'avion dans les turbulences, nombreuses à la faible altitude à laquelle il croisait (entre 1 500 et 2 200 mètres). Or à cette époque, les sièges (en osier au début) n'étaient pas toujours équipés de ceintures. Notons, au passage, que la compagnie avait transformé l'inconvénient du vol à basse altitude, en avantage, chaque vol étant une sorte de promenade au-dessus des principaux sites touristiques du pays : les reliefs ruiniformes de l'Arizona, le Meteor Crater près de Winslow (AZ), le grand Canyon, le vieux fort de Wingate (NM), le lac Baldwin (CA)…

Mais on est au cinéma et les scénaristes se sont crus obligés d'inventer une scène totalement invraisemblable. Ainsi Oscar se retrouve debout sur les contrefiches du train d'atterrissage, en plein vol, après être passé par la porte ! Celle-ci s'ouvre dans le bon sens et à 170 km/h, il faut de la force pour l'ouvrir suffisamment. Il avait toutes les chances de tomber dans le vide et absolument pas vers l'avant ! En outre, il n'y a rien sur le fuselage pour s'accrocher afin de progresser vers l'avant. Bref, c'est une scène totalement incompréhensible.

Les spectateurs qui auront les yeux en coulisse pourront apercevoir sur le terrain, d'autres avions, issus de la collection de Frank Tallman. On assiste ainsi à l'atterrissage d'un Curtiss JN-4 Jenny tout blanc, non identifiable. Tallman possédait deux Curtiss Jenny (N2062, N33627), des répliques. Plus tard, en arrière plan, tout au fond, on peut distinguer un Standard J-1; Tallman en possédait deux exemplaires : N2825D et N2826D). On voit plus tard un Stampe S.V.4C, blanc également, avec le drapeau français sur le gouvernail (le N1606 ?), un avion anachronique. Sur le tarmac, des mécaniciens travaillent sur le moteur d'un De Havilland Tiger Moth (le N6970 ?), moins anachronique, puisqu'il fit son premier vol en 1931. A côté, est garé un Stinson 74 L1 Vigilant que l'on peut identifier sans se tromper, comme le Stinson "N63260" (c/n 40-3102 ) qui servait d'avion caméra à Frank Tallman. Lui aussi n'est pas d'époque, ayant volé en 1941. Quand Freddie sort du petit terminal de la TAT, on aperçoit, en arrière plan, un autre avion camera de Tallman, un petit Curtiss-Wright CW-1 Junior (c/n 1145, N10967) de 1931.

La présence de tous ces avions de Frank Tallman laisse penser qu'ils auraient pu être filmés à l'Orange County airport (CA), la base de la société Tallmantz ….

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

 

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