Année : 1958
Pays : Espagne
Genre : drame
Durée : 1 h 36 min.
Couleur
Réalisateur
: Ramon TORRADO
Scénario : H.S. VALDES
Acteurs
principaux :
Alfredo MAYO (Colonel Rivas), Lina ROSALES (Mme Rivas), Maria PIAZZAI (Herminia),
Julio NUÑEZ (capitaine Alfredo Soler), Jose MARCO (un pilote), Thomas BIANCO
(Ernesto), Javier ARMET (un pilote), Francisco BERNAL (Aznar).
Musique :
Emilio LEHMBERG
Photographie : Ricardo TORRES
Producteur : Arturo GONZALEZ
Compagnie productrice : Arturo González Producciones Cinematográficas
Avions :
- -Airspeed AS.65 Consul, EC-ANL
- -Bristol 170 Mk 31-E Freighter, EC-AHI, en arrière plan
- -CASA 352L, T.2B-277
- -Douglas DC-3 EC-ABN, en arrière plan
- -Douglas DC-4, EC-AEK, au sol
- -Douglas C-47, T.3-8, au sol
- -Douglas C-47, EC-ECD, au sol
- -Henschel Hs.123
- -S.N.C.A.S.E. SE-161 'Languedoc', EC-AMH, en arrière plan
Notre avis :
Sur l'aéroport de Barajas, une nuit, un avion de l'armée de l'air espagnole, piloté par le capitaine Alfredo Soler, manque son atterrissage. Soler est légèrement blessé. Alfredo est le beau frère du colonel Rivas qui est le commandant de l'unité à laquelle il appartient. Un enquête est diligentée et conclut qu'il ne s'agit pas d'une faute technique. Le colonel Rivas ne comprend pas ce qui s'est passé, Alfredo étant un pilote expérimenté. Il se rappelle quand il l'avait rencontré, pendant la guerre civile, alors qu'ils combattaient tous deux dans les rangs nationalistes. Rivas avait un jour reçu une mission dangereuse consistant à se faire passer pour un pilote républicain, en empruntant un avion ennemi capturé, afin de repérer une batterie de canons. Soler, qui faisait partie d'une unité de bombardement, avait descendu son avion, au retour, n'ayant pas été informé de cette mission secrète ! C'est à l'hôpital que Rivas avait rencontré Isabelle, la sœur d'Alfredo dont le mari, un aviateur, avait été porté disparu, en combattant. Ils s'étaient mariés après la fin de la guerre civile. Le colonel Rivas va être obligé de conclure que l'accident de Soler est dû à une faute de pilotage, ce qui va nuire à la carrière de ce dernier. Soler, veut en fait, protéger sa sœur et son mari, en cachant un secret. Isabelle était veuve, mais après la guerre, son ancien mari, Ernesto, était réapparu sans crier gare ! Il lui avait demandé une forte somme d'argent pour quitter l'Espagne, en la menaçant de tout révéler si elle n'acceptait pas. Isabelle en avait parlé à Alfredo qui avait décidé de remettre l'argent à Ernesto, en se rendant, en avion, à un rendez vous, dans une ruine isolée. La rencontre s'était mal passée et à la suite d'une féroce bagarre, Ernesto avait été tué accidentellement par l'hélice d'un moteur, qu'Alfredo avait laissé tourner. Blessé à la tête, Alfredo était revenu à Barajas, mais à moitié inconscient, il avait raté son atterrissage. Ses pensées vont vers Herminia, une hôtesse de l'air, qu'il aime. Revenu au terrain, le soir, il apprend qu'un avion, à bord duquel est Herminia, a un problème; le pilote s'est évanoui et ne peut être réveillé. Il décide alors de passer à bord, à partir d'un autre avion ! Il y parvient et sauve les passagers. Herminia l'admire, de même que son beau-frère, le colonel, qui lui promet d'arranger l'affaire de son accident.
Le commandant de bord de l'avion s'endort après avoir absorbé un somnifère mis, par mégarde, dans son verre, par un passager malade qui s'est trompé de verre sur le plateau d'Herminia…Ce film espagnol s'est peut être inspiré du film américain "Flight in danger" (1956), où, là aussi, il est question de pilotes devenus incapables de piloter. On pourrait aussi se demander "Y a-t-il un copilote dans l'avion ?"; à l'évidence non, puisque c'est le mécanicien qui occupe la place droite et qui commence à paniquer quand il est aux commandes !
La scène du transfert d'Alfredo d'un avion à un autre, est une vraie préfiguration de la même scène figurant dans le film "747 en péril" (1974). Si, dans ce dernier film, l'opération semble (à peu près) possible, dans ce film espagnol, elle est tout à fait improbable. Il n'y a pas de trappe largable dans le plafond du cockpit du DC-4, pas plus que de celui du DC-3, occupé par une console d'instruments et, à l'extérieur, par une antenne ILS. Seul l'astrodôme aurait pu servir de trappe mais la coupole n'était pas amovible et ne permettait pas le passage d'un homme équipé d'un parachute… Le DC-3 n'avait pas non plus de trappe dans le plancher, il fallait passer par la porte. En finale, Alfredo lâche l'échelle de corde pour tomber sur le toit du cockpit, sans glisser ! En outre, le transfert se fait de nuit et par mauvais temps (d'où turbulences…). On ne peut pas faire pire et on est là en plein cinéma !
Rappelons que le principal acteur du film, Alfredo Mayo, était un pilote de l'armée nationaliste pendant la guerre civile. Il était donc tout à fait à sa place dans ce film. "Heroes del Aire" fut filmé en partie sur l'aéroport de Madrid-Barajas.
Les avions du film :
Le premier avion du film est un Airspeed AS.65 Consul, ou du moins sa maquette, mais aussi son vrai cockpit. On voit le véritable avion plus tard, avec le code fictif "80-62", sous les couleurs de l'armée de l'air espagnole. Précisons que le Consul ne fut pas employé par l'armée de l'air espagnole, seuls des Airspeed Oxford et Envoy. Il s'agit en fait d'un avion civil et on peut voir son matricule masqué sous les ailes et, sur le fuselage; on distingue la lettre "A", soit EC-A**, ce qui n'aide guère à le déterminer En 1958, il y avait environ huit Consul inscrits sur le registre civil espagnol dont trois appartenaient à la compagnie Iberia. Après une étude très (très) minutieuse de ces photos (positions des marquages masqués, des hublots, des antennes radios, etc…) le seul avion qui corresponde totalement à celui du film est le Consul "EC-ANL" d'Iberia. On note, au passage, que le code national "EC" peut être facilement transformé en "80"…
Le "EC-ANL" (c/n 567) fut enregistré en juin 1947 au Ministry of Civil Aviation, à Gatwick avec le matricule "G-AJXH". En février 1956, il fut vendu à la compagnie Eagle Aircraft Services de Blackbushe. C'est en janvier 1957, qu'il fut acquis par la compagnie Iberia et immatriculé EC-ANL. Réformé en 1964, il fut ferraillé à Madrid/Barajas en juillet 1971.
Derrière le Consul, un S.N.C.A.S.E. SE-161 Languedoc de la compagnie Aviaco (Aviación y Comercio, S.A.,une filiale d'Iberia), portant sur le nez le numéro "49". Ce type d'appareil avait déjà été aperçu à Barajas dans le film "Los Angeles del volante" (1957). Le "49" était immatriculé EC-AMH depuis 1956 et était un ancien avion d'Air France (F-BCUS) pris en charge en 1948. Le Languedoc fut peu apprécié chez Air France comme chez Aviaco, où il était appelé "M-e H-undo" (Je m'enfonce…).
Le second avion est le Junkers Ju-52/ CASA 352L, filmé de nuit, au sol, moteurs tournant, également remplacé en vol, par une maquette. Il ne porte aucun code, seul un numéro de série sur la dérive "T.2B-277" (c/n 168). Il fut mis sen service en février 1955 et réformé en novembre 1961. On en voit trois autres, plus tard, au sol, portant un camouflage trois tons sans codes apparents.
L'avion le plus curieux est un monoplan portant les couleurs de l'armée de l'air républicaine avec un camouflage tacheté improbable. C'est en fait un Henschel Hs.123 privé de son aile supérieure. Comme on peut le voir, l'aile inférieure de ce sesquiplan était plutôt petite et dépourvue d'ailerons. L'Ejercito del Aire utilisa quelques Henschel Hs.123, jusqu'au milieu des années 50, date à laquelle ils étaient utilisés comme remorqueur de planeurs ou avions de liaisons. En 1951, on pouvait en voir un (entier) en arrière plan, à Alcala de Henares, dans le film "La trinca del aire". Le dernier fut retiré du service en 1952 après avoir été accidenté, peut être est-ce celui-ci ? Cet Henschel infirme est là pour figurer un Polikarpov I-16 "Rata" (appelé "Mosca " chez les Républicains), qui équipait la chasse républicaine, comme indiqué par un personnage du film. La figurine de Betty Boop, peinte sur le devant du fuselage, rappelle qu'un Mosca d'un pilote inconnu de la 1a Escuadrilla républicaine, porta la tête de Betty Boop, sur la dérive, comme marque personnelle. Betty Boop apparut, en pied, sur un bombardier de la 3a Escuadrilla républicaine, basée à Getafe.
Sur l'aéroport de Madrid-Barajas, on aperçoit en arrière plan un Douglas DC-3 d'Iberia (n° 35) "EC-ABN" (c/n 7346). Cet ancien C-53 de l'USAAF (s/n 42-15551) fut acquis par Iberia en octobre 1947, avec le matricule EC-CAY, changé en 1955, en EC-ABN. Il fut retiré du service à Palma de Majorque, en octobre 1958.
Mais l'avion du film, où se déroule la dernière partie du film, est un Douglas DC-4 de la compagnie fictive Aerocenanica, filmé au sol et remplacé par une maquette, en vol. Cet avion d'Iberia (n° 104, EC-AEK) fut d'abord livré par Douglas à la compagnie KLM en avril 1946 (PH-TAR). En décembre de la même année, il fut affecté au secteur des Antilles néerlandaises, avec un nouveau matricule PJ-TAR. KLM le vendit à Iberia en décembre 1948 (EC-AEK). Il fut affecté à Aviaco en novembre 1966. En 1969, il sera vendu à la compagnie dominicaine Dominicana (HI-169). En septembre 1973, il était parqué, réformé, sur l'aéroport de Saint Domingue. Il fut ferraillé à une date inconnue.
La cabine (dont les sièges passent de quatre de front, à trois, parfois…), comme le cockpit (qui ressemble plutôt à celui d'un DC-3) ont été reproduits, en plus large, en studio, pour faciliter le tournage. Ce qui est bizarre, c'est qu'en vol, le DC-4 devient un DC-3 d'Aeroceanica, dans lequel descend Alfredo. Puis on le voit, au sol, en vrai, cette fois, avec le matricule "EC-ECD". Le problème est que ce matricule est introuvable…La décoration de l'avion (toit blanc, bande de fuselage aux couleurs nationales le long du fuselage) laisse supposer qu'il pourrait s'agir d'un avion militaire ou d'un avion du gouvernement.
L'autre Douglas C-47A (s/n 42-108922, c/n 13068) qui vient au secours de son homologue est un véritable avion de l'Ejercito del Aire portant le numéro de série "T.3-8", bien visible sur la dérive. Il porte le code "35-122", comme un avion appartenant à l'Ala 35, une unité de transport basée à Getafe. Il portera plus tard le code "792-3", celui d'une unité d'entraînement, basée à San Javier.
En arrière plan, à Barajas, on aperçoit, derrière Herminia et Alfredo, un Bristol 170 Mk 31-E Freighter d'Iberia (n° 62, EC-AHI). Cet avion avait déjà été aperçu l'année précédente dans le film "Los angeles del volante". Immatriculé d'abord G-AMRR (c/n 13126), fut acquis en novembre 1952 par Iberia (EC-WHI, puis EC-WHI).Il sera loué par la suite à la compagnie Aviaco, entre 1960 et 1965, avant d'être acheté la même année, par la société Aviation Traders Ltd., qui le revendra en Nouvelle Zélande à la compagnie SAFE Air. Retiré du service en 1986, il passe sa retraite l'Aviation Heritage Centre d'Omaka.
Christian Santoir
*Film disponible sur https://ok.ru/video/
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