Rechercher dans ce blog

GEWITTERFLUG ZU CLAUDIA

 

GEWITTERFLUG ZU CLAUDIA

 

Année : 1937
Pays : Allemagne
Durée : 1 h 14 min.
Genre : drame
Noir et blanc

Réalisateur : Erich WASCHNECK
Scénario : Christian HALLIG, Karl UNSELT

Acteurs principaux :
Willy FRITSCH (Droste), Jutta FREYBE (Claudia Mainburg), Olga TSCHECHOWA (Mme. Mainburg), Maria KOPPENHÖFER (Mme Imhoff), Karl SCHÖNBÖCK (William Crossley), Hans LEIBELT (inspecteur Baeuerle), Jakob TIEDTKE (un passager).


Photographie : Robert BABERSKE, Heinz von JAWORSKY
Musique : Werner EISBRENNER
Producteur : Peter Paul BRAUER
Compagnie productrice : Universum Film AG (Ufa), Berlin

Avions :

  • Bücker Bü. 131 Jungmann
  • Bücker Bü.133 Jungmeister
  • Junkers Ju-52/3mge, D-ASIS
  • Fokker F.XII, OY-DIG, en arrière-plan
  • Handley Page HP.42, G-AAXD, en arrière-plan

 

Notre avis :

Ce petit film est totalement inconnu, ou presque, et ne figure pas dans la littérature consacrée au cinéma allemand des années 30. Le seul grand film du metteur en scène Eric Waschneck, retenu par les archives du cinéma, fut une œuvre violemment antisémite, "Die Rothschild" (1940). En 1938, il réalisera "Frauen für Golden Hill", une sorte de western australien, avec des avions. "Gewitterflug zu Claudia" se passe dans le milieu des pilotes de ligne. Ce film avait peu de chance de passer à la télé, après la guerre, en Allemagne, comme ailleurs, vu le nombre de croix gammées filmées en gros plan, sur les drapeaux et les dérives des avions…

Le commandant de bord de la Luft Hansa, Hans Droste, est l'ami du pilote anglais William Crossley, les deux se sont rencontrés dans les airs lors de la première guerre mondiale. William avait alors épargné Hans, quand ses mitrailleuses s'étaient enraillées. A Berlin, la secrétaire du directeur de l'aéroport, Claudia Imhoff, lui donne sa nouvelle feuille de route pour le lendemain, ainsi qu'un télégramme de William Crossley qui lui demande de se rendre auprès de son oncle sir Reginald Crossley, qui est très malade, car il est lui-même en Afrique. Sir Reginald a une dernière volonté; pour se faire pardonner un comportement regrettable, dans le passé, il demande à Hans de retrouver une jeune fille qu'aimait son neveu Percy décédé, et à laquelle il veut léguer un tiers de sa fortune. Le seul qui connait ce secret n'est autre que Quist, le secrétaire de sir Reginald. Il est prêt à tout pour capter son héritage. Claudia aime Droste et lui achète pour son anniversaire, un livre au titre évocateur ("Moselfahrt aus Liebeskummer" de Rudolf G. Binding), qu'elle glisse dans sa valise. Droste est locataire chez la mère de Claudia, Mme Imhoff. Quand il s'envole vers Londres, Droste reçoit l'ordre de la police d'atterrir à Hanovre. Il y est fouillé et, à son grand étonnement, on trouve dans son bagage le livre de Claudia, à l'intérieur duquel ont été glissés des titres au porteur anglais, représentant une grosse somme d'argent; certains passages du livre contiennent en outre un message crypté... Droste est néanmoins lavé de tout soupçon, quand l'inspecteur de police comprend que ce n'est pas le même livre que Claudia a caché dans sa valise et qu'elle, non plus, ne peut-être incriminée. C'est la mère de Claudia qui a échangé le livre, sur l'ordre de son ancien amant, Quist. Il se trouve que Mme Imhoff n'est pas celle qu'on croît. La vraie mère de Claudia, Mme Mainburg, était liée à Percy et avait été mêlée à une affaire d'espionnage, pendant la première guerre mondiale. On lui avait fait croire que sa fille était morte dans le naufrage d'un bateau, coulé par une mine. Quand Mme Imhoff, prise de remords, veut tout avouer à la police, elle est tuée par Quist. Ce dernier transmet à Claudia les dernières volontés de sir Reginald; à son arrivée à Londres, il l'emmène chez le notaire pour toucher son héritage. Droste, et son ami William, ayant découvert toute l'affaire, après avoir rencontré madame Mainburg, s'envolent pour Londres par un temps exécrable, pour éviter le pire. Après une course poursuite, ils finiront par faire arrêter Quist et Claudia sera sauvée. Elle retrouvera, enfin, sa vraie mère.

Ce film a un scenario complexe et ressemble à un vrai feuilleton policier. Comme par hasard, Droste a sympathisé, non pas avec un Français, mais avec un Anglais, un jeune aristocrate, ce qui est conforme à la traditionnelle anglophilie allemande. Mais ceci rappelle aussi, qu'à la fin des années trente, la noblesse anglaise comptait parmi ses membres de nombreux sympathisants nazis, et sir Reginald Crossley fait penser à un certain sir Oswald Mosley…

A part cela, le film, tourné à Berlin-Tempelhof, mais aussi à Amsterdam-Schiphol, donne un bon aperçu du transport aérien en 1937 et notamment de la compagnie Luft Hansa. Il utilise également quelques vues filmées à Croydon, mais le film fut tourné principalement en Allemagne, comme le prouvent les voitures de la fin du film, avec leurs volants à gauche…

 

 Les avions du film :

Le commandant Droste (il y avait déjà un pilote appelé Droste, dans le film de Karl Hartl, "F.P.1 antwortet nicht "-1932) vole sur un Junkers Ju-52/3mge (moteurs BMW Hornet 132A) de la Luft Hansa, le "Wilhelm Cuno" (Wrn. J4074, D-ASIS). Wilhelm Cuno était un homme politique et un industriel allemand, proche du parti nazi. En juillet 1938, l'avion fut cédé à la compagnie sino-allemande "EURASIA Aviation Corp.", dont la Lufthansa détenait un tiers des parts. Immatriculé en Chine ("EU-XXIII"), avec le nom "Chiaotung 1", il remplaçait le "D-ASEV" (EU-XXI), crashé à Hankow en juillet 1938. Le EU-XXIII s'écrasera à son tour, en mars 1939, prés de Weining, en Chine .

On voit également le Ju-52/3mte (moteurs BMW 132K) "Charles Haar" (Wrn. J5777, D-ABUR). Il s'écrasera en janvier 1938, en approche de Francfort, à cause d'un phénomène de givrage.

On constate qu'en 1937, la swastika est appliquée sur les deux cotés de la dérive, avec le nom de l'avion écrit en grand, des deux cotés du fuselage. Des scènes ont été tournées à l'intérieur d'une vraie cabine. On peut voir ainsi la disposition des sièges dans les Junkers Ju-52 de la Luft Hansa, qui pouvaient recevoir jusqu'à dix sept passagers. On note, dans le fond, une banquette double, à côté de la porte des toilettes (sur le coté gauche). La cabine comporte également, à l'avant, un compartiment fumeur (quatre places en vis-à-vis). Dans les moyens et courts courriers, le radio prenait place sur un strapontin, situé entre les deux pilotes, assis en position surélevée.

A Berlin-Tempelhof, le D-ASIS passe devant un Fokker F.XII danois (c/n 75, OY-DIG). Ce trimoteur fut construit sous licence au Danemark, par Orlogsvaerftet, pour la compagnie DDL (Det Danske Luftfartselskab) qui le réceptionna le 11 mai 1933. Baptisé "Merkur", il sera  mis sur la ligne Copenhague–Berlin et Copenhague-Hambourg, mais aussi sur la ligne postale de nuit Copenhague–Hanovre. Il ne sera détruit, à Copenhague-Kastrup, par accident, que le 19 décembre 1945.

A Croydon, on aperçoit plusieurs Handley Page HP.42, dont le "G-AAXD" (c/n 42/6), baptisé "Horatius", celui de Crossley. Il s'agissait d'un HP.42W ("W" pour Western, car il servait sur les lignes européennes, avec plus de passagers, mais moins d'autonomie, que les HP.42E, "E" pour Eastern, desservant l'Orient) qui fut réceptionné par les Imperial Airways, en novembre 1931. L'"Horatius" terminera sa carrière le 7 novembre 1939, quand, revenant de France, il fut contraint par le mauvais temps, d'atterrir sur le terrain de golf de Tiverton (Devon) où il se brisa…

On remarquera que tous ces avions de transport ont eu des fins tragiques. Cependant, le film nous montre que le Junkers Ju-52 était équipé pour le vol sans visibilité. La compagnie Luft Hansa avait, dès le début des années 30, des simulateurs de vol, pour l'entraînement des pilotes et fut une des compagnies pionnières en matière de vol aux instruments. On nous explique notamment le fonctionnement du faisceau Lorenz, l'Ultrakurzwellen-Landefunkfeuer (radiobalise à ondes ultracourtes), une sorte de localizer émettant des signaux Morse pour repérer l'axe de la piste. Ce système fut adopté par la Luft Hansa, dès 1934. La ligne Berlin-Croydon n'était pas la plus facile, surtout en hiver; en décembre 1933, 37 % des vols de nuit ne purent atteindre leur destination.

Enfin, quand William évoque sa première rencontre avec Hans, en plein ciel de guerre, on voit un Bücker Bü.133 Jungmeister, avec cocardes anglaises, faire la chasse à un Bücker Bü. 131 Jungmann, portant les croix allemandes.

 

Christian Santoir

*Film en vente sur www.germanwarfilms.com

 

Enregistrer un commentaire

Copyright © Aeromovies. Designed by OddThemes