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ESKADRILYA N°5

 


ESKADRILYA N°5

Vo. ЭСКАДРИЛЬЯ N°5

(Escadrille n°5)

 

Année : 1939
Pays : URSS
Genre :guerre
Durée : 1 h 25 min.
Noir et blanc

Réalisateur: Abram ROOM
Scénario : Joseph PROUT

Acteurs principaux :

V. SHUMSKY (le commandant), N. GARIN (Major Grishin), B.A BEZGINA (capitaine Nesterov), S.I. ALTOVSKAYA (lieutenant Grishina), A.I. APSOLON (le mitrailleur), V.A GROMOV (le général Gopher), N. F. BRATERSKIY - (le colonel allemand)

Musique : K.F. DANKEVYCH
Photographie :N.P. TOPCHII
Compagnie productrice : Kyevskoye Kinostudii

Avions :

  • Kalinin K-5
  • Polikarpov I-16 type 5 
  • Polikarpov I-16 UTI
  • Lisounov Li-2
  • Tupolev SB-2M 100 / 2MA
  • Yak-UT-1 

 

Notre avis :

Ce film patriotique a la particularité d'avoir été réalisé par les studios cinématographiques de Kiev en 1939, un an et demi avant le début de l'opération Barbarossa, autrement dit, de l'offensive allemande du 22 juin 1941. Cette fiction prémonitoire avait pour titre secondaire, "La guerre commence"… On doit rappeler qu'en 1939, la guerre commença effectivement pour l'URSS, mais aux cotés de l'armée "nazie", pour mieux dépecer la Pologne. Le scénario est pourtant sans équivoque, ce sont bien les fascistes allemands que l'Armée rouge combat. Staline savait pertinemment que son alliance avec Hitler était de courte durée, mais comme prévu dans le film, il ne prit aucune initiative et attendit que l'URSS soit agressée. Le film passa donc aux oubliettes...La carte murale s'étalant derrière un général soviétique montre la Pologne dans ses frontières d'avant 1939; en 1941, la moitié est de la Pologne était occupée par les forces soviétiques. La présence du portrait du camarade Staline, bien visible dans de nombreuses scènes, suffirait à montrer qu'il s'agit là d'un film de pure propagande. La production bénéficia de la collaboration de cinq conseillers militaires, dont un Héros de l'Union soviétique.

Après nous avoir montré des officiers soviétiques s'exerçant à parler allemand (la langue des alliés..) et une jeune femme pilote exécutant dans son avion une séance de voltige, le film montre les conférences d'état-major se tenant chez les Allemands, puis chez les Soviétiques, dont les services de renseignement ont intercepté des communications révélant une invasion imminente de l'URSS. Effectivement, la nuit, des blindés allemands franchissent les lignes soviétiques. Pour les équipages de bombardiers, finis les siestes au soleil ou les thés dansants ! Toutes les unités dont l'escadrille n°5, ont pour mission de pilonner les aérodromes allemands, particulièrement bien camouflés. Lors d'une de ces sorties, l'avion du major Grishin et du capitaine Nesterov est descendu et ils doivent se parachuter en territoire ennemi. Parlant parfaitement l'Allemand, ils empruntent la tenue de deux officiers allemands qu'ils ont tués. Interceptés par une patrouille, ils sont conduits au QG. Avant d'être découverts, ils peuvent contacter leur escadrille et lui communiquer les coordonnées de la base secrète allemande. Bien que l'un d'eux soit blessé, ils parviennent à s'enfuir en empruntant un avion allemand, avec l'aide d'un soldat anti-fasciste...

On doit noter que l'existence de soldats communistes au sein de la Wehrmacht, en 1941, est extrêmement douteux. Le film exagère l'importance du communisme en Allemagne; après huit ans de fascisme et de Gestapo, les communistes devaient être plus nombreux dans les camps de concentration que dans les rangs de l'Armée...

On voit également une femme dans un équipage masculin, ce qui n'était pas la règle. Si on connait des cas où des femmes pilotes de chasse furent affectées à des escadrilles essentiellement masculines (comme Lidya Litvak), elles constituaient généralement des unités (chasse et bombardement) à part, avec leur propre encadrement.

Enfin, on peut préciser que le début de la "grande guerre patriotique" fut marquée, contrairement à ce que l'on voit sur l'écran, par la faiblesse de la résistance soviétique, l'aviation payant un très lourd tribut. Les Allemands capturèrent ainsi des milliers d'avions, parfois intacts...A part çà, le scénario est tout aussi rocambolesque que les films américains de la même époque, les héros se jouant des nazis et leur empruntant un avion pour rejoindre leurs lignes. L'intérêt de ce film réside surtout dans de belles vues rapprochées du bombardier Tupolev SB.

 

Les avions du film :

Les séquences aériennes furent réalisées principalement en studio avec des maquettes. On a reproduit le cockpit et les postes des mitrailleurs du principal avion du film, le Tupolev SB (pour Skorostnoi Bombardirovschik - Bombardier rapide). Les avions filmés en extérieur sont des SB-2M 100 avec des moteurs munis d'hélices bipales à pas fixe ou des SB-2M 100A avec des moteurs plus puissants et des hélices tripales à pas variable. Les vues rapprochées au sol montrent de nombreux détails, notamment des postes des mitrailleurs. On voit ainsi la tourelle avant équipée d'un jumelage de ShKAS de 7,62 mm dont le débattement en azimut était fort réduit. Le mitrailleur arrière qui faisait aussi office de radio, dispose d'une mitrailleuse de 7,62 mm munie d'une mire fixe à girouette (pour le tir avec déflexion). Il pouvait également servir une mitrailleuse (que l'on ne voit pas) tirant en dessous, par une trappe. Au sol, le chef de groupe guide ses appareils debout dans le poste du bombardier en passant le corps par une petite trappe située devant le pare brise. Les membres d'équipage étant isolés dans leur poste et devant communiquer par l'intercom, cette trappe pouvait servit au bombardier-navigateur, à "parler" par signes avec le pilote en cas de panne de l'interphone... On remarque que le navigateur disposait, pour accéder à son poste, d'une trappe située au niveau du plancher. Au début de la guerre, le SB-2 était le bombardier standard de l'Armée soviétique.

A la fin du film, on voit sur un documentaire bien connu, un quadrimoteur Tupolev TB-3 parachutant des fantassins installés sur l'aile, un rôle dans lequel ce bombardier lourd fut relégué vers le milieu de la guerre. En 1941, c'était un bombardier de nuit.

Une femme pilote s'exerce à la voltige dans un petit Yak-UT-1, un avion conçu spécialement pour cette activité, ainsi que pour le perfectionnement à la chasse. Avant la guerre, il dotait aussi une patrouille acrobatique féminine dont il semble porter la décoration.

Le film montre de nombreux Polikarpov I-16 type 5 et un I-16 UTI, dans lequel s'échappent les deux aviateurs russes. Une partie de ces avions jouent les avions nazis avec de fausses insignes allemandes, constituées d'une large svastika sur le fuselage (ce qui les fait ressembler à des avions finlandais..) Il en est de même des biplans Polikarpov I-15bis dont sont équipés les fascistes. Ces avions dépassés dès 1939, participèrent néanmoins aux premiers combats contre les Allemands, aux cotés des I-16. Accumulant le matériel vétuste, les Allemands du film sont équipés, en guise de bombardiers, d'inoffensifs Kalinin K-5, un monomoteur de transport de passagers semblable à notre Latécoère 28. Mais comme avion de transport, ils disposent d'un avion moderne, un Lisounov Li-2 (Douglas C-47), lui aussi "nazifié" hâtivement par une svastika (non conforme) tamponnée sur le nez.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

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