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EKIPAZH (1979)

 

EKIPAZH

Vo. ЭКИПАЖ

(Équipage)

 

 

Année : 1979
Pays : URSS
Genre : catastrophe
Durée : 2 h 23 min.
Couleur

Réalisateur: Aleksander MITTA
Scénario : Julius Teodorovich DUNSKY, Valery Semenovich FRIED 

Acteurs principaux :
George ZHZHENOV (commandant Andrey Timchenko), Anatoli VASSILIEV (Valentin Nenarokov), Leonid FILATOV (Igor Skvortsov, mécanicien de bord), Alexandra YAKOVLEVA  (Tamara, l'hôtesse), Irina AKULOVA (Alevtina, la femme de Nenarokov), Ekaterina VASSILIEVA (Anna, la femme de Timchenko), Galina GLADKOVA (Natasha, la fille de Timchenko), Yuri GOROBETS (Misha, le co-pilote), Alexandre PAVLOV (le navigateur), Roma MONIN (Alex, le fils de Nenarokov)

Photographie: Valery CHOUVALOV
Musique : Alfred SCHNITTKE
Compagnie productrice : Mosfilm

Aéronefs :

  • MIL Mi-2 
  • Tupolev Tu-154B, CCCP-85131
  • Tupolev Tu-134A3, CCCP-65100

 

 Notre avis :

Après l'adaptation à l'écran du roman d'Arthur Hailey "Airport", en 1970, le film "catastrophe" devint un genre très populaire à Hollywood. En URSS, le cinéma n'offrait rien de tel et la compagnie Mosfilm décida de combler ce vide. Mais pas question de faire détourner un avion de l'Aeroflot par un quelconque dissident, voire d'y déposer une bombe, encore moins de mettre en doute la fiabilité des avions soviétiques. Les scénaristes durent donc tenir compte des ces contraintes, pour fournir une histoire où le spectaculaire devait néanmoins tenir une grande place. Ce film fut aussi le premier à montrer sur un écran communiste des scènes érotiques, bien que celles-ci aient subi de larges coupures...

Au départ, le script s'appelait "Marge de sécurité", un titre jugé par trop technique et peu accrocheur; il fut donc remplacé par "Équipage". L'histoire a deux parties. La première, la plus longue, s'attarde sur la vie privée des principaux personnages, des membres de l'équipage d'un avion de ligne. La seconde relate le vol calamiteux du même avion, parti porter des secours dans une petite ville dévastée par un tremblement de terre. Ce film est un mélange de genres : mélodrame, film catastrophe, avec, çà et là, des éléments de comédie.

"Ekipazh"  fut réalisé avec la collaboration de l'Aeroflot et tourné en partie à l'aéroport de Moscou-Vnukovo.

Tout commence avec Valentin Nanorokov, un ancien pilote de ligne, qui a dû abandonner une carrière prometteuse pour un travail moins intéressant, dans une petite compagnie régionale, à cause de sa famille. Sa femme, Levtina, sent qu'il l'a fait à contre cœur, ce qui la met constamment en colère contre lui. Valentin finit par demander le divorce, sa femme ayant la garde de leur jeune fils, Alex, qui souffre de troubles du langage. Valentin volait autrefois avec le commandant Andrei  Timchenko qui est toujours en activité. Celui ci, marié à une doctoresse, a une fille, Natasha, qui lui annonce qu'elle est enceinte et qu'elle ne veut pas épouser le père de son enfant... Lui même est assez angoissé et, vu son âge, redoute à chaque visite médicale d'être interdit de vol. Faisant partie de son équipage, il y a Igor Skvortsov, le mécanicien navigant, un célibataire qui collectionne les conquêtes féminines jusqu'au jour où il tombe amoureux de l'hôtesse, Tamara. Celle ci voudrait bien se marier mais elle n'a guère confiance en lui. Le copilote de Timchenko est interdit de vol après la visite médicale de contrôle. Skorsktsov a mis au courant Timchenko du divorce de Nanorokov qui se morfond en province aux commandes d'un hélicoptère. Timchenko accepte de le rependre comme copilote. Il reçoit alors pour mission d'emmener des médicaments dans une petite ville, Bidri, où a eu lieu un tremblement de terre. L'avion a à peine atterri, qu'une autre secousse sismique endommage la piste. Un avion essaie de décoller mais explose en tombant dans une faille ! L'aéroport est menacé d'une destruction complète car une coulée de boue, melée de pétrole enflammé, après avoir traversé une raffinerie, descend lentement vers la ville. Timchenko décide donc de tenter le tout pour le tout. Il embarque des blessés, des femmes et des enfants, et décolle. Au passage, l'arrière de l'avion est heurté par un pylône qui s'effondre. L'avion réussit à prendre de l'altitude, mais l'équipage s'aperçoit que les commandes répondent mal, et que l'avion est en train de se dépressuriser; le fuselage est percé. Il sera impossible de se poser dans ces conditions. Skvortsov se porte volontaire pour aller réparer l'entaille faite dans l'arrière du fuselage. Après avoir travaillé sur le dessus du fuselage, il revient sauf mais souffre de graves gelures. Le copilote se porte à son tour volontaire pour aller débloquer les commandes de profondeur. Il réussit et peut rejoindre la cabine. Dans l'avion l'inquiétude commence à monter chez les passagers et Tamara a fort à faire pour calmer tout le monde; L'atterrissage à Moscou-Sheremetyovo, promet d'être délicat la piste étant noyée sous des trombes d'eau. Quand les roues touchent la piste, Timchenko s'aperçoit qu'il n'a plus de freins. Il actionne les inverseurs de poussée ce qui a pour effet de faire céder tout l'arrière du fuselage qui contient les réacteurs et qui a été fragilisé par les failles dans la coque. L'avion finit néanmoins par s'arrêter. Lors d'un nouvel examen médical, Timchenko est interdit de vol comme il s'y attendait. Il est envoyé dans une maison de repos où ses amis, Valentin, sa fille Natasha et son bébé, Igor et Tamara, viennent le voir. Ces derniers annoncent leur mariage. Le lendemain, Valentin Nanorokov a un nouveau vol et c'est lui le commandant de bord.

Selon Alexander Mitta, dans la version originale du script, le film devait se terminer comme ceci : le héros, Timchenko, interdit de vol, se retrouve à l'hôpital, quand ses amis sont soudainement appelés pour un vol urgent, mais il manque un pilote. Informé, il s'enfuit alors en pleine nuit, en pyjama, pour les rejoindre...Sous la pression de la production, ce scénario dut être modifié. Comment un pilote de l'Aeroflot aurait pu transgresser une interdiction de vol ?

Comme un film occidental, l'accent est mis, plus sur les petits drames psycho-sociologiques individuels, que sur les effets spéciaux. Le film n'était pas une superproduction américaine et ne disposait que d'un petit budget. La catastrophe de Bidri fut reconstituée avec des maquettes et quelques scènes tournes en extérieur. Le résultat n'est pas trop mauvais et montre un véritable chaos   de feu et de flammes ! On se demande comment l'avion a pu sortir d'un tel enfer. Mais le film n'est pas à une invraisemblance près. La réparation du fuselage en plein vol, dans un froid polaire, à plus de 650 km/h (selon les indications du tableau de bord) est totalement irréaliste. Le mécanicien sort par l'entrée d'air du réacteur central où s'exerce une forte pression qui aurait eu pour effet de le faire aspirer par le réacteur. Quant à la réparation de la gouverne de profondeur juchée tout en haut de la dérive, c'est du pur délire ! Il y a bien d'autres "erreurs" ça et là. Ainsi quand l'avion, après avoir fait le plein de réfugies, s'apprête à décoller, qui retire l'escalier d'accès placé devant l'aile ?

La ville de Bidri, un centre pétrolier situé dans une région montagneuse, fait penser à une ville de Géorgie ou du sud du Caucase.

Le scénario a introduit quelques faits d'actualités dans le scenario. Ainsi, Valentin participe à la recherche d'une capsule Soyouz, qui rappelle les nombreux vols orbitaux soviétiques pendant les années soixante dix. L'équipage assiste dans son cockpit, sur un aéroport inconnu, au détournement d'un avion yougoslave de la JAT pris en otage par des terroristes indéterminés, ce qui rappelle que les années soixante dix ont été celles où on enregistra le plus de détournements; mais aucun avion de la JAT ne fut détourné lors de cette période...

Le film fut, en URSS, un énorme succès avec plus de soixante dix millions de spectateurs et il remporta plusieurs prix. Il n'est pas meilleur ni pire que ceux du même genre produits aux États-Unis. Son intérêt réside dans le fait qu'il fournit un bon aperçu des avions employés par l'Aeroflot sur ses lignes internationales, à la fin des années soixante dix.

 

Les avions du film :

C'est l'Aeroflot qui procura le principal avion du film, le tri réacteur Tupolev Tu-154, une sorte de Boeing 727 soviétique, mais un peu plus gros et avec des moteurs plus puissants, lui permettant d'opérer à partir de terrains non préparés.

L'"équipage" vole sur le Tu-154B CCCP-85131 (c/n 75A-131) livré à l'Aeroflot en 1976 et basé à Boryspil (Ukraine). En 1979, sur le vol Kiev-Moscou, un géologue renversa par mégarde du mercure dans la cabine. Bien qu'on s'empressa de l'envoyer à l'usine pour inspection et réparation, la structure de l'appareil fut irrémédiablement endommagée. L'avion ne récupéra pas son certificat de navigabilité. La production Mosfilm réussit à se le faire prêter pour le tournage. En 1979, il fut stocké à l'académie d'Aviation de Krivoï-Rog (Ukraine) où il se trouve exposé depuis. Lors de son atterrissage à Moscou, à la fin du film, c'est la queue d'un autre Tupolev qui reste sur la piste. Elle appartenait à un Tu-154A (CCCP-85087) qui prit feu, en 1978, sur la piste de Novosibirsk. On récupéra la partie arrière qui fut transportée à Moscou pour le tournage.

On voit que le Tu-154 se pilote à quatre : pilote, copilote, mécanicien et navigateur, dont se moque Skvortsov en lui rappelant que son poste est supprimé sur le nouvel Ilyushin Il-86, livré à l'Aeroflot en septembre 1979.

Lors de l'épisode de Bidri, on constate que l'immatriculation de l'avion change plusieurs fois. Avant le décollage de Moscou, l'équipage embarque sur le CCCP-85301, puis décolle sur le CCCP-85115. C'est une maquette immatriculée "85131" qui atterrit et une autre, avec le numéro "85331", qui décolle. A l'atterrissage à Moscou, l'avion devient le CCCP-85179 !

On voit beaucoup d'autres Tu-154 tout au long du film : CCCP-85014, 85330, 85074, 85078,  85162, 85232. Tous ces avions, de types différents (Tu-154A/B/B2), finirent avec des compagnies locales (Air Ukraine, Armenian Airlines, Belavia, Sibir airlines, KMV, Odessa Airlines, Vnukovo airlines..) après la partition de l'URSS en 1991.

Valentin, à la fin du film, est commandant de bord sur un Tupolev Tu-134A3 (c/n 60258, CCCP-65100). En 2001, il appartenait à l'Aeroflot du Don (Donavia), basée à Rostov s/ Don; en 2005, il était sur cet aéroport en état d'abandon.

La production fit aussi appel à une cellule de Tupolev Tu-114 trouvée dans un parc en ferraille, où fut filmée la scène du tremblement de terre...Elle figure l'avion qui rentre dans l'aérogare, puis celui qui s'embrase après une tentative de décollage (effectuée par une maquette de biréacteur..). Les quatre turbopropulseurs avaient été enlevés, leurs fuseaux vides ressemblant à des réacteurs. Au début du film, on voit ce très bel avion sous les couleurs de l'Aeroflot, exposé (intact) devant l'aéroport de Moscou-Domodedovo.

Avant de revenir dans un cockpit d'avion de ligne, Valentin pilote un hélicoptère MIL Mi-2 (CCCP-20196) dont on voit plusieurs exemplaires quand il retrouve la capsule spatiale. Par contre, le MD-500 (n° 730) sur l'aéroport de Bidri, est une maquette.

Enfin, le film nous montre d'autres avions faisant partie de l'Aeroflot, en 1979, en arrière-plan ou pendant le générique: Iluyshinn Il-86, Ilusyhin Il-18, Iylushinn Il-14, Yak-40. C'est un Boeing 727 de la JAT qui est détourné. Lors d'une escale à Paris, on voit à Roissy-Charles de Gaulle, un Boeing 747 (F-BPVS) d'Air France, un Boeing 707 de la TWA, l'Aerospatiale-BAC Concorde F-BVFA et un Airbus d'Air France (qui le mit en service en 1974).

 

 Christian Santoir

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