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DIRIGIBLE

 

DIRIGIBLE

 

Année : 1931
Pays : USA
Durée : 1 h 40 min.
Genre : aventure
Noir et blanc

Réalisateur : Frank Capra
Scénario : Dorothy Howell, Jo Swerling
Histoire originale : Commandant Frank Wilber

Acteurs principaux:
Jack Holt (Commandant Jack Bradon), Ralph Graves (Lieutenant 'Frisky' Pierce), Fay Wray (Helen Pierce), Hobart Bosworth (Louis Rondelle), Roscoe Karns (Sock McGuire), Harold Goodwin (Hansen),  Clarence Muse (Clarence), Emmett Corrigan  .(vice amiral. John S. Martin)

Photo : Joseph Walker
Producteur : Harry Cohn
Compagnie productrice : Columbia pictures

Aéronefs :

  • -Boeing F2B-1
  • -Fokker F.X Trimotor, NC5614 
  • -Fokker F.VII  
  • -NAF TS-1, document. 
  • -Vought UO-1
  • -Vought O2U-1 Corsair
  • -ZR-3 « Los Angeles » 

 

Notre avis :

Frank Capra tourna le plus réussi des films de dirigeables, un genre limité très en vogue à la fin des années vingt. L’histoire fut signée par le commandant de l’US Navy, Frank W. Wead dont le talent de scénariste et d’écrivain allait s’affirmer par la suite dans le petit monde d’Hollywood. Ce film dédié et tourné avec la pleine et entière collaboration de l’US Navy, devait au départ, être produit par la Paramount, comme une suite à « Wings » (1927) de Wellman. Mais le financement n’ayant pu être trouvé, l’histoire fut vendue à la Columbia. La trame du scénario est inspirée par le récent vol de l’amiral Richard Byrd au dessus du pole sud (novembre 1929), qui avait donné lieu à un documentaire de la Paramount « With Byrd at the South Pole » sorti en 1930 et récompensé par un Oscar.

L’histoire à un meeting à Lakehurst, la grande base d’aérostation de l’US Navy. Alors que le commandant Bradon dirige les manœuvres d’atterrissage de son dirigeable (le « Los Angeles »), le lieutenant « Frisky » Pierce fait un passage remarqué avec son biplan engagé dans un record de traversée des Etats Unis. Les deux aviateurs sont amis mais s’opposent sur l’avenir respectif de l’avion et du dirigeable, dans la Marine. Une expédition non stop avec le dirigeable « Pensacola » est décidée vers le pole sud. Frisky accepte d’en être puisqu’un avion doit être emmené sous le dirigeable pour accroître son rayon d’exploration. Mais sa femme Helen intervient secrètement au près de Bradon pour qu’il enlève le nom de son mari de la liste des membres de l’expédition. Quand Frisky apprend qu’il est évincé, Bradon ne lui donne pas le vrai motif de son renvoi. L’expédition part mais une forte tempête détruit le dirigeable. L’équipage et les membres de l’expédition sont recueillis par le porte avions « Lexington ». Frisky qui a démissionné de la Navy, est embauché par un explorateur français, Rondelle, comme pilote pour survoler le pole sud. Ils atteignent le pole, mais l’avion passe sur le dos à l’atterrissage. Frisky et deux survivants décident de rejoindre le camp de base à pied au milieu des solitudes glacées. La nouvelle de l’accident parvient aux Etats Unis, et au lieu de rester aux cotés d’Helen, qu ‘il aime, le commandant Bradon monte une expédition de secours avec un dirigeable. Cette fois ci, il réussit à atteindre le pole sud et il retrouve Frisky. De retour au pays, Bradon est accueilli en héros et Frisky se précipite dans les bras d’Helen qui ne lui avoue pas qu’elle a été un temps tentée de divorcer pour épouser Bradon…

Ce film est un hommage aux aérostiers de l’US Navy. Le dirigeable est à la mode au début des années trente surtout depuis la sortie du documentaire « Around the world via Graf Zeeppelin » en 1929. En octobre 1928, le Graf Zeppelin avait été accueilli en grande pompe à Lakehurst en provenance d’Allemagne; en août 1929, il faisait le tour du monde en traversant les Etats Unis d’Ouest en Est. Le dirigeable apparaissait alors comme un moyen de transport aérien prometteur. Mais aucun dirigeable ne survola le pole sud situé à 2835 m au dessus de la mer. Les dirigeables avaient certes un grand rayon d’action, mais n’étaient pas faits pour opérer en altitude, ni affronter les terribles tempêtes polaires. L’US Navy avait déjà rencontré certains déboires avec ses grands dirigeables. Cela avait commencé en 1922 avec l’accident du « Roma » acheté à l’Italie, et s’était poursuivi avec le « Shenandoah », perdu dans une tempête au dessus de l’Ohio en 1928. La perte du « Pensacola » dans le mauvais temps au dessus de la mer, est prémonitoire de celles de l’ « Akron » en 1933, et du « Macon » en 1935, dans les mêmes conditions. Ces dirigeables géants n’étaient pas encore en service au moment de la sortie du film.

Le script s’est inspiré des exploits de Byrd mais aussi d’autres explorations plus anciennes. Comme Byrd, le trimoteur de Frisky doit s’alléger au maximum pour atteindre l’altitude du plateau polaire. Le camp de base appelé « camp Rondelle » du nom du chef français de la mission, rappelle « Little America » de Byrd et ce nom français est peut être un hommage à Jean Baptiste Charcot qui explora l’Antarctique bien avant les Américains. La lente marche des aviateurs bloqués dans les glaces rappellent le calvaire des membres de la tragique expédition Scott de 1912. Des trimoteurs (des Ford pas des Fokker) furent effectivement utilisés par le premières expéditions américaines, mais aucun fut accidenté.

En définitive, ce vieux film vaut plus par sa bonne réalisation technique et ses effets spéciaux de bonne qualité (pour l’époque), que par son histoire à l’eau de rose. En le comparant avec les films précédents du même genre comme « The lost Zeppelin » ou « The lottery bride », on constate que beaucoup de progrès ont été réalisés en matière technique en deux ans seulement, avec sans doute, un budget plus important. DIRIGIBLE fut tourné en version allemande (Das Luftschiff); il reçut un énorme succès et de très bonnes critiques quand il passa dans le pays des Zeppelins.

 

Les avions du film :

La grande vedette du film, en dehors de la belle Fay Wray qui n’était pas encore la fiancée de King-Kong, est le dirigeable  ZR-3 « Los Angeles » de l’Us Navy. Construit à Friedrichshafen par Zeppelin, au titre des dommages de guerre, le LZ-126 fut acheminé par la voie des airs à Lakehurst en octobre 1924. Il fut retiré du service en 1932 et fut un des rares dirigeables à ne connaître aucun accident avant d’être ferraillé en 1939. Au moment du tournage c’était le seul grand dirigeable de la Navy, et le film en montre de nombreux détails : manoeuvre d’atterrissage et d’amarrage, vues de la nacelle de pilotage, de la coursive intérieure, etc.. Il montre également les premiers essais d’accrochage en vol d’un avion. Elmer Dyer était chargé des prises de vues aériennes ; il fit son travail attaché par des sangles, assis à coté des nacelles moteurs d‘un petit dirigeable de la Marine, volant le long du « Los Angeles ». Il y avait également une caméra fixée à l’arrière du fuselage de l’avion, comme on peut le voir, pendant qu’un autre cameraman filmait de l’intérieur du dirigeable. Dans le film, l’avion, un Vought UO-1, arrive par l’arrière à la vitesse minimum, pour ne pas dépasser le dirigeable, s’accroche après deux ou trois tentatives, puis, au bout d’un moment, se décroche et reprend son vol. Dans les dirigeables « Akron » et « Macon », l’avion, une fois accroché, était remonté à bord, dans un hangar pouvant contenir jusqu’à quatre appareils.

Lors du meeting introductif à Lakehurst, on constate que la Marine disposait de tout un éventail de plus légers que l’air. A coté de ballon libres (type ZF), on voit un ballon captif d’observation (type ZK), de petits dirigeables (blimps) type C-7, le premier dirigeable au monde à être gonflé à l’hélium en 1921, et même le tout récent ZMC-2 à revêtement métallique.

Alors que des maquettes furent utilisées pour les scènes de crashes, la plupart des autres scènes furent filmées à Lakehurst où Frisky sème la panique parmi les spectateurs avec son Boeing F2B-1. Mais la Marine nous rappelle qu’elle possède aussi des navires puissants comme le porte-avions USS "Lexington" (CV-2) sur le pont duquel est tournée une scène. Après avoir été repêché, le commandant Bradon embarque dans un Vought 02U-1 Corsair qui décolle vers l’arrière ! Quand ses roues quittent le pont, il est remplacé sur l’image, par un NAF TS-1 de la VF-1 qui était en service sur l’USS "Langley" en 1925-1926 !

Pour les scènes arctiques, la Columbia construisit un vaste champ de neige artificielle à Arcadia, à l’ancienne école d’aérostation de Ross Field. C’est là que le crash du trimoteur fut reconstitué. Pour les vues rapprochées au sol, les gros plans, on utilisa un Fokker F.X Trimotor (NC5614) de la compagnie Western Air Express stocké sur sa base d’Alhambra. Il fut et transporté par camion sur les lieux du tournage. Equipé de skis, avec marqué sur le fuselage « Pierce-Rondelle Antarctic Expedition », il fit quelques glissades sur des planches enduites de graisse ! Pour la scènes du crash, un vieux Fokker F.VII trimoteur accidenté fut maquillé en Fokker F.X. Il n’avait pas d’ailes et plus de moteurs. On reconstruisit donc une aile simplifiée, et on utilisa trois moteurs Le Rhone, en les faisant ressembler à des Whirlwinds, car aucun n’était disponible. Rappelons que Byrd au pole sud utilisa des Ford trimoteurs, et ce n’est qu’au pole nord qu‘il avait volé en 1926 sur un Fokker F.VIIA-3m BA-1 (NX4204, « Josephine Ford »)..

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur YouTube

 

 

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