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DIÊN BIÊN PHU

 

DIÊN BIÊN PHU

 

Année : 1992

Pays : France

Durée : 2 h 05 min.

Genre : guerre

Couleur

 

Réalisateur : Pierre SCHOENDOERFFER

Scénario : Pierre SCHOENDOERFFER

Acteurs principaux :

Donald PLEASENCE (Howard Simpson), Patrick CATALIFO (le capitaine Jégu de Kerveguen), Jean-François BALMER (le correspondant de l’AFP), Ludmila MIKAËL (Béatrice Vergnes), François NEGRET (le caporal), Maxime LEROUX (le lieutenant d'artillerie), Raoul BILLEREY (l’aumônier).

Musique : Georges DELERUE

Photographie : Bernard LUTIC

Producteurs : Jacques KIRSNER, Pierre SCHOENDOERFFER

Compagnies productrices : Mod Films, Flach Film, France 2 Cinéma, Production Marcel Dassault.

 

Avions :

  • -Douglas C-47, F-WZIH/IB, F-WZII, F-WZIR
  • -Ilyushin Il-18D, au sol
  • -North American T-6, F-AZHD, F-AZHE

 

Notre avis :

Contrairement aux films américains sur la guerre du Vietnam, « Diên Biên Phu» est construit comme un documentaire dramatique, basé sur des faits réels, avec la voix off du réalisateur ponctuant les principaux temps du film. Pierre Schoendorffer participa à la bataille comme cameraman. Il fut blessé le 1° mars 1954 à Diên Biên Phu et insista pour y retourner, jugeant qu’il était important de témoigner de ce qui se passait. Ses films devaient parvenir à Hanoi par un avion qui fut bloqué au sol par l’artillerie vietminh ; la plupart furent donc détruits, les autres étant saisis par l’ennemi. Le film contient plusieurs éléments autobiographiques qui apparaissent dans les dialogues. C’est son fils, Ludovic, qui joue son rôle dans le film.

L’histoire suit les événements de façon chronologique. Certains sont montrés sur place, au cœur de la bataille, à Diên Biên Phu, d’autres sont relatés par des civils à Hanoi ou par des parachutistes, à l’aéroport de la ville. L’action à Hanoi est centrée sur un reporter américain dont les sources confidentielles sont des militaires français, le représentant de l’AFP, un nationaliste vietnamien, un contrebandier chinois et un trafiquant d’opium. Les principaux personnages ont des noms fictifs, mais sont membres d’unités réelles, comme le 5° Bawuan vietnamien ou la Légion étrangère.

Le film fut tourné au Vietnam, au Nord de Hanoi, à Xuan Mai, ville qui possède un petit terrain d’aviation.

Le 13 mars 1954, les soldats français attendent dans la cuvette de Diên Biên Phu, l’attaque vietminh imminente. A Hanoi, le correspondant de guerre américain Simpson glane des informations auprès d’un journaliste indochinois nationaliste, ou dans un tripot, où on prend des paris sur l’issue de la future bataille. Il rencontre dans un bar, le Normandie, un de ses amis, le jeune capitaine de Kerveguen qui lui présente sa cousine Béatrice, célèbre violoniste en tournée. A Diên Biên Phu, l’ennemi est passé à l’attaque et la situation se dégrade peu à peu. Le ravitaillement a du mal à suivre. Les postes portant des prènoms féminins, tombent successivement et des renforts en hommes sont continuellement parachutés dans la bataille. A Hanoi, le 30 mars, Béatrice remporte un vrai succès, malgré l’ambiance tendue qui règne dans la ville. Simpson a compris que l’issue de la bataille ne peut qu’être fatal aux Français. Sur place, la guerre de tranchées fait rage. Les blessés s’accumulent dans des abris souterrains envahis par la boue. Le 7 mai, au matin, Kerveguen et les survivants reçoivent l'ordre de détruire leurs armes et de se rendre à l’armée viet-minh qui submerge les positions...

Le corps expéditionnaire français compte 2.293 morts dans ses rangs. Sur les 11.721 prisonniers, 8.431 (72%) ne reviendront pas et la France les oubliera…Les camps de « rééducation » des communistes vietnamiens ou (comme avant, ceux des Nord-Coréens) étaient tout aussi mortels que les camps des fascistes japonais de la seconde guerre mondiale : pas de médicaments, presque pas de nourriture, lavage de cerveau et chantage à la libération. Rappelons que 70% des troupes "françaises" étaient composées d‘Indochinois, de Nord-africains, d’Africains noirs, et de légionnaires originaires de divers pays; une authentique armée coloniale…

Trente sept ans plus tard, l’armée de la République démocratique du Viêtnam et l’armée française ont participé au tournage de ce film. Un détachement de quatre vingt quatre soldats français, provenant des régiments qui combattirent à Diên Biên Phu, fut mis à la disposition du réalisateur; ils effectuèrent les scènes de sauts sur le camp retranché. Ainsi, lors du tournage, les soldats français côtoyèrent les descendants des bodoïs du général Giap…

 

Les avions du film :

Il était impossible pour le réalisateur de ne pas montrer des avions qui avaient, pendant près de deux mois, ravitaillé, mais aussi protégé par leurs bombardements, le camp retranché de Dien Bien Phu. Sans l’aviation, l’affaire aurait été très vite réglée…Mais il était aussi impossible de représenter la véritable armada aérienne qui occupa le ciel, de jour comme de nuit, du Privateer au Morane Criquet, en passant par le Bearcat ou le B-26, sans oublier les hélicoptères…

Trois Douglas C-47 furent achetés aux Etats-Unis par la compagnie productrice Mod Films (Alameda, CA), puis acheminés au Vietnam par la voie des airs, en une quinzaine de jours. Munis de réservoirs supplémentaires leur donnant une autonomie moyenne de dix sept heures de vol, ils prirent le chemin : Oakland-Honolulu-Tarawa-Truck-Guam-Manille-Bangkok. La navigation était assurée par GPS et le système Omega.

Le premier est le C-47A-DK (c/n 13902/25347 s/n 43-48086), un ancien appareil de l’USAF acquis par la NASA (N638NA), puis exploité par Mannion Air Charter (N14MA) et Century Airlines, aux USA. Au printemps 1991, après avoir reçu une immatriculation temporaire espagnole (EC-668), puis française (F-WZIH/IB), il fut acheminé aux Philippines, où il fut enregistré (RP-C1352) au nom de la compagnie éphémère (1990-1996) Avia Filipinas International, puis CM Aero Services. Cet avion est à l’état d’abandon sur l’aéroport de Manille.

Le second appareil acquis par Mod Films est le C-47B-1 DK (c/n 14126/25571 s/n 43-48310). Il appartint un temps à l’Armée de l’Air Marocaine (CNA-LN) avant d’être acheté par la compagnie charter américaine Visionair International (N54604), puis par Century Airlines. En mars 1991, Mod Films le prit en charge et l’expédia aux Philippines avec l’immatriculation temporaire F-WZII. Arrivé, il fut inscrit, comme le premier, au nom de la compagnie Avia Filipinas Int. (RP-C1353), puis passa chez CM Aero Services. Cet avion a été restauré et vola de nouveau en 2007. Dans le film, il porte le matricule 254371 (sE) de l’escadron « Anjou ».

Le troisième avion est le C-47A-DK (c/n 25368, s/n 43-48107), un ancien avion de la Canadian Air Force (serial 973, puis 12956). Vendu en 1975 sur le marché civil (C-GWMY), il fut exploité par plusieurs compagnies canadiennes (Kelowna Flightcraft Air Charter, Air Canada Connector, First Air, Bayview AS, Modern Air Spray). En 1982, il fut acquis par la société américaine Nord Aviation Inc. (Nord Dakota…) (N3748Y) qui le céda à Mod Films, en 1991. Comme les deux C-47 précédents, il fut acheminé aux Philippines sous le matricule temporaire F-WZIR et pris en charge (RP-C1354) par les compagnies locales Avia Filipinas, puis CM Aero Services. Cet avion est toujours parqué à Manille (sans sa dérive..)

Ces C-47 portent les insignes de l’escadron de transport 2/64 « Anjou » avec le nez bleu et sur la dérive, les matricules 254371 (sE), 254379 (cB), 273854 (GI) et (J). Le tournage utilisa aussi deux carcasses de C-47 et deux, de Skyraiders (peu visibles dans le film), venues d‘un dépôt de Ho-Chi-Minh-ville (Saigon). Ces épaves simulaient des avions détruits par l’artillerie vietminh ; l’une porte le matricule 562381 (E) de l’ « Anjou », et l’autre, le nez jaune de l’escadron « Franche Comté ».

Coté chasseurs bombardiers, le film employa deux North American T-6 légèrement modifiés pour ressembler à des Grumman Hellcat F6F-5 de l’Aéronavale. Le haut de la dérive fut rendu plus carré, la seconde place fit supprimée et le dos du fuselage rehaussé, la canopée coulissante simplifiée; le moteur fut muni d’une hélice tripale. L’un des avions (F-AZHD) appartient à Jacques Bastet qui le pilota dans le film, l’autre (F-AZHE) à Jean Salis qui supervisait les scènes aériennes. Ils arrivèrent au Vietnam par bateau.

Ces deux avions sont enregistrés comme des répliques de North American NA-68, des avions construits à six exemplaires pour l’aviation siamoise en 1940. Non livrés pour cause de déclaration de guerre (le Siam était dans l’orbite japonaise), ils furent récupérés par l’USAAC, comme P-64, et servirent pour la formation avancée des pilotes de chasse. Le vrai NA-68 était assez différent des répliques : capot moteur plus profond avec deux mitrailleuses, ailes de forme différente, verrière plus grande, trappes sur le train...En fait, ces répliques ont plus de points communs avec le NA-50 péruvien.

Dans le film, ces « Hellcat » portent la livrée bleue de l’Aéronavale avec les numéros individuels « 2 » et « 20 », de la flottille 11.F du porte-avions « Arromanches ».

Ces cinq avions sont complétés au sol par un Ilyushin Il-18D de Vietnam Airlines, dans lequel embarque la violoniste. Il porte l’immatriculation « F-VNAG » d’un DC-3 d’Air Vietnam, avec « Air Vietnam » inscrit sur le fuselage.

 

Christian Santoir

 *Film disponible sur amazon.fr

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