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COEUR DE METISSE

 

COEUR DE METISSE

Vo. Map of the Human Heart

 

Année : 1993
Pays : Australie, Canada, France, Grande-Bretagne
Genre : drame
Durée : 1 h 50 min
Couleur

Réalisateur : Vincent WARD
Scénario : Louis NOWRA, Vincent WARD

Acteurs principaux :
Jason SCOTT LEE (Avik), Robert JOAMIE            (Avik jeune), Anne PARILLAUD (Albertine), Annie GALIPEAU (Albertine jeune), Patrick BERGIN (Walter Russell), Clotilde COURAU (Rainee), John CUSACK (le cartographe), Jeanne MOREAU (Soeur Banville). 

Musique : Gabriel YARED
Photographie :Eduardo SERRA
Producteur : Tim BEVAN, Vincent WARD
Compagnies productrices : Australian Film Finance Corporation (AFFC), Les Films Ariane, Map Films, PolyGram Filmed Entertainment, Sunrise Pictures Company, Vincent Ward Films, Working Title Films

 

Aéronefs :

  • Bell 47
  • Avro Lancaster Mk X, au sol
  • Avro Lancaster Mk X, C-GVRA, au sol
  • Vickers Viking Mk.IV, G-CAEB, réplique

 

Notre avis:

Ce film fut inspiré au réalisateur néo-zélandais Vincent Ward par un séjour chez les Inuit (Esquimaux). Il raconte l'histoire étrange d'un jeune Inuit, de père anglais, et celle de sa petite amie à moitié indienne; les hasards de la vie l'amèneront de l'Arctique à Dresde, lors du bombardement de la ville, en 1945. Ce film est aussi une réflexion sur les métis et leurs problèmes d'identité. Généralement rejetés par les leurs et les autres "races", ils sont supposés être voués à la solitude, tiraillés entre des cultures différentes, voire opposées, du moins en théorie...Mais les métis sont aussi les fruits du multiculturalisme, de la « civilisation de l’universel », qui, contrairement aux replis identitaires (sur sa culture, son pays, sa région, sa religion..), constitue, qu’on le veuille ou non, le seul avenir (encore lointain) de l’humanité. Comme le nationalisme, le particularisme culturel, c’est la guerre, comme on peut le constater, aujourd'hui, partout en Europe et dans le monde.

Dans l'Arctique, en 1965, à Nunatak, dans un campement de pétroliers, un vieil Inuit, Avik, raconte à un cartographe de passage, l'évènement qui a bouleversé sa vie, trente cinq ans auparavant. Il n'a que onze ans en 1931, quand un avion piloté par un officier britannique, Walter Russell, se pose près de chez lui. Venu effectuer des relevés cartographiques, Walter sympathise avec ce petit garçon dont le père est un marin anglais. Il est tuberculeux et Russel l'emmène à Montréal où il le confie à un sanatorium, tenu par une institution catholique. Avik y fait la connaissance d'une jeune fille, malade comme lui, Albertine, une métisse d'origine indienne. Rapidement, une sorte de complicité s'installe entre eux, ce qui  heurte les principes moraux de la mère supérieure. Ils sont donc séparés. Quelques années plus tard, retourné en Arctique, Avik n'arrive pas à subvenir aux besoins de sa grand mère, car il n'est pas un bon chasseur...Un jour, en 1941, Walter revient, à la recherche d'un sous-marin allemand. Avik lui demande de retrouver Albertine. Repoussé par les autres Inuit qui l'accusent d'être un porte guigne, il s'engage dans la RAF et devient bombardier. En 1944, il retrouve par hasard Albertine qui travaille dans un service de photo-interprétation de la RAF, mais il découvre qu'elle a épousé Russell. Albertine est toujours amoureuse d'Avik, malgré son désir de s'intégrer à la société blanche. Bien qu'Avik et son équipage aient fini leur tour d'opérations, leur commandant les envoie faire une autre mission sur Dresde. Albertine demande à Walter d'intervenir pour qu'Avik ne fasse pas cette mission, mais il prétend plus tard qu'il n'a rien pu faire...L'avion d'Avik est descendu au-dessus de la ville; il atterrit en parachute au beau milieu de l'enfer. Il n'a jamais revu Albertine depuis; elle lui a écrit plusieurs fois, mais il n'a jamais répondu. A Nunatak, revenu dans le présent, Avik a fini son histoire. Peu après, dans un bar, il entend une jeune fille fredonner un air familier. Elle lui dit que c'est sa mère qui le lui a appris. Il réalise ainsi que cette jeune femme est sa fille ! Elle vient le chercher pour l'inviter à son mariage. Il promet de venir, mais il se tue dans un accident, sans revoir celle qu'il a toujours aimée.

Le surnom d'Avik dans le film est "Holy boy" qui lui est donné par Walter, Avik n'ayant retenu de son père que son juron familier, "Holy cow" (traduit par "Sacré bon Dieu", dans la version française). Ce sera aussi le surnom du bombardier d'Avik.

Cette histoire d'amour se déroule sur fond de conflits; conflit entre l'homme et la nature (puits de pétrole dans l'arctique), entre les hommes (le bombardement de Dresde, l'exclusion d'Avik et d'Albertine de leur propre groupe, haine réciproque entre Inuit et Indiens Cree, rivalité entre Avik et Walter au sujet d'Albertine...).

Ce film reste peu connu bien qu'il soit une aventure romantique captivante avec un scénario peu banal, qui aurait mérité plus de reconnaissance de par son originalité et sa réalisation. Une des qualités de ce film, est l'authenticité de scènes tournées en milieu Inuit. Il est en outre servi par d'excellents acteurs, Anne Parillaud, Jason Scott Lee, Jeanne Moreau (en religieuse..), sans oublier les deux jeunes Robert Joamie and Annie Galipeau, les acteurs qui jouent les rôles d'Avik et d'Albertine, jeunes.

Malgré ses multiples interprétations possibles, "Coeur de métisse" est aussi un film d'aviation dans la mesure où les principaux personnages sont des aviateurs (Walter et Russell) et que même Albertine travaille dans la RAF (sa fille se mariera aussi à un pilote). Ici, l'avion permet de traverser le temps et l'espace, et il est le médiateur entre les trois principaux personnages.

 

Les avions du film :

Le jeune cartographe arrive au début du film dans un Bell 47, non identifiable.

Le premier avion de Walter Russell, est un Vickers Viking Mk.IV type 69. Il s'agit d'une réplique au 7/8° qui coûta environ 80 000 euros. Après le tournage, elle fut transportée à la Lancaster Society de Nanton (Alberta). Ce Viking est actuellement exposé à l'"Alberta Aviation Museum" d' Edmonton. Une maquette au 1/3° de près de cinq mètres d'envergure, fut également construite par N.B. Modeltronics. Cet amphibie est immatriculé "G-CAEB" qui fut le matricule du premier Viking (construit en Angleterre) ayant volé au Canada, en 1922, avec la compagnie "Laurentide Air Services Ltd.". Il servit jusqu'en septembre 1932, date de sa destruction par accident, et le film est conforme à la réalité en le faisant atterrir en 1931, à Nunatak.

Le second avion de Russell, en 1941, est un Junkers Ju.52/3m. Il s'agit en fait d'une maquette télécommandée, construite en Angleterre, en 1981/82. Certaines vues du Junkers sont des images  reconstituées sur ordinateur.

Les seuls vrais avions sont des Avro Lancaster, rien que çà ! L'appareil d'Avik est le Lancaster Mk X de la "Nanton Lancaster Society" portant le serial FM159. On le voit sur un parking avec la lettre H sur le nez et le surnom "Holy Boy" peint sous la verrière. 

Quand Avik et Albertine sont dans le nez de l'avion, on voit passer derrière eux un autre Lancaster. Ce "Lanc" Mk.X (c/n MDF281) est celui de l'association "Canadian Wartime Heritage" (serial KB726, C-GVRA). Il était exposé, en 2019, à l'intérieur, dans le musée de l'association à Hamilton (ON).

Mais ces beaux appareils ne sont jamais vu en vol. Le premier est vu au sol, et brièvement, moteurs tournants. Le second est pourtant en état de vol et se produit dans des meetings.

Les images des combats aériens nocturnes sont reproduites en images de synthèse. Au dessus de Dresde, en flammes, le "Holy Boy" est descendu par un Focke Wulf Fw.190 virtuel.

Le ballon sur lequel Avik et Albertine vivent leur passion, s'élève à proximité du "cheval blanc" d'Uffington (Oxfordshire), en Angleterre. Pendant la guerre, ce monument de l'âge de bronze (destiné à être vu du ciel) avait été recouvert pour le protéger, et Avik n'aurait donc pu le photographier à partir de son bombardier...Le film rappelle que certaines unités chargées de la mise en œuvre des barrages de ballons, étaient composées principalement de WAAF (Women Auxiliary Air Force), malgré la pénibilité du travail.

 

Christian Sautoir

 * Film disponible sur amazon.fr

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