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BOMBARDIERS EN PIQUE

 

BOMBARDIERS EN PIQUE

Vo. DIVE BOMBER

 

 

Année : 1941
Pays : Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 2 h 12 min.
Couleur

Réalisateur : Michael Curtiz
Scénario : Frank Wead, Robert Buckner
Histoire originale : Frank Wead

Acteurs principaux :
Errol Flynn (Doug Lee), Fred MacMurray (Joe Blake), Ralph Bellamy (Dr. Lance Rogers), Alexis Smith (Linda Fisher), Robert Armstrong (Art Lyons), Regis Toomey (Tim Griffin), Allen Jenkins (Lucky James), Anthony Craig Stevens (John Thomas), Herbert Anderson (Chubby), Moroni Olsen (le médecin à San Diego), Dennie Moore (Mme. James), Louis Jean Heydt (Swede Larson) 
 

Musique : Max Steiner
Photo : Bert GLENON, Winton C.HOCH

Prise de vues aériennes : Elmer Dyer, Charles A. Marshall
Chefs pilotes : Paul Mantz, Frank Clarke
Producteur : Robert LORD

Compagnie productrice :Warner Brothers

Avions :

  • -Brewster F2A Buffalo, en arrière-plan
  • -Consolidated PBY-4, en arrière-plan
  • -Consolidated PBY2 Coronado, en arrière-plan
  • -Curtiss SBC-2, SBC-4, XSB2C-1 Helldiver, document.
  • -Curtiss SOC-2
  • -Grumman F3F-2 
  • -Lockheed 10 A
  • -Naval Aircraft Factory N3N-1  
  • -Northrop BT-1  
  • -North American SNJ-3 Texan, en arrière-plan
  • -Ryan STA
  • -Vought OS2U-1 Kingfisher, en arrière-plan
  • -Vought SB2U-2 Vindicator, document

 

 Notre avis :

En 1941, l’attitude des Etats-Unis face à la guerre qui faisait rage en Europe est en train d’évoluer. Les films, notamment ceux de la Warner, prenaient un caractère de plus en plus patriotique. Le scénario adapté d’une histoire originale du commandant (à la retraite) de l’USN Frank Wead, n’avait pas grand chose à voir avec le bombardement en piqué mais plus avec la médecine aéronautique; il traitait des problèmes rencontrés par les pilotes de bombardiers en piqué de la Marine. L’un des principaux problèmes était le voile noir provoqué par les ressources sous un nombre de G élevé. Sans habit pressurisé, les pilotes étaient forcés de se débrouiller comme ils pouvaient pour ne pas s’évanouir (en hurlant, par exemple !). « Dive bomber » est le tribut de la Warner aux médecins de l’aéronavale et au travail qu’il firent pour améliorer les conditions de vol des pilotes. Ce film est le premier tourné intégralement en Technicolor. Ses vues aériennes saisissantes montrant des formations d‘avions avec leurs couleurs éclatantes d’avant guerre, est un classique du genre et un témoignage exceptionnel sur l’âge d’or de l’aviation navale américaine.

Après son diplôme obtenu à l’US Naval Flight Surgeon School de San Diego, le lieutenant Doug Lee est affecté dans le service du médecin chef, le Dr Lance Rogers. Les deux hommes se consacrent à l’étude du voile noir, de la fatigue du vol et de l’aéro-embolisme. Le commandant Joe Blake est sceptique sur les travaux des médecins et son différent personnel avec le docteur Lee ne lui permet pas d’apprécier ses recherches à leur juste valeur. Pour mieux évaluer les problèmes rencontrés par les pilotes et pour faire des expérimentations en milieu réel, Lee apprend à piloter. Ce n’est qu’après la mort d‘un ami intime que Blake accepte de participer aux recherches à titre de cobaye. Finalement il se tuera en essayant une nouvelle combinaison pressurisée, mais il aura le temps de griffonner quelques notes qui permettront à Lee de mettre au point sa combinaison dont seront équipés les pilotes de bombardiers.

Les techniques développées pour diminuer les risques du vol à haute latitude ou en piqué, étaient jusqu’alors un sujet qui n’avait jamais été abordé par Hollywood. Le département de la Marine fut contacté, et, à la lecture du scénario, accepta de fournir une aide substantielle. C’était le vingtième film qu’Errol Flynn tournait avec Curtiz et son second film d’aviation, après «Dawn Patrol » (1938). Le tournage commença en mars 1940. Le producteur avait choisi la base de North Island à San Diego pour filmer les extérieurs et pendant les deux mois suivant, cent cinquante acteurs et techniciens travaillèrent six jours par semaine, pour finir les scènes à temps. Bien que la Navy ait accepté de «prêter » le millier d’officiers et de marins qui apparaissent dans le film, il n’était pas question d’interférer avec les opérations normales. Chaque fois qu’une escadrille devait décoller pour des manœuvres, Michael Curtiz était averti à l’avance afin que ses équipes soient aussitôt prêtes à filmer. A la lumière des événements mondiaux, les forces de l’USAAF et de la Navy avaient été placées en état d’alerte maximum. Le film nous montre d’ailleurs une base ressemblant à une véritable ruche. L’air vrombit d’une multitude d‘avions multicolores, le sol grouille d’hommes marchant au pas, ou s’affairant autour de centaines d’aéronefs.

Les trois pilotes au début du film font penser aux «Three Sea Hawks » de la Marine, une formation acrobatique qui se produisait dans les meetings dans les années vingt et trente, notamment lors des National Air Races de Los Angeles en 1928.

Le film aborde un grand nombre de problèmes médicaux liés au vol à haute altitude (décompression, aéro-embolisme, anoxie) mais aussi au vol aux instruments (désorientation). On peut ainsi observer un Link trainer ANT-18, ainsi que des pilotes en caisson de décompression. C’est l’occasion de voir plusieurs modèles de masques à oxygène utilisés par la Navy, dont certains expérimentaux. A l’époque, les pilotes de Grumman n’avaient pas de masque à oxygène, seule une sorte de pipette qu’ils serraient dans leurs dents, ce qui ne permettait pas de bien régler le débit d’oxygène. En 1939, le masque type A7 fut mis en service, et on peut le voir autour du cou de Blake et de Lee, lors du vol dans l’avion pressurisé, mais il fut retiré du service peu après, car ne permettant de respirer que par le nez ! La ceinture anti G mise au point par Lee ne ressemble pas à celle utilisée tout à la fin de la guerre par les pilotes américains, même si elle est basée sur le même principe. En plus d’une ceinture abdominale, le pantalon anti-G (type G-4) était complété par des jambières permettant de compresser aussi les membres inférieurs. Joe Blake est tué en essayant une combinaison en caoutchouc avec casque qui rappelle celle testée par Wiley Post, en 1934 ; elle s’inspirait de la tenue des scaphandriers. Les résultats de ces essais furent tenus secrets jusqu’en 1956. Dans le film, les pilotes de Grumman F3F en sont dotés ce qui est pure fiction ; ces combinaisons seront en fait abandonnées au profit de combinaisons à pression partielle, utilisées dans les jets à hautes performances bien après la guerre.

La première eut lieu à San Diego le 12 août 1941, et en dépit de sa longueur, plus de deux heures, elle reçut un formidable accueil. C’est un grand classique du film d’aviation incontournable pour tout amateur. Une grande part du succès revient au chef pilote de la Warner, Paul Mantz, et aux cameramen Elmer Dyer, Charles Marshall et Winton Hoch. Comme la Navy ne permettait pas de refaire les prises, chaque scène dut être méticuleusement préparée, avant d’être filmée à partir de deux avions caméra.

Près de quarante ans plus tard, un livre de Charles Higham : «Errol Flynn , the untold story » publié en 1980, refit parler de « Dive bomber ». L’auteur y affirmait que des documents secrets du FBI, récemment ouverts au public, faisaient de Flynn un agent allemand ; une des preuves était, selon lui, le fait qu’il ait insisté pour tourner sur la base de North Island. Cette allégation nous semble très légère car nous ne voyons pas quel secret le film trahit. Parmi les centaines d’avions montrés, on constate que deux des artisans de la victoire de Midway, le Wildcat et le Dauntless n’apparaissent pas, alors qu’ils étaient pourtant présents sur la base et en cours de livraison aux unités. A la fin de 1941, la Navy et les Marines avaient reçu 258 Grumman F4F-3, et 144 Douglas SBD-1 et 2.. Sans entrer dans la polémique « Errol Flynn, agent nazi », on peut affirmer que l’Allemagne n’a pas appris grand chose avec les biplans du film, ni avec les Devastator qui se feront massacrer lors de la bataille de Midway, ni avec les Vindicator dont les Allemands purent capturer, en France, les exemplaires vendus à notre Marine nationale. Vu leurs performances, ils seront retirés des opérations dés les premiers mois de la guerre dans le Pacifique. Quant à la collaboration de l’Armée et de la Marine avec les studios de cinéma, elle fut toujours très étroite, même avant qu’Erroll Flynn ne débarque à Hollywood. Il conviendrait donc de trouver d’autres preuves plus tangibles.

 

Les avions du film :

Plus d’une douzaine d’escadrilles de la Navy et des Marines participèrent à un titre ou à un autre au film, dont des « guerriers du week end », des réservistes de la base de Long Beach qui amenèrent leur N3N à San Diego pour les scènes d‘ouverture du film. La plupart des scènes de bombardement en piqué, de vols en formations furent effectuées par les pilotes du 3rd Bombing Squadron (VB-3) et du 3rd Torpedo Squadron (VT-3). En plus de ces scènes tournées à la base, Curtiz passa une semaine à bord de l’USS "Enterprise" (CV-6, mais dont le pont est marqué EN) pour filmer les opérations au large des côtes de la Californie.

Au début de 1941, en préparation de possibles hostilités, la Marine ordonna que tous ses avions basés sur des porte-avions soient peints en gris. Comme le film devait être tourné en Technicolor, certaines escadrilles furent autorisées à conserver leur livrée bigarrée de temps de paix. C’est ainsi qu’un mélange d’avion décorés en gris côtoient des avions avec des ailes jaunes, des dérives bleues ou des capots moteurs rouges.

Le film s’ouvre sur une formation de Vought SB2U-2 Vindicator, surnommé plus prosaïquement « Wind Indicator» (girouette) ou « Vibrator » par leurs équipages... Ces avions (dont le sn 1381) appartenaient à la VB-3 qu’ils équipaient depuis 1937, et dont ils portent l’insigne (Black Panther). Mais certains appareils portent l’insigne de la VS-41 (Top hat) qui était aussi l’ancien insigne de la VB-3, en 1938…Ces avions vus sur l’USS "Enterprise", étaient en fait affectés à l’USS "Saratoga" (CV-3) en 1940, mais ce navire resta en chantier de janvier à avril 1941. Aucun de ces bombardiers en piqué n’est équipé de sa fourche lance bombe. En septembre 1941, la VB-3 commença sa conversion sur le Douglas SBD Dauntless. Il y a aussi une formation de Douglas TBD-1 Devastator que l’on retrouve sur l’"Enterprise" et à North Field ; ce sont des avions torpilleurs de la VT-3 (Dragons), la première escadrille à être équipé de cet appareil en 1937. La VT-6 de l’"Enterprise" en fut également équipée. Sur ce dernier porte-avions on peut voir au décollage d’autres modèles intéressants : Curtiss SBC-2 de la VS-6, un avion éclaireur basé sur l’"Enterprise", et un SBC-4 Helldiver (peut être d’une unité de réserve). Ces appareils étaient encore en service fin 1941 mais ils étaient déjà obsolètes. A San Diego, au sol, on voit un Curtiss SOC-2, un avion basé à terre assez proche des précédents et qui, en 1935 , avait commencé sa carrière comme éclaireur sur les croiseurs.

L’entraînement de base se fait sur des Naval Aircraft Factory N3N-1 débarrassés de leur capot moteur, et de N3N-3, des avions tout récents qui resteront en service en.jusqu’en 1961. Ces appareils peints en jaune canari furent connus sous le nom familier de « péril jaune », car étant pilotés généralement par des élèves ou des réservistes ! Dans certaines scènes, cet avion est doublé par un Travel Air 4000 et un Boeing 100, comme celui de Paul Mantz.

Les chasseurs sont représentés par des Grumman F3F-2 (dont le 0967) qui équipaient depuis 1937, la VF-6, la  « Fighting six » de l’USS "Enterprise", et des F3F-3 (dont le s/n 1451) apparus en 1938. Cet avion sera retiré du service à la fin de 1941, et au moment du tournage, la VF-6 opérait sa transition sur le Wildcat. Lors du crash de Blake à la fin du film, c’est une maquette venant de « Flight Command » (1940) qui est utilisée.

L’avion expérimental pressurisé est un Lockheed 10 A, mais le seul Lockheed 10 à avoir été pressurisé avec des moteurs turbocompressés, étaient un avion de l’Armée, le XC-35, qui fit effectivement des tests en 1937 .

Au milieu de tous ces avions guerriers, un civil déguisé en militaire, on voit un Ryan STA monoplace muni d’un capot moteur genre Wedell Williams comme s’il était équipé d’un moteur en étoile ! Il passe, avec son train fixe et ses ailes haubanées, pour le dernier chasseur britannique, ce qui est un peu gros. Mais dans « International squadron », sorti quelques mois plus tôt, la Warner l’avait déjà baptisé « chasseur anglais » avec des Brown B-3, et même le Travel Air R de Paul Mantz !

Le film se termine sur un magnifique bombardier Northrop BT-1 de la VB-5 (Red devils), mais portant l’insigne de la VS-41. Cet avion de transition fut livré à la VB-5 en avril 1938. En arrière plan, on voit d’autres Northrop de la VB-6 (Black Rams) de l’USS "Enterprise". Il n’y eut que cinquante quatre exemplaires de ce modèle qui fut le « père » du célèbre Douglas Dauntless qui était déjà en dotation dans les unités, au moment du tournage.

On voit néanmoins au milieu de ces appareils plus ou moins anciens, quelques avions plus récents qui n’apparaissent qu’en arrière plan. C‘est ainsi le cas du Brewster F2A Buffalo que la Marine avait préféré au Wildcat, dans un premier temps. Cet avion fut mis en service à la fin de 1940. Il est vu au sol et atterrissant sur l’Enterprise, bien que les Buffalo fussent affectés à la VF-2 (USS Lexington) et à la VF-3 (USS Saratoga). Autre appareil récent, le North American SNJ-3 Texan (dont le 6786) qui peuple le parking de la base de North Field. Ces avions au fuselage d’un métal rutilant, avec des ailes jaunes, apparaissent effectivement tout neufs. On voit également une rangée de Consolidated PBY-4 qui étaient en unités depuis 1937, mais étaient constamment améliorés. En 1941, on en était au PBY-5A, la version amphibie. Si on a l’œil, à la fin du film, au dessus d‘une formation de Curtiss Helldiver, on voit un hydravion quadrimoteur, un des tout premiers Consolidated PBY2 Coronado à être livré à la Navy. Caché sur le parking, au milieu des Grumman, on peut voir un Vought OS2U-1 Kingfisher dans sa version à « roulettes », qui arriva en unité à partir d’août 1940. 

Enfin, pendant le générique de fin, on a la surprise d’apercevoir l’image très exacte du Curtiss XSB2C-1 Helldiver, un prototype qui était en cours d’essai pendant le tournage du film. Cet avion ne fut livré à la Navy, après une longue mise au point, qu’en 1943. Donc, pour qui sait regarder dans les coulisses, le film ne montre pas que du matériel désuet, mais on ne sait pas si Errol Flynn insista pour que ces avions fussent sur les images…

 

 Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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