TEMPÊTE SUR LE MONT BLANC
Vo. Stürme über dem Mont Blanc
Réalisateur : Arnold FANCK
Scénario : Arnold FANCK
Acteurs principaux :
Sepp RIST (Hannes), LENI RIEFENSTAHL
(Hella Armstrong) Ernst UDET (Thoreau), Friedrich KAYßLER (Mr Armstrong, le
père d’Hella), Mathias WIEMAN (Walter Petersen)
Photo : Hans SCHNEEBERGER, Sepp ALLGEIER, R. ANGST
Musique : Paul DESSAU
Production : Harry SOKAL
Distribution : Aafa Film
Avions :
- Klemm L. 25aI, D-1450
Notre avis :
Devant le succès de « Die weisse Hölle von Piz Palü», le producteur H. SOKAL et Arnold FANCK décidèrent de réaliser un autre film de montagne avec de nouveau, Leni RIEFENSTAHL et Ernst UDET dont les voltiges entre les montagnes avaient contribué à la réussite du film précédent. Avec les progrès de la technique, TEMPETE SUR LE MONT BLANC fut conçu comme un film parlant mais la parole était encore post synchronisée, le matériel de prise de son était particulièrement lourd et n’était pas adapté aux difficiles conditions du tournage en montagne
Le scénario est presque semblable à celui de «Die weisse Hölle von Piz Palü ». Dans l’observatoire météorologique du Mt Blanc veille Hannes. Son seul contact avec le monde extérieur est un aviateur, Thoreau, et Hella son amie, avec laquelle il est en contact radio. Un jour, il perd ses gants et il a tous les doigts gelés; il ne peut plus entretenir le feu dans son refuge, ni redescendre dans la vallée car des crevasses barrent le passage. Il peut néanmoins envoyé un SOS qui est capté dans la vallée. Hella et UDET viennent à son secours en atterrissant à proximité.
On comprendra que cette histoire très simple n’est qu’un prétexte pour filmer de magnifiques paysages de montagne, par tous les temps. L’intrigue sentimentale est fourni par le couple RIEFENSTAHL-RIST, et le spectacle, par UDET. Ce dernier insista pour que SCHNEEBERGER soit de nouveau engagé pour filmer les scènes aériennes, à partir d’un deuxième avion. Celles ci ne furent d’ailleurs pas toutes filmées au dessus du Mt Blanc, mais du Hafelekar (2334 m de haut), plus proche du terrain d’Innsbruck et disposant d’une station de téléphérique d’où on pouvait téléphoner à UDET qui attendait sur le terrain. Après Innsbruck, UDET établit ses quartiers à Lausanne, d’où il décollait pour rallier le Mt Blanc.
Un des points forts du film est l’atterrissage sur le glacier du Mt Blanc. L’équipe du film se tenait au refuge Dupuis. Après avoir attendu quatre jours que le temps se lève, UDET put, le 26 mai, atterrir sur le glacier mais dut redécoller dans le brouillard. Ce fut, pour l’époque, une sorte d’exploit repris dans tous les journaux de la région. Leni RIEFENTSAHL prétendit qu’il s’était déjà posé sur le glacier avec elle à bord, mais rien n’est moins sûr. Le 26 juin, les prises de vues aériennes étaient terminées et UDET retourna à Berlin.
Les avions du film :
L’avion du film est un Klemm L. 25aI (D-1450) équipé d’un moteur français Salmson AD 9 de 40 chevaux. UDET alla le chercher directement chez Klemm le 19 mars 1930 et l’emmena à la mi avril à Innsbruck d’où il rejoignit l’équipe de tournage. Des skis furent montés à côté des roues ce qui permettait de décoller de la piste en herbe de Lausanne, comme sur les champs de neige du Mt Blanc ou le lac gelé de St Moritz. Derrière le moteur, sous le nom du constructeur de l’appareil « Klemm Flugzeuge », figure la marque suisse « Scintilla » réputée mondialement pour ses magnétos et qui sponsorisait UDET. On appréciera la scène où il approche du refuge avec le Klemm, coupe le moteur pour mieux parler à Hannes, puis remet en marche et s’en va. Le Klemm était en fait un moto planeur et permettait des évolutions très lentes (65-70 km/h). Un deuxième Klemm piloté par von Suchocky fut utilisé comme avion caméra.
En regardant attentivement, on voit voler au dessus du refuge, à deux reprises, un autre avion très différent du Klemm. C’est un avion à cabine à aile haute, avec des plans de forme rectangulaire, peints de couleur claire. Il n’y avait pas beaucoup d’avions qui répondaient à cette description en 1930, en l’Allemagne, en Suisse ou en Autriche. Ce pourrait être un Comte AC4 Gentleman suisse, mais la forme des ailes est plus proche de celle d’un appareil autrichien, plus gros, un Hopfner HV 628 dont un exemplaire volait d’ailleurs à cette époque sous immatriculation helvétique ; mais ce n’est qu’une hypothèse...
Christian Santoir
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