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SUR ORDRE DU FÜHRER

 

SUR ORDRE DU FÜHRER

Vo. La battaglia d'Inghilterra

 

Année : 1969
Pays : Italie, Espagne, France
Genre : Guerre
Durée : 1 h 56 min.
Couleur

Réalisateur : Enzo G. CASTELLARI
Scénario : Tito CARPI, Vincenzo FLAMINI

Acteurs principaux :

Frederick STAFFORD (Capitaine Paul Stevens), Van JOHNSON (Air Marshal George Taylor), Francisco RABAL (Martin Donovan), Ida GALLI (Meg), Luigi PISTILLI (Major Krueger), Renzo PALMER (Sergent Donald Mulligan), Teresa GIMPERA (Sheila). Luis DAVILA (Jacques), Christian HAY (Gaston).

Producteur : Edmondo AMATI
Musique : Francesco De MASI
Photographie : Alejandro ULLOA
Compagnie productrice : Les Productions Jacques Roitfeld, Atlántida Films, Fida Cinematografica

Avions :

  • CASA C-2.111D
  • Hispano Aviacion HA.1112M / C.4K
  • North American T-6G

 

Notre avis :

En 1969, sortaient deux films portant sur "La bataille d'Angleterre", l'un anglais, "Battle of Britain", l'autre italien "La battaglia d'Inghleterra". Si le premier est très connu et passe, à juste titre, pour un grand film d'aviation, l'autre est totalement inconnu, bien qu'il fut réédité en 2009, en DVD. Lors de sa sortie, le film italien, mis en scène par Enzo Castellari, un cinéaste spécialisé dans les films de grande consommation, fut néanmoins salué par la critique comme son plus grand film. Mais ce "film de guerre spaghetti", n'arrive pas à convaincre, avec toutes ses invraisemblances et sa réalisation bâclée.

L'histoire commence à Dunkerque, en 1940, alors que les Anglais se rembarquent pour l'Angleterre, harcelés par les Allemands. L'état major allemand veut utiliser cette retraite chaotique pour infiltrer en Angleterre un commando de saboteurs. Leur mission sera de se regrouper à Londres et de lancer des attaques sur les stations radar, afin de faciliter l'invasion de l'Angleterre. Commandé par le major Krueger, le commando tombe sur l'escouade du capitaine anglais Paul Stevens et l'élimine. Les Allemands prennent alors les plaques d'identité des soldats anglais et leurs livrets militaires. Krueger ayant pris l'identité du lieutenant Martin Donovan, rencontre un peu plus tard Stevens, qui lui sauve la vie, alors qu'ils traversaient un pont miné par l'adjoint de Stevens, le sergent Mulligan. Stevens qui a retrouvé ses hommes morts, sans papiers sur eux, ne se doute de rien…Ce n'est qu'en Angleterre qu'il commence à soupçonner une infiltration allemande, mais il n'est pas écouté par ses supérieurs. Cependant, il parvient à convaincre son ami, l'Air marshall George Taylor, qu'il se passe quelque chose. L'Etat Major lui confie alors la mission de retrouver les saboteurs. Entretemps, ceux-ci se sont regroupés à Londres avec l'aide d'une espionne Sheila, le seul agent allemand existant dans la capitale. Quant à Krueger, alias Donovan, il a réussi se faire inviter chez Stevens. S'apercevant que leur couverture ne tient plus, les Allemands doivent se procurer de nouvelles identités pour pénétrer dans une station radar. La Luftwaffe qui jusqu'ici, avait été repoussée avec de fortes pertes, a pu, cette fois, bombarder Londres. Stevens découvre, par hasard, la vraie identité de Donovan, mais celui-ci grâce à de faux papiers fournis par Sheila, parvient avec son groupe, à attaquer un centre d'opérations de la RAF, alors qu'une grande attaque allemande est en cours. Les avions anglais, sans guidage, ont de grandes difficultés à parer l'attaque allemande. Stevens et ses hommes arrive à temps pour empêcher le commando de faire sauter les installations. Krueger est tué dans la bagarre.

Doit-on rappeler que le scénario est de la véritable histoire fiction ? Qu'il y eut des espions nazis à Londres, c'est certain, mais aucune station radar ne fut détruite, et aucun centre de contrôle (il y en avait plusieurs), ne fut attaqué ! Ce mélange entre la bataille aérienne d'Angleterre et une mission de commando, genre "Les 12 salopards", entre film d'action et film d'espionnage, est peu convaincant. Castellani avait vu grand (les scènes des plages de Dunkerque, de la bataille d'Angleterre), mais sans doute trop grand pour son budget. En outre, le rôle de l'officier anglais Stevens frise le ridicule; il lui faudra presque tout la longueur du film (près de deux heures), pour découvrir qui est réellement son ami Martin Donovan, qui habite chez lui…

Plus grave, les scènes aériennes, en dehors de leur inexactitudes historiques (il n'y eut jamais 94 avions allemands descendus en une seule journée et Londres n'a jamais été attaquée par 1000 bombardiers allemands, en une seule sortie …), sont pitoyables et trahissent un manque de moyens évident. On se croirait revenu dans les films d'aviation américains des années 30 ou 40. La recherche de l'exactitude dans la reproduction du matériel aérien n'a vraiment pas été le souci du réalisateur, et encore moins du technicien espagnol chargé des scènes aériennes. Or la bataille d'Angleterre s'est déroulée a priori, dans les airs, plus que dans les salles de contrôle ou les stations radar, et ces scènes auraient mérité d'être plus soignées. Donc, pour l'aérocinéphile, "La battaglia d'Inghelterra" est un film à oublier ou à regarder (une fois), pour mieux apprécier "Battle of England" dont il représente le double obscur, le négatif (dans tous les sens du terme).

 

Les avions du film :

Reconstituer la Bataille d'Angleterre était quelque peu prétentieux, alors qu'elle avait été très bien portée à l'écran par le film de Guy Hamilton, tourné en même temps que le film italien. La production put néanmoins bénéficier de quelques vrais avions, surtout filmés au sol (c'est moins cher…). Ces avions furent prêtés par l'armée de l'air espagnole qui avait largement contribué à la réalisation des scènes aériennes du film anglais, avec ses avions et son personnel.

Les plages de l'embarquement de Dunkerque sont "straffées" par trois North American T-6G allemands, qui font de brèves apparitions. On peut supposer qu'il s'agit de T-6 espagnols déguisés, un type d'appareil qui resta en service au sein de l'Ejercito del Aire, jusqu'en 1982.

Les autres vrais avions sont des Hispano Aviacion HA.1112M/C.4K, comme ceux de l'autre "Bataille d'Angleterre". Comme eux, on remarque que les saumons d'ailes ont été coupés, que des vergettes ont été rajoutés sous le stabilo, et de faux canons montés sur les ailes, pour les faire ressembler un peu plus à des Messerschmitt Bf-109E. Mais les hélices quadripales ont été remplacées par des tripales, avec un cône d'hélice percé, et ils n'ont pas de mitrailleuses de capot factices. On voit cinq Buchon démarrer et rouler au sol, mais on ne les voit pas décoller, étant remplacés par un document d'époque montrant une envolée de Spitfire Mk.1... Ces avions devaient appartenir à la société Spitfire Productions Ltd., fondée par Harry Saltzmann et Benjamin Fisz, pour le tournage de la "Bataille d'Angleterre", version anglaise.

Des Buchon furent effectivement peints aux couleurs de la RAF pour le film anglais sur la bataille d'Angleterre, afin de compléter les Hurricanes, trop peu nombreux; mais il n'y en eut que trois, portant le code fictif "MI", et ils furent filmés en Angleterre. Les Buchons du film ont été filmés sur la base de Tablada à Séville, si on se réfère, à l'arrière-plan. Pour le tournage, en avril 1968, six Buchons avaient été restaurés, juste pour pouvoir rouler. Il se pourrait que ces avions aient été loués à Spitfire Productions. Après le tournage, ces avions restèrent en Espagne, et furent vendus à un collectionneur Américain de l'Illinois qui désirait faire un musée en plein air (le Victory Air Museum de Mundelein). Il les stocka, un temps, leurs ailes démontées dans un champ, avec leur camouflage style RAF (comme on peut le voir sur des photos), avant de les repeindre façon Luftwaffe. Ces "Spitfire" portent dans le film, le code "RF" du Squadron 303 "Kosciuszko", un squadron polonais basé à Norholt pendant la bataille d'Angleterre, et qui volait alors sur…Hurricane I. Notons que Benjamin Fisz, un des producteurs du film anglais, appartenait à ce groupe, pendant la guerre.

Les bombardiers allemands sont également de vrais avions, des CASA C-2.111D, la version espagnole du Heinkel He.111. Ils étaient encore en service au moment du tournage et le resteront jusqu'en 1975. On en voit trois au sol, sur un parking, puis en train de rouler. Ces vues ont été filmés sur la base aérienne de Madrid Getafe (on voit dans le prolongement du parking, la colline du Cerro de Los Angeles, marquant le centre géographique de l'Espagne). Sous un CASA, on aperçoit une rangée de T-6G d'entraînement, peints en jaune.

Pour les scènes aériennes, on réalisa des effets spéciaux très mauvais, utilisant des maquettes fort peu exactes. Les Messerschmitt Bf.109 sont particulièrement mal rendus avec des cockpits trop vastes, et une silhouette qui n'a rien à voir avec l'originale. Certains portent des marques d'escadrille; on reconnait l'écusson du JG.2 "Richthofen" et celui du JG.27 "Afrika". Les maquettes de Spitfire sont mieux réussies, bien qu'ils ressemblent à des Mk.IX, un modèle apparu en 1942…Le plus drôle est de voir la plupart de ces Spit porter les couleurs de la Luftwaffe ! Les bombardiers sont également reproduits sous formes de maquettes tout aussi approximatives. Le nez du Heinkel He.111 est beaucoup trop grand et le mitrailleur semble flotter dans son espace qui était en réalité très encombré. Un autre bombardier allemand est difficilement identifiable, tant, son cockpit et son nez vitré sont mal reproduits; il ressemble plutôt à un Vickers Wellington, dont on voit un modèle réduit survolant la maquette d'une ville allemande…

Le tout est parsemé de bouts d'archives filmées ou des films de ciné-mitrailleuses, très courts montrant des Spitfire, des avions allemands anglais et allemands abattus.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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