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LA BATAILLE D'ANGLETERRE

 

LA BATAILLE D'ANGLETERRE

Vo. Battle of Britain

 

Année : 1969
Pays : Grande-Bretagne
Genre : guerre
Durée : 2 h 13 min.
Couleur

Réalisateur : Guy HAMILTON
Scénario : James KENNAWAY, Wilfred GREATOREX

Acteurs principaux :
Michael CAINE (Squadron Leader Canfield), Trevor HOWARD (Air Vice Marshal Keith Park), Curd JÜRGENS (Baron von Richter), Ian McSHANE (Sergent Pilot Andy), Kenneth MORE (Group Captain Baker), Laurence OLIVIER (Air Chief Marshal Sir Hugh Dowding), Nigel PATRICK (Group Captain Hope), Christopher PLUMMER (Squadron Leader Colin Harvey).

Musique : Ron GOODWIN 
Photographie : Freddie YOUNG 
Producteurs : Benjamin FISZ, Harry SALTZMAN 
Compagnie productrice : Spitfire Productions

Avions :

  • CASA 2111
  • Hawker Hurricane
  • Hispano HA-1112-M1L/C.4K
  • Supermarine Spitfire Mk.I > PR XIX

 

Notre avis :

L'idée de ce film germa dans l'esprit du producteur, Benjamin Fisz, un ancien pilote de Spitfire, du squadron polonais 303, en 1940. Après la sortie des "Héros du Telemark", en 1965, il décida de porter à l'écran la bataille d'Angleterre. Intéressé par le projet, Harry Saltzmann, le co-producteur de la série des James Bond, le rejoignit pour former la société Spitfire Productions Limited. Le scénario est basé sur le livre "The Narrow Margin" (1961) de Derek Wood et Derek Dempster. Il se veut une peinture la plus exacte possible de la bataille d’Angleterre (juillet-septembre 1940), pendant laquelle la RAF mit en échec la campagne aérienne de la Luftwaffe qui visait à obtenir le contrôle de l'espace aérien anglais, dans la perspective du débarquement allemand en Grande-Bretagne, l’opération "Otarie".

Comme dans le "Jour le plus long" (1962), cette super production fit appel à un casting prestigieux, avec Michael Caine, Trevor Howard, Kenneth Moore, Laurence Olivier, Michael Redgrave, Robert Shaw, Susannah York, Kurt Jurgens, Manfred Reddemann et Hein Reiss.

Cette "bataille d’Angleterre", considérée par certains comme la "première guerre aérienne" de l'histoire, reste un des grands titres de gloire de la contribution britannique à la Seconde Guerre mondiale, à un moment où l’Empire anglais était en déclin. Guy Hamilton, qui avait également réalisé plusieurs James Bond avec Sean Connery, une série qui était un hommage déguisé aux services secrets de sa Majesté, ne manque pas ici de saluer l’héroïsme du Royaume-Uni et sa pugnacité. Le film souligne le rôle primordial de Hugh Dowding, véritable organisateur de la RAF, qui permit à la chasse anglaise de triompher. Le doute subsiste toujours sur la volonté des Allemands de vouloir envahir la Grande-Bretagne. Peut-être cherchaient-ils plutôt à l'affaiblir, pour la conduire, comme la France, à une armistice, avant de s'occuper de l'URSS. Cette hypothèse est évoquée au début du film. Les Allemands, dans cette affaire, ont fait des erreurs graves, dues en grande partie à des chefs, anciens de 14-18, peu au fait d’une guerre aérienne moderne, en comparaison de leurs homologues britanniques. Hitler avouait ne rien connaître à l'aviation et se reposait, pour cela, sur son ami Goering, le "spécialiste" de la question. Pas de Dowding, de Park ou de lord Beaverbrook, en Allemagne, mais un tout puissant maréchal, un fanfaron, qui avait promis au Führer que "sa" Luftwaffe allait rapidement régler leur compte aux Anglais.

Le film choisit volontairement de se concentrer sur le «Jour de l’Aigle» (Adlertag, 13 août 1940) et la bataille de Londres, et fait l’impasse sur le Kanalkampf, la bataille au-dessus de la Manche (évoquée dans le film "Kampfgeschwader Lützow" -1941), en juillet 1940, qui permit pourtant à chaque camp de fourbir ses armes.

Le film commence en France, en mai 1940, quand les pilotes de la RAF et quelques pilotes français, sont évacués en Angleterre, devant l'avance rapide de la Wehrmacht. Peu après le rembarquement des troupes anglaises et françaises, à Dunkerque, les Allemands regroupent leurs forces aériennes et sont inspectées par Kesselring. Le chef de la RAF l'Air Chief Marshal Hugh Dowding, avait envisagé une invasion de l'Angleterre et avait stoppé l'envoi d'avions en France, car le pays aurait alors besoin de toutes ses forces. En Suisse, l'ambassadeur d'Allemagne propose à son homologue anglais, de faire la paix, la lutte contre l'Allemagne étant selon lui, sans espoir. L'Anglais n'est pas loin de penser comme lui…Mais les Allemands conçoivent qu'un débarquement en Angleterre nécessite, au préalable, d'obtenir la suprématie aérienne. La Luftwaffe commence donc pas attaquer les bases du sud de l'Angleterre, pour détruire les avions britanniques au sol. Elle attaque également les stations radar, un élément important du dispositif de défense de l'île. Les pilotes anglais rendent les coups, mais beaucoup manquent d'expérience. La RAF fait appel aux pilotes européens ayant fui l'invasion de leurs pays. C'est ainsi qu'une escadrille polonaise se distingue, malgré son indiscipline, en attaquant avec succès, un groupe de bombardiers allemands sans escorte. Le point tournant de cette bataille survient quand des bombardiers allemands, perdus la nuit, lancent, par erreur, des bombes sur Londres. En représailles, les Anglais vont bombarder Berlin, que le maréchal Goering avait promis de protéger. En rage, Hitler ordonne de raser Londres ! Pendant que les Allemands pilonnent chaque nuit, la capitale, la RAF "respire" et peut reconstituer ses forces. Pour la première fois, de grandes formations de chasseurs peuvent engager la Luftwaffe. Le 15 septembre 1940, une bataille cruciale a lieu, au dessus de Londres. Bien dirigés par leurs stations de contrôle, au sol, les pilotes anglais infligent de très lourdes pertes aux Allemands. Hitler décide d'arrêter la bataille et d'abandonner son plan d'invasion du sol anglais. A la fin de 1940, les bombardements allemands sont devenus sporadiques et la RAF a repris définitivement le dessus. Churchill pourra dire :"Never in the field of human conflict, was so much owed by so many to so few".

Globalement, le film respecte la réalité historique, même si certains personnages sont fictifs, pour les besoins du scénario. Il reprend la thèse classique selon laquelle les Allemands firent l'erreur d'abandonner le bombardement des bases, pour s'attaquer à Londres, d'avoir, en quelque sorte, lâché la proie pour l'ombre…Certains historiens pensent que Goering croyait avoir définitivement affaibli la RAF. Les Allemands, trompés par de rapides succès, relativement peu coûteux, en Pologne, en France, sous estimèrent souvent leurs adversaires. Ce fut vrai avec les Anglais, puis avec les Soviétiques, et enfin, avec les Américains, dont ils furent incapables d'estimer à sa juste valeur la production aéronautique, ni le rythme de formation des équipages. La bataille au-dessus de Londres fut pour la Luftwaffe un échec. Leurs avions, en limite d'autonomie, ne pouvaient combattre qu'un temps limité et un équipage qui sautait au-dessus de l'Angleterre était un équipage perdu, contrairement aux Anglais qui combattaient à domicile. A part cela, le film met bien en lumière l’affrontement entre Keith Park et Leigh-Mallory, entre la tactique des «petits paquets » et celle des «big wings», à laquelle était favorable le group captain Douglas Bader.

Oublié par le film, le Corpo Aereo Italiano, le corps expéditionnaire italien, soutint l'assaut aérien allemand, quoiqu'étant intervenu un peu tardivement (comme dans la bataille de France...). Le premier bombardement italien sur les villes de Harwich et Felixstowe n'intervint que le 24 octobre 1940. La participation italienne passa presque inaperçue en Angleterre. Le CAI se retira de France, en avril 1941.

Le film parut le 15 septembre 1969, le jour anniversaire de la Bataille d'Angleterre et fut très bien accueilli par le public, bien que certains critiques trouvassent le film un peu trop documentaire, avec un scénario plutôt plat, plein de conventions et de clichés. Il est vrai que coté sexe ou drame psycho-sentimental, on a le droit d'être déçu. Les rares femmes du film sont surtout présentes dans les salles de contrôle, fort peu dans les chambres…

"La bataille d'Angleterre" se caractérise par un grand soin apporté aux détails, ce qui n'était vraiment pas habituel à l'époque (pas d'officiers allemands avec des cheveux longs, comme dans tous les films des années 70..). La société productrice avait contacté plusieurs anciens pilotes de la RAF et de la Luftwaffe pour servir de conseillers techniques. Parmi eux, il y avait le wing commander Stanford Tuck et le squadron leader "Ginger" Lacey, pour la RAF, le général Adolf Galland, le colonel Hans Brustellin, pour la Luftwaffe. Ce film est dans la tradition des films d'aviation anglais, connus pour leur sérieux et la qualité du matériel aérien utilisé, comme "Le mur du son" (1952), "Les briseurs de barrage" (1955), etc...

En définitive, le film coûta 12 millions de dollars et il est le plus grand hommage rendu aux hommes et aux femmes du Fighter Command en 1940, mais aussi à la détermination des producteurs Benjamin Fisz et Harry Saltzman. Il fit beaucoup pour la préservation du patrimoine aérien et notamment du Spitfire, en Angleterre, comme ailleurs dans le monde.

Ce film est le plus grand "air epic" de l'après guerre, ayant mobilisé 106 avions, dont 70 en état de vol, comme "Wings" (1927) et "Hell's angels" (1930) le sont pour l'avant guerre (avec moins d'avions et un scénario plus dramatique). Ce film "culte", incontournable, est à voir et à revoir. On pourra à cette occasion le comparer avec profit, avec les films d'aviation actuels, parus en DVD, où les scènes aériennes sont remplacées par des dessins animés, réalisés sur table graphique. La qualité de leurs images (grain, texture, teinte..), mais aussi la façon dont évoluent les avions, ne peuvent rivaliser avec les scènes de "La bataille d'Angleterre". Les artistes digitaux devraient commencer par abandonner Flight Simulator, passer leur brevet de pilote et arrêter de s'inspirer de "La guerre des étoiles", pour reproduire les évolution d'un Fokker Dr.1 ou d'un P-51 Mustang, comme dans "Flyboys" ou "Red tails"…En 2012, force est de constater que rien n'a encore remplacé les magnifiques images filmées en plein vol, par le grand spécialiste Skeet Kelly.

 

Les avions du film :

Dès le début de la conception du film, il fut arrêté, comme condition essentielle, qu'il devrait utiliser de nombreux avions. Trop de films avaient alors recours à des extraits de documentaires, ou à de rares avions, qu'on essayait de multiplier à l'écran, en jouant sur les angles de prises de vue, ou en changeant les décorations. Dans les années 50, deux films anglais sur la bataille d'Angleterre, avaient réussi à trouver quelques vieux avions d'époque. En 1952, huit Hurricanes (dont cinq portugais) apparaissaient dans "Angel one five", en 1956, "Vainqueur du ciel" utilisait cinq Hurricanes et six Spitfires. Le problème était donc de trouver des avions de la seconde guerre mondiale en nombre suffisant pour recréer, de façon crédible, une bataille qui vit s'affronter, pendant trois mois, 1963 avions de la RAF contre 2550 avions de la Luftwaffe…

Les producteurs firent appel à "Hamish" Mahaddie, un ancien group captain de la RAF, qui avait été conseiller technique du film "633 squadron" (1964), pour lequel il avait réussi à récupérer douze Mosquitos, dont cinq en état de vol. Il fournissait également des avions pour les tournages. En cherchant bien, il trouva qu'une centaine de Spitfires, en plus ou moins bonne condition, pouvaient être réunis. Il prit d'abord contact avec le Ministère anglais de la Défense, à Londres, qui se déclara intéressé et disposé à lui prêter dix neuf Spitfires et trois Hurricanes, et de lui donner accès à la base de Henlow pour préparer les avions. Les Spitfires prêtés étaient de différents modèles : marks V, IX, XVI, PR.19 et F.21. Certains nécessitaient de grosses transformations pour les rendre plus conformes aux appareils de l'époque. Ainsi, les LF.XVI devaient être débarrassés de leurs canons; on devait redonner à leurs ailes tronquées, la forme elliptique habituelle; les verrières en bulle devaient être enlevées et changées, l'arrière du fuselage rehaussé, comme sur les premiers modèles. La dérive pointue devait être arrondie, sans parler des travaux de peinture pour donner aux chasseurs un camouflage et des marquages, style 1940. Il fut décidé que tous les appareils non volants seraient standardisés, pour ressembler à un croisement de Mk. V et de Mk. IX. D'autres Spitfires furent utilisés comme sources de pièces détachées, pour les avions volants ou roulants (Mk Ia K9942, Mk XIVc NH904, Mk XIV RM694, Mk XIVe TB863, Mk XVIe TE184 et Mk F.24 PK724).

Bien que pendant la bataille d'Angleterre, les Hurricanes fussent plus nombreux que les Spitfires, ils étaient plus difficiles à trouver. Leur présence étaient cependant indispensables, pour filmer la première partie du film se déroulant en France, où aucun Spit ne fut déployé. La RAF ne put en fournir que trois, dont un seul était en état de vol, celui du Battle of Britain Flight. Hawker Siddeley Aviation possédait le dernier Hurricane construit et le loua à la compagnie productrice. Mahaddie eut également la chance de pouvoir acquérir un autre Hurricane (CF-SMI) qui venait d'être restauré au Canada. La Shuttleworth Collection de Old Warden put enfin fournir un dernier appareil qui ne pouvait voler.

Mais, il fut rapidement évident que trois Hurricanes en vol ne seraient pas crédibles, aussi trois Buchon furent repeints aux couleurs de la RAF (MI-T/U/V) avec de la peinture lavable. Ces avions volèrent derrière les Hurricanes, et à l'aide des effets spéciaux, la surimposition, on put reconstituer un wing grâce à la magie du cinéma.

Alors qu'il rassemblait les avions de la RAF, Mahaddie apprit que l'Armée de l'Air espagnole s'apprêtait à reformer ses Hispano HA.1112M/C.4K "Buchon". Ces appareils étaient en fait des Messerschmitts Bf.109G, construits en Espagne, mais équipés de moteur Rolls-Royce Merlin. En outre, les Espagnols utilisaient toujours leurs CASA 2.111 "Pedro" qui était des bombardier Heinkel He.111, construits sous licence, également remotorisés avec des Rolls Royce Merlin. Ces avions étaient basés à Tablada (Séville) et Malaga. Arrivé sur place, Mahaddie s'aperçut que, seuls, huit Buchon étaient en état de vol, mais qu'une vingtaine pouvaient être réassemblés en utilisant les cellules stockées dans les parcs. Après avoir remporté les enchères, Mahaddie passa un contrat avec l'Ejercito del Aire, pour remettre en état les Buchons. Sur les vingt huit reconstruits, dix huit furent remis en état de vol, six pouvaient seulement rouler et les quatre restant furent utilisés en statique. Des modifications durent être apportées aux Buchons pour les faire ressembler aux Bf.109E originaux. Les bouts arrondis des ailes, durent être rognés, ce qui d'ailleurs ne dégrada nullement les qualités de vol de l'avion. Les cloisons d'aile et les carénages des canons furent enlevés; la casserole d'hélice fut raccourcie et ouverte au bout (rappelons que cette ouverture pouvait être celle d'un canon, mais que, seul, un petit nombre de Messerschmitt Bf.109E-3 furent équipés de MotorKanonenen, vu les problèmes qu'ils provoquaient : surchauffe, enrayage, vibrations..), les hélices quadripales furent remplacées par des tripales. On rajouta un mat d'antenne et des vergettes sous le stabilo. Mais leur verrière resta celle d'un BF.109G…

Pour les bombardiers, toujours en service, il fallut contacter le ministre de l'Air qui autorisa le prêt des trente deux CASA C.2111 disponibles, à la société Spitfire Productions. Les Espagnols prenaient à leur charge, les équipages, les coûts d'entretien, le carburant, à l'exception des travaux de peinture. Une véritable aubaine !

Mais Mahaddie continua à rechercher d'autres avions appartenant à des privés. Au Texas, la Confederate Air Force avait acquis quatre Buchons et possédait un Spitfire Mk.IX. Elle accepta de louer les avions à condition qu'ils soient pilotés par leurs pilotes. Spitfire Productions put louer un autre Spitfire Mk.XIV appartenant à Rolls Royce. Trois autres Mk.IX furent également trouvés, dont deux étaient des avions à double commandes, des T.9. Ils furent très utiles pour la conversion des pilotes, en outre, dans la place avant, ont put installer une caméra pour avoir des vues prises à travers le pare brise.

Disposant d'un gros budget, après que Spitfire Productions ait signé un contrat avec United Artists, Mahaddie décida de remettre en état de vol trois Spitfires, des premiers modèles. Il y avait un Mk.1a (AR213) stocké sur la base RAF d'Abingdon, un Mk.Ia (P7350) exposé au RAF Colerne Museum pendant des années, mais en parfaite condition, et un Mk.V (AR501) de la Shuttleworth Collection, stocké démonté.

A la fin de 1967, Hamish Mahaddie avait réuni douze Spitfires en état de vol, cinq pouvant rouler et neuf  destinés à faire de la figuration. Il fallait y ajouter trois hurricanes pouvant voler et trois autres pour la figuration statique. Il y avait, en outre, vingt huit Buchons achetés et trente deux bombardiers CASA prêtés.

Mais cela n'était pas assez pour Guy Hamilton qui fit installer dans les studios de Pinewood, un atelier de fabrication de maquettes en bois et fibre de verre, grandeur réelle; bientôt Spitfires, Hurricanes et Messerschmitts sortirent à la chaine…Ces maquettes étaient destinées à peupler les parkings, certains, munis de petits moteurs, pouvaient rouler. Cet atelier reproduisit dans les moindres détails une réplique de He.111 qui pesait six tonnes et qui servit pour figurer un He.111 s'étant posant sur le ventre. En revanche, malgré tous ses efforts, Mahaddie ne put trouver de Messerschmitt Bf.110, ni de Junkers Ju.88 ou de Dornier Do.17, des avions ayant participé en nombre à la bataille. Le Musée de la RAF prêta ses appareils, un Junkers Ju 88R-1, un Heinkel He 111H-23, un Messerschmitt Bf.109G-2, et un Junkers Ju 87D-3 Stuka. Cependant, ces machines, réservées à un usage purement statique, ne furent pas remis en état de vol et on ne les voit pas dans le film.

Les scènes de bombardement en piqué des stations radar par des Junkers Ju.87 Stukas étaient un élément incontournable, tant cet avion est associé à la blitzkrieg. Il n'y avait qu'un seul Stuka en Angleterre, appartenant à la RAF, et conservé à St Athan, dans le pays de Galles. Après avoir refusé, la RAF accepta que l'avion soit remis en état de vol, mais Mahaddie dut y renoncer, car son inspection montra que cela prendrait beaucoup de temps et d'argent pour le faire revoler. Il décida donc de transformer trois Percival Proctor (G-AIEY, ALOK, AIAE) en Ju.87. Seul le premier (G-AIEY) fut effectivement transformé et vola avec les codes allemandes "W8+AE" et "W8-+AR". Mais il ne pouvait pas être équipé d'une hélice tripale et ses images ne furent pas retenues, au montage. Les Stukas furent donc remplacés par des maquettes radio commandées.

Les camouflages furent reproduits avec une grande exactitude par une équipe spéciale. Il était impossible de représenter toutes les unités de la RAF et la Luftwaffe ayant participé à la bataille. Afin d'éviter de favoriser certains escadrilles, les avions anglais portèrent des codes opérationnels fictifs : "AI, CD, DO", les répliques destinées à être détruites lors des bombardements, portant le code "BO". Les Hurricanes ne portent, en France, que leur numéro individuel et, en Angleterre, les codes "KV" et  "MI", avec un drapeau polonais sur le capot moteur. Les avions allemands avaient également des codes fictifs. Les Heinkel portaient les codes "A5, V1 et 6J", les Buchons, ayant des casseroles d'hélices rouges, blanches ou jaunes, avec des numéros correspondants. Les avions allemands arborent également des écussons de groupes fictifs.

Pour filmer les scènes aériennes, il allait une plate forme adaptée. C'est ainsi qu'un North American B-25 (N6578D, s/n 44-31508) appartenant à Jeff Hawke de la société Euramerica Air, fut équipé, en Floride, avec plusieurs postes de caméra dans le nez, la queue, mais aussi dans la soute à bombe qui renfermait une caméra fixée au bout d'un bras rétractable, capable de filmer sur 360°. L'avion fut convoyé en Angleterre, en décembre 1967.

A la mi-mars 1968, les avions de la RAF étaient prêts et furent envoyés à Duxford. Ils étaient pilotés par des membres de la RAF, sélectionnés par le Wing Commander George Elliott.  L'entretien des avions fut confié à la société Aero Services d'Elstree.  La production retint comme base principale, la base de Duxford, qui fut remise aux standards de 1940, avec l'autorisation du ministère de la Défense. Mais il y eut d'autres terrains de la RAF qui furent utilisés pour le tournage, à Northolt, à Debden, à Hawkringe.

Les premières scènes furent tournées en Espagne, en mars 1968. Les bases de Tablada et El Corporo, près de Séville, furent transformées en terrain allemand. Un seul Spitfire fut envoyé en Espagne. Le tournage, en Espagne, employa également deux CASA 352-L, des Junkers Ju.52 construits en Espagne; l'un fut filmé en vol, l'autre au sol, sur le parking du fictif aéroport de "Berlin-Tempelhof" (El Corporo). A la fin du tournage, Spitfire productions acheta deux CAS C.2111, les autres reprenant leurs couleurs espagnoles d'origine. Début mai, les deux CASA, dix sept Buchons, le Spitfire et le B-25 caméra prirent le chemin de l'Angleterre pour atterrir sur la base de Manston. Les Buchon et les CASA reçurent des matricules anglais, tout en restant pilotés et entretenus par les Espagnols. Mais le mauvais temps persistant força la production à poursuivre le tournage dans le sud de la France (Montpellier). Neuf Spitfire, trois Buchons et le B-25 s'y rendirent donc en août, pour trois semaines, pendant lesquelles plusieurs scènes aériennes furent filmées au-dessus de la Méditerranée. Mais la scène du terrain britannique en France, en 1940, fut reconstituée à Duxford, avec un faux château. Duxford servit également pour deux autres terrains anglais. Les scènes de l’évacuation de Dunkerque, au début du film, ont été tournées en Espagne. C’est San Sébastian qui joue le rôle de la capitale du Reich, pour les scènes d’extérieur. Enfin, la grande scène d’inspection des Kampfgeschwadern a été réalisée sur la base de Tablada. Le tournage des scènes aériennes prit fin en septembre 1968 et le travail de montage put commencer.

 

Les avions ayant participé au tournage :

V=Volant, Ro=Roulant, S=Statique, ES=En Stock,PD=Pièces Détachées, R=en Restauration, 

?= Inconnu

 

Spitfires

Mark

Serial/Matricule

Statut dans le film

Serials portés dans le film

codes portés dans le film

Statut actuel

Ia

AR213/G-AIST

V

N3311, N3316

AI-B, AI-C, CD-B

R

IIa

P7350/G-AWIJ

V

N3310, N3312, N3317, N3321

AI-A, AI-E, CD-C, CD-M, BO-H

V

L.F Vb

AB910

V

N3318, N3319, N3322

AI-D, AI-J, CD-K

V

F.Vc

AR501/G-AWII

V

N3311, N3314, N3316, N3320

AI-B, AI-E, AI-G, DO-A, DO-H

V

H.F.IXb

MH415/G-AVDJ/N415MH

V

N210,N3310,N3311,N3312,

N3314,N3317,N3319,N3320

AI-A,AI-C,AI-M,AI-N,CD-A,CD-B,DO-K,DO-M

V

IXc

MK297/G-ASSD

V

N3310, N3311, N3314, N3317

AI-A, AI-B, AI-H, CD-A, CD-E, DO-N, EI-A

V

H.F.IXb

MH434/G-ASJV

V

N3310, N3313, N3314, N3315, N3319

AI-A, AI-D, AI-E, AI-K, CD-V

 

Tr.9

MJ772/G-AVAV

V

Nil

AI-D, CD-H, DO-H

V

Tr.9

TE308/G-AWGB

V

Nil

CD-V, CD-J, CD-K, DO-H, DO-K, DO-L, EI-A, EI-J

V

F.XIVc

RM689/G-ALGT

V

N3310, N3311, N3318, N3321

AI-A, AI-M, AI-N, CD-D, CD-J, DO-B, DO-D

V

P.R.XIX

PM631

V

N3317, N3320

AI-L, DO-N

V

P.R.XIX

PS853

V

N3316, N3321

AI-G, AI-M, EI-K

V

F.Vb

BL614

Ro

N3313, N3315, N3327

AI-B, AI-D, DO-M

S

L.F.XVIe

SM411

Ro

N3310, N3311, N3323, N3329

AI-A, AI-B, AI-S, EI-M

S

L.F.XVIe

TB382

Ro

N3310, N3316, N3320, N3323, N3370

AI-A, AI-C, AI-H, DO-A, DO-L, EI-A

ES

L.F.XVIe

TE356

Ro

N3312, N3324

AI-C, AI-P, DO-M, EI-C

F

L.F.XVIe

TE311

Ro

N3321, N3324

AI-C, AI-M, DO-H

R

L.F.XVIe

TE384

Ro

N3314, N3315, N3316, N3320, N3323, N3324

AI-H, AI-E, AI-L, AI-P, AI-Q, DO-L

F

F.Vb

BM597

S

Nil

Nil

F

L.F Vb

EP120

S

N3312

AI-B, AI-N

F

L.F.IXc

MK356

S

N3328

AI-R

F

L.F.XVIe

RW382

S

N3314, N3316, N3320

AI-G, DO-I, DO-M, EI-G

R

L.F.XVIe

SL574

S

N3310

AI-A, AI-E

S

L.F.XVIe

TD248

?

Rien

Rien

F

L.F.XVIe

TE476

Ro

N3311, N3320

AI-B, AI-F

F

P.R.XIX

PM651

S

N3317, N3320, N3329

AI-S, DO-N

IS

P.R.XIX

PS915

S

N3328

AI-R

F

F.21

LA198

S

N3316, N3317

AI-G, DO-C

S

Ia

K9942

PD

Aucun

Aucun

S

F.XIVc

NH904

PD

Aucun

Aucun

S

F.XIV

RM694

PD

Aucun

Aucun

ES

F.XIVe

TB863

PD

Aucun

Aucun

V

F.XVIe

TE184

PD

Aucun

Aucun

V

F.24

PK724

PD

Aucun

Aucun

S

 

Hurricanes

Mark

Serial/Matricule

Statut

Serials portés dans le film

Squadron codes portés dans le film

Statut actuel

IIc

LF363

V

H3420, H3422

MI-A, MI-D, MI-H, KV-C

V

IIc

PZ865

V

H3421, H3423, H3424

MI-C, MI-D, MI-G, KV-A, OK-I

V

XII

G-AWLW

V

H3418, H3421

D, F, MI-A, MI-D, MI-F, KV-B

V

I

P2617

Ro

H3426, H3427

MI-C, MI-S

S

I

27015

Ro

H3418

F, L, MI-A, MI-D

R

IIc

LF751

S

Rien

Rien

S

 

CASA 2111 utilsés  en Angleterre

Serial/Registration

Statut dans le film

Codes portés dans le film

Statut actuel

B2-137/G-AWHB

V

6J-PR, U6-DL, VI-BN, A5-ER

ES

B2-166/G-AWHA

V

6J-BR, 6J-PR, V1-CL, A5-BN

S

 

 

Hispano HA-1112-M1L/C.4K

Serial/Registration

Statut dans le film

Codes portés dans le film

Statut actuel

C4K-31/G-AWHE

V

Rouge 8

R

C4K-61/G-AWHF

V

Pas de marquage. Avion detruit à Duxford 21/05/68

?

C4K-75/G-AWHG

V

Jaune 11

?

C4K-99/G-AWHM

V

Jaune 5

ES

C4K-100/G-AWHJ

V

Rouge 13 (plus MI-V comme Hurricane)

S

C4K-102/G-AWHK

V

Rouge 7

S

C4K-105/G-AWHH

V

Rouge 4

ES

C4K-106/G-AWHI

V

Jaune 8

ES

C4K-112/G-AWHC

V

Rouge 11 (biplace)

ES

C4K-122/G-AWHL

V

Jaune 7 (plus MI-T comme Hurricane)

S

C4K-126/G-AWHD

V

Rouge 9

ES

C4K-127/G-AWHO

V

MI-S (comme Hurricane)

S

C4K-130/G-AWHN

V

Chevrons

ES

C4K-144/G-AWHP

V

Rouge 3

 

C4K-152/G-AWHR

V

Blanc 5

ES

C4K-169/G-AWHT

V

Rouge 5

R

C4K-170/G-AWHS

V

Jaune, chevrons

S

Lors du tournage en Espagne, six Buchons furent restaurés juste pour pouvoir rouler sur le terrain de Tablada. Puis, ils furent vendus à un collectionneur américain..

 Serial/Matricule


Statut dans le film

Codes portés dans le film

Statut actuel

C4K-107

Ro

?

V

C4K-121

Ro

?

R

C4K-131

Ro

?

?

C4K-134

Ro

?

S

C4K-135

Ro

?

?

C4K-172

Ro

?

V

Quatre Buchons non volant furent expédiés en Angleterre, pour être utilisés comme réserves de pièces détachées et servir aux prises de vue rapprochées du cockpit :

 Serial/Matricule


Statut dans le film

 

Statut actuel

C4K-30

PD

À Henlow pour pièces détachées

?

C4K-111

PD

A Pinewood studios pour vues du cockpit

?

C4K-154

PD

À Henlow pour pièces détachées

V

C4K-114

PD

À Henlow pour pièces détachées

S

 

Sources :

  • Robert RUDHALL "The battle of Britain" in Warbirds Worldwide n° 5, 6, 7. 1988.
  • Raymond HANKIN, « Filming the Battle. » Flying Review International, Vol. 24, no. 2, octobre 1968.
  • Ed SCHNEPF, « The Few: Making the Battle of Britain. », Air Classics Vol. 6, No. 4, avril 1970.

 

Christian Santoir

 * Film disponible sur amazon.fr

 

 

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