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COURRIER DE CHINE

 

COURRIER DE CHINE

Vo. China Clipper

 

Année : 1936
Pays : Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 1 h 25 min.
Noir et blanc

Réalisateur: Ray Enright
Scénario : Frank Wead

Principaux acteurs :

Pat O'Brien (Dave Logan), Beverly Roberts (Jean 'Skippy' Logan), Ross Alexander (Tom Collins), Humphrey Bogart (Hap Stuart), Marie Wilson (Sunny Avery) Joseph Crehan (Jim Horn), Joe King (Mr. Pierson), Addison Richards (Mr. B.C. Hill) Ruth Robinson (Mme. Brunn), Henry B. Walthall, (Dad Brunn), Carlyle Moore Jr. (opérateur radio), Lyle Moraine (mécanicien), Dennis Moore (copilote), Wayne Morris (navigateur), Alexander Cross (Bill Andrews, mécanicien)

Producteurs : Samuel Bischoff, Louis F. Edelman, Hal B. Wallis, Jack L. Warner
Musique : W. Franke Harling, Bernhard Kaun, Heinz Roemheld
Photo : Arthur Edeson
Prises de vues aériennes : Elmer Dyer
Compagnie distributrice : Warner Bros.

Avions :

  • Douglas Dolphin 1 Special, NC967Y
  • Fokker F-10A, NC582K
  • Lockheed Vega 5C
  • Martin M-130, NC14716

 

Notre avis :

Ce film est dédié à la Pan American Airways System et à la compagnie Glen L. Martin qui construisit l’hydravion baptisé « China Clipper ». Il est indiqué que l’histoire est fictive et que toute ressemblance avec des personnages ou de faits réels serait de pure coïncidence... Mais le scénario écrit par un spécialiste des films d’aviation, Frank WEAD, s’inspire de faits authentiques. Quant aux personnages, ils sont clairement identifiables : Pat O’Brien joue le rôle de Juan Trippe, le directeur de la compagnie PAA, Ross Alexander est le commandant Hugh Wells, Humphrey Bogart personnifie le commandant Edward Musick, le plus célèbre pilote de la PAA, Henry B. Walthall est Igor Sikorsky, mais un Sikorsky bien fatigué, l’acteur mourra d’ailleurs pendant le tournage ! La compagnie PAA avait été contactée par la Warner afin de participer au film, mais elle avait refusé.

L’histoire nous présente Dave Logan, un travailleur acharné sacrifiant son confort et son mariage afin de poursuivre son rêve d’établir des lignes aériennes commerciales à longue distance. Inspiré par le vol de Lindbergh entre New York et Paris, Logan réunit une petite équipe de mécaniciens et de pilotes qui doivent supporter son caractère irascible et ses méthodes de travail harassantes. A ce groupe se joint Hap Stuart, un pilote et un ancien ami de Logan qui désire reprendre du service. L’équipe compte également « Dad » Brunn, un ingénieur aéronautique que Logan presse de construire des avions de plus en plus grands et rapides. La femme de Logan, Skippy, finit par le quitter. Stuart et Collins, le partenaire de Logan, essaient de temps en temps de s’opposer à lui, mais ça ne marche pas toujours. Malgré tout, la compagnie s’étend progressivement vers Cuba, puis vers le Venezuela et le Mexique. Grâce au financement d’un milliardaire, B.B. Hill, des liaisons sont établies avec l’Amérique du Sud : Brésil, Argentine, Pérou. Skippy revient, mais son mari lui explique que son départ lui a permis de se consacrer entièrement à sa tache et que par conséquent, il ne tient pas à la garder ! Elle repart dépitée. Un grand hydravion est enfin prêt et Logan va pouvoir envisager d’établir une ligne entre la Californie et la Chine. Pour cela il convient de mettre en place une énorme infrastructure et notamment des escales bien équipées (stations radio, ateliers, magasins, hôtels..). Les pilotes s’entraînent en volant par tous les temps pour pouvoir affronter les orages du Pacifique. Skippy, décidément tenace, s’est fait engager dans la compagnie de son mari, contre son avis. Le grand jour du départ arrive enfin. Stuart est chargé de faire la première traversée du Pacifique sur le « China Clipper » à destination de Macao, avec escales à Honolulu, Midway, Wake, Guam, Manille. Malgré une météo souvent détestable, Stuart arrive à respecter les horaires. Logan a gagné, mais, il est déjà préoccupé par un autre projet, la liaison New York-Londres !

Ce film est en fait une biographie romancée de Juan Trippe jusqu’en novembre 1935, date du premier vol transpacifique. Le « China clipper » décolla le 22 novembre d’Alameda (CA) avec Ed Musick comme commandant de bord et un certain Fred Noonan comme navigateur. Ce dernier devait disparaître avec Amelia Earhart deux ans plus tard. Le Martin M 130 transportait 110.000 lettres et paquets. Le 29 novembre, il atterrissait à Manille, et non à Macao, comme dans le film. Macao fut effectivement le terminus de la ligne, en attendant que les Anglais donnent l’autorisation d’amerrir à Hong Kong. Les autorités britanniques, sous la pression de la compagnie nationale Imperial Airways, étaient réticentes à accorder une telle autorisation mais elle sera accordée l’année suivante. Le nom de «China clipper» fut donné par Juan Trippe, sa famille ayant fait fortune lors du siècle passé en armant des voiliers, les fameux clippers, célèbres pour leur rapidité. Comme leurs ancêtres marins, les clippers de la PAA utilisèrent les océans pour établir un vaste réseau de routes aériennes. A l’époque, les pistes en dur étaient très chères, alors que l’on disposait d’innombrables ports et baies abritées. Les équipages de la PAA portaient des uniformes proches de ceux de la Marine ; il en était de même pour les grades : le commandant de bord s’appelait « capitaine » et le copilote était le « second » (first officer).

Charles Lindbergh fut conseiller technique de la PAA et défricha de nombreuses routes aériennes. Quand Dad Brunn dessine un hydravion (un Sikorsky S-38) sur une nappe en papier, il est fait référence à une anecdote qui se serait passée lors du vol inaugural de la liaison Miami-Colombie, en Sikorsky S-40. Lindbergh aurait dessiné, en présence de Sikorsky, au dos d’un menu, un nouvel avion qui devait donner naissance au Sikorsky S-42.

La Panam exerçait un véritable monopole en matière de liaisons aériennes entre les Etats-Unis et l’étranger. Bénéficiant de l’appui de Washington, la compagnie  représentait les intérêts économiques américains à l’étranger. Dans le Pacifique, elle contrebalançait l’influence japonaise et affirmait la présence américaine. Les Japonais ne s’y étaient pas trompés et quelques jours avant le vol inaugural du « China clipper », deux Japonais furent surpris à l’intérieur de l’avion, en train de saboter l’appareil gonio ! Les escales de la Panam, Midway, Wake, Guam, deviendront des bases militaires importantes pendant la guerre.

Ce film à la gloire des ailes américaines est un témoignage de la constitution d’une grande compagnie aérienne, mais aussi un classique du genre, un grand « air epic » que tout aérocinéphile se doit d’avoir vu. Sur le plan technique, il n’y a pas grand chose à redire, si ce n’est qu’en 1935, les contacts entre la base de la PAA à Alameda et les clippers se faisaient essentiellement en morse, les communications en phonie étant de trop courte portée. Le « China clipper calling Alameda.. » est donc du cinéma…parlant !

 

Les avions du film :

Le Martin M-130 (NC14716) est un des principaux acteurs du film, au même titre que Pat O’Brien ou Humphrey Bogart. Le tout premier Clipper de la PAA fut un Sikorsky S-40 (American clipper) mis en service en 1931, puis vinrent les S-42, mis en service trois ans plus tard sur la ligne Miami-Buenos Aires, couverte en six jours. On voit ces deux types appareils en arrière plan, sur le tarmac. Filmé au sol sur son berceau de lancement, le Martin apparaît sur plusieurs bandes d’actualité bien insérées dans le film ; on le voit ainsi survoler le pont du Golden Gate en cours de construction, atterrir à Honolulu ou faire un passage à basse altitude sur la balise radio de l’île de Midway. Cet avion avait un équipage de cinq à neuf hommes et pouvait transporter jusqu’à quarante six passagers, ou dix huit pour les vols de nuit. Le cockpit de l’hydravion fut recrée en studio, mais avec des dimensions plus généreuses que l’original. Le « China clipper » était appelé familièrement par les membres de la compagnie, «sweet sixteen » en référence aux derniers chiffres de son matricule. Il sera suivi par deux autres Martin du même type, le « Hawaii clipper » et le « Philippine clipper », tous appelés « China clipper » par la clientèle. Le Martin 130 apparaîtra dans la série « Ace Drummond »(1936) et dans quatre films : « Fly away baby » (1937), « Secret service of the air » (1937), « Too hot to handle » (1938) et « Bombay clipper » (1941). Premier mis en service et constamment modernisé, le « China Clipper » fit plus d’heures de vol que les deux autres clippers, mais tous eurent un destin tragique. Le « Hawaii clipper » disparut entre Guam et Manille, le 28 juillet 1938 et le « Philippine clipper » percuta une montagne près de San Francisco le 20 janvier 1943; quant au « China clipper », il heurta un objet en atterrissant à Port of Spain (Trinidad) et coula en entraînant dans la mort vingt trois personnes, le 8 janvier 1945.

Le premier avion apparaissant dans le film est un Lockheed Vega vu de face, survolant un aérodrome, pour évoquer les débuts de Logan à la tête d’une petite compagnie de charter pour gens aisés, qui rappelle le « Honeymoon express » de Paul Mantz, dont c’est vraisemblablement le Vega 5C (NC48M). La première ligne entre Miami et La Havane fut ouverte effectivement avec des trimoteurs terrestres Fokker F-10A comme celui qu’on voit dans le film (NC582K). Pendant la Prohibition aux Etats-Unis, Cuba était une destination très prisée par une clientèle aisée et surtout.. assoiffée, l’alcool y étant en vente libre ! Bogart s’entraîne au vol par mauvais temps aux commandes d’un Douglas Dolphin 1 Special (NC967Y); cet avion apparaît au moins dans deux autres films en 1939 et 1940. Il appartenait à la compagnie Wilmington-Catalina Airline (Ca.) et fit pendant dix ans, des milliers de navettes entre Los Angeles et l’île de Catalina, sans aucun accident.

Enfin, le film utilise des bandes d’actualité sur lesquelles on aperçoit un hydravion Consolidated model 16, un Ford trimotor 4AT-E, des bombardiers biplans Keystone LB-7 et B-4A, plutôt obsolètes, venus accueillir le « China clipper » au-dessus d’Honolulu.

 

Christian Santoir

*Film disponible sur amazon.fr

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